John Locke : Empirisme, Idées et Contrat Social
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L'Empirisme de John Locke : Fondements
La philosophie empiriste de John Locke nie l'existence des idées innées ou de principes a priori pour la compréhension. Locke réfute l'idée de vérités universelles et de lois morales s'appliquant à tous de manière innée. Il estime qu'à la naissance, notre esprit est une tabula rasa (table rase), vide et dénué de contenu. Toutes les connaissances sont acquises par l'expérience, et c'est par elle que les idées s'ancrent dans notre esprit.
Locke affirme que notre connaissance est limitée par l'expérience, celle-ci étant à la fois la source de nos idées et la limite de notre savoir. Il soutient que nous devons examiner en détail toutes les idées pour identifier les idées simples qui les composent. Il est crucial de comprendre comment les idées s'associent, un domaine où Locke a exploré les mécanismes psychologiques de l'association et de la combinaison des idées.
Le Concept d'Idée chez Locke
Pour Locke, une idée est tout ce que nous percevons ou connaissons ; c'est l'objet de notre pensée. Notre connaissance est donc une connaissance des idées. Il distingue deux types d'idées :
Les Idées Simples
Les idées simples sont obtenues directement par l'expérience. Notre esprit les reçoit passivement. Elles sont classées en fonction de la source de l'expérience :
- L'expérience externe (sensation) : Elle nous permet de connaître le monde extérieur par les sens, ce qui engendre en nous des sensations (couleurs, sons, etc.).
- L'expérience interne (réflexion) : C'est la connaissance que l'esprit acquiert de ses propres opérations (penser, douter, vouloir), donnant lieu à des idées de réflexion.
Les Idées Complexes
Les idées complexes sont formées par l'esprit à partir des idées simples, par des opérations de relation, d'association et de combinaison. Elles incluent :
- Les idées de modes (ou qualités) : Dépendances ou affections des substances (ex: la gratitude, la beauté).
- Les idées de substances : Combinaisons d'idées simples que l'on suppose appartenir à une chose unique (ex: l'idée d'un homme, d'un mouton). Pour Locke, la substance est une idée complexe, un "je ne sais quoi" qui sert de support aux qualités. Cela contraste avec Descartes pour qui la substance est ce qui existe par soi-même (Dieu, l'âme, la matière).
- Les idées de relations : Issues de la comparaison d'une idée avec une autre (ex: la causalité, l'identité).
Existence de la Réalité : Esprit, Monde et Dieu
Locke, tout comme Descartes, distingue trois niveaux de réalité dont nous pouvons connaître l'existence, bien que par des moyens différents :
- L'existence du Moi (l'esprit) : Nous connaissons notre propre existence de manière intuitive et immédiate, à travers l'expérience interne de nos propres opérations mentales (la conscience de soi).
- L'existence de Dieu : Elle peut être démontrée par la raison, en appliquant le principe de causalité. Partant de notre propre existence, nous remontons à une cause première, qui est Dieu. (Locke s'accorde ici avec Descartes sur la possibilité de prouver l'existence de Dieu, bien que les arguments précis puissent différer. La référence à St. Thomas d'Aquin et à sa deuxième voie, l'argument de la cause efficiente, est pertinente.)
- L'existence du monde extérieur : Nous avons une connaissance sensitive de l'existence d'une réalité extérieure à notre esprit, car les objets extérieurs sont la cause de nos sensations. Bien que cette connaissance par les sens n'offre pas le même degré de certitude que l'intuition (pour le Moi) ou la démonstration (pour Dieu), Locke la considère comme suffisante pour la vie pratique. (Ceci marque une différence avec le rationalisme de Descartes, qui cherche une certitude absolue même pour le monde extérieur, fondée sur la véracité divine.)
Le Contrat Social : Hobbes et Locke
La Théorie du Contrat Social selon Hobbes
Thomas Hobbes, dans sa théorie du contrat social, rejette l'origine divine du pouvoir politique. Selon lui, le pouvoir émane d'un accord entre les membres de la société. Ces derniers s'engagent à accepter une autorité et les lois qu'elle édicte en échange de leur protection. Avant ce pacte, les hommes vivaient dans un état de nature, où tous étaient égaux et libres, mais cet état n'était pas sociable et menait à une "guerre de tous contre tous".
Les hommes quittent cet état de nature par peur et en raison du manque de sécurité, cherchant la paix par un accord mutuel. Cet accord donne naissance à l'État, ou Léviathan : tous les individus renoncent à leur droit naturel à la liberté et transfèrent leurs pouvoirs à une autorité souveraine. L'État devient ainsi une puissance absolue et indivisible. Les citoyens ne conservent qu'un droit à l'auto-préservation, qui pourrait légitimer une résistance à la puissance absolue de l'État si leur vie est menacée par celui-ci.
La Perspective de Locke sur le Contrat Social
John Locke s'oppose également à la théorie absolutiste du droit divin des rois, qui prétend que leur pouvoir vient directement de Dieu. Contrairement à Hobbes, Locke ne croit pas que l'homme soit mauvais par nature, bien qu'il ne le considère pas non plus comme intrinsèquement bon. Pour Locke, dans l'état de nature, les êtres humains sont dotés de droits naturels (vie, liberté, propriété) et sont régis par une loi naturelle fondée sur la raison. Cette loi naturelle stipule que « nul ne doit nuire à autrui dans sa vie, sa santé, sa liberté ou ses biens ».
Locke affirme que l'État est le résultat d'un contrat social, rendu nécessaire pour établir une organisation politique capable d'adopter des lois objectives et de garantir les droits naturels. Contrairement à la vision de Hobbes, chez Locke :
- L'individu ne renonce pas à tous ses droits en faveur du pouvoir politique.
- Le contrat est bilatéral (entre les citoyens et le gouvernement) et révocable si le gouvernement ne respecte pas ses engagements (protection des droits naturels).
- Les lois doivent être respectées par tous, y compris les gouvernants.
- Locke propose la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, et fédératif) pour éviter la tyrannie.