Hiérarchie des normes juridiques : Lois organiques, ordinaires, décrets-lois et plus
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Hiérarchie des normes juridiques
Loi ordinaire
La loi ordinaire est la norme juridique statutaire qui constitue généralement la deuxième étape dans la hiérarchie juridique d'un État, après la Constitution et parallèlement aux lois organiques (ou équivalent). Ces dernières ont souvent des exigences particulières d'approbation et traitent de questions spécifiques. Loi ordinaire et loi organique se situent au même niveau hiérarchique, mais avec des compétences différentes, comme l'a statué la Cour constitutionnelle espagnole dans son arrêt du 13 février 1981.
Les lois ordinaires sont sujettes à l'approbation par le Congrès ou le Parlement, généralement à la majorité simple. Dans les systèmes démocratiques, les membres du parlement ou du congrès sont élus au suffrage universel. L'adoption des lois peut se faire par un vote de la chambre complète ou par l'un des comités législatifs.
L'initiative d'une loi ordinaire peut émaner de la Chambre ou de l'exécutif. Dans certains systèmes, elle peut également être soutenue par une initiative populaire.
Les États fédérés, les territoires et les régions autonomes au sein d'un État fédéral ou régional peuvent également adopter des lois ordinaires, si leur autonomie leur confère cette capacité.
Loi organique
Les lois organiques concernent le développement des droits fondamentaux et des libertés publiques, les statuts d'autonomie, le régime électoral général et d'autres domaines prévus par la Constitution. Leur approbation, modification ou abrogation exige la majorité absolue du Congrès, lors d'un vote final sur l'ensemble du projet. Une loi organique, qu'elle soit présentée comme un projet (par le gouvernement) ou une proposition de loi (par le Parlement), suit la même procédure parlementaire qu'une loi ordinaire. La principale différence réside dans le vote final : pour une loi organique, le Congrès doit obtenir la majorité absolue, ce qui n'est pas le cas pour une loi ordinaire. L'article 87 de la Constitution définit l'initiative législative. L'article 87.3 précise : « Une loi organique définira les modalités et les exigences de l'initiative populaire pour la présentation de propositions de loi. En tout cas, il faudra au moins 500 000 signatures accréditées. Cette initiative ne sera pas recevable pour les questions relatives aux lois organiques, aux impôts internationaux ou au droit de grâce. » Par conséquent, le gouvernement, le Congrès, le Sénat et les assemblées législatives des communautés autonomes peuvent initier le processus législatif menant à l'adoption d'une loi organique (articles 87.1 et 87.2). Cependant, l'initiative populaire est soumise à plusieurs restrictions, notamment l'impossibilité de proposer des lois organiques ou de légiférer sur des matières qui relèvent de ces lois.
Décret-loi
Le décret-loi est une règle ayant force de loi édictée par l'exécutif, sans intervention ni autorisation préalable du Congrès ou du Parlement. Sa validité est temporaire, variant de dix à quarante-cinq jours selon les pays, en attendant sa ratification, son abrogation ou sa modification par l'Assemblée législative. En Espagne, l'article 86 de la Constitution encadre cette procédure pour éviter tout détournement par le gouvernement. Le décret-loi doit être examiné par le Congrès des députés dans les 30 jours pour être validé ou annulé (même s'il reste en vigueur pendant une courte période sans approbation parlementaire). Le Congrès peut l'approuver ou le rejeter, mais pas le modifier ni l'ignorer. En pratique, le décret-loi est souvent utilisé non pas comme une mesure d'urgence, mais comme un moyen plus rapide d'adopter une loi. En Espagne, le décret-loi est soumis à trois types de limites :
- Circonstancielles : liées aux raisons justifiant l'urgence (laissée à l'appréciation du gouvernement).
- Matérielles : relatives au contenu de la règle.
- Temporelles : concernant la durée de validité du décret-loi.
Le décret-loi ne peut pas empiéter sur les domaines relevant de la loi ordinaire, et encore moins sur ceux réservés à la loi organique (droits fondamentaux, statuts d'autonomie, système électoral, etc.). Le contrôle du décret-loi peut porter sur sa validité en tant que source de droit, sur sa constitutionnalité ou sur son mode de production.
Les traits caractéristiques du décret-loi sont :
- Une nécessité impérieuse et extraordinaire dûment justifiée.
- Un caractère provisoire, nécessitant une validation par le Congrès dans les 30 jours et visant à résoudre des situations urgentes.
- L'interdiction de réglementer :
- L'organisation des institutions fondamentales de l'État.
- Les droits, devoirs et libertés des citoyens énoncés au titre I de la Constitution.
- Le régime des communautés autonomes.
- Le droit électoral général.
Législation déléguée
Le décret législatif (DFL) est une norme juridique ayant force de loi, émanant du pouvoir exécutif en vertu d'une délégation du législateur, prévue par l'article 82 de la Constitution espagnole et l'article 32, numéro 3, de la Constitution chilienne. Cette technique est utilisée dans plusieurs cas :
- Pour la préparation de textes refondus, après que le Congrès ou le Parlement a adopté une loi de base ou une loi d'habilitation servant de référence et de limite.
- Pour préparer des textes consolidés regroupant en un seul corps juridique des dispositions dispersées dans différentes normes. Ces textes sont édictés de manière indépendante et ne nécessitent pas l'approbation du Congrès ou du Parlement. Ils sont publiés par une loi ordinaire.
Dans les monarchies parlementaires, il peut exister une règle similaire, appelée arrêté royal, émanant du pouvoir exécutif.
Lois des communautés autonomes, règlements et coutumes
Jurisprudence
La jurisprudence désigne l'ensemble des interprétations répétées des normes juridiques par les tribunaux dans leurs jugements. Elle peut être une source de droit, selon les pays. Elle peut également désigner l'ensemble des décisions uniformes rendues par les tribunaux d'un État. Connaître le contenu complet des règles existantes implique donc de savoir comment elles ont été appliquées dans le passé. En d'autres termes, la jurisprudence est l'ensemble des décisions qui ont traité des cas identiques ou similaires de la même manière ou dans la même direction.
Principes directeurs de la politique (PDP)
Les PDP sont des déclarations de politique générale qui, sans être formellement intégrées au système juridique, en font partie en raison de leur influence sur l'interprétation et l'application des règles. Ils sont utilisés par les juges, les législateurs, les juristes et, de manière générale, pour combler les lacunes juridiques ou interpréter les règles dont l'application est discutable.
Principes fondamentaux
Constitutionnalité, légalité, hiérarchie des normes, publicité des normes, non-rétroactivité, sécurité juridique, interdiction de l'arbitraire.