Histoire de l'État espagnol : des origines à nos jours

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Droits Politiques

Première Partie : L'État Espagnol - Classements et Formation

Leçon 1 : La Formation de l'État Espagnol

  • La réalité historique de l'Espagne : Tension entre organisation unitaire et plurielle

La péninsule ibérique, souvent comparée à un château par Salvador de Madariaga, présente une géographie montagneuse qui a historiquement favorisé les particularismes régionaux et rendu la communication interne complexe. Cette réalité physique a engendré une tension constante dans l'histoire espagnole entre les forces unificatrices et centrifuges. Ainsi, l'Espagne a connu des cycles alternés d'unification et de diversification.

  • Primitive Espagne et la conquête romaine

Avant l'arrivée des Romains, la péninsule était habitée par divers peuples tels que les Ibères et les Celtes, chacun possédant sa propre culture. L'expansion romaine, qui dura deux siècles, aboutit à la romanisation du territoire, unifiant la péninsule par la langue, les infrastructures (routes) et la création de villes. Ce processus d'intégration a également touché les régions basques et asturiennes, impliquant la société espagnole dans l'administration romaine.

  • Les Barbares et la renaissance de la pluralité

L'effondrement de l'Empire romain, marqué par l'arrivée des tribus germaniques (Suèves, Vandales, Alains, Goths, Wisigoths), a entraîné une renaissance de la pluralité. Les Wisigoths, s'imposant progressivement, ont tenté d'unifier la péninsule sous leur domination, introduisant leur propre droit. Cette coexistence d'ordres juridiques distincts, couplée à la christianisation du territoire sous Léovigild, a marqué la période wisigothique. Cependant, l'instabilité politique, due à l'élection du roi parmi les nobles, a favorisé l'invasion musulmane.

  • L'invasion musulmane et ses caractéristiques

Au VIIe siècle, l'islam, fondé par Mahomet, s'est également imposé comme une force politique. Les divisions internes au sein du califat (Sunnites et Chiites) ont marqué son expansion. En 711, suite à une guerre civile entre Rodrigue et Aquila, ce dernier fit appel à l'armée islamique. Les 7 000 Berbères, entrés comme alliés, se sont rapidement imposés comme la société dominante dans la péninsule. L'islamisation du sud, connue sous le nom d'Al-Andalus, initialement dépendante de Damas, devint plus tard un califat indépendant. Les premières relations entre musulmans, chrétiens et juifs furent marquées par une taxe imposée aux non-musulmans, entraînant de nombreuses conversions à l'islam. Aux VIIIe et IXe siècles, l'islam représentait une société dynamique et prestigieuse.

  • La Reconquista et sa signification : La diversité culturelle de la péninsule

La Reconquista, période s'étendant sur huit siècles, fut marquée par l'opposition entre royaumes chrétiens et musulmans. Cette période a vu deux éléments importants :

  • La soumission de l'Islam a duré plus longtemps dans certaines régions (notamment le sud), entraînant des différences culturelles et comportementales.
  • Les royaumes chrétiens se sont regroupés en différentes unités politiques. Les Rois Catholiques ont unifié deux grands ensembles : le noyau occidental, issu de la Cordillère Cantabrique (la Couronne de Castille), et le noyau oriental, issu des Pyrénées (la Couronne d'Aragon).
  • La Couronne de Castille et sa configuration. Navarre

La Couronne de Castille s'est organisée autour des Asturies, suite à la défaite des musulmans par Rodrigue. Le repli vers le nord, favorisé par le climat, a entraîné une désertification des terres entre le Duero et le nord de la péninsule. La Galice fut la première région repeuplée, suivie par le royaume de León, distinct des Asturies. Le royaume de León servit de frontière entre la Navarre, l'Aragon et les territoires musulmans. La société léonaise, axée sur l'élevage, pouvait déplacer ses biens en cas d'attaque, contrairement aux cultures sédentaires. Les Léonnais étaient une société cultivée et agricole, tandis que les Castillans étaient plus rustres et éleveurs.

La Couronne de Castille s'est construite par l'intégration de noyaux antérieurs, le pouvoir se déplaçant de León vers le comté de Castille, qui devint le royaume de Castille. Au XIe siècle, elle était déjà configurée comme une entité unifiée. Au XIIIe siècle, les Cortes remplacèrent l'Aula Regia wisigothique. Ces assemblées comprenaient des représentants des villes, qui répondaient aux demandes fiscales du roi et formulaient leurs propres doléances. Les représentants, nommés par les bourgeois, suivaient les instructions du Conseil principal.

  • Royaume de Navarre

Le royaume de Navarre s'est organisé autour de Pampelune, incluant les provinces basques. Principalement des terres pastorales, à l'exception de Bilbao grâce à son port. La puissance de Navarre déclina au XIIIe siècle. Caractérisé par ses liens avec la France, la faiblesse de la Navarre entraîna l'indépendance des territoires basques, qui adhérèrent ensuite à la Castille en échange de privilèges.

  • La Couronne d'Aragon et sa configuration

La Couronne d'Aragon présentait des caractéristiques distinctes de la base cantabrique. Sa frontière nord était délimitée par les Pyrénées, et au sud, le royaume d'Aragon s'étendait jusqu'à la mer par sa connexion avec la Catalogne. La Catalogne, initialement dépendante de la France, forma ensuite le comté autonome de Barcelone. Le comté de Barcelone rejoignit le royaume d'Aragon, mais avec une structure différente de celle du royaume de Castille. Les Cortes d'Aragon n'étaient pas les mêmes que ceux de Catalogne. La Catalogne disposait de ses propres tribunaux et d'un comité permanent, la "Diputació general" ou "gouvernement", chargé de la collecte des impôts et de la représentation auprès du roi. Au sud, la conquête de nouveaux territoires comme Valence, par les nobles aragonais et catalans, renforça l'indépendance de l'Aragon et de la Catalogne, qui développèrent également leurs "gouvernements". La Reconquista s'étendit aux îles Baléares, formant une quatrième entité confédérée. L'Aragon présentait des caractéristiques d'unification (soumission au même roi) tout en maintenant la diversification (tribunaux et langues propres, l'occitan dérivé du latin). Le castillan et le basque étaient également parlés en Aragon.

