France (1848-1879): De la IIe République à la IIIe République

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Au milieu du XIXe siècle, après la Révolution, la France n’est toujours pas dotée d’un régime politique stable et durable. Alors que dans les pays de la Révolution industrielle il existe une adéquation entre l’industrialisation et le désir d’un régime plus libéral, la France continue à rechercher des institutions capables d’inscrire l’héritage de la Révolution dans la société nouvelle.

Problématique : Quelles expériences politiques connaît la France de 1848 à 1879 ? Comment le régime républicain parvient-il finalement à s’imposer ?

I. De la IIe République au Second Empire (1848-1870)

A. Une République éphémère (1848-1852)

La proclamation de la IIe République

Le 24 février 1848, les Parisiens se révoltent en raison de la crise économique (le prix du pain augmente) et de l’interdiction des banquets républicains. Louis-Philippe est contraint d’abdiquer et la IIe République est proclamée. Différentes réformes politiques sont adoptées par le gouvernement provisoire :

  • Le suffrage universel masculin
  • L’abolition de l’esclavage dans les colonies
  • La liberté de réunion et de presse

Le mot d’ordre de cette République nouvelle est Fraternité. Cette IIe République est une République sociale, illustrée par la création des Ateliers nationaux qui visent à donner du travail aux chômeurs. En avril 1848, l’élection d’une nouvelle Assemblée constituante, chargée de rédiger la nouvelle constitution, donne une majorité conservatrice. L’Assemblée constituante ferme les Ateliers nationaux, jugés improductifs et sources de troubles. S'ensuit une révolte à Paris. L’armée tire sur la foule, causant plusieurs milliers de morts. Ce massacre marque la fin de l’idée d’une république sociale et fraternelle.

Néanmoins, la nouvelle constitution est démocratique :

  • Elle maintient le suffrage universel masculin.
  • Les pouvoirs sont séparés et équilibrés (l’Assemblée ne peut pas renvoyer le Président, et celui-ci ne peut pas non plus dissoudre l’Assemblée).
  • Le Président est élu pour 4 ans et n’est pas rééligible immédiatement.

Aux élections présidentielles de décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu pour trois raisons : son discours social, la popularité de son oncle (Napoléon Ier) et son image d'homme d’ordre face au soulèvement parisien.

En mai 1849, l’Assemblée nationale élue est également à majorité conservatrice. Elle prend des mesures qui constituent des reculs face aux conquêtes de 1848. Exemple : en 1850, le suffrage universel masculin est limité aux personnes ayant résidé au moins trois ans dans un même lieu. Conséquence : 3 millions de Français, notamment les ouvriers, sont exclus du vote.

Louis-Napoléon, ne pouvant se représenter, profite de l’impopularité de l’Assemblée pour organiser un coup d’État le 2 décembre 1851. Il dissout l’Assemblée, en violation de la Constitution. Quelques jours après, les Français, lors d’un plébiscite, acceptent le coup d’État et lui accordent le droit de rédiger une nouvelle constitution. Le 2 décembre a été choisi symboliquement en mémoire du sacre de Napoléon Ier en 1804. La France est en marche vers l’Empire.

B. Le Second Empire : un régime personnel et démocratique ?

La concentration des pouvoirs

  • Janvier 1852 : Nouvelle constitution, le président a un mandat de 10 ans.
  • Novembre 1852 : Les Français acceptent le retour à l’Empire par plébiscite.
  • 2 Décembre 1852 : Louis-Napoléon se fait sacrer empereur. Début du Second Empire.

Ce Second Empire est à la fois démocratique et personnel. Il reste « démocratique » par le maintien du suffrage universel masculin et le recours aux plébiscites. Cependant, Napoléon III concentre tous les pouvoirs. Il détient le pouvoir exécutif et nomme deux chambres législatives sur trois, affaiblissant ainsi le pouvoir législatif. Les candidats officiels bénéficient du soutien de l’administration, et les journaux sont soumis à la censure, ce qui est contraire à la liberté de la presse.

Un régime populaire malgré la concentration des pouvoirs

Le régime est populaire et bénéficie du soutien de plusieurs groupes :

  • Les catholiques (soutien des Églises).
  • Les agriculteurs (grâce à la généralisation du chemin de fer).
  • Les patrons (retour à l’ordre, fin des grèves et des révoltes).
  • Les patriotes (victoire aux côtés de l’Italie contre l’Autriche en 1859).

Néanmoins, à la fin des années 1850, les premières critiques apparaissent. Les catholiques reprochent notamment à Napoléon III de soutenir l’unité italienne, qui menace le Pape.

