Les Frontières de l'Union Européenne
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Pourquoi l'Union Européenne est-elle un laboratoire des recompositions frontalières ?
L'Union Européenne (UE) est un espace unique où les frontières internes tendent à s'effacer avec l'accord des États. Présentant une grande diversité de formes et de dynamiques, les frontières de l'UE sont au cœur d'enjeux géopolitiques, économiques et sociaux. Nous essaierons d'en comprendre le fonctionnement à plusieurs échelles, notamment en utilisant l'exemple d'un État membre : la Hongrie. L'intensité des flux et les logiques de coopération font émerger des espaces transfrontaliers. Pourtant, les frontières européennes font aussi l'objet de tensions et de débats.
I. Les frontières de l'Union Européenne : des limites fluctuantes
- L'UE associe 27 États autour d'un projet d'unification unique au monde. C'est un espace de paix, une zone de libre circulation des marchandises, des personnes, des informations et des capitaux, mais à géométrie variable (espace Schengen, zone euro). La formation de ce marché s'est accompagnée d'un effacement des frontières économiques (droits de douane) et des obstacles à la circulation des personnes.
- Les frontières de l'UE résultent d'élargissements successifs (de 6 membres en 1957 à 28 en 2013). Le Brexit pose à nouveau le problème frontalier en Irlande.
- Le glissement des frontières de l'UE fait débat. L'élargissement est à l'arrêt, même si les candidatures restent nombreuses et parfois discutées (Serbie, Turquie, Albanie, etc.). Elles sont examinées en fonction des critères d'adhésion de Copenhague (1993) : démocratie, économie de marché, droits de l'homme. Certains spécialistes pensent que l'UE doit désormais définir clairement ses limites (« borner l'UE »). La politique européenne de voisinage est proposée comme une alternative à l'élargissement.
II. Des frontières extérieures renforcées : venir en Europe, passer la frontière
- L'espace Schengen comprend 22 États de l'UE, 4 États non membres de l'UE (Suisse, Islande, Norvège, Liechtenstein) et 3 micro-États (Vatican, Saint-Marin et Monaco). Andorre ne fait pas partie de l'espace Schengen dont les frontières extérieures sont protégées. Certains pays en sont exclus par choix (Irlande) ou temporairement (Bulgarie, Roumanie, Croatie, Chypre). Cet espace exclut la plupart des territoires ultramarins qui appartiennent à l'UE (ex : Mayotte), car l'UE ce n'est pas que l'espace Schengen ! Le système d'information Schengen partage les données entre les pays membres.
- La frontière extérieure de l'espace Schengen se ferme de plus en plus (smart borders en Hongrie/Serbie, Grèce/Turquie, Pologne/Biélorussie, etc.). Cette barriérisation vise à filtrer les flux de personnes, surtout depuis 2015 (crise syrienne).
- Cette stratégie dissuasive conduit les migrants à emprunter des routes plus dangereuses (Méditerranée). L'agence Frontex dispose de moyens accrus pour réguler les flux migratoires (10 000 agents en 2020), avec le réseau Eurosur (circulation de données en temps réel aux frontières par satellites et drones), les hotspots (dispositif de filtrage et d'identification des migrants à leur arrivée dans l'espace Schengen) et la surveillance de points d'entrée stratégiques (détroit de Gibraltar, îles grecques, aéroports internationaux, certains ports comme Calais). Des accords de surveillance sont établis avec les pays voisins (Maroc, Turquie) : c'est l'externalisation du contrôle des flux.
- Dispersés sur tout le globe, les territoires ultramarins (TUM) de l'UE dépendent de leur métropole, ce qui leur confère un statut particulier dans leur environnement régional (souvent plus riches que les pays alentour, d'où une attractivité, une immigration et des problèmes).
- La frontière extérieure fait débat : certains redoutent une Europe forteresse favorisant les drames humanitaires, d'autres dénoncent une « passoire » inefficace alimentant les discours europhobes et les replis nationalistes. Les États méditerranéens débordés par les flux migratoires (Italie, Grèce) demandent une redéfinition des règles de l'accueil des migrants (règlement Dublin III : le premier pays d'accueil du migrant est responsable de l'examen de sa demande d'asile), mais certains États de l'UE (groupe de Visegrád : Pologne, Hongrie, Slovaquie, République tchèque) sont opposés à l'accueil de migrants.
III. Des frontières intérieures ouvertes
- L'intégration régionale semble ouvrir les frontières entre les États de l'UE (« dévaluation » des frontières internes). Ces frontières ne sont plus des ruptures, mais des espaces de coopération transfrontalière (eurorégions) soutenus par l'UE (programme Interreg : 107 projets de coopération transfrontalière, 2,8 % du budget de l'UE). Ce sont les espaces transfrontaliers intra-européens du quotidien (avec des flux de travailleurs, de biens et de capitaux valorisant les atouts de chaque pays).
Cependant, ces frontières s'ouvrent inégalement (Hongrie), l'espace Schengen ne concerne pas toute l'UE et les contrôles persistent à l'entrée de certains pays. Des frontières restent litigieuses (Chypre). D'autres formes de frontières existent.