  • Les relations entre les royaumes péninsulaires différents et l'équilibre

Les relations entre les deux couronnes et le royaume de Navarre furent collaboratives durant la Reconquista. Les couronnes ne s'affrontaient pas directement. Le processus de Reconquista s'est déroulé à des rythmes différents, d'abord lentement, les rois chrétiens avançant peu en territoire terrestre. La population rurale ne pouvait pas occuper les terres conquises, nécessitant l'appel de colons. Avec la désintégration de la société arabe, l'élan s'accéléra.

Trois traités (Tordesillas, Cazorla et Almizrra) furent signés entre Castille et Aragon pour définir leurs limites. La Murcie revint à la Castille, marquant la fin de l'expansion aragonaise vers le sud. Les deux couronnes développèrent ensuite des objectifs distincts : l'Aragon se tourna vers la Méditerranée (Sardaigne, Sicile, Naples, Athènes et Néopatrie), s'appuyant sur une armée de mercenaires (Almogavars) et des centres commerciaux dans chaque ville. La Castille, quant à elle, se consacra au commerce du bétail, créant la Mesta, un puissant syndicat d'éleveurs. Le commerce de la laine avec la Flandre devint une source de grande richesse. L'influence du clergé fut considérable dans la construction d'édifices religieux, au détriment des bâtiments civils à l'époque gothique. Au milieu du XIVe siècle, la péninsule fut frappée par la peste noire, décimant la population de Valence et de Catalogne, tandis que la Castille fut moins affectée. Une guerre civile éclata, opposant Henri de Trastamare à Pierre Ier, impliquant des troupes françaises et anglaises. Henri, soutenu par la France et l'Aragon, sortit vainqueur. Ses successeurs modernisèrent l'administration.

  • Les Rois Catholiques et l'organisation de l'État espagnol comme une véritable union

En 1412, la dynastie Trastamare s'installa en Aragon. L'engagement de Caspe nomma un membre de cette famille roi d'Aragon, renforçant la tendance à l'union des deux couronnes. Ce n'est qu'en 1470, avec le mariage d'Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, que cette union se concrétisa. Isabelle avait accédé au trône castillan après une guerre civile contre Jeanne la Beltraneja. Ferdinand d'Aragon incarnait le modèle du Prince machiavélien. Leur union respecta la distinction des deux couronnes, avec des tribunaux et administrations distincts (lois, impôts, douanes). La Castille était plus autoritaire, l'Aragon moins militarisé et avec un poids plus important des Cortes. L'Inquisition fut la seule institution commune, bras d'une orthodoxie chrétienne et projection politique. Les Rois Catholiques, cousins, obtinrent une dispense papale pour leur mariage, Ferdinand recevant le titre de "Catholique". La structure de l'État se consolida sur deux siècles, marquée par une politique de centralisation et une lutte constante contre la noblesse. Dans les villes, les échevins élus coexistaient avec des magistrats nommés par les rois, agissant comme représentants du gouvernement. L'expansion militaire des Rois Catholiques se concentra sur l'annexion de la Navarre et la conquête de Naples (par l'Aragon). Le financement du voyage de Christophe Colomb vers l'Amérique focalisa la politique espagnole. La Castille bénéficia principalement de la conquête de l'Amérique, tandis que l'Aragon se consacra au commerce. L'expulsion des Juifs et des Maures, ainsi que la conversion forcée au christianisme après la conquête de Grenade, affaiblirent l'économie et le savoir-faire agricole et bancaire. La mort d'Isabelle entraîna une période d'instabilité, Ferdinand devenant régent de Castille. La succession au trône castillan revint à Jeanne, qui épousa Philippe de Habsbourg (Philippe le Bel).

  • L'organisation de la Chambre de l'État de l'Autriche. Gouvernement de l'État polisinodial et le catholicisme

À la mort de Philippe, Juana monta sur le trône et Ferdinand désigna son petit-fils Charles comme successeur, unifiant les royaumes de Flandre et d'Autriche. L'arrivée de Charles et de sa cour flamande provoqua des soulèvements dans les villes castillanes. L'Empire espagnol nécessita une nouvelle forme de gouvernement : le système des conseils (polisinodial), un organe consultatif composé de nobles et de fonctionnaires. Ce système, bien que lent, visait à maintenir l'idée de l'omnipotence royale. Il existait des conseils territoriaux (Aragon, Naples, Flandres, Castille, Indes) et horizontaux (Finances, Armée, Marine, Politique étrangère). Le règne des Habsbourg, bien que similaire à celui des Rois Catholiques, fut plus développé. Philippe II perdit l'Empire mais annexa le Portugal. Ses successeurs (Philippe III, Philippe IV, Charles II) virent la situation économique se dégrader et l'hégémonie espagnole décliner. La crise économique européenne coïncida avec des mouvements révolutionnaires en Grande-Bretagne. En Espagne, le valido (favori du roi) Olivares tenta d'intégrer les couronnes d'Aragon et du Portugal dans le financement de l'État, provoquant des soulèvements et la séparation du Portugal. La Catalogne fut également réprimée, avec le soutien de la France, entraînant la perte du Roussillon au profit de la France.

