Histoire de l'Espagne : Guerres, Réformes et Lumières

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La Guerre de Succession d'Espagne (1701-1714)

Après la mort de Charles II, l'absence d'héritier direct posa un problème de succession, ce qui conduisit à la Guerre de Succession d'Espagne. Ce conflit vit s'affronter les deux prétendants au trône : Philippe d'Anjou et l'Archiduc Charles, soutenus par diverses puissances européennes, ce qui internationalisa le conflit.

Les Réformes Bourboniennes et la Centralisation

Le triomphe de Philippe V, suivant le modèle français, entraîna une réorganisation profonde de l'État, impliquant une centralisation politique et administrative. Les Décrets de Nueva Planta firent disparaître les institutions politiques propres aux différents domaines provinciaux (Cortes, députations provinciales, systèmes de justice), à l'exception notable du Pays Basque et de la Navarre. Seules les juridictions civiles survécurent dans certaines régions, comme l'Aragon. Les Bourbons mirent ainsi en place une structure politico-administrative centralisée et uniforme, basée sur le modèle castillan, ce qui favorisa l'établissement d'une monarchie absolue.

La Reconquista et le Repeuplement de l'Espagne

Le repeuplement chrétien des territoires musulmans conquis par les armées chrétiennes s'accompagna d'un vaste mouvement de colonisation, entraînant une nouvelle organisation sociale, politique et administrative. Dans certaines régions, des populations musulmanes (mudéjars) purent rester, grâce à de généreuses capitulations.

L'Organisation des Nouveaux Territoires

Une partie des terres fut attribuée à la noblesse ayant participé à la conquête, aux ordres militaires, ou aux conseils municipaux (concejos) responsables de leur peuplement. Dans certaines terres domaniales, des Cartas de Población (chartes de peuplement) et des privilèges furent accordés, offrant des avantages et des facilités à ceux qui venaient peupler les zones frontalières. Ces chartes définissaient généralement les limites des territoires, les conditions d'accès à la terre, les franchises et les règles de base de la vie municipale.

Les fueros (juridictions), parfois inclus dans les Cartas de Población initiales, étaient des instruments juridiques émis par les monarques pour régir la vie locale. En Aragon, à partir de 1247, une procédure légale d'unification aboutit à la publication des Fueros de Aragón (lois d'Aragon), un corpus juridique édicté par le roi avec les Cortes.

Le Déclin de l'Hégémonie Espagnole

L'hégémonie de l'Espagne en Europe et en Méditerranée, fermement établie sous les règnes de Charles Quint et de Philippe II, connut son déclin progressif. Le règne de Philippe III sembla paisible, mais sous celui de Philippe IV, le déclin de l'Espagne en Europe devint une réalité. À l'intérieur, le royaume fut confronté à des rébellions majeures en Catalogne et au Portugal.

La Paix de Westphalie (1648) et des Pyrénées (1659)

À l'extérieur, les échecs dans la Guerre de Trente Ans (une lutte pour la domination politique en Europe, exacerbée par les divisions religieuses et politiques en Allemagne) marquèrent la fin de l'hégémonie des Habsbourg espagnols. Les Provinces-Unies, le Danemark, l'Angleterre, la Suède et plus tard la France devinrent les principaux rivaux de l'Espagne et de l'Empire allemand.

La Paix de Westphalie (1648) reconnut le droit des princes allemands de choisir la religion de leurs États, l'indépendance des Provinces-Unies et accorda des avantages territoriaux à la Suède. La Paix des Pyrénées (1659), qui mit fin à la guerre avec la France, entraîna la cession du Roussillon, d'une partie de la Cerdagne et de certaines places aux Pays-Bas espagnols. Ce fut la fin de l'hégémonie continentale espagnole, qui passa aux mains de la France, tandis que la domination maritime fut exercée par les Hollandais et les Anglais.

L'Espagne et le Siècle des Lumières

L'Introduction des Idées Éclairées

L'introduction des idées des Lumières en Espagne fut lente et tardive, sans doute en raison de l'absence d'une classe moyenne florissante et de la résistance des secteurs ecclésiastique et aristocratique. Il s'agissait d'un petit groupe d'intellectuels (comme Feijoo, Campomanes, Jovellanos, Aranda, Olavide, Floridablanca) qui analysèrent les problèmes de la nation et proposèrent des réformes pour surmonter le retard du pays. Au cœur de leurs réflexions, après une évolution, apparut la pensée libérale qui s'épanouirait au XIXe siècle.

Critiques et Projets de Réforme des Lumières Espagnoles

Ces penseurs critiquaient l'Église, mais désiraient une pratique religieuse plus rigoureuse et défendaient la capacité du roi à intervenir dans les affaires ecclésiastiques (régalisme). D'autre part, ils s'appuyaient sur la dynamique de réforme de la monarchie.

Parmi leurs préoccupations majeures figurait l'éducation et la culture, qu'ils considéraient comme les seuls moyens de sortir le pays de son arriération. Dans ce domaine, ils s'opposèrent à l'Église, qui contrôlait l'éducation, et défendirent la nécessité d'un enseignement utile et pratique, ouvert aux nouvelles sciences et aux talents étrangers.

Le retard économique les préoccupait également. Ils censuraient la forte domination de la propriété aristocratique et ecclésiastique, le contrôle excessif de l'État sur les activités économiques et l'absence de nouveaux développements techniques pourtant connus en Europe. Les Lumières critiquaient les privilèges de la noblesse et le grand nombre de membres du clergé, et défendaient la dignité des métiers manuels (considérés comme une « honte légale » du travail).

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