France et Espagne : Mutations Politiques et Défis (1970-2007)
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L'Ère Socialiste en France et en Espagne (1981-1996)
Après avoir accédé au pouvoir en France (1981-1995) et en Espagne (1982-1996), les partis socialistes ont dirigé une période de profondes transformations. La question centrale est de savoir dans quelle mesure l’arrivée des socialistes au pouvoir a entraîné un changement profond du modèle politique et socioéconomique dans ces deux pays. La période socialiste amorce des changements réels, mais ceux-ci sont freinés par des résistances internes, des contraintes économiques et une usure progressive du pouvoir.
Des Réformes Sociales et Structurelles Ambitieuses
En France comme en Espagne, les socialistes lancent d’ambitieuses réformes sociales. En France, François Mitterrand établit :
- La retraite à 60 ans ;
- La cinquième semaine de congés payés ;
- L'abolition de la peine de mort.
En Espagne, Felipe González développe l’État-providence avec l’universalisation de la santé, des retraites et de l’éducation publique. Ces politiques s'accompagnent aussi de réformes structurelles :
- La décentralisation en France et les autonomies en Espagne ;
- La réforme de l’armée et la modernisation administrative.
L’objectif est double : répondre aux aspirations sociales post-dictature et ancrer la démocratie dans la vie quotidienne. Ces premières mesures incarnent une rupture claire avec le passé autoritaire ou technocratique, et traduisent un nouvel idéal de justice sociale.
Les Contraintes Économiques et le Virage vers la Rigueur
Cependant, ce virage à gauche se heurte rapidement aux limites du contexte économique mondial. En France, la politique de relance échoue : l’inflation monte, le chômage explose, et le pays revient à la rigueur dès 1983. En Espagne, la reconversion industrielle entraîne une hausse du chômage, surtout dans les régions du nord. Dans les deux cas, les gouvernements socialistes s’adaptent au modèle économique dominant, privilégiant la stabilité macroéconomique et les critères européens.
L’entrée de l’Espagne dans la CEE (1986) et la politique de convergence budgétaire française montrent que les logiques néolibérales limitent la portée des politiques sociales initiales. Le changement idéologique reste donc partiel.
Usure du Pouvoir et Perte de Légitimité
Au fil du temps, les socialistes perdent de leur légitimité. En France, les désillusions économiques et les scandales minent la popularité du PS, qui entre en cohabitation dès 1986. En Espagne, la grève générale de 1988 exprime le malaise social face à la rigueur. La fin du mandat de González est marquée par des affaires de corruption (notamment les affaires du GAL et de Filesa), la montée du chômage et une perte de confiance. Cette usure montre que, malgré leurs ambitions initiales, les socialistes ne parviennent pas à renouveler durablement le modèle politique. L’alternance avec la droite dans les années 1995-1996 reflète cette lassitude citoyenne.
La période socialiste a marqué des avancées sociales et démocratiques importantes, mais le poids des contraintes économiques et politiques a freiné un véritable changement de paradigme durable.
Terrorisme : Influence et Transformation (Depuis 1970)
Le terrorisme est devenu une menace constante par l'action de groupes radicaux qui voulaient influencer la politique en France et en Espagne. Dans quelle mesure le terrorisme a-t-il influencé et transformé la vie politique, sociale et sécuritaire de l'Espagne et de la France depuis 1970? Nous verrons d'abord les formes que prennent les attentats, puis les réponses des gouvernements et enfin, les conséquences pour la société et la démocratie.
Les Différentes Formes d'Attentats
En Espagne, les attentats ont été marqués surtout par l’action de l’ETA, un groupe séparatiste basque qui a utilisé la violence pour revendiquer l’indépendance. Ses attaques visaient des militaires, des policiers ou encore des politiciens. En France, les années 1970-80 ont aussi été marquées par des attentats de groupes comme Action directe, ou plus tard par le terrorisme islamiste (comme en 2015 avec Charlie Hebdo).
Les formes varient : voitures piégées, fusillades, prises d’otages. Dans les deux pays, ces attentats ont provoqué une peur permanente et une tension dans la société. Ils touchaient parfois les civils, ce qui augmentait leur impact émotionnel et politique. Ainsi, le terrorisme s’est imposé comme un problème central pour la démocratie.
Réponses Politiques et Mesures Sécuritaires
Face à ces menaces, l’Espagne et la France ont adopté des mesures de plus en plus dures. En Espagne, après la Transition, le gouvernement a renforcé la collaboration avec la France pour arrêter les membres de l’ETA et a dispersé les prisonniers basques dans tout le territoire. Des lois ont aussi été votées pour faciliter la lutte contre le terrorisme. En France, après les attentats de 2015, l’état d’urgence a été déclaré. Il a permis de contrôler la population plus strictement et d’augmenter les moyens de surveillance.