  • L'unification de l'organisation de l'État sous les Bourbons. Les décrets de la Nouvelle Planta et leur importance constitutionnelle

L'Espagne passa d'une puissance hégémonique à une puissance de second ordre. La paix de Westphalie et la mort de Charles II marquèrent un tournant. La guerre de Succession d'Espagne opposa la France et l'Espagne aux Habsbourg, remportée par les Bourbons. L'arrivée de Philippe V entraîna des changements constitutionnels majeurs avec les décrets de la Nouvelle Planta, qui remplacèrent le système des conseils par des ministères d'État, unifiant l'administration et supprimant les barrières entre les couronnes. Le monopole commercial de Séville avec les Indes fut aboli, ouvrant d'autres ports. L'Église, championne du pouvoir politique, conserva une influence considérable, malgré les tentatives de limiter son pouvoir, notamment à travers l'ordre des Jésuites. Philippe V supprima les Cortes de la Couronne d'Aragon, réduisant leurs droits provinciaux, ne laissant que les fors basques et navarrais. Les règnes des Bourbons furent marqués par des mouvements de modernisation inspirés des Lumières, mais rencontrèrent l'opposition de la noblesse et de l'Église, attachées à leurs privilèges. La confrontation avec l'Église culmina avec l'expulsion des Jésuites.

Leçon 2 : Le Constitutionnalisme Espagnol du XIXe Siècle

  • L'introduction du libéralisme en Espagne et la faiblesse du pouvoir constituant

La Révolution française et l'avènement de Napoléon eurent un impact profond sur l'Espagne. L'intervention napoléonienne dans la succession au trône espagnol provoqua un soulèvement populaire. Les institutions locales prirent le relais face à l'effondrement des institutions politiques traditionnelles. La guerre d'Indépendance espagnole fut marquée par la guérilla, une forme de combat irrégulier menée par des civils. La structure sociopolitique espagnole fut bouleversée. L'Ancien Régime, où le pouvoir émanait du roi, céda la place à de nouvelles conceptions issues des Lumières. La Constitution de Bayonne, imposée par Napoléon, visait à moderniser l'Espagne, mais suscita une résistance populaire. Les comités locaux se coordonnèrent via les conseils provinciaux, puis un Conseil central convoqua les Cortes. Ces Cortes, loin des anciennes assemblées par ordres, convoquèrent des représentants des villes, affirmant la souveraineté nationale. Napoléon tenta de diviser l'Espagne, mais la majorité de la société soutint l'idée d'une nation unitaire représentée par un Parlement. Les Cortes affirmèrent la nécessité de rompre avec les privilèges juridiques, notamment ceux de la noblesse (fideicommis) et de l'Église (biens "amortisés"). Les corporations (guildes) furent également critiquées pour limiter la liberté du travail. Les Cortes promirent la liberté professionnelle et la suppression des corporations. Le pouvoir se partagea entre aristocrates, nobles et bourgeois, sans égard pour le peuple. L'Espagne fut divisée en provinces, calquées sur le modèle napoléonien, basées sur la géographie plutôt que sur des raisons politiques.

  • La révolution constitutionnelle. L'affirmation du pouvoir national constituant

Cette nouvelle société légitima le pouvoir émanant de la nation et non du roi. Au retour de Ferdinand VII, celui-ci tenta d'annuler les actions des Cortes. Des groupes conservateurs (aristocrates, clergé) s'opposèrent aux progressistes (bourgeoisie, commerçants). L'armée, initialement conservatrice, évolua vers des positions progressistes. La Constitution de Cadix (1812), texte long et inspiré de la constitution française de 1791, fut adoptée. Bien que son application fût limitée en Espagne, elle eut une influence à l'étranger. Ferdinand VII, de retour en 1814, rejeta la Constitution et instaura l'absolutisme. En 1820, face à la crise économique, il fut contraint de reconnaître la Constitution, marquant le début du démantèlement de l'Ancien Régime. Les gouvernements libéraux successifs tentèrent de reconstruire l'œuvre des Cortes, mais furent renversés par l'intervention française (les "Cents-Mille-Fils-de-Saint-Louis"). La "décennie abominable" (1823-1833) vit le retour de Ferdinand VII. À sa mort, la question de la succession, opposant sa fille Isabelle à son frère Charles, déclencha la Première Guerre Carliste. Les libéraux soutinrent Isabelle, les absolutistes Charles. La guerre se déroula principalement dans le nord. Le règne d'Isabelle II fut marqué par une fragmentation politique entre modérés et progressistes, entraînant des constitutions successives reflétant les idées de chaque parti. Les points de divergence majeurs concernaient la souveraineté (Couronne vs Cortes), le poids de la Couronne (Sénat nommé par le roi vs élu), le suffrage (censitaire vs plus large), le pouvoir des municipalités (maires nommés vs élus) et la question des milices nationales.

  • La succession de Ferdinand VII et la guerre carliste

La succession de Ferdinand VII provoqua la Première Guerre Carliste, opposant les partisans d'Isabelle II (libéraux) à ceux de Charles de Bourbon (absolutistes). La guerre se déroula principalement dans les provinces du nord. Le règne d'Isabelle II fut marqué par une alternance entre modérés et progressistes, se reflétant dans des constitutions successives. Les principaux points de divergence portaient sur la souveraineté (Couronne vs Cortes), le poids de la Couronne (Sénat nommé par le roi vs élu), le suffrage (censitaire vs plus large), le pouvoir des municipalités (maires nommés vs élus) et la question des milices nationales.

  • La Charte royale. Caractère et signification

La Charte royale de 1834, élaborée par Martínez de la Rosa, instaura un parlement bicaméral, inspiré du modèle français. Elle marqua une première étape vers un régime constitutionnel, bien que le pouvoir royal restât important. Les membres de la Chambre haute (succession) étaient choisis par la reine, tandis que les membres de la Chambre basse (avocats) étaient élus au suffrage populaire. La Charte royale limita le pouvoir des Cortes, mais leur accorda un rôle important dans la demande d'information. Suite à un glissement vers le progressisme, une révolte populaire entraîna la régence d'Espartero. Mendizabal, ministre des Finances, entreprit une confiscation des biens de l'Église, aliénant le clergé et renforçant l'opposition conservatrice.

  • La Constitution de 1837

La Constitution de 1837, plus progressiste mais avec des concessions aux modérés, maintint le bicaméralisme (Congrès et Sénat). Le Sénat devint électif, mais le suffrage resta censitaire. Les progressistes jugèrent cette constitution insuffisante, entraînant des mouvements révolutionnaires et l'apparition de "guérilleros". Le gouvernement, confronté à l'armée du nord, dut composer avec les progressistes, mais réprima le mouvement, fracturant le camp progressiste et favorisant le retour des modérés. Espartero fut nommé régent.

