La France : Reconstruire sa puissance après 1945

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Chapitre 6 : La France, une nouvelle place dans le monde

Après la Seconde Guerre mondiale, la France est un pays affaibli et en partie en ruine. Les défis sont gigantesques : reconstruire, moderniser, c’est-à-dire transformer les structures dans tous les domaines (économie, société, institutions…) afin de s’adapter au nouveau monde qui l’entoure, ou encore redonner à la France son rang de puissance mondiale. Dès lors, comment la France tente-t-elle de reconstruire sa puissance après 1945 ?

I. La IVème République (1946 – 1958) : retrouver une place dans l’ordre mondial

1. Refuser la décolonisation

Le PCF est un des rares partis politiques à être favorable à la décolonisation. La volonté de maintenir l’Empire fait consensus, même au prix de la guerre. Mais les conflits d’Indochine (1946-1954) et d’Algérie (1954 – 1962) isolent la France et la font condamner par la communauté internationale. L’indépendance accordée en 1956 à la Tunisie et au Maroc par le gouvernement Mendès-France ne s’explique que par la volonté de maintenir la souveraineté française sur l’Algérie. La guerre qui s’y déroule est source d’extrêmes tensions et de divisions politiques (cf. II.)

2. Compter dans la Guerre froide

Même si la France est un pays où le parti communiste joue un rôle majeur (20 à 25 % des voix aux différentes élections), la France a choisi son camp, celui des USA. Désormais, l’ennemi n’est plus l’Allemagne mais l’URSS. Cette alliance avec les États-Unis se renforce avec l’acceptation du plan Marshall (1947) qui contribue à la reconstruction et à la modernisation de notre économie. De même, l’adhésion à l’OTAN (1949) place notre pays sous la protection nucléaire des USA. Pour autant, cette question divise la classe politique et l’opinion :

  • La majorité de la classe politique est favorable au rapprochement avec les USA car il permet de bénéficier de la protection du « parapluie nucléaire américain ». De même, le plan Marshall aide à la reconstruction du pays.
  • Proche des Soviétiques, le PCF est, lui, farouchement contre. Pour les communistes, les Américains sont des « colonisateurs », des « envahisseurs » et la France n’est plus vraiment un « pays indépendant »…
  • Les gaullistes restent, eux, très méfiants…

La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) qui se met en place en 1951 est une organisation commune autour de 2 matières stratégiques de l’époque. La France et l’Allemagne (RFA) sont rejointes par 4 pays : l’Italie et les États du BeNeLux. Le but des pères de l’Europe est de faire en sorte que les économies soient liées les unes aux autres, de favoriser le développement économique, que les Européens travaillent ensemble afin de ne plus revivre de guerre sur le vieux continent.

La Communauté Européenne de Défense (CED) a pour but de mettre en place une armée européenne. L’objectif est de renforcer la protection des Européens (« le bouclier sur l’affiche ») afin de préserver la paix et de maintenir « les ennemis » à distance. Ici, plus que le nazisme, c’est clairement l’URSS (« faucille et marteau sur l’oiseau noir, de mauvais augure »). Le PCF est farouchement contre la CED. Il met en avant l’idée que ce traité va permettre le réarmement de l’Allemagne et fait planer l’idée que la France pourrait revivre le cauchemar de la guerre 39/45. Là encore, les gaullistes sont méfiants. Ils ne veulent pas d’une Europe « fédérale », « supranationale » Finalement la CED est rejetée en 1954.

Tout cela n’empêche pas la naissance de la Communauté Économique Européenne en 1957 (Traité de Rome) avec les 6 mêmes pays.

Synthèse : Les multiples divisions politiques font de la IVème République un régime très instable. Face aux antagonismes, aux oppositions marquées (question coloniale, lien avec les USA, construction européenne…), il est très difficile de trouver une majorité à l’Assemblée. Les crises fréquentes font que les gouvernements tiennent peu de temps. Ainsi, il y a eu 22 gouvernements en 12 ans (une moyenne d’un tous les 6 mois)

II. La crise algérienne déstabilise la République (1958)

2. La Vème République : une naissance dans la contestation

Le 4 septembre 1958, la nouvelle constitution rédigée par Michel Debré est proclamée (extrait vidéo) et le 28 septembre, approuvée par référendum. En décembre, Charles De Gaulle devient le 1er président de la Vème République. Le nouveau régime et ses conditions d’installation sont contestés par une partie de la classe politique française.