Dans les deux cas, la répression policière et judiciaire s’est intensifiée. Toutefois, ces mesures ont aussi suscité des critiques concernant les libertés individuelles. Le dilemme entre sécurité et liberté s’est donc posé avec force.
Conséquences sur la Société et la Démocratie
Les attentats ont eu de lourdes conséquences dans les deux pays. En Espagne, ils ont ralenti le processus de démocratisation, surtout lors du coup d’État manqué du 23-F, qui a été partiellement justifié par la violence de l’ETA. Cela a aussi renforcé la méfiance envers les mouvements nationalistes. En France, les attentats islamistes ont divisé la société sur des questions comme l’intégration, la laïcité ou la liberté d’expression. Des lois sécuritaires ont été adoptées, mais elles ont parfois renforcé les tensions. Dans les deux cas, les attentats ont marqué la mémoire collective et ont poussé les gouvernements à repenser leur politique intérieure, souvent au prix de débats vifs sur la démocratie, la tolérance et la cohésion nationale.
Le terrorisme en Espagne et en France a bouleversé leurs sociétés, posant le dilemme entre sécurité et liberté, tout en marquant durablement la mémoire collective et les principes démocratiques.
La Droite au Pouvoir : Défis et Impact (1995-2007)
À la fin du XXe siècle, la droite revient au pouvoir tant en France qu'en Espagne, ce qui marque un changement politique. Comment la droite au pouvoir en France (1995-2007) et en Espagne (1996-2004) a-t-elle géré les défis internes et externes, et quel a été l'impact de ses politiques sur la société et la vie politique? Nous verrons d'abord les défis économiques et sociaux, ensuite la politique extérieure et finalement les conséquences politiques.
Défis Économiques et Tensions Sociales
En Espagne, entre 1996 et 2004, le gouvernement de José María Aznar (Partido Popular) a mené une politique économique libérale marquée par :
- La privatisation des entreprises publiques ;
- La réduction de la dette ;
- Une croissance rapide, créant des emplois souvent précaires.
En France, sous Jacques Chirac et ses Premiers ministres (Balladur, Juppé, Raffarin, Villepin), les réformes sur les retraites et la Sécurité sociale ont provoqué de fortes mobilisations. Plus tard, la droite a continué avec des réformes impopulaires comme le CPE (Contrat Première Embauche). Dans les deux pays, la priorité économique était la rigueur budgétaire plutôt que la lutte contre le chômage. Cette orientation a généré des tensions sociales croissantes, malgré une croissance économique apparente.
Stratégies de Politique Étrangère Contrastées
Sur le plan international, Aznar a aligné l’Espagne sur les États-Unis, notamment en soutenant l’invasion de l’Irak en 2003. Cette décision, très impopulaire dans l’opinion publique espagnole, a contribué à l’isolement du gouvernement. En France, Chirac adopte une position opposée : il refuse de participer à la guerre en Irak, ce qui renforce sa popularité à l’étranger.
Malgré leur appartenance commune à la droite, leurs stratégies diffèrent : l’une suit les États-Unis, l’autre cherche à affirmer l’autonomie diplomatique de la France. Cependant, les deux gouvernements ont aussi poursuivi l'intégration européenne, avec des visions contrastées sur la souveraineté. Les enjeux internationaux ont donc mis en évidence des choix politiques très symboliques qui ont marqué l’image de chaque pays.
Conséquences Politiques et Alternance
Les choix politiques des droites au pouvoir ont eu des conséquences durables. En Espagne, la gestion du gouvernement Aznar, notamment après les attentats du 11-M en 2004 et la tentative de manipulation médiatique, a causé une perte de confiance et la victoire du PSOE. En France, la droite subit aussi une forte contestation : les mouvements sociaux, les tensions concernant le chômage et l'impopularité des réformes fragilisent le soutien à Chirac, surtout après 2005. Le rejet de la Constitution européenne cette même année marque une rupture entre la classe politique et les citoyens. Ainsi, malgré leurs différences, les deux gouvernements de droite ont vu leur crédibilité remise en question, ouvrant la voie à un changement politique.
En somme, bien que la droite ait géré différemment les défis en France et en Espagne, leurs politiques ont provoqué des tensions sociales et un rejet progressif qui a conduit à l’alternance politique.