La Guerre Civile Espagnole (1936-1939) : Résumé Complet

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La Guerre Civile Espagnole (1936-1939)

De juillet 1936 à avril 1939, l'Espagne a subi une terrible guerre civile qui a commencé par une révolte militaire et s'est terminée par la victoire des rebelles dirigés par le général Franco. Les deux factions représentaient assez fidèlement les deux blocs politiques : la droite (les nationalistes) et la gauche (les républicains).

Le soulèvement militaire

Immédiatement après la victoire du Front populaire, les contacts entre militaires partisans d'un coup d'État ont commencé. Le général Mola, exilé à Pampelune par le gouvernement, en fut le principal organisateur, surnommé « Le Directeur ». L'UEM (Unión Militar Española), une association militaire clandestine composée d'officiers anti-républicains, a joué un rôle important dans sa préparation.

Au début de juillet, les plans du coup d'État étaient déjà bien avancés. Sanjurjo, en exil au Portugal, devait assumer la direction du soulèvement. Franco devait s'envoler des Canaries vers le Maroc pour prendre la tête de l'armée d'Afrique, la mieux formée et équipée de la République.

Le 12 juillet, un double assassinat eut lieu. Des phalangistes armés ont tué le lieutenant Castillo, un ardent républicain. En représailles, ses camarades ont assassiné le leader de droite Calvo Sotelo, qui s'était illustré lors de débats virulents au Parlement, où les menaces fusaient de part et d'autre. Ces événements ont précipité le déclenchement.

Le 17 juillet dans l'après-midi, le soulèvement a commencé à Melilla. Le lendemain, il avait triomphé dans tout le protectorat et, comme prévu, Franco se trouvait à la tête de l'armée d'Afrique. Les soulèvements dans la péninsule ont commencé le 18 : Pampelune (Mola), Séville (Queipo de Llano), Majorque (Goded), Saragosse (Cabanellas)...

Le coup d'État échoua à Madrid, où les travailleurs, les gardes d'assaut et les militaires fidèles à la République prirent la caserne de la Montaña, où se trouvait le général Fanjul. Il échoua également à Barcelone, grâce à l'action décisive de la Garde Civile qui se mit au service du gouvernement.

Après plusieurs jours de confusion, où certains lieux changèrent de camp plus d'une fois, les deux zones furent géographiquement délimitées. La zone républicaine était formée par la frange industrielle du Nord, la côte méditerranéenne, l'Andalousie, la Castille-La Manche, l'Estrémadure et Madrid. La zone nationaliste comprenait la Castille-et-León, la Galice, la Navarre, La Rioja, l'Aragon, les Baléares et le protectorat du Maroc. Il y avait également des enclaves en territoire républicain, comme Oviedo, Grenade, Cordoue, l'Alcazar de Tolède et le Sanctuaire de la Vierge de la Cabeza, ainsi qu'un couloir stratégique entre Cadix et Séville pour faciliter le passage de l'armée d'Afrique. Des tentatives similaires avaient connu un succès ou un échec immédiat par le passé, mais cette fois, la situation a dégénéré en la guerre civile la plus brutale de l'histoire de l'Espagne.

Développement de la guerre

Juillet - Novembre 1936 : L'avancée sur Madrid

Une semaine après le début du soulèvement, les opérations militaires commencèrent. C'est ce qu'on appelle la guerre des colonnes. Les troupes nationalistes se fixèrent comme objectif la conquête de Madrid. Au nord, l'armée de Mola avança vers la capitale, mais fut freinée dans le Système central (Somosierra, Guadarrama). Au sud, l'armée de Franco, après avoir traversé le détroit, entama sa marche vers le nord le long de la frontière portugaise, conquérant Mérida et Badajoz. Dans la province de Cáceres, elle rejoignit la zone nationaliste du nord, puis poursuivit son avancée vers Madrid sans grande résistance. La marche fut interrompue lorsque Franco décida de détourner ses troupes vers Tolède pour secourir les défenseurs de l'Alcazar. L'Alcazar fut libéré, mais cette décision fut critiquée par certains stratèges, car les jours perdus permirent aux républicains d'organiser la défense de Madrid, qui avait été abandonnée par le gouvernement. Lorsque les troupes de Franco arrivèrent aux portes de Madrid début octobre, elles rencontrèrent une forte résistance, renforcée par l'arrivée des Brigades internationales et des anarchistes de Catalogne (dont Buenaventura Durruti, mort dans d'étranges circonstances). Après plusieurs jours de combats intenses, la première attaque sur Madrid fut repoussée.