1. La guerre d’Algérie met fin à la IVème République

  • 1er novembre 1954 : Attentats de la Toussaint rouge (30 attentats contre les intérêts français). C’est la naissance du FLN (Front de Libération Nationale) qui proclame l’indépendance de l’Algérie.
  • Très vite, escalade de la violence dans une guerre qui ne dit pas son nom (« les événements d’Algérie », une « opération de maintien de l’ordre »…)
  • 1956 : Envoi massif des soldats du contingent (ceux qui font leur service national ; 1,5 million sur toute la période) ; 400 000 soldats français stationnés en permanence ...
  • 1957 : la Bataille d’Alger. Face aux attentats commis par le FLN dans cette ville, le gouvernement français accorde des pouvoirs de police aux parachutistes du général Massu : ratissage de la ville, violences et début de l’usage de la torture.
  • le 13 mars 1958 : de grandes manifestations à Alger donnent lieu à un coup de force de l’armée qui proclame un Comité de salut public dirigé par le général Massu. Les Français d’Algérie demandent le retour au pouvoir à Paris du général de Gaulle
  • mai - juin 1958 : face à l’impasse politique, nouveau président du conseil, obtient des députés les pleins pouvoirs pour mettre en place une nouvelle constitution et donc la Vème République.

Une contestation double du nouveau régime

L’arrivée de De Gaulle et d’un nouveau régime : une légalité qu’en apparence ? Un coup de force déguisé ? Beaucoup estiment que c’est un coup d’État fomenté par les militaires depuis Alger : « Massu à la mitraillette et le mariage forcé de Marianne », « Marianne guillotinée » ou encore les slogans de la manifestation parisienne de mai 58 : « le fascisme ne passera pas ! »

Une conception de la République inédite : un parlement aux pouvoirs réduits et un renforcement considérable de ceux du président de la République. Pour les opposants comme Pierre Mendès-France, avec la Vème République, on affaiblit la démocratie…

Document ci-dessous : Une réforme de 1962 change l’élection présidentielle. D’un Suffrage Universel Indirect, on passe au Suffrage Universel Direct. Le pouvoir du chef de l’État s’en retrouve renforcé car il détient désormais son pouvoir directement des citoyens.

3. Sortir de la guerre

En 1959, De Gaulle propose l’autodétermination aux Algériens, c’est-à-dire la possibilité de choisir l’indépendance ou de rester français. Se sentant trahis, les Français d’Algérie et une partie de l’armée se soulèvent à plusieurs reprises : « Semaine des barricades » en janvier 1960, putsch des généraux en avril 1961… Certains décident de passer dans l’action clandestine au sein de l’OAS, l’Organisation de l’Armée Secrète. Des attentats ont lieu en Algérie et sur le sol français même après la fin du conflit. L’exemple le plus célèbre est celui du « petit Clamart » qui vise Charles de Gaulle en août 1962.

Le 19 mars 1962, les Accords d’Évian entre le FLN et la France sont signés. Ils proclament le cessez-le-feu et le 5 juillet 1962, l’indépendance du pays est approuvée par référendum par 99 % des Algériens.

Pour conclure, la guerre d’Algérie, une mémoire douloureuse

Faire un récit apaisé de la guerre d’Algérie est encore aujourd’hui très difficile car les mémoires (perception du passé par une personne ou un groupe de personnes qui s’appuie sur une sélection consciente ou non de souvenirs) sont encore à vif. Beaucoup d’historiens parlent de guerre des mémoires. À l’aide des documents de votre manuel et des documents ci-dessous, expliquez pourquoi :

En France, une politique officielle de l’oubli : photographie projetée (la bataille d’Alger, 1957)

Pourquoi oublier ? Pourquoi « passer sous silence » ?

  • Une défaite humiliante pour l’armée
  • Des exactions, des horreurs (tueries, torture) commises par l’armée que l’on souhaite effacer à tout jamais
  • Un sentiment de culpabilité chez les appelés du contingent obligés d’obéir.

Des « mémoires qui encore aujourd’hui s’opposent :

  • Une histoire officielle algérienne tronquée
  • Des Harkis et des pieds noirs qui revendiquent être des victimes oubliées
  • Un peuple uni et rassemblé autour de l’ALN (Armée de Libération Nationale), bras armé du FLN. Une UNION qui a permis la victoire finale, l’indépendance du peuple algérien. Une histoire qui a totalement effacé la division du nationalisme algérien entre le FLN et le MNA de Messali Hadj et la guerre fratricide entre les 2 mouvements.

Après le 19 mars 1962, près d’un million de Français (= « les pieds noirs ») sont rapatriés en métropole. Les Harkis, algériens servant dans l’armée française sont plus de 40 000. Leurs conditions d’arrivée sont très difficiles.

Les Harkis et leur familles atterrissent dans des camps. Après le 19 mars 1962, des tueries et des massacres de ces populations sont commis par le FLN. Il y a même des morts dus à l’armée française (affaire de la rue d’Isly, voir document du manuel).

