Homère, les Milésiens et l'émergence de la philosophie
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Homère et les poètes : l'éloquence comme sagesse
Ce qui rend les poèmes grands, c'est l'éloquence (l'art de bien dire les choses). Ce sont les choses qu'il dit, et surtout la manière dont il les dit. Car on pourrait tout dire, et ce qui nous fait reconnaître le poète, c'est la façon dont il s'exprime, et non simplement le contenu. L'éloquence est ce qui rend le poème digne d'être écouté et même mémorisé.
Exemple : la poésie de certains auteurs est restée fixée oralement, puis Homère l'a transcrite. Ce qui nous intéresse, c'est la profondeur de la poésie. Toute histoire mérite d'être entendue, tout peut capter notre attention, surtout quand un poète la raconte. Notre culture est née des mains des poètes.
Le poète incarne une forme de sagesse : il voit ce que chaque chose est (des choses merveilleuses, énigmatiques...) sans le dire directement. La sagesse du poète réside dans son éloquence, qui nous fait ressentir que tout est merveilleux, énigmatique... Il provoque le thambos, c'est-à-dire l'étonnement. Le philosophe, quant à lui, part du thambos.
La vérité de la poésie, si elle existe, ne réside pas dans son contenu factuel. La bonne poésie vous convainc et donne du sens. La poésie révèle l'implicite, le rendant manifeste sans le conceptualiser. Les philosophes, eux, décrivent ce que les choses ont en commun, ils rendent l'explicite.
Origine de la philosophie : de la poésie à l'être
L'origine de la philosophie remonte au VIIe siècle av. J.-C., avec Thalès de Milet. Il tente de condenser le contenu des poèmes, et la tentation apparaît de rendre explicite ce qui ne l'est pas, à l'image de la réflexion sur les longs poèmes d'Homère.
L'implicite devient explicite, c'est-à-dire que la présence des choses devient importante. On tente de se référer implicitement à la question générale de la présence des choses (comprendre que toutes choses existent). C'est une question qui concerne toutes les choses, elle est donc commune à toutes et affecte la totalité de l'existence. C'est la question de l'être. Le premier à prononcer le mot 'être' sera Parménide.
Les Milésiens et le problème de l'Archè
Les Milésiens :
Thalès est considéré comme le fondateur de la philosophie, et Anaximandre est l'auteur du premier fragment connu de l'histoire de la philosophie.
Plus tard, au IVe siècle, en Grèce, il fut établi que l'objet de la recherche des Milésiens était l'Archè (ἀρχή), que l'on traduit par 'principe' ou 'origine', et qui désigne ce qui régit l'ensemble des choses. Ce principe régit tout : c'est la loi universelle. C'est ce qu'on appelle le principe de la recherche commune des Milésiens concernant toutes choses. Ils sont les premiers penseurs de l'histoire à rechercher un principe commun et unique.
Thalès : "Tout est plein de dieux"
Thalès :
Il est né en 624 et mort en 546 av. J.-C., marquant la transition du VIIe au VIe siècle pour la philosophie. Nous ne connaissons de lui qu'un fragment et des témoignages indirects, qui sont essentiellement des références. Du point de vue de l'histoire de la philosophie, il fut un personnage important, car il est considéré comme le premier philosophe.
Thalès est célèbre pour le théorème qui porte son nom, ainsi que pour ses connaissances en astronomie et en philosophie. Deux affirmations spécifiques, qui ne sont pas écrites par lui mais rapportées, sont considérées comme les premières de la philosophie :
- Le principe commun est l'eau.
- Tout est plein de dieux.
Cela signifie qu'il y a une préoccupation pour l'ensemble des choses. Il y avait un intérêt pour tout, et pas seulement pour certaines choses ; c'est là une attitude philosophique. Non seulement il y a des dieux importants dans certains lieux, mais ils sont partout. Cela signifie que tout est également digne d'intérêt, que chaque chose est tout aussi significative.
Alors que le poète évoque et s'intéresse aux choses telles qu'elles se présentent (comme dans les longs poèmes d'Homère), le philosophe, lui, dit explicitement que derrière toute chose il y a un dieu, se souciant de l'énigme des choses.
La pensée d'Anaximandre et son fragment
Fragment d'Anaximandre :
Il dit que les choses ont une origine et une fin. L'origine et la fin se trouvent au même endroit. Cela semble indiquer qu'il y a un principe commun, d'où tout provient. Les choses émergent d'un début et retournent à une fin. C'est une loi commune.
Il parle des choses en général et se réfère à quelque chose de commun. Il s'agit de rendre justice à ce que chacun subit, il n'existe aucune immunité. Il dit que les choses sont faites de manière équitable. Cela signifie que les choses sont délimitées les unes par les autres. Rien ne se produit gratuitement, tout est soumis à une nécessité. Chaque chose a sa propre limite. Il travaille également avec la notion de temps : il y a quelque chose qui n'est pas soumis au temps.
Cela signifie que les choses se sont fixé leurs limites, et que rien ne peut dépasser ces limites (la nuit finit toujours par céder à la journée, et vice-versa...). L'Apeiron. Nous comprenons que le texte parle des choses en général et affirme qu'il y a de la justice entre elles. Elles sont délimitées. Il y a de la justice dans les choses.
Il faut comprendre dans quelle direction va l'Apeiron en tant que principe commun. La justice : le droit pour chaque chose d'être ce qu'elle est. Elle maintient l'ordre des choses.