L'Historien face aux Mémoires de la Seconde Guerre Mondiale : Du Mythe à la Reconnaissance

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L'historien face aux mémoires immédiates

Les « mémoires héroïques » : le consensus résistancialiste

L'apparition du terme « résistancialiste » marque une période clé. En 1945, la France est traversée par des tensions et des exécutions, dont la condamnation à mort de Pétain. L'imposition du mythe résistancialiste se caractérise par :

  • La minimisation collective des faits.
  • La glorification de la France libre et de la violence sous l'égide du Général de Gaulle.
  • Un consensus entre Gaullistes et communistes, fondant la IVe République résistancialiste.
  • Le discours du 19 décembre 1964.

Mémoires déformées et occultées

Dès les années 1950, une fissure apparaît dans le mythe résistancialiste. Les vichystes cherchent à réhabiliter Pétain. La mémoire juive, notamment celle de la Shoah, est occultée et passée sous silence, les Juifs étant stigmatisés.

Les « impossibles mémoires »

Certaines mémoires restent difficiles à intégrer au récit national :

  • Les soldats de 1940, perçus comme responsables de la défaite.
  • Les « Malgré-nous » : ces soldats alsaciens et lorrains incorporés de force dans l'armée allemande. (À noter : le massacre d'Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944, a fait 642 victimes, pas 13 millions).
  • Le Service du Travail Obligatoire (STO) : des Français sont contraints de partir travailler en Allemagne.
  • La mémoire tzigane, souvent sans trace écrite, reste également marginalisée.

L'historien et le réveil des mémoires

L'émergence de la conscience juive du génocide

Les années 1960 marquent la renaissance d'une conscience juive. En 1961, le procès d'Adolf Eichmann, responsable nazi, se tient en Israël. La question de la « banalité du mal » est soulevée par Hannah Arendt. Parallèlement, on observe le développement des thèses négationnistes.

La fin du mythe résistancialiste

La fin du gaullisme et l'émergence d'une nouvelle génération qui n'a pas connu le conflit contribuent à la remise en question du mythe. La publication de « La France de Vichy » par Robert Paxton met en lumière la collaboration volontaire du régime de Vichy, qui, par idéologie, est allé plus loin que les exigences allemandes. Cela entraîne une remise en cause profonde du résistancialisme.

Les procès relancent le débat mémoriel

En 1987, le procès de Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon, relance le débat sur les mémoires.

L'historien face aux enjeux mémoriels

La déferlante mémorielle et ses lois

Les lois mémorielles, par lesquelles l'État définit une mémoire officielle, sont problématiques. Parmi elles :

  • La loi Gayssot (réprimant le négationnisme).
  • La loi Taubira (reconnaissant l'esclavage comme crime contre l'humanité).

La reconnaissance politique des faits historiques

Sous la présidence de Jacques Chirac :

  • Il dénonce la responsabilité de l'État français dans la déportation des Juifs.
  • Il poursuit le travail de mémoire, s'éloignant du résistancialisme gaulliste.

Les historiens face à l'inflation mémorielle

Les historiens prennent leurs distances face à l'inflation mémorielle. L'histoire doit être écrite par les historiens, et non dictée par les politiques.

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