John Locke et la Tolérance Religieuse : un contexte historique
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John Locke et la Tolérance Religieuse : un contexte historique
Contexte Historique
John Locke a vécu durant une période mouvementée de l'histoire de l'Angleterre au XVIIe siècle, marquée par des conflits entre l'aristocratie foncière, favorable à la monarchie absolue, et la bourgeoisie urbaine, prônant la république. La première moitié du siècle fut dominée par l'intolérance religieuse et politique, la centralisation du pouvoir, l'interventionnisme économique et l'instabilité. La seconde moitié vit l'affaiblissement de la monarchie. Après la restauration de la monarchie avec les Stuart, puis la dissolution du Parlement et la dictature de Cromwell, la Glorieuse Révolution de 1688 marqua un tournant. Suite à un accord entre les Whigs et les Tories, Guillaume d'Orange accéda au trône, instaurant une monarchie parlementaire. Ce triomphe des parlementaires garantit la propriété privée et la liberté individuelle, notamment par la Déclaration des Droits. La Révolution anglaise de 1688 et le triomphe des libertés politiques, religieuses et économiques firent de l'Angleterre une puissance mondiale.
Sujet et Idées principales
Locke plaide pour la séparation de l'Église et de l'État, la définition de leurs fonctions respectives et dénonce la barbarie de l'intolérance religieuse et politique. Selon lui, l'intolérance est la cause principale des conflits et des guerres qui ont jalonné l'histoire du christianisme. L'Église, en s'écartant de ses enseignements fondamentaux pour rechercher le pouvoir et les richesses, a instrumentalisé la religion pour manipuler et contrôler le peuple. Il devient donc nécessaire de séparer clairement le pouvoir religieux du pouvoir civil, car l'Église et l'État ont des pouvoirs et des devoirs distincts.
Relations et Explication
Locke fut l'un des premiers défenseurs de la tolérance religieuse, à une époque où l'Église, autoritaire et despotique, cherchait à subordonner la conscience religieuse des fidèles. Il s'oppose à l'idéal d'une Église comme communauté libre et affirme que le pouvoir politique ne doit pas s'ingérer dans les affaires religieuses, sauf en matière d'ordre public et de protection des biens. La foi et la religion appartiennent à la sphère des croyances individuelles. Il faut donc garantir la séparation de l'État et de l'Église, mais aussi entre la sphère publique et la sphère privée, entre la politique et la religion. La confusion entre ces domaines conduit à l'intolérance.
La Lettre sur la Tolérance est l'œuvre la plus représentative de la pensée de Locke sur la tolérance religieuse. Elle synthétise les arguments avancés par les partisans de la liberté religieuse depuis la Réforme. Locke y soutient la résistance à l'imposition de l'anglicanisme comme seule religion autorisée et s'adresse à la conscience de ceux qui persécutent pour des motifs religieux. Selon sa théorie politique, l'État repose sur un contrat social, un accord consensuel entre personnes libres. Il décrit le passage de l'état de nature à la société civile. L'état de nature est caractérisé par la liberté et l'égalité de tous. La loi morale naturelle proclame l'existence de droits naturels, dont le droit à l'auto-préservation, à la liberté et à la propriété privée. La société civile, dotée d'une loi écrite et d'un système judiciaire, a pour but la conservation des biens et la sécurité. Son organisation est divisée entre le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir fédéral. L'État doit garantir la liberté religieuse et de culte. Aucune Église ne peut monopoliser la vérité. L'exercice des libertés politiques et religieuses présuppose la laïcité de l'État.