Histoire du Théâtre à Paris : XIXe, XXe et XXIe Siècles

Le Théâtre au XIXe Siècle : Lieux et Caractéristiques

Les principales caractéristiques du spectacle théâtral au XIXe siècle à Paris, sous l'Empire et la Deuxième République, sont marquées par l'émergence de grands théâtres. Quatre d'entre eux furent subventionnés et placés sous la protection de l'Empereur :

• Le Théâtre de l'Opéra National de Paris (Académie Royale de Musique de Paris).
• Le Théâtre de l'Opéra Comique, où l'on représentait des comédies ou des drames, souvent mêlés de couplets et d'ariettes.
• La Comédie-Française, où l'on jouait des pièces en cinq actes.
• Le Théâtre de l'Impératrice (également connu sous le nom de Théâtre de l'Odéon).

Autres Salles et Genres Populaires

D'autres salles, plus ou moins éloignées du centre de Paris, présentaient du vaudeville et du mélodrame. Parmi elles, on trouvait :

• Le Théâtre des Variétés, qui présentait des œuvres bouffonnes.
• Le Théâtre de la Gaîté, proposant diverses œuvres.
• Le Théâtre de l'Ambigu-Comique, spécialisé dans les pièces comiques.

La vie théâtrale au XIXe siècle devint très importante, marquée par de nombreuses constructions de théâtres. Le Gymnase Dramatique était une salle destinée à former les auteurs pour les grandes scènes. D'autres salles notables incluaient le Théâtre de la Renaissance et le Théâtre Historique. Des auteurs du XIXe siècle s'intéressèrent particulièrement à l'ouverture de ces dernières salles.

Le Théâtre aux XXe et XXIe Siècles : La Belle Époque

La Belle Époque et le Théâtre Naturaliste

La Belle Époque est une période qui s'étend de la fin du XIXe siècle jusqu'au début de la Première Guerre mondiale. C'est durant cette période qu'André Antoine défendit le théâtre naturaliste sur la scène du Théâtre Libre. Afin de reconstituer la réalité et d'explorer la vie avec minutie, il réclamait un jeu naturel des acteurs et un décor exact. C'est lui qui introduisit la théorie du quatrième mur, ce mur invisible entre les comédiens et le public. Il prônait un théâtre social et attentif.

Auteurs Majeurs et Théories Dramatiques

Alfred Jarry et l'Anti-Naturalisme

Alfred Jarry est un auteur majeur de cette période. Aurélien Lugné-Poe accueillit dans sa salle la trilogie d'Alfred Jarry : Ubu Cocu, Ubu Roi et Ubu Enchaîné. Dans ces trois pièces de théâtre, Jarry s'insurge contre le théâtre naturaliste et refuse de donner des repères concrets qui permettraient aux spectateurs de se raccrocher à la réalité. À cette époque, la bourgeoisie détenait le pouvoir, et l'auteur critiquait ouvertement la littérature et la société bourgeoises.

Paul Claudel : Théâtre Symbolique et Poétique

Paul Claudel, bien que défini comme un auteur marginal, proposait un théâtre très différent de celui de Jarry. Son œuvre est imaginaire, symbolique et poétique, marquée par son lyrisme, sa vision épique et cosmique de la vie, et sa profonde foi catholique. Il a su dramatiser le caractère tragique de toute destinée humaine, déchirée entre des forces contraires : le bien et le mal, mais aussi la liberté et la fatalité.

Victor Hugo : Les Trois Âges de la Poésie

• Les Temps Primitifs : L'Âge du Lyrisme

  Les hommes, encore tout proches de l'innocence originelle, s'adonnent à la vie pastorale ; ils sont naïfs et pieux. Spontanément, ils créent des formes poétiques. C'est l'âge du lyrisme.

• Les Temps Antiques : L'Âge de l'Épopée

  Les États se constituent ; la guerre naît de leur constitution même. La poésie, pour chanter la guerre, évolue du lyrisme spontané au poème héroïque ou à la tragédie. C'est l'âge de l'épopée.

• Les Temps Modernes : L'Âge du Drame

  Le spiritualisme chrétien oppose le corps à l'âme, la terre au ciel. L'homme sent le combat qui se livre en lui entre les tendances résultant de ses deux natures. Cette opposition se définit dans la forme dramatique. C'est l'âge du drame.

Victor Hugo : Théorie du Drame Romantique

• Le Mélange des Genres

  Séparer les genres, c'est isoler arbitrairement tel ou tel aspect de l'homme ; les unir, c'est exprimer l'homme tout entier. Le drame doit mêler le grotesque au sublime.

• L'Abandon des Unités Classiques

  Les unités de temps et de lieu sont contraires à la vraisemblance ; mais l'unité d'action ou d'ensemble, la seule vraie et fondée, doit être maintenue.

• La Couleur Locale et Historique

  Le décor doit donner l'impression de la vie ; la couleur historique et géographique doit imprégner le fond du drame et non pas être plaquée artificiellement.

• La Liberté dans l'Art Dramatique

  Il faut proscrire l'imitation qui asservit le génie, libérer le style, éviter la tirade. L'usage du vers, pourtant, n'est pas incompatible avec le naturel, et la rime doit être cultivée, comme la suprême grâce de notre poésie.