  • La Constitution de 1845 et ses alternatives

La Constitution de 1845, plus modérée, fut adoptée sous le règne d'Isabelle II, dirigé par le général Narváez. Elle conserva 60 des 77 articles de la Constitution de 1837. Narváez instaura la Garde civile, réforma le système fiscal et jeta les bases de l'enseignement public. Bravo Murillo, président du gouvernement, proposa un texte plus conservateur, mais fut évincé par une alliance entre modérés et libéraux. L'Union libérale, dirigée par O'Donnell, émergea, mais ne parvint pas à faire adopter une constitution consensuelle. La reine Isabelle II, influencée par divers groupes, finit par s'exiler en France.

  • La "Révolution des Six Ans" (1868-1874). L'instabilité politique

Cette période fut marquée par la fragilité du pouvoir constituant, suite à l'exil d'Isabelle II. Serrano forma le premier gouvernement démocrate et progressiste. La gauche se divisa entre démocrates et républicains. La plateforme formée entre progressistes et démocrates aboutit à la Constitution de 1869, considérée comme l'expression suprême du libéralisme espagnol du XIXe siècle. Elle comptait 112 articles et reconnaissait plusieurs droits, dont le droit d'association. Le bicaméralisme fut maintenu, avec une constitution parlementaire. Les monarchistes majoritaires élurent un roi, Amédée de Savoie. Son règne fut bref, marqué par des crises constitutionnelles et l'assassinat du général Prim, son principal soutien. La Première République (1873) fut proclamée, mais l'instabilité politique, les soulèvements carlistes et le coup d'État du général Pavía mirent fin à l'expérience. Le retour à la Constitution de 1869 et la présidence de Serrano furent de courte durée, avant l'avènement d'Alphonse XII.

  • La Constitution de 1869

La Constitution de 1869, la plus libérale du XIXe siècle, introduisit le suffrage universel masculin, la liberté d'association et le bicaméralisme. Elle tenta d'établir une monarchie constitutionnelle parlementaire, mais l'instabilité politique et le manque de soutien populaire pour le roi Amédée Ier conduisirent à la proclamation de la Première République.

  • La Première République et le projet de Constitution de 1873

La Première République (1873) fut marquée par des divisions internes et des tentatives de fédéralisme. Le projet de Constitution de 1873, qui visait à établir une république fédérale, ne fut jamais promulgué. Le coup d'État du général Pavía mit fin à la République, ouvrant la voie à la Restauration bourbonienne.

Leçon 3 : La Restauration et la Crise Constitutionnelle du XXe Siècle

  • La Restauration et la notion constitutionnelle de Cánovas. Constitution de 1876

La Restauration, initiée par Cánovas del Castillo, visait à établir une constitution stable. La Constitution de 1876 instaura un système bicaméral, avec un Congrès élu au suffrage censitaire et un Sénat composé de membres nommés par le roi et de sénateurs élus. Le bipartisme (conservateurs et libéraux) fut le pilier du système, caractérisé par le "turnisme", un système de corruption électorale orchestré par les "caciques". Le système électoral favorisait les grands partis, assurant une représentation disproportionnée.

  • Caractéristiques du système de restauration politique. Le système électoral

Le système de la Restauration reposait sur le bipartisme et le "turnisme", garantissant l'alternance au pouvoir entre conservateurs et libéraux grâce à la manipulation des élections par les caciques. Le système électoral, basé sur le suffrage censitaire, favorisait les partis dominants. Le Sénat, inspiré du modèle de Bravo Murillo, était composé de membres nommés par la Couronne, de sénateurs élus et de membres de droit propre. La justice était censée être indépendante, mais sa structure fut définie par des lois organiques.

  • Partis Turnantes

Les deux partis principaux, conservateurs et libéraux, partageaient des idéologies monarchistes et bourgeoises. Le carlisme, mouvement traditionaliste, continua d'influencer la politique, bien que son poids économique diminuât avec l'industrialisation du Pays Basque et de la Catalogne.

  • Les mouvements nationalistes

Le nationalisme basque, incarné par le Parti Nationaliste Basque (PNV) de Sabino Arana, et le nationalisme catalan, né d'un réveil culturel et littéraire, prirent de l'importance. L'industrialisation du Pays Basque et de la Catalogne contrastait avec le faible niveau de revenu et de population de la Castille. Entre 1872 et 1920, la population et les revenus du Pays Basque et de la Catalogne augmentèrent considérablement, dépassant ceux du reste de la péninsule.

  • L'émergence de nouvelles forces politiques : l'anarchisme et le socialisme

L'anarchisme et le socialisme émergèrent en Espagne, principalement dans les milieux ouvriers. Les anarchistes dominèrent en Catalogne, Aragon, Valence et Andalousie, tandis que les socialistes s'implantèrent en Castille et dans le nord. L'anarchisme se manifesta sous trois formes : anarco-coopérativiste, anarco-terroriste et syndicaliste. Le socialisme, plus tardif dans son organisation, prôna la transformation de l'État en faveur de la classe ouvrière, avec Pablo Iglesias comme figure clé du socialisme espagnol.

  • La crise de la Restauration

La crise de la Restauration fut marquée par l'exode rural, l'industrialisation et l'émergence de nouvelles classes sociales. La perte des dernières colonies en 1898 provoqua une profonde réflexion sur l'identité espagnole. Les grèves, les attentats anarchistes (assassinat de Cánovas) et la mort de Sagasta affaiblirent les partis traditionnels. Alphonse XIII monta sur le trône, mais l'instabilité politique persista, exacerbée par la "Semaine tragique" de Barcelone en 1909 et la montée du nationalisme. La Première Guerre mondiale apporta une prospérité économique temporaire, mais l'armée, mal équipée, se syndiqua au sein des "Juntas". La dictature de Primo de Rivera (1923-1930), soutenue par le roi, tenta de restaurer l'ordre public et de résoudre la crise du Rif au Maroc. La dictature se divisa en deux phases : une phase temporaire (1923-1925) axée sur la résolution des problèmes immédiats, et une phase de transformation politique (1925-1928) visant à établir un nouveau régime. La chute de Primo de Rivera et la crise de la monarchie conduisirent à la proclamation de la Seconde République en 1931.

