IIIe République: Réformes, Crises et Laïcité en France
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La IIIe République : Réformes Fondatrices
Après une période d’instabilité ministérielle, marquée par une succession de gouvernements, le ministère de Jules Ferry met en œuvre une série de réformes dans les domaines politique, administratif, social et économique.
Le Ministère Ferry et ses Réformes Clés
Réformes Politiques et Libertés Publiques
Les réformes politiques entreprises comprennent :
- Les lois sur les libertés publiques :
- Liberté de réunion et de la presse (1881).
- Les révisions constitutionnelles et symboliques :
- Retour des Chambres à Paris.
- Amnistie partielle pour les chefs de la Commune.
- Adoption de La Marseillaise comme hymne national et du 14 juillet comme fête nationale.
- Affirmation du culte républicain à travers des symboles tels que Marianne.
- Suppression des prières publiques.
- Suppression par voie d’extinction des sénateurs inamovibles et élargissement du corps électoral sénatorial.
Réformes Sociales et Éducatives Majeures
Dans le domaine de l’enseignement, la politique de laïcisation de Jules Ferry est particulièrement conséquente :
- Interdiction d’enseignement aux congrégations religieuses non autorisées (par exemple, Jésuites, Maristes).
- Création de l’école primaire gratuite et laïque en 1881, rendue obligatoire en 1882.
- Institution de l’enseignement secondaire laïc pour les jeunes filles.
- Dans l’enseignement supérieur, l’État obtient le monopole de la collation des grades, et les ecclésiastiques en sont exclus.
Crises et Tensions sous la IIIe République
La Crise Boulangiste (Fin XIXe siècle)
Origines de la Crise Boulangiste
Plusieurs facteurs expliquent la montée de la crise boulangiste :
- L’instabilité ministérielle chronique.
- La crise économique mondiale.
- Le scandale des décorations, provoquant une crise morale.
- Le désir de revanche contre l’Allemagne.
Phases et Échec du Mouvement Boulangiste
Le déroulement de la crise se décompose en plusieurs phases :
- Le général Boulanger prend la tête d’un parti d’opposition hétéroclite, regroupant républicains déçus, bonapartistes, patriotes revanchards et monarchistes.
- Il se présente aux élections et remporte des succès notables lors de six élections partielles, mais manque l’opportunité de mener un coup d’État.
- Le gouvernement traduit les meneurs boulangistes en justice devant le Sénat, constitué en Haute Cour. Boulanger s’enfuit et se suicide à Bruxelles en septembre 1891.
L'Affaire Dreyfus : Une Crise Nationale
En 1894, le capitaine français Alfred Dreyfus, Alsacien d'origine juive, est accusé d'avoir livré des documents militaires secrets à l'Allemagne.
Dreyfus est condamné et déporté à perpétuité en Guyane. Initialement, personne ne doutait de sa culpabilité. Cependant, son frère, Mathieu Dreyfus, engage un journaliste pour prouver son innocence. Parallèlement, en 1896, le service de contre-espionnage français découvre que le véritable traître est le commandant Ferdinand Walsin. Malgré cela, l'État-major français refuse de réviser le jugement. Mathieu Dreyfus dénonce publiquement Ferdinand Walsin, qui est néanmoins acquitté par un tribunal militaire en janvier 1898. Cet acquittement, salué par les milieux conservateurs, nationalistes et antisémites, conforte la thèse de la culpabilité de Dreyfus.
Face à cette injustice, les milieux intellectuels, avec à leur tête Émile Zola, s'indignent. L'écrivain publie dans le journal L'Aurore une lettre ouverte au Président de la République, intitulée « J'accuse… ! ». En 1899, un nouveau procès condamne une nouvelle fois le capitaine Dreyfus, sous la pression de l'État-major. Dreyfus accepte finalement la grâce présidentielle. Son innocence ne sera officiellement reconnue qu'en 1906 par la Cour de cassation. Le capitaine Dreyfus est alors réhabilité et réintégré dans l'armée.
Vers la Laïcité : Séparation Église-État
La Loi de 1905 : Séparation et Liberté de Conscience
La séparation des Églises et de l'État, votée le 9 décembre 1905, fait suite à l'interdiction d'enseigner pour les congrégations et marque l'aboutissement de la politique de laïcisation menée par le Bloc des Gauches. Ce projet est l'œuvre d'une commission de trente-trois membres, présidée par Aristide Briand.
La loi prévoit que la République assure la liberté de conscience, mais qu'elle ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. Les biens ecclésiastiques sont laissés à l'Église, leur gestion étant confiée à des associations cultuelles. Finalement, le Bloc des Gauches cédera la place aux Radicaux.