Grandes Théories Philosophiques sur l'Existence et la Réalité

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L'Idéalisme de Berkeley : L'Existence de la Matière

Pour Berkeley, la matière est quelque chose doté de qualités « primaires » (quantité) et « secondaires » (couleur). Ces qualités n'existent pas en dehors de mes sens, ce qui se reflète dans la perception variable d'une personne à l'autre.

Par conséquent, pour Berkeley, la matière n'est rien de plus qu'une collection d'impressions subjectives qui n'existent que dans mon esprit : le monde physique n'existe que dans mon esprit ; c'est une notion subjective. Dans le langage d'aujourd'hui, nous dirions que la réalité n'est rien d'autre qu'une information dans l'esprit du sujet.

Le Dualisme Pythagoricien : Âme, Corps et Purification

Pythagore de Samos (VIe siècle avant J.-C.) a soutenu que l'homme est le résultat d'une union temporaire entre une âme spirituelle et un corps. L'âme n'appartient pas à ce monde, mais à un monde des âmes, qui préexistait avant de rejoindre un corps. La raison de cette union est que l'âme est « tachée » et exclue du monde des âmes, un monde de pureté. Elle doit donc se purifier.

Le but de la venue de l'âme dans ce monde est de nettoyer cette tache, ce que l'on appelle la purification, et de le faire en menant une philosophie de vie. Si l'âme se purifie, elle retourne au monde des âmes ; sinon, elle sera réincorporée dans un autre être, comme un poulet ou un chien. C'est la transmigration de l'âme.

Pythagore, et avant lui la secte orphique à laquelle il appartenait, a introduit en Occident la notion de l'âme spirituelle, et aussi celle du péché originel, car la « tache » dont il est question a été convertie par Saint Paul en la notion de péché originel.

Les Trois Mondes de Platon : Matière, Âmes et Idées

Platon (427 - 347 avant J.-C.) a défendu l'existence de trois mondes ou réalités distinctes. Ces mondes sont :

  • Le monde matériel (ou sensible)
  • Le monde des âmes
  • Le monde des idées (ou monde intelligible)

Chacune de ces réalités possède des qualités qui la rendent autonome. En défendant l'existence du monde des âmes et du monde matériel, Platon suit Pythagore. Le monde des âmes est immatériel, ou incorporel, tandis que le monde matériel occupe l'espace et est corporel. Les deux sont présents chez l'homme, composé d'une âme et d'un corps.

Mais Platon a ajouté un troisième monde, celui des idées. Pour Platon, les idées ne sont pas seulement le contenu de notre esprit ou de notre âme ; elles sont des réalités qui existent par elles-mêmes dans un monde qui leur est propre, au-delà de la sphère céleste. Les idées sont des réalités objectives qui sont en relation avec l'âme, mais l'âme ne les produit pas. Ainsi, nous pouvons noter qu'à un moment donné, avant de venir au monde matériel, les âmes ont rencontré les idées et les ont incorporées dans leur contenu.

Le Trisubstantialisme Chrétien et l'Altérité des Substances

Le christianisme s'inscrit dans une lignée platonicienne de trisubstantialisme, car il postule l'existence de :

  • Dieu (l'esprit infini qui correspond au monde des idées chez Platon)
  • Les âmes et les êtres divins comme les anges (esprits finis créés par Dieu)
  • Le monde matériel (créé et formé par Dieu selon les idées qu'il a générées)

Le christianisme est fermement engagé à défendre l'indépendance des trois mondes ou substances, mais à des fins strictement religieuses. Dieu a créé les esprits finis ex nihilo (à partir de rien). Entre les esprits finis et Dieu, il doit y avoir une différence essentielle (l'altérité) pour défendre la liberté de l'esprit, et avec elle la responsabilité de leurs actes, et donc les sanctions appropriées.

Le christianisme est une religion de salut. L'âme est damnée ou sauvée à la suite d'actes accomplis de manière responsable. Si l'âme n'est pas libre (sans libre arbitre) et n'est pas responsable des péchés qu'elle commet, quel sens a la Passion du Christ ?

Entre Dieu et le monde matériel doit aussi être « l'altérité ». Pour cela, on nous dit que Dieu a créé le monde « à partir de rien », ce qui signifie que la matière a d'abord été créée, puis que Dieu y a imprimé les formes qu'il avait conçues dans son propre intellect.

Critique de l'Expression : « Dieu a créé le monde à partir de rien »

Pour créer, c'est toujours façonner une matière préexistante. Par conséquent, Hegel ne dit pas que Dieu crée la nature à partir de rien, mais plutôt qu'il s'externalise, qu'il est la nature. Mais si c'est le cas, cela revient à identifier Dieu et la nature (panthéisme).

L'expression « à partir de rien » a été un mantra introduit dans le langage par les prédicateurs religieux pour défendre l'altérité entre Dieu et les créatures, et pour masquer l'absurdité qui entoure cette construction de l'altérité.

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