L'Impératif Catégorique de Kant : Formulations et Critique

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Le Devoir

A) La Forme de l’Impératif Catégorique

Puisque ce devoir est universel, ce que nous demandons de faire doit l'être aussi. Ce que je dois faire doit être universel. Si mon action peut être universalisée, elle est morale; sinon, elle ne l'est pas.

1. Première Formulation de l'Impératif Catégorique

Cette formulation définit notre moralité (ce que nous devons faire, par tous — Chinois, Japonais, Espagnols, etc. — et tout le temps — dans l'Antiquité, l'actualité, etc.) :

« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature. »

Principe : Il ne doit pas y avoir de contradiction à ce que nos actions soient universalisées.

  • La Maxime est la représentation subjective de l’action.
  • Ce qui ne peut pas être universel est immoral (je ne peux pas faire en sorte que tout le monde agisse de la même manière).
Exemples de Contradiction

Exemple 1 : La Fausse Promesse. Si tout le monde disait des mensonges, personne ne croirait personne, et le principe même du mensonge serait universel, ce qui ferait disparaître son utilité.

Exemple 2 : Le Suicide. Le suicide est immoral. Si le suicide était un principe universel, à un moment donné, il n'y aurait plus de personnes pour se suicider, ce qui enlèverait son sens à l'acte.

Transition vers la deuxième formulation : L’homme doit pouvoir vouloir vivre dans une telle universalité. Il n’y a aucune raison de faire un principe d’universalité de quelque chose.

2. Deuxième Formulation de l'Impératif Catégorique

« Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir qu’elle devienne en même temps une loi universelle. »

Il y a des choses qui pourraient devenir universelles sans contradiction, mais que je ne voudrais pas qu’elles le soient.

Exemples de Volonté Non-Universalisable

Exemple 1 : Négliger ses talents. Il est immoral de négliger ses talents, car chacun reconnaît qu'ils lui seront utiles à un moment ou à un autre. Si nous les négligeons, au moment où nous aurons besoin de nos talents, ils ne nous seront pas utiles. Un homme ne peut pas le vouloir.

Exemple 2 : Insensibilité à autrui. Il est immoral d’être insensible aux malheurs d’autrui. Il n’y a pas de contradiction à ce que l'on vive chacun pour soi, mais n’importe qui sait qu’il aura besoin des autres à un moment donné. (La fausse promesse est également immorale.)

De la 1ère à la 2ème formulation : Une nouvelle chose est prise en compte : l’Homme. C’est l’Homme qui pose la loi, qui pense cette universalisation. Ce sont donc les conditions de vie de l'Homme qui sont universalisées.

3. Troisième Formulation de l'Impératif Catégorique

« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, jamais seulement comme un moyen. »

Cette formulation implique de ne jamais considérer quelqu’un seulement comme un moyen, mais toujours comme une fin en soi.

Exemple : « Tu me veux seulement quand j’ai quelque chose qui t'intéresse. »

Il existe une « dignité humaine » supérieure à tous les usages que je peux faire d’une personne. L’Homme est au-dessus de tout moyen.

Synthèse des Trois Formulations

Ces trois formulations nous permettent de savoir comment agir moralement et sont censées s'appliquer à toute situation. Ce sont les principes moraux.

Spécificités des Trois Formulations
  1. Il ne doit pas y avoir de contradiction à l'universalisation de l’action.
  2. Il faut que l'homme puisse vouloir vivre dans une telle universalisation.
  3. Considérer l'homme comme une fin (et pas seulement comme un moyen) et donc aussi le considérer selon sa dignité humaine.

Dans quelle mesure peut-on fonder une morale sur des principes universels sans tenir compte des situations particulières qui peuvent amener à les contredire ?

B) Morale Universelle et Situations Particulières

La Critique de Benjamin Constant

B. Constant (journaliste et philosophe du XIXe siècle), dans La France (recueil), formule un reproche :

Tenir une morale fondée sur des principes universels peut être à la fois dangereux et contradictoire.

Paraphrase de l'exemple : « Si des bandits venaient me voir pour me demander où se trouve l’ami que je cache parce qu’ils ont l’intention de le tuer, il serait absurde d'affirmer que dans une telle situation, le mensonge est immoral. »

D'après l'impératif catégorique, je ne dois pas mentir. Mais pour B. Constant, ce principe moral universel peut devenir immoral et dangereux, car il peut mener à une contradiction.

Qu’est-ce qui fait qu’à un moment on en tient compte et à un autre moment non ? Il faut trouver une solution universelle.

La Réponse de Kant

Kant répond dans son article Du prétendu droit de mentir par humanité.

Il établit une distinction entre :

  • La nuisance (fruit des circonstances : hasard).
  • L’acte volontaire qui ne dépend que de lui-même et dont la moralité se fait en fonction des conséquences d’une action.

La seule moralité d’un acte est la conformité à un principe.

  • Je suis responsable moralement en tant que sujet parce que ma volonté est en accord avec les principes moraux.
  • Kant reformule les impératifs : agir de telle sorte que l'humanité toute entière puisse se régler sur mes actes.

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