  • La dictature de Primo de Rivera et ses phases

La dictature de Primo de Rivera (1923-1930) fut instaurée dans un contexte de crise politique et sociale, marquée par la guerre du Rif et l'influence des mouvements fascistes en Europe. La dictature se divisa en deux phases : une première phase (1923-1925) axée sur la restauration de l'ordre public et la résolution du conflit marocain, et une seconde phase (1925-1928) visant à transformer le système politique et à établir une nouvelle constitution. La chute de Primo de Rivera entraîna la crise de la monarchie et la proclamation de la Seconde République.

  • Chute de Primo de Rivera et crise de la monarchie. Proclamation de la Seconde République

La chute de Primo de Rivera en 1930 marqua la fin de la monarchie d'Alphonse XIII. Les élections municipales de 1931 virent la victoire des républicains dans les grandes villes, entraînant la proclamation de la Seconde République et l'exil du roi. Le gouvernement provisoire, issu du Pacte de San Sebastián, travailla à l'élaboration d'une nouvelle constitution.

Leçon 4 : La Deuxième République

  • Le gouvernement intérimaire et le statut juridique de la République

Le gouvernement provisoire de la Seconde République, issu du Pacte de San Sebastián, fut marqué par la faiblesse du pouvoir constituant et des divisions internes entre républicains, socialistes et anarchistes. La Constitution de 1931, bien que progressiste, fut critiquée pour son caractère "intégral" et sa laïcité "extrême", provoquant des crises gouvernementales. La Constitution reconnaissait l'autonomie des régions, notamment la Catalogne, le Pays Basque et la Galice. Elle établissait un système bicaméral (Congrès des députés et Sénat), un président de la République élu par les Cortes, et un pouvoir judiciaire indépendant, avec une Cour constitutionnelle.

  • La Constitution de 1931 : Signification, structure et influences

La Constitution de 1931 fut l'une des plus démocratiques de son époque. Elle instaurait une république "intégrale", reconnaissant l'autonomie des régions, un système bicaméral, un président de la République élu par les Cortes, et un pouvoir judiciaire indépendant. Elle affirmait le principe de laïcité de l'État, limitant le pouvoir de l'Église. La déclaration des droits, inspirée de la Constitution mexicaine, reconnaissait des droits sociaux et économiques avancés pour l'époque. Le système électoral, basé sur la représentation proportionnelle, favorisait les coalitions.

  • Le concept de République et le positionnement des forces politiques

La Seconde République fut marquée par une forte polarisation politique entre la gauche (républicains, socialistes, communistes) et la droite (conservateurs, monarchistes, CEDA). Les réformes entreprises par le gouvernement de gauche (réforme agraire, réforme militaire, statut d'autonomie de la Catalogne) furent contestées par la droite, entraînant des soulèvements et une instabilité politique chronique. La victoire de la droite aux élections de 1933 marqua un tournant conservateur, avec la suspension de certaines réformes et la montée des tensions sociales. Les élections de 1936 virent la victoire du Front Populaire (gauche), exacerbant les divisions et conduisant à la guerre civile.

  • Un système complet. Délimitation des compétences

La Constitution de 1931 instaura un "État intégral", reconnaissant l'autonomie des régions, mais en maintenant la suprématie de l'État central. La répartition des compétences entre l'État et les régions fut un point de friction constant, contribuant à l'instabilité politique.

  • Le principe de laïcité de l'État

Le principe de laïcité de l'État, affirmé par la Constitution de 1931, entraîna une rupture avec l'Église catholique, qui s'opposa fermement aux réformes laïques du gouvernement. Cette question religieuse fut l'une des causes majeures du conflit.

  • La déclaration des droits et la question du droit de la défense de la République

La Constitution de 1931 garantissait un large éventail de droits et libertés, mais leur application fut souvent entravée par l'instabilité politique et la suspension des garanties constitutionnelles. La défense de la République face aux menaces internes et externes fut un défi constant.

  • Le Congrès des Députés et le système électoral

Le système électoral de 1931, basé sur la représentation proportionnelle, favorisa les coalitions, mais ne parvint pas à garantir la stabilité gouvernementale. Les élections de 1933 virent la victoire de la droite, tandis que celles de 1936 consacrèrent le Front Populaire, exacerbant les tensions.

  • République présidence et gouvernement. Le Président de la République

La Seconde République connut plusieurs présidents et gouvernements, reflétant l'instabilité politique. Niceto Alcalá-Zamora, premier président, fut contraint de dissoudre les Cortes à plusieurs reprises. Manuel Azaña, président du gouvernement, tenta de mener des réformes, mais se heurta à une forte opposition.

  • Le pouvoir judiciaire

Le pouvoir judiciaire, conçu comme indépendant, fut néanmoins soumis aux pressions politiques. La Cour des garanties constitutionnelles, ancêtre de la Cour constitutionnelle actuelle, joua un rôle important dans l'interprétation de la Constitution.

  • Processus politique de la République : Étapes et changements politiques

La Seconde République traversa trois phases principales : le "biennat réformiste" (1931-1933), le "biennat conservateur" (1933-1936) et la période du Front Populaire (1936), qui s'acheva par la guerre civile.

