Kant : Jugements, Synthèse et Fondements de la Science
Classé dans Philosophie et éthique
Écrit le en français avec une taille de 4,54 KB
La Critique de la Raison Pure et la Nature des Jugements
La « Critique de la raison pure » est la tentative de Kant de démontrer si les mathématiques, la physique et la métaphysique peuvent être considérées comme des sciences. Pour ce faire, il commence par analyser les éléments de toute connaissance, concluant à l'existence de jugements.
Définition du Jugement
Le jugement est une relation entre le sujet et le prédicat sous la forme « S est P ».
La Double Classification des Jugements
Kant établit une double classification des jugements :
- Selon la relation entre le sujet et le prédicat (analytique ou synthétique).
- Selon le rapport à l'expérience (a priori ou a posteriori).
Jugements Analytiques
Ce sont les jugements dans lesquels le prédicat est contenu dans le sujet. Ils sont purement formels et n'ajoutent pas de nouvelles connaissances (non-extensifs). Ces jugements sont toujours vrais, car ils sont régis par le principe de non-contradiction. Aucune expérience n'est requise. Ils expriment ce que Hume appelle les relations d'idées.
Exemple : « Tous les couples non mariés. »
Jugements Synthétiques
Ce sont les jugements dans lesquels le prédicat n'est pas inclus dans le sujet (par exemple : « Le mur est blanc »). Leur contraire est donc possible. Par conséquent, pour vérifier leur certitude, nous devons recourir à l'expérience.
Jugements A Priori
Ces jugements sont obtenus indépendamment de l'expérience. Ils ne dépendent pas de l'expérience pour leur validité et aucune expérience ne peut les invalider. Ils sont donc toujours valables, c'est-à-dire universels et nécessaires.
Exemple : « 3 + 4 = 7 »
Jugements A Posteriori
Ces jugements sont formulés « après » l'expérience. Ils ne sont donc ni universels ni nécessaires.
Exemple : « Les chiens sont fidèles. »
La Vision Antérieure à Kant
Avant la division kantienne, les jugements n'étaient classés qu'en deux types : les jugements analytiques étaient considérés comme toujours a priori, et les jugements synthétiques, toujours a posteriori.
L'Explication de la Connaissance Scientifique
Kant commence son travail en considérant la problématique suivante : Que puis-je savoir ?
Éléments de la Connaissance
La connaissance comprend deux éléments : le concept et l'intuition. Savoir a toujours la structure d'un jugement (« A est B »).
- Penser : C'est la forme pure de la connaissance, qui exige des concepts, mais pas nécessairement l'intuition.
- Savoir : Il s'agit d'une connaissance véritable, universelle et nécessaire.
Les Conditions de la Science
Pour qu'une connaissance soit considérée comme scientifique, elle doit répondre à trois conditions :
- Accroître nos connaissances (être synthétique).
- Être nécessaire et universelle (être a priori).
Par conséquent, tous les jugements scientifiques doivent être synthétiques a priori.
Empirisme, Rationalisme et la Synthèse Kantienne
Pour les empiristes, l'origine et la limite de la connaissance résident dans l'expérience. Pour les rationalistes, l'homme possède des idées innées qui permettent la connaissance au-delà de toute expérience possible.
Kant synthétise ces deux façons de penser : toute connaissance commence avec l'expérience, mais toute connaissance ne dérive pas de là. L'expérience est un composé de ce que nous percevons et de ce qui est produit naturellement par des impressions sensorielles.
Connaissance = Synthèse des éléments.
Les Composantes A Posteriori (La Matière)
Ces éléments « viennent de l'expérience » et sont « donnés » (par l'objet à connaître). Ils constituent la Matière ou le contenu de toute connaissance.
Les Composantes A Priori (La Forme)
Ces éléments sont « indépendants de l'expérience » et sont « positionnés » (par le sujet connaissant). Ils constituent la Forme de la connaissance, qui élabore la « matière première » de la connaissance.