Contestation de la date choisie pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie (19 mars).

Plus globalement, pour beaucoup, l’histoire officielle oublie leurs souffrances, les difficultés de l’arrivée en France, leur douleur, ce qu’ils ont vécu. À travers ces différentes mémoires, on voit que les plaies de cette guerre coloniale ne sont toujours pas refermées et que les parts d’ombre sont consciemment ou non cachées, effacées pour ne retenir que ce qui est le moins dérangeant (opération de police, victoire glorieuse, victime…). C’est le cas pour toutes les guerres où la violence a été exacerbée.

Or, contrairement à la mémoire, le but de l’HISTOIRE est de faire, malgré les difficultés, les tensions et les passions, le récit le plus objectif possible d’un événement.

III. Le général de Gaulle : « Une certaine idée de la France » (1958 – 1969)

Construisons une carte mentale avec les 2 axes suivants : une France totalement indépendante, souveraine & une France modernisée

Plusieurs documents projetés en classe, 2 extraits vidéo / Sur le manuel : pages 208 et 209 ainsi que le dossier sur la dissuasion nucléaire.

2 remarques importantes :

  • Une politique qui se fait dans un contexte de prospérité économique (les « 30 Glorieuses » Jean Fourastié, 1979 ; 5,6 % de croissance économique sur toute le décennie, extrait vidéo sur la naissance d’une société de consommation)
  • Si les années 60 permettent de restaurer la puissance de la France, cette dernière demeure limitée, est sans comparaison avec les 2 superpuissances de l’époque, les USA et l’URSS.

Pour conclure, la photographie (1969) ci-contre de Georges Pompidou, successeur du général de Gaulle à la présidence de la République (1969 – 1974)

  • mai 68, une contestation qui montre l’usure que connaît le Général et le rejet de cette société par une partie de la jeunesse
  • 31 mai 58 : Manifestation « gaulliste » monstre sur les champs Élysées mais en 1969, le NON l’emporte à un référendum et De Gaulle démissionne aussitôt (meurt 1970)

Cette photo résume assez bien la politique de l’ancien 1er ministre du Général : une continuité de la politique gaullienne mais sans l’intransigeance de son prédécesseur. Ainsi, 1973, le RU fait son entrée dans la CEE alors que De Gaulle s'y était opposé par 2 fois en 1963 et 1967.

Comment restaurer la puissance française ?

Pour De Gaulle, il s’agit de retrouver la « grandeur de la France »

Faire de la France une nation totalement INDÉPENDANTE, souveraine

  • Après le premier essai atomique français en février 1960 (Sahara, Reggane), la France devient une puissance nucléaire au même titre que les USA, le Royaume-Uni ou l’URSS.
  • Développement d’une dissuasion nucléaire nationale (ex sous-marin, le Redoutable) qui permet de s’éloigner de l’allié américain. Ainsi, en 1966, la France, tout en restant membre de l’OTAN, quitte le commandement intégré. Cela a pour effet le départ du siège de l’organisation vers Bruxelles mais aussi celui des troupes américaines. En 2007, le pdt Nicolas Sarkozy décide un retour de notre pays dans le commandement intégré.
  • Des liens économiques et militaires qui perdurent avec une partie des anciennes colonies
  • Peser sur la construction européenne en refusant une Europe fédérale, supranationale (politique de la « chaise vide », la France impose un vote de toutes les décisions à l’unanimité) et en favorisant une politique commune entre États (ex. 1963, traité de l’Élysée entre la France et l’Allemagne du chancelier Adenauer)
  • Des « coups politiques » : la France est le premier État occidental à reconnaître la Chine de Mao (1964), condamnation par De Gaulle de la guerre du Vietnam (1966), Déclaration du président en visite officielle au Canada : « vive le Québec libre ! », rapprochement avec l’URSS

Faire de la France une nation MODERNE

  • En continuité avec la IVème République, un ÉTAT planificateur orientant, aidant, et subventionnant l’économie
  • Une politique d’aménagement du territoire (création en 1963 de la DATAR) et de reconstruction : aménagement touristique de la côte languedocienne (1963) et des Alpes (stations de ski), création des « métropoles d’équilibres » afin de renforcer le poids des 8 plus grandes villes françaises face à Paris (cf Paris et le désert français de JF Gravier, 1947), construction des premières autoroutes et aménagement de l’aéroport d’Orly, politique du logement avec le développement des grands ensembles
  • développer et maîtriser les technologies de demain : l’aérospatiale avec la Fusée Diamant et le satellite Astérix 1, l’aéronautique avec le programme Concorde (1er vol en 1969), le plan Calcul afin de développer l’informatique), programme de développement du nucléaire militaire comme civil...

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