Histoire du Nationalisme Catalan : Anticentralisme et Fédéralisme
Classé dans Sciences humaines et sociales
Écrit le en français avec une taille de 4,38 KB
L'Anticentralisme : Les Mouvements Populaires « Bullangues »
Il s'agissait de révoltes d'ouvriers urbains, d'artisans (membres de syndicats) et de la petite bourgeoisie. Ces mouvements furent très importants de 1830 à 1840.
Les personnes, organisées en commissions, élaboraient un programme révolutionnaire qui exprimait de vives critiques envers l'Église, le pouvoir en place et le processus d'industrialisation. Elles demandaient également une politique de décentralisation, ainsi que la démocratisation des conseils d'État et des pouvoirs locaux, afin qu'ils aient plus d'autonomie.
En 1843, paraît « La Jamancia », une Bullanga qui se termina dans une grande violence.
Le Républicanisme Fédéral
Cette doctrine, développée au cours des six années de démocratie (le Sexennat Démocratique), était davantage associée aux classes populaires. Les fédéralistes souhaitaient répartir le pouvoir entre les organismes nationaux, régionaux et municipaux.
Francesc Pi i Maragall et le Fédéralisme
Son principal représentant fut Francesc Pi i Maragall. Il estimait que l'Espagne était une nation pluraliste, composée de différents peuples vivant en coexistence et liés par des conventions d'égalité. Sa principale déclaration était : « Il faut définir l'unité sans détruire la variété. »
Il avait une vision profonde de la Catalogne. Il était un promoteur du protectionnisme et un protecteur de la langue catalane.
Il a longtemps partagé ses idées avec Valentí Almirall, un politicien républicain et avocat, qui a fondé le premier journal écrit en catalan, intitulé « Diari Català ». Toutes leurs idées furent incluses dans le livre « Qu'est-ce que le nationalisme catalan ? », qui expose sa vision de la Catalogne.
Dans cet ouvrage, il représente les intérêts de la Catalogne au-delà des intérêts de classe, et conçoit les peuples d'Espagne comme un partenariat à la manière de l'ancienne Couronne d'Aragon : une confédération avec un chef d'État, mais avec une administration territoriale autonome. Il s'opposait à l'absorption de la Catalogne par l'Espagne.
L'Unification des Forces Nationalistes Catalanes
Son objectif était d'intégrer toutes les forces nationalistes catalanes en un seul bloc. Il réussit à organiser deux congrès : l'un en 1880 et l'autre en 1883.
- Premier Congrès (1880) : Les discussions portèrent sur la protection de la langue catalane face au reste de l'Espagne, la création d'une académie de la langue catalane autonome, et l'avancement vers la création d'une institution pour soutenir le nationalisme catalan, appelée « Centre Català », qui fut fondée en 1882.
- Second Congrès (1883) : Les thèmes abordés furent la place des Catalans dans la composition des partis nationaux (en référence au Centre Català) et l'idée d'organiser un rassemblement public pour diffuser leurs idées sur le marché de Barcelone.
De là émergea l'idée de rédiger un document intitulé « Memorial de Greuges » (1885), présenté à Alphonse XII. Ce document dénonçait l'oppression de la Catalogne par l'État central (le « château »), la menace pesant sur la langue et la culture catalanes, ainsi que sur le droit civil catalan. Il appelait également à la coexistence entre les peuples composant la nation espagnole.
La Lliga de Catalunya
Les membres les plus conservateurs du Centre Català firent sécession en 1887 pour fonder l'association de la Lliga de Catalunya. Son chef était Narcís Verdaguer, bien qu'il y eût d'autres personnalités importantes telles qu'Àngel Guimerà i Muntaner, Enric Prat de la Riba et Josep Puig i Cadafalch.
La Lliga de Catalunya se distingua par deux actions majeures :
- Le freinage de la loi qui abolissait le droit civil catalan.
- La rédaction du « Missatge a la Reina Regent » en 1888, qui exigeait une pleine autonomie pour la Catalogne.