Novembre 1936 - Octobre 1937 : Batailles autour de Madrid

Après l'échec de l'attaque frontale, les nationalistes entreprirent deux manœuvres d'encerclement pour isoler la capitale. La première fut la bataille du Jarama en février 1937, qui n'atteignit pas son objectif principal de couper la route de Valence. La seconde, en mars, visait le même but par le nord, provoquant la bataille de Guadalajara. Menée par les Italiens, elle se solda par un échec cuisant et fut la plus grande victoire de la République. Après Guadalajara, le front de Madrid se stabilisa et Franco décida d'attaquer l'importante région industrielle du Nord. L'offensive commença par la province de Guipuscoa. En avril eut lieu le célèbre bombardement de Guernica. Bilbao tomba en juillet. Suite à cette perte, les républicains lancèrent une attaque à Brunete (Madrid) et une autre à Belchite (Saragosse) pour alléger la pression militaire sur le Nord, mais ne purent empêcher la chute de Santander et des Asturies. En octobre, toute la zone industrielle de la côte cantabrique était aux mains des nationalistes.

Novembre 1937 - Juillet 1938 : La progression vers la Méditerranée

Durant l'hiver 1937-1938, les républicains occupèrent Teruel. En février, la ville fut reprise par les nationalistes, qui lancèrent ensuite une grande offensive sur le front d'Aragon. Cette offensive fut couronnée de succès avec la conquête de Lérida et, surtout, l'arrivée à la Méditerranée par Vinaròs (15 avril). La Catalogne se retrouva ainsi isolée du reste de la zone républicaine. Franco aurait pu attaquer la Catalogne, ce qui aurait peut-être mis fin à la guerre, mais il préféra poursuivre son avancée vers Valence, qui fut interrompue par le début de la bataille de l'Èbre.

Juillet 1938 - Février 1939 : La bataille de l'Èbre

Pendant l'été 1938, dans une tentative désespérée de renverser le cours de la guerre, l'armée républicaine décida de tout risquer dans la bataille de l'Èbre. Le général Vicente Rojo prépara méticuleusement une offensive visant à rompre l'isolement de la Catalogne. Le 25 juillet, les troupes républicaines surprirent la défense nationaliste, traversèrent l'Èbre entre Mequinenza et Amposta, et entamèrent une progression vers le sud rapidement freinée par l'adversaire. C'est ainsi que commença la bataille de l'Èbre, la plus dure et la plus longue de toute la guerre. Les deux camps y engagèrent toutes leurs ressources. Après trois mois de combats acharnés et d'énormes pertes matérielles et humaines, à la mi-novembre, les dernières forces républicaines furent contraintes de retraverser l'Èbre vers le nord. L'issue de cette bataille fut décisive. Les nationalistes lancèrent l'offensive sur la Catalogne. En janvier, ils entrèrent dans Barcelone, qui offrit peu de résistance, provoquant un exode massif vers la frontière française. Les membres du gouvernement et Azaña lui-même (qui ne reviendra jamais) passèrent en France.

Février - Avril 1939 : La fin de la guerre

En février 1939, la République ne contrôlait plus que la zone centre, un territoire situé entre Madrid, Valence et Almería. L'effondrement républicain semblait imminent. La France et la Grande-Bretagne reconnurent officiellement le gouvernement de Franco. Seul le président du gouvernement républicain, Negrín, revenu de France et soutenu par les communistes, était partisan de continuer la résistance, espérant que le début de la Seconde Guerre mondiale sauverait la République. Mais ce qui restait de l'armée républicaine était démoralisé et divisé. À Madrid, le 5 mars, une partie des officiers, menée par le colonel Casado, se souleva contre le gouvernement Negrín. Après avoir vaincu la résistance, notamment communiste, ils prirent le pouvoir et établirent un Conseil de Défense (Casado, Besteiro, Miaja) qui tenta de négocier une paix honorable avec Franco. Celui-ci fut catégorique, exigeant une reddition inconditionnelle. Le 1er avril, à Burgos, Franco signa le dernier communiqué de guerre : « En ce jour, l'Armée Rouge captive et désarmée, les troupes nationales ont atteint leurs objectifs finaux. La guerre est terminée. »

Dimension internationale

La guerre civile espagnole a eu une forte résonance internationale, devenant un prélude à la Seconde Guerre mondiale. Les démocraties européennes (France, Royaume-Uni) ont prôné une politique de non-intervention, tandis que l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste ont massivement soutenu les nationalistes avec du matériel et des troupes (Légion Condor, Corpo Truppe Volontarie). De son côté, la République a reçu l'aide de l'Union soviétique et des Brigades internationales, des volontaires antifascistes venus du monde entier.