Leçon 5 : La Guerre Civile et le Franquisme

  • La guerre de Sécession. Les deux camps et le positionnement de la population

La guerre civile espagnole (1936-1939) opposa les Républicains (soutenus par l'URSS et les Brigades internationales) aux Nationalistes (soutenus par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste). Le coup d'État militaire, initialement prévu pour être rapide, échoua, déclenchant un conflit sanglant. L'armée se divisa, le général Franco prenant la tête des troupes nationalistes. Le gouvernement républicain, initialement dirigé par Caceres Quiroga puis par Martinez Barrio, tenta de négocier avec le général Mola, chef de la révolte. La guerre fut particulièrement brutale, marquée par des massacres et des répressions de part et d'autre. Les républicains, malgré le soutien populaire, manquèrent d'une armée structurée, tandis que les nationalistes bénéficièrent d'une meilleure organisation et d'un soutien étranger plus efficace.

  • Les problèmes du côté républicain

Le camp républicain fut miné par des divisions internes entre socialistes, communistes et anarchistes, ainsi que par le manque d'une stratégie militaire cohérente. Le gouvernement de Largo Caballero tenta de centraliser le pouvoir, mais se heurta à la résistance des différentes factions.

  • La structure de l'équipe nationale

Les Nationalistes bénéficièrent d'un soutien militaire et matériel important de l'Allemagne et de l'Italie. Leur armée, mieux organisée et dirigée par Franco, parvint à consolider ses positions et à mener une guerre d'usure efficace. La concentration des efforts et l'évitement de la dispersion furent des éléments clés de leur stratégie.

  • Le pouvoir constituant de Franco : Les trois concepts du mouvement

Le régime franquiste, dirigé par Francisco Franco, fut un régime autoritaire et totalitaire, caractérisé par la centralisation du pouvoir, l'abolition des statuts d'autonomie et la suppression de toute activité politique, associative ou syndicale. Le parti unique, FET y de las JONS, regroupait différentes factions (militaires, phalangistes, traditionalistes, catholiques), créant un équilibre politique instable. La dictature de Franco se caractérisa par une forte censure et un contrôle strict de la société.

  • La dictature de Franco et ses limites constitutives

Le régime franquiste se fondait sur deux principes : la centralisation du pouvoir et l'abstentionnisme politique. La société était invitée à ne pas s'immiscer dans les affaires politiques, considérées comme erronées. L'administration était dirigée par des hauts fonctionnaires, d'abord idéologiquement alignés, puis plus technocratiques. Le syndicalisme unique, FET y de las JONS, regroupait employeurs et travailleurs, mais interdisait les grèves. La censure s'étendait à tous les médias, contrôlant l'information et l'expression.

  • Le syndicalisme de Franco

Le syndicalisme unique, FET y de las JONS, visait à canaliser les relations entre employeurs et travailleurs au sein d'un cadre contrôlé par l'État. Il interdisait les grèves et les associations politiques indépendantes. Les militants communistes infiltrèrent progressivement les syndicats, formant les CCOO.

  • Processus politique de Franco et ses étapes

Le franquisme traversa plusieurs étapes : la phase dure (1939-1942), marquée par la répression et l'incertitude internationale ; la période de consolidation (1942-1957), avec l'adoption de lois organiques et la normalisation des relations internationales ; la phase de développement (1957-1963), axée sur la modernisation économique et l'ouverture à l'international ; et la période de "développementalisme" (1963-1973), marquée par la croissance économique et l'influence des "technocrates" de l'Opus Dei. La mort de Carrero Blanco en 1973 marqua un tournant, annonçant la fin du régime.

Leçon 6 : Transition et Situation Actuelle du Pouvoir Constituant

  • La transition politique comme les années de formation du pouvoir constituant

La transition démocratique espagnole (1975-1978) fut un processus exemplaire de passage de l'autocratie à la démocratie, marqué par le consensus et la négociation entre les différentes forces politiques. La mort de Franco en 1975 ouvrit la voie à la restauration de la monarchie parlementaire, avec Juan Carlos Ier comme roi. La Loi pour la Réforme Politique (1977), promue par Torcuato Fernández-Miranda, permit la convocation d'élections démocratiques et l'élaboration d'une nouvelle constitution.

  • Le processus de rupture des réformistes et la résurgence des partis traditionnels

Après l'assassinat de Carrero Blanco, le gouvernement d'Arias Navarro tenta une "ouverture" politique, mais se heurta à la résistance des secteurs "immobilistes" du régime. La Révolution des Œillets au Portugal en 1974 influença le climat politique en Espagne. La formation de la "Plateforme démocratique", regroupant les principaux partis d'opposition, marqua une étape clé. La mort de Franco en 1975 et le couronnement de Juan Carlos Ier ouvrirent la voie à la transition. Adolfo Suárez, nommé président du gouvernement en 1976, impulsa la Loi pour la Réforme Politique, qui permit la convocation d'élections démocratiques en 1977.

  • La Loi sur la réforme politique et sa signification

La Loi pour la Réforme Politique (1977) fut un instrument juridique essentiel pour la transition démocratique. Elle permit la convocation d'élections libres et l'élaboration d'une nouvelle constitution, tout en garantissant la continuité institutionnelle. Elle instaura un parlement bicaméral, le Congrès des députés et le Sénat, et jeta les bases d'un nouveau système politique.

  • La structure de la transition espagnole : rupture avec les réformistes. Décisions constituantes

La transition fut marquée par une "rupture pactée" avec le franquisme, négociée entre le gouvernement et les partis d'opposition. Les accords politiques aboutirent à la rédaction de la Constitution de 1978, qui établit une monarchie parlementaire, un État social et démocratique de droit, et reconnaît l'autonomie des Communautés autonomes. Le système électoral, basé sur la représentation proportionnelle, favorisa le bipartisme, mais permit également la représentation des partis minoritaires.

  • La légalisation des partis politiques et la définition d'une norme électorale pour des élections anticipées

La légalisation des partis politiques, y compris le Parti communiste, fut une étape cruciale de la transition. Le système électoral, défini par la Loi Organique du Régime Électoral Général (LOREG), fut conçu pour garantir une représentation proportionnelle tout en favorisant la stabilité gouvernementale. Les élections de 1977 marquèrent le retour de la démocratie, avec la victoire de l'UCD d'Adolfo Suárez.

