Iter Criminis : Les Formes de l'Infraction Imparfaite

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META n° 4 (4º «B») : L'Infraction Imparfaite

Iter Criminis : Phases, Actes Préparatoires et Tentative de Crime

Définition de l'Iter Criminis (Chemin du Crime)

L'Iter Criminis (ou chemin du crime) désigne l'ensemble des étapes ou phases qui jalonnent la vie de l'infraction, à partir du moment où le sujet actif conçoit l'idée jusqu'à la consommation de celle-ci.

Les Étapes de l'Iter Criminis

1. Les Actes de Délibération (Phase Interne)

Ce sont les actes par lesquels l'agent pense à commettre une infraction spécifique, conçoit l'idée et a l'intention de la réaliser.

Les actes de délibération ne sont pas punis. Les intentions, les désirs et les pensées criminelles, tant qu'ils restent dans le for intérieur du sujet actif et ne sont pas extériorisés, ne constituent pas des infractions et n'engendrent pas de responsabilité pénale.

Le droit pénal est un régulateur externe du comportement humain. Tant que la volonté, les intentions ou les pensées criminelles, aussi véhémentes soient-elles, ne sont pas extériorisées, elles ne constituent pas une infraction et ne créent pas de responsabilité pénale (« Personne ne peut être jugé pour ses pensées. »)

2. Les Actes Préparatoires

En général, les actes préparatoires ne sont pas punissables, sauf s'ils constituent par eux-mêmes une infraction distincte. Ils sont caractérisés par leur nature plurivoque ou équivoque, ce qui signifie qu'ils peuvent avoir plusieurs significations.

La multivalence et l'ambiguïté sont la marque des actes préparatoires. Par exemple :

  • Une personne achète un poison qui peut tuer, mais qui peut aussi servir à tuer des rats : c'est un acte préparatoire, un acte équivoque, un acte qui a des significations multiples.
  • Une personne achète une échelle dans le but de commettre un vol par effraction (vol qualifié, article 53 du Code pénal), mais elle peut aussi l'acquérir pour peindre sa maison : c'est un acte équivoque, un acte qui a des significations multiples.

Ces actes préparatoires ne sont généralement pas punissables, sauf s'ils constituent par eux-mêmes une infraction distincte. Par exemple, la violation de domicile est souvent un acte préparatoire à d'autres crimes (vol, vol qualifié, blessures, assassinat, etc.). Il se peut que la personne entre dans une maison et ne commette ensuite aucun crime, mais si elle est arrêtée, elle a commis une infraction distincte : elle ne paiera pas pour le crime qu'elle voulait faire, mais pour la violation de domicile.

3. Les Actes de Commencement d'Exécution

Ceux-ci sont punis. Les actes de commencement d'exécution sont univoques, sans ambiguïté. Ils n'ont qu'une seule signification : la commission de l'infraction. Par exemple :

  • Prendre le poison et se préparer à le donner à la victime est un acte de commencement d'exécution.
  • Placer l'échelle et commencer à monter pour entrer dans la maison voisine est aussi un acte de commencement d'exécution.

La Tentative de Crime

L'article 80 du Code pénal stipule : « Sont également punissables le crime consommé, la tentative de crime et l'infraction frustrée. » L'infraction est punie non seulement lorsqu'elle est consommée, mais aussi lorsqu'elle est tentée ou au degré de frustration, alors que le délit ne peut être puni que lorsqu'il est consommé (la tentative ou la frustration du délit n'est pas punie).

Le Code pénal donne la notion de tentative comme suit : « Il y a tentative de crime lorsque, avec l'intention de commettre le crime, quelqu'un a commencé son exécution par des moyens appropriés et n'a pas atteint tout ce qui est nécessaire à la consommation de celui-ci, pour des raisons indépendantes de sa volonté. »

Éléments Constitutifs de la Tentative de Crime
  1. Il est nécessaire que la personne ait l'intention de commettre un crime.
  2. Il est nécessaire que l'agent, dans le but de commettre un crime, commence l'exécution par des moyens appropriés (des moyens efficaces pour commettre le crime).
  3. Il est nécessaire que l'agent n'ait pas accompli tout ce qui est nécessaire à la consommation ou à la perpétration du crime pour des raisons indépendantes de sa volonté (cet élément est très important, car c'est la note différentielle de l'infraction frustrée).

Exemple : « A » a l'intention de tuer « B ». Il utilise un moyen idéal : un fusil bien chargé. « A » vise et tente de tirer sur « B », mais « C » intervient, arrête le bras de « A » et l'empêche de tirer sur « B ». Il s'agit d'une tentative de crime, en particulier une tentative d'assassinat, car les trois exigences sont satisfaites.

Les Formes de Désistement et la Tentative Entravée

La tentative entravée est la tentative par excellence (celle qui vient d'être examinée). Elle est parfois appelée la tentative « sèche » ou la tentative de crime. Nous allons maintenant aborder le désistement volontaire et le désistement qualifié.

Le Désistement Volontaire (Tentative Abandonnée)

Le désistement volontaire est visé à l'article 81 du Code pénal comme suit : « Si l'agent renonce volontairement à poursuivre la tentative, il n'est punissable que si les actes déjà réalisés constituent, en soi, un ou d'autres crimes ou délits. »

Il y a désistement lorsque l'agent se retire volontairement et spontanément de la poursuite de la tentative initiale et lorsque les actes préparatoires accomplis jusqu'au moment du retrait ne constituent pas, en eux-mêmes, des crimes ou des délits.

Exemples :

  • Préparer le poison pour le donner à la victime, puis se repentir et ne pas le donner.
  • Placer l'échelle et commencer à monter pour entrer dans la maison voisine afin de commettre un vol, puis se repentir et faire demi-tour.
Le Désistement Qualifié

Prévu à l'article 81 du Code pénal, le désistement est qualifié lorsque l'agent renonce volontairement à poursuivre la tentative, mais que les actes déjà accomplis constituent, en soi, une ou plusieurs autres infractions.

