Interprétation de la Loi : Théories et Règles

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Théorie de l'Interprétation Subjective de la Loi

La théorie subjective considère que chaque loi porte un sens subjectif, imprimé par le législateur qui l'a produite. L'objectif de l'interprète est donc de trouver ou de reconstruire la volonté historique du législateur. L'interprète doit, en quelque sorte, pénétrer l'âme du législateur, se placer mentalement à son point de vue et répéter artificiellement son activité.

La théorie subjective suppose que toute loi est l'expression de la volonté de ceux qui l'ont édictée. Le facteur déterminant pour l'interprétation est donc de découvrir cette volonté, en analysant les mots par lesquels le législateur a exprimé son message politique.

Conflit de Lois dans l'Espace (Droit Communautaire)

En cas de conflit de lois dans l'espace, Savigny affirme que la loi applicable doit être celle qui est la plus conforme à la nature juridique du problème en question, qu'il s'agisse du droit national ou étranger. Autrement dit, il faut appliquer la loi qui résout le mieux le litige. Cependant, Savigny souligne certaines règles spéciales pour l'application du droit étranger :

  • Les personnes sont régies par la loi de leur domicile.
  • Les biens sont régis par la loi du lieu où ils se trouvent.
  • La succession des biens d'une personne est régie par la loi de son dernier domicile.

Rétroactivité de la Loi (Doctrine de Paul Roubier)

Selon la théorie de Paul Roubier, les lois ont un effet rétroactif lorsqu'elles sont appliquées :

  1. À des faits accomplis sous l'empire de la loi antérieure.
  2. À des situations juridiques en cours, c'est-à-dire dont les effets se sont produits avant la promulgation de la nouvelle loi. Si la nouvelle loi s'applique aux conséquences d'un fait non réalisées sous l'empire de la loi antérieure, il ne s'agit pas d'un effet rétroactif, mais d'un effet immédiat.

Interprétation des Termes de la Loi (Articles 19 à 24 du Code Civil)

Le Titre Préliminaire du Code Civil (articles 19 à 24) fournit des éléments pour comprendre les termes de la loi :

L'Élément Grammatical

L'article 19 alinéa 1 stipule que "lorsque le sens de la loi est clair, on ne saurait en écarter la lettre, sous prétexte d'en consulter l'esprit". La première considération est donc le sens des mots et expressions utilisés par le législateur.

Les articles 20 et 21 prévoient une règle générale et deux exceptions concernant la manière d'entendre ces mots :

  • Règle générale (Article 20 alinéa 1) : Les mots de la loi doivent être interprétés dans leur sens naturel et évident, selon l'usage général. Ce sens est généralement celui défini par le dictionnaire de l'Académie Royale Espagnole (RAE), bien qu'il existe une tendance à considérer que le sens naturel et évident est celui de l'usage courant.
  • Première exception (Article 20 alinéa 2) : "Lorsque le législateur les a définis expressément pour certaines matières, on leur donnera leur signification légale." Le Titre Préliminaire du Code Civil et d'autres lois contiennent des définitions. Ces définitions sont souvent spécifiques à une matière et n'ont de valeur que pour celle-ci, mais elles peuvent aussi être générales. Par exemple, les notions de compensation ou d'entreprise dans le Code du travail ne s'appliquent qu'au droit du travail, tandis que les définitions de présomption ou de personne dans le Code Civil ont une portée générale. Les définitions de la faute et du dol dans l'article 44 du Code Civil ne s'appliquent pas au droit pénal.
  • Deuxième exception (Article 21): "Les mots techniques d'une science ou d'un art seront pris dans le sens que leur donnent ceux qui professent cette même science ou cet art." Par exemple, le terme "démence" dans l'article 1447 du Code Civil ne se limite pas à la démence psychiatrique, mais est synonyme de tout trouble mental.

L'Élément Historique

L'article 19 alinéa 2 fait référence à l'histoire de l'établissement de la loi. Cette histoire se trouve dans la motion ou le message pertinent, ainsi que dans les comptes rendus des sessions législatives.

L'Élément Logique

L'article 22 alinéa 1 du Code Civil stipule que "le contexte de la loi servira à illustrer le sens de chacune de ses parties, de manière qu'il y ait entre elles la correspondance et l'harmonie voulues". Certains considèrent que l'élément logique se trouve également dans l'article 19 alinéa 1 (utilisation du connecteur "mais"), bien que ce soit une opinion minoritaire. Le paragraphe 2 de l'article 22, selon le professeur Agustín Squella, permet d'illustrer les passages obscurs de la loi par d'autres lois, en particulier si elles traitent du même sujet. Cependant, la majorité de la doctrine nationale considère qu'il s'agit de l'élément systématique.

L'Élément Systématique

L'élément systématique est, comme indiqué ci-dessus, présent dans l'article 22 alinéa 2, et pour beaucoup, également dans l'article 24, dans la partie qui fait référence à "l'esprit général de la législation".

L'article 23 ne peut être analysé isolément des quatre éléments identifiés. Il reflète une raison historique : avant la promulgation du Code Civil, les dispositions favorables ou défavorables pouvaient être prises en compte pour étendre ou restreindre leur signification.

Il est souvent affirmé qu'il existe une hiérarchie dans l'application de ces éléments, l'élément grammatical étant prioritaire, suivi de la logique, du systématique et enfin de l'historique. Cependant, cette vision est contestable. La tâche d'interprétation est complexe et nécessite de recourir à tous les éléments pour élucider le sens d'une disposition. De plus, Savigny, le créateur de cette doctrine, n'a rien proposé de tel.

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