  • Les élections de 1977 et le système de force qui en résulte

Les élections de 1977 virent la victoire de l'UCD, suivie du PSOE, du Parti communiste et de l'Alliance populaire. L'UCD, parti centriste, forma le gouvernement, mais sa faiblesse interne et les pressions externes conduisirent à sa décomposition. Le PSOE, dirigé par Felipe González, devint l'opposition principale.

  • Consensus comme formule gouvernementale provisoire. Règlement provisoire de la Chambre et le Pacte de la Moncloa

Le consensus fut la clé de la transition, permettant l'élaboration de la Constitution de 1978 et le Pacte de la Moncloa, un accord économique et social entre les principales forces politiques. Ce pacte visait à stabiliser l'économie et à garantir la paix sociale.

  • Préparation de la Constitution de 1978. Organisation territoriale de l'État

La Constitution de 1978, fruit d'un large consensus, établit un État social et démocratique de droit, une monarchie parlementaire et un État des autonomies. Le titre VIII, consacré à l'organisation territoriale, définit les Communautés autonomes comme des entités dotées d'autonomie pour la gestion de leurs intérêts. La répartition des compétences entre l'État et les Communautés autonomes fut un processus complexe, marqué par des négociations et des conflits.

  • Les élections de 1979. Développement de la CE et décomposition du centrisme

Les élections de 1979 confirmèrent la prédominance de l'UCD, mais sa faiblesse interne et les pressions du PSOE conduisirent à sa décomposition. Le PSOE, dirigé par Felipe González, remporta les élections de 1982, marquant le début d'une nouvelle ère politique.

  • Mutations du système des partis : élections de 1982 et 2000

Les élections de 1982 virent la victoire écrasante du PSOE, qui domina la scène politique pendant plus d'une décennie. Le Parti populaire, dirigé par José María Aznar, émergea comme la principale force d'opposition. Les élections de 2000 marquèrent le retour du Parti populaire au pouvoir, inaugurant une nouvelle alternance politique.

Leçon 7 : La Constitution de 1978 et les Principes Constitutionnels

  • Structure, caractéristiques et influences de la Constitution

La Constitution espagnole de 1978, avec ses 179 articles, est un texte long et complexe, influencé par les constitutions française (1958), allemande (1949) et italienne (1947), ainsi que par la Constitution espagnole de 1931. Elle établit un État social et démocratique de droit, fondé sur des valeurs telles que l'égalité, la justice, la liberté et le pluralisme politique. La Constitution est divisée en un Titre préliminaire, dix titres et plusieurs dispositions additionnelles et transitoires. Elle garantit les droits fondamentaux et les libertés publiques, organise les pouvoirs de l'État (Couronne, Cortes Generales, Gouvernement, Pouvoir judiciaire, Tribunal constitutionnel) et établit l'organisation territoriale de l'État en Communautés autonomes.

  • Valeurs et principes constitutionnels. Règles constitutionnelles et nominales

La Constitution espagnole est un système de valeurs, un système institutionnel et un système normatif. Elle établit des principes fondamentaux tels que la dignité humaine, l'égalité, la liberté et le pluralisme politique. La distinction entre "constitution normative" (qui reflète la réalité sociale) et "constitution nominale" (qui exprime des aspirations futures) est pertinente pour analyser son application.

  • Le principe libéral et l'État de droit

Le principe de l'État de droit, affirmé par la Constitution, limite le pouvoir de l'État et garantit les droits fondamentaux des citoyens. La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) vise à éviter la concentration du pouvoir et à assurer l'équilibre institutionnel.

  • Le principe démocratique

Le principe démocratique repose sur la souveraineté nationale du peuple espagnol, qui exerce le pouvoir par le biais de représentants élus au suffrage universel. La Constitution garantit la participation citoyenne par le biais de référendums, d'initiatives législatives populaires et de partis politiques.

  • Le principe d'organisation de l'État régional

L'organisation territoriale de l'État espagnol est basée sur le principe de décentralisation, avec la création de Communautés autonomes dotées d'une large autonomie. Le Titre VIII de la Constitution définit la répartition des compétences entre l'État et les Communautés autonomes, un processus complexe et sujet à interprétation.

  • La puissance des régions autonomes. Statuts d'autonomie comme norme

Les Statuts d'autonomie, considérés comme des "mini-constitutions" régionales, définissent l'organisation institutionnelle et les compétences de chaque Communauté autonome. Leur réforme est soumise à l'approbation du Parlement espagnol.

  • Systèmes de correction des compétences. Pouvoirs délégués et transférés

La répartition des compétences entre l'État et les Communautés autonomes est un processus dynamique, marqué par des transferts de compétences et des mécanismes de compensation inter-territoriale. Le financement des Communautés autonomes repose sur les impôts transférés par l'État et sur leurs propres ressources.

  • Un système équilibré d'organisation territoriale

L'organisation territoriale espagnole, bien que complexe, vise à équilibrer les pouvoirs entre l'État central et les Communautés autonomes, tout en garantissant l'unité de la nation et l'égalité des citoyens.

Article XIV. Procédures de contrôle

  • Parlement et contrôle politique. Procédures de contrôle

Les Cortes Generales exercent un contrôle politique sur le gouvernement par le biais de diverses procédures : le vote d'investiture, la motion de censure, les questions orales et écrites, les interpellations et les propositions de loi. Ces mécanismes visent à garantir la responsabilité du gouvernement devant le Parlement.

  • Le processus d'approbation

Le vote d'investiture du président du gouvernement, élu par le Congrès des députés, est la première étape du contrôle parlementaire. La motion de censure, introduite par au moins un dixième des députés, permet de renverser le gouvernement.

  • Pratiques de déclaration. Demande d'information et questions

Les questions orales et écrites, ainsi que les interpellations, permettent aux parlementaires de demander des informations au gouvernement et de contrôler son action. Ces procédures visent à éclairer le débat public et à renforcer la transparence.