L'évolution libérale du Second Empire (à partir de 1860)

Pour se maintenir au pouvoir, Napoléon III prend des réformes libérales à partir de 1860, en partie dues aux victoires des républicains aux élections de 1863. Exemples :

  • 1864 : Reconnaissance du droit de grève.
  • 1867 : Enseignement secondaire accordé aux filles.
  • 1868 : Fin de la censure.

Résultat : Napoléon III redevient populaire à tel point qu’en mai 1870, lors d’un plébiscite, 80% des Français approuvent ces réformes libérales. Rien ne laisse alors présager la fin du Second Empire.

II. La difficile installation de la IIIe République (1870-1879)

A. Le retour de la République : « L’Année Terrible »

Bismarck, le chancelier allemand, souhaite réaliser l’unité allemande. Il provoque Napoléon III en proposant un prétendant allemand au trône d’Espagne. Napoléon III déclare alors la guerre le 19 juillet 1870. L’armée allemande est supérieure militairement. Le 2 septembre, Napoléon III est fait prisonnier à Sedan. En l'absence d'Empereur, la IIIe République est proclamée le 4 septembre 1870. Un gouvernement provisoire est chargé de diriger la France. Le gouvernement doit signer l’armistice le 28 janvier 1871.

Les Allemands ne souhaitent signer qu’avec une Assemblée élue légalement. Des élections législatives sont organisées le 8 février 1871, remportées par les monarchistes. Le 10 mai 1871, le nouveau chef du pouvoir exécutif, Adolphe Thiers, signe le Traité de Francfort. La France doit céder l’Alsace-Moselle et verser 5 milliards de francs-or.

L'insurrection de la Commune de Paris (mars-mai 1871)

Les Parisiens refusent la défaite et reprochent à Thiers d’avoir signé l’armistice. Le 18 mars 1871, Thiers tente de retirer les canons de Montmartre. Les Parisiens se révoltent et forment la Commune. Le gouvernement doit fuir à Versailles. La Commune adopte un programme social, demandant notamment la journée de 10 heures de travail et le travail pour tous. La réaction de Thiers est brutale : du 21 au 28 mai a lieu la « Semaine Sanglante ». Le gouvernement, aidé par l’armée, reprend Paris, tuant 25 000 Communards et exilant environ 4 500 personnes.

La nouvelle République est donc fragile :

  • L’Assemblée est majoritairement monarchiste (crainte d’une restauration).
  • La classe ouvrière ne soutient plus la République après la répression de la Commune.
  • La République s’est installée dans un contexte de défaite nationale.

L’avenir de la IIIe République semble incertain.

B. Une République incertaine à la conquête de sa légitimité

La menace royaliste et l'Ordre Moral

Thiers opte pour la République, car c’est le régime qui divise le moins les Français. L’Assemblée, à majorité monarchiste, le contraint à démissionner en mai 1873. Il est remplacé par le maréchal Mac-Mahon, qui souhaite le retour à la monarchie. Il met en place une « politique d’ordre moral » (rétablissement de la censure, encouragement de la foi catholique, construction du Sacré-Cœur). Cependant, les monarchistes sont divisés entre légitimistes (qui refusent le drapeau tricolore) et orléanistes. Cette division empêche la restauration.

L'établissement des lois constitutionnelles de 1875

Comme les monarchistes sont divisés, ils acceptent en attendant la République. En février et juillet 1875 sont prises des lois constitutionnelles pour organiser la République. Le pouvoir du Président est défini :

  • Il est élu pour 7 ans.
  • Il peut dissoudre la Chambre des députés.
  • Il a l’initiative des lois (conjointement avec l’Assemblée nationale).
  • Il nomme et révoque le cabinet (le gouvernement).
  • Il détient le droit de grâce et dirige l’armée.

En 1876, les élections législatives donnent une Chambre des députés majoritairement républicaine.

La crise du 16 mai 1877 et le triomphe républicain

En mai 1877, Mac-Mahon dissout l’Assemblée nationale (c'est la crise du 16 mai). Les nouvelles élections d’octobre 1877 confirment la majorité républicaine. En janvier 1879, les républicains remportent également la majorité au Sénat. Mac-Mahon démissionne et est remplacé par le républicain Jules Grévy. C'est le triomphe total des républicains.

Conclusion

Alors que la Seconde République échoue, faute d’être ancrée dans la France rurale majoritaire, Napoléon III s’empare du pouvoir mais doit progressivement accepter une évolution libérale pour se maintenir. La défaite de 1870 provoque le retour difficile de la République. En 1879, le pouvoir est aux mains des Républicains qui ont désormais la tâche d’ancrer définitivement le régime dans la France de la fin du XIXe siècle.

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