Il y a désistement qualifié lorsque l'agent renonce volontairement et spontanément à la commission d'un crime qu'il voulait consommer, mais que l'acte ou les actes préparatoires déjà accomplis constituent eux-mêmes des crimes ou des délits. Dans ce cas, l'agent ne sera pas pénalement responsable du crime qu'il voulait perpétrer (l'abandon de la tentative reste impuni), mais il sera criminellement responsable de ces actes préparatoires qui sont prévus et punissables par la loi pénale.

Exemple 1 : Une personne a l'intention de commettre un vol. À cette fin, elle entre dans la maison du propriétaire. Dès l'instant où elle entre, le sujet actif a déjà commis un crime : la violation de domicile. Si, après être entré, il abandonne volontairement et spontanément l'idée de commettre le vol, il y a désistement qualifié. Il ne sera pas tenu responsable du vol (tentative abandonnée), mais il devra purger la peine pour l'acte préparatoire qui constitue une infraction distincte : la violation de domicile.

Exemple 2 : Une personne a l'intention de commettre un vol qualifié. Elle porte une arme à feu de manière illégale et pénètre dans la maison sans le consentement du propriétaire. Lorsqu'elle est à l'intérieur, elle s'abstient volontairement de commettre le vol qualifié. En ce qui concerne la tentative de vol qualifié, il y a impunité (désistement). Cependant, l'agent doit être tenu responsable pour des actes préparatoires, tels que la possession illégale d'armes et la violation de domicile, commis avant le désistement.

L'Infraction Frustrée

Le dernier alinéa de l'article 80 du Code pénal donne la notion d'infraction frustrée comme suit : « Il y a crime frustré lorsque quelqu'un a fait, dans le but de commettre un crime, tout ce qui est nécessaire pour le consommer et n'a pourtant pas réussi, en raison de circonstances indépendantes de sa volonté. »

Éléments de l'Infraction Frustrée
  1. L'agent a l'intention de consommer un crime.
  2. L'agent a utilisé des moyens appropriés, avec l'intention de commettre un crime.
  3. L'agent a fait tout le nécessaire pour consommer le crime, et pourtant celui-ci n'a pas été consommé pour des raisons ou des circonstances indépendantes de sa volonté.

Exemple : « A » a l'intention de tuer « B ». Avec cette intention et en utilisant les moyens appropriés (un revolver chargé correctement), il tire sur « B », mais la balle se perd dans le vide sans même blesser « B », ou blesse « B » sans le tuer.

Peines et Différences entre Tentative et Frustration

En ce qui concerne la peine de la tentative de crime et de l'infraction frustrée, l'article 82 du Code pénal stipule : « Dans le crime frustré, la peine sera réduite d'un tiers de celle qui aurait dû être infligée pour l'infraction consommée, toutes circonstances étant prises en compte. Dans la tentative du même crime, la peine sera réduite de moitié aux deux tiers, sauf dans chaque cas, dispositions spéciales. »

Il convient de noter que la tentative et la frustration ne peuvent être conçues que dans les infractions intentionnelles. L'intention criminelle est indispensable ; elles n'existent pas dans la négligence criminelle.

Différences Clés entre Tentative et Infraction Frustrée
  1. Quant à l'exécution : Dans la tentative de crime, l'agent a commencé l'exécution mais n'a pas fait tout le nécessaire pour la consommation de l'infraction pour des raisons indépendantes de sa volonté. Dans l'infraction frustrée, l'agent a fait tout le nécessaire pour consommer le crime, mais le résultat ne se produit pas pour des raisons indépendantes de sa volonté.
  2. Quant à la peine : Dans la tentative de crime, la réduction de la peine à appliquer est de la moitié aux deux tiers. Dans l'infraction frustrée, la peine à appliquer est réduite d'un tiers.

Comme on le voit, la réduction de la peine est supérieure dans la tentative que dans l'infraction frustrée.

Le Crime Impossible (ou Infraction Inidónea)

Le crime impossible existe lorsque l'agent a l'intention de commettre un crime, mais que celui-ci n'est pas consommé pour l'une des deux raisons suivantes :

  • L'agent n'utilise pas les moyens appropriés ou suffisants pour produire le résultat, ou
  • Il manque l'objet physique du crime.

Exemple 1 (Moyens inappropriés) : L'agent a l'intention de tuer une personne, mais croyant lui donner du poison, il lui donne par erreur du sucre. Les moyens appropriés ne sont pas employés.

Exemple 2 (Objet manquant) : « B » est mort, et « A », croyant que « B » est vivant, lui tire dessus avec l'intention de le tuer. Dans ce cas, l'objet du crime manque, car pour tuer quelqu'un, il faut qu'il soit en vie. Un autre exemple serait de provoquer un avortement sur une femme qui n'est pas enceinte. Dans ces cas, on parle de crime impossible ou d'infraction inidónea.

Les Théories sur la Punissabilité du Crime Impossible

Il existe deux théories concernant la punition d'une personne qui commet un crime impossible :

  1. La théorie objective : Elle soutient que le crime absolument impossible doit rester impuni et ne doit pas entraîner de responsabilité pénale, car il ne cause aucun dommage.
  2. La théorie subjective : Elle se concentre sur le danger et la témibilité (dangerosité) du sujet actif. Elle prétend que le crime impossible devrait entraîner une peine, même si elle est moins lourde, car la responsabilité pénale doit être engagée.

La théorie admise au Venezuela est la théorie objective, considérant qu'il n'y a eu ni dommage ni danger.

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