  • Questions orales et défis

Les questions orales, plus agiles et directes, sont un outil essentiel du contrôle parlementaire. Elles permettent aux députés d'interroger le gouvernement sur des sujets d'actualité et de susciter des débats.

  • Procédures de responsabilité du gouvernement

La motion de censure constructive, introduite par le PSOE en 1982, permit à Felipe González d'accéder à la présidence du gouvernement. Cette procédure, bien que rare, est un instrument puissant du contrôle parlementaire.

  • Le droit à la liberté de pensée. La liberté religieuse

La liberté de pensée, de conscience et de religion est garantie par la Constitution. Elle protège la sphère intime de l'individu contre toute ingérence de l'État. La liberté religieuse, bien que reconnue, est limitée par le respect de l'ordre public.

  • La liberté personnelle. Le droit à l'habeas corpus

Le droit à la liberté personnelle, protégé par la procédure d'habeas corpus, garantit la protection contre les détentions arbitraires et les violations de la liberté individuelle. L'inviolabilité du domicile et le secret des communications sont également des garanties fondamentales.

  • Le droit à l'honneur, à la vie privée, à l'image de soi

Les droits à l'honneur, à la vie privée et à l'image de soi visent à protéger la sphère intime de l'individu contre les atteintes extérieures. Ces droits sont souvent en conflit avec la liberté d'information et d'expression, nécessitant un équilibre délicat.

  • L'inviolabilité du domicile et la liberté de résidence

L'inviolabilité du domicile et la liberté de résidence sont des droits fondamentaux qui protègent la sphère privée de l'individu contre toute intrusion non autorisée. Ces droits sont essentiels à la garantie de la liberté personnelle.

Leçon XXI. Droits Publics ou de Participation et leur Valeur dans le Système

  • Liberté d'expression et de communication

La liberté d'expression et de communication est un pilier de la démocratie, garantissant la libre circulation des idées et de l'information. Elle est fondamentale pour le pluralisme politique et le débat public. La liberté d'information, bien que reconnue, est limitée par le respect de la vérité et le droit à l'honneur et à la vie privée.

  • Droit de réunion

Le droit de réunion, développé par une loi organique, garantit la liberté de se rassembler pacifiquement. Il est soumis à un préavis aux autorités, afin de protéger l'ordre public. Ce droit peut être limité en cas de risque pour l'ordre public.

  • Droit d'association

Le droit d'association protège la liberté des individus de s'associer pour défendre leurs intérêts. Il a une double projection : personnelle (liberté de s'associer) et collective (capacité des associations à agir). Les associations acquièrent une personnalité juridique après enregistrement.

  • Égalité et ses dimensions. Jurisprudence du TC

L'égalité devant la loi, l'égalité en droit et l'application égale de la loi sont des principes fondamentaux garantis par la Constitution. La jurisprudence du Tribunal Constitutionnel a précisé ces concepts, notamment en matière de discrimination positive et de protection des droits des étrangers.

  • Le droit à la vie et à l'intégrité physique

Le droit à la vie et à l'intégrité physique est un droit fondamental, interdit la torture et la peine de mort. La jurisprudence du Tribunal Constitutionnel a clarifié la portée de ce droit, notamment en ce qui concerne l'enfant à naître et l'euthanasie.

  • Le droit à la liberté de pensée. La liberté religieuse

La liberté de pensée, de conscience et de religion est garantie par la Constitution. Elle protège la sphère intime de l'individu contre toute ingérence de l'État. La liberté religieuse, bien que reconnue, est limitée par le respect de l'ordre public.

  • La liberté personnelle. Le droit à l'habeas corpus

Le droit à la liberté personnelle, protégé par la procédure d'habeas corpus, garantit la protection contre les détentions arbitraires et les violations de la liberté individuelle. L'inviolabilité du domicile et le secret des communications sont également des garanties fondamentales.

  • Le droit à l'honneur, à la vie privée, à l'image de soi

Les droits à l'honneur, à la vie privée et à l'image de soi visent à protéger la sphère intime de l'individu contre les atteintes extérieures. Ces droits sont souvent en conflit avec la liberté d'information et d'expression, nécessitant un équilibre délicat.

  • L'inviolabilité du domicile et la liberté de résidence

L'inviolabilité du domicile et la liberté de résidence sont des droits fondamentaux qui protègent la sphère privée de l'individu contre toute intrusion non autorisée. Ces droits sont essentiels à la garantie de la liberté personnelle.

Article 20. Analyse des systèmes électoraux et des libertés publiques

  • Le droit à la vie et à l'intégrité physique

Le droit à la vie et à l'intégrité physique est un droit fondamental, interdisant la torture et la peine de mort. La jurisprudence du Tribunal Constitutionnel a clarifié la portée de ce droit, notamment en ce qui concerne l'enfant à naître et l'euthanasie.

  • Le droit à la liberté de pensée. La liberté religieuse

La liberté de pensée, de conscience et de religion est garantie par la Constitution. Elle protège la sphère intime de l'individu contre toute ingérence de l'État. La liberté religieuse, bien que reconnue, est limitée par le respect de l'ordre public.

  • La liberté personnelle. Le droit à l'habeas corpus

Le droit à la liberté personnelle, protégé par la procédure d'habeas corpus, garantit la protection contre les détentions arbitraires et les violations de la liberté individuelle. L'inviolabilité du domicile et le secret des communications sont également des garanties fondamentales.

  • Le droit à l'honneur, à la vie privée, à l'image de soi

Les droits à l'honneur, à la vie privée et à l'image de soi visent à protéger la sphère intime de l'individu contre les atteintes extérieures. Ces droits sont souvent en conflit avec la liberté d'information et d'expression, nécessitant un équilibre délicat.

  • L'inviolabilité du domicile et la liberté de résidence

L'inviolabilité du domicile et la liberté de résidence sont des droits fondamentaux qui protègent la sphère privée de l'individu contre toute intrusion non autorisée. Ces droits sont essentiels à la garantie de la liberté personnelle.

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