L'évolution des deux zones

L'Espagne républicaine : le manque d'unité

Le manque d'unité fut le principal problème. Certaines forces politiques défendaient la révolution comme une priorité, tandis que pour d'autres, l'objectif premier était de gagner la guerre. Dans les premiers mois, le gouvernement Giral fut dépassé, et le pouvoir réel était exercé par des comités locaux ou provinciaux dirigés par les syndicats et les partis. Les syndicats prirent en charge la gestion économique, estimant que l'heure de la révolution était venue. En Catalogne, la collectivisation fut imposée. L'industrie et les services passèrent sous contrôle syndical. Dans les zones rurales républicaines, notamment en Andalousie, la collectivisation agricole commença spontanément. Les revers militaires et le manque d'autorité firent chuter le gouvernement Giral. En septembre 1936, il fut remplacé par Largo Caballero, qui forma un gouvernement de concentration incluant toutes les forces du Front populaire, y compris les anarchistes. Le nouveau gouvernement tenta de restaurer son autorité et de collaborer pour gagner la guerre. Cependant, les tensions entre anarchistes et communistes persistèrent, culminant en mai 1937 avec de violents affrontements en Catalogne qui firent plus de 500 morts. Les communistes sortirent renforcés de cette crise. Largo Caballero démissionna et fut remplacé par Negrín, également socialiste mais soutenu par les communistes. Negrín tenta de trouver un accord avec Franco pour mettre fin à la guerre. Face au refus, il s'accrocha à une politique de résistance à tout prix, comptant sur l'imminence de la Seconde Guerre mondiale. Le coup d'État de Casado mit fin aux plans de Negrín et précipita la fin de la guerre.

L'Espagne nationaliste : l'unité avant tout

La note dominante fut l'unité. Bien que les forces rebelles fussent hétérogènes (carlistes, monarchistes, phalangistes, catholiques...), Franco décréta leur unification au sein d'un parti unique : la FET de las JONS (Phalange Espagnole Traditionaliste et des Juntes d'Offensive Nationale-Syndicaliste). Les officiers de l'armée devinrent automatiquement membres du nouveau parti. Aux premiers jours du soulèvement, la coordination entre les généraux insurgés était faible. La mort de Sanjurjo et la prolongation du conflit changèrent la donne. Le 24 juillet, un Conseil de Défense Nationale fut formé à Burgos, dirigé par le général Cabanellas. Le 1er octobre, les hauts gradés choisirent Franco comme Généralissime des armées et Chef de l'État. Franco concentra alors tous les pouvoirs sans aucune entrave. Il put diriger la guerre à sa guise, abroger la légalité républicaine et organiser l'Espagne nationaliste sur un modèle fasciste. Il supprima les partis politiques, institua un parti unique, remplaça le drapeau républicain et annula les effets de la réforme agraire.

Conséquences de la guerre

  • Démographiques : Les pertes humaines furent considérables. Le nombre de victimes pourrait dépasser le demi-million, incluant les morts au combat et les victimes de la répression dans les deux camps. À cela s'ajoutent au moins 300 000 exilés, principalement vers la France. De nombreux enfants furent évacués vers l'URSS lors de la conquête du Nord. On assista également à un recul de la population urbaine dû au démantèlement de l'économie industrielle et à une baisse importante de la natalité.
  • Politiques : Une dictature militaire fut établie pour quarante ans, supprimant les libertés politiques et poursuivant sans relâche toute forme d'opposition. La Loi sur les responsabilités politiques (1939) envoya en prison de nombreuses personnes qui n'avaient pas pu ou voulu quitter l'Espagne. Les condamnés étaient souvent contraints aux travaux forcés (routes, chemins de fer, Valle de los Caídos...). Jusqu'en 1942, la politique étrangère s'aligna sur les régimes fascistes européens. Après leur défaite, l'Espagne subit un isolement international, mené par l'ONU, qui dura officiellement jusqu'en 1956.
  • Culturelles : Des intellectuels des deux camps furent victimes de la répression, et la plupart des intellectuels de gauche partirent en exil, dont plusieurs membres de la Génération de 27. Dans l'Espagne franquiste, la vie culturelle était soumise à une censure rigoureuse.
  • Économiques : Les années qui suivirent la guerre furent très difficiles. Les pénuries alimentaires forcèrent l'instauration de cartes de rationnement : ce furent les « années de la faim ». Le marché noir se développa. Les infrastructures et les ressources subirent des destructions considérables. L'Espagne fut exclue du Plan Marshall (1947) en raison de son régime non démocratique. L'aide arriva plus tard, lorsque l'Espagne devint un allié utile contre le bloc communiste.

La guerre en Castille-et-León

Les partisans du soulèvement militaire triomphèrent rapidement dans la Communauté. Les généraux Mola et Saliquet s'imposèrent dans les deux capitales de la région : Valladolid et Burgos. L'aide des phalangistes fut notable, deux de leurs principaux dirigeants étant originaires de la région : Onésimo Redondo (Valladolid) et Ramiro Ledesma (Zamora). Les opérations militaires dans la région furent limitées. Au début, il y eut une certaine activité sur la bordure montagneuse du nord. Après la chute du front nord à l'automne 1937, de petits groupes de combattants républicains se réfugièrent dans les montagnes et prolongèrent la résistance armée même après la fin de la guerre. On les appela les « maquis ». Certaines villes jouèrent un rôle important : Salamanque et surtout Burgos devinrent la capitale de l'Espagne nationaliste. L'impact le plus marquant de la guerre en Castille-et-León fut la dure répression menée par le camp au pouvoir. Les jugements sommaires et les exécutions firent de nombreuses victimes, enterrées dans des fosses communes qui font aujourd'hui l'objet de recherches par les familles et les institutions.

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