Kant : Théorie de la Connaissance, Perception et Réalité

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Kant : Théorie de la Connaissance et la Réalité (Critique de la Raison Pure)

La philosophie d'Emmanuel Kant, notamment exposée dans sa Critique de la Raison Pure, explore en profondeur les fondements et les limites de la connaissance humaine. Cette section détaille les points clés de sa théorie épistémologique.

  1. La connaissance humaine est finie et limitée. Elle ne saisit pas les choses directement, en elles-mêmes (ce qui est le privilège d'un esprit infini), mais à travers des représentations.
  2. Le savoir humain est motivé par la raison, non par un créateur.
  3. La sensibilité est la capacité d'être affecté par les objets eux-mêmes et de se les faire représenter. La connaissance humaine commence donc par l'expérience ou la sensation (perception), qui est la seule connaissance directe que nous, humains, sommes capables de recevoir. La sensibilité, passive, est directement affectée par les objets et implique la réception de sensations qui constituent l'objet et le savoir a posteriori.
  4. Ce qui est donné ou reçu a posteriori est toujours particulier, multiple et divers. Ce qui doit être universel et général n'est pas donné par l'expérience, mais provient de la structure subjective ou cognitive elle-même, donnée a priori.
  5. Ce qui est donné et reçu l'est sous la forme subjective de la connaissance, c'est-à-dire dans les conditions et selon les formes ou les moyens de comprendre la réalité, ou ce qui revient aux formes a priori de la subjectivité.
  6. Le savoir est une synthèse de deux types d'éléments :
    1. Les données sensibles, ce qui est donné ou reçu par la sensibilité.
    2. Les conditions a priori, qui sont des structures mentales nous permettant de percevoir, de comprendre et de donner un sens à la réalité.
    Selon Kant, ces formes a priori sont l'espace et le temps, ainsi que les catégories (substance, accident, cause, effet, unité, réalité, etc.), qui sont les formes générales et communes avec lesquelles nous appréhendons tout objet (formes a priori de l'entendement). Les sensations ou informations reçues par les sens sont perçues dans l'espace et le temps, et c'est la seule manière de les percevoir, de les comprendre et de les représenter. Ces objets perçus et compris sont appelés des phénomènes par Kant, et les formes a priori de l'entendement nous permettent de former des concepts et tous les jugements ou connaissances de la réalité.
  7. Le réel ne s'épuise pas dans notre entendement. « Il y a plusieurs façons et moyens du réel qui peuvent nous échapper et même dépasser nos possibilités de connaissance. La chose la plus importante à connaître est peut-être cette limitation. » Ce que nous connaissons n'est pas la réalité en soi. La réalité en soi (les noumènes) n'est pas un objet de connaissance (nous connaissons les phénomènes, pas les noumènes). La transcendance n'est pas un objet de connaissance et ne peut être connue.
  8. Nous ne devons pas confondre notre perception avec la réalité et formuler des hypothèses, tirer des conclusions ou faire des arguments fondés sur ce que nous savons. Nous ne pouvons pas outrepasser les limites de la connaissance humaine ou de l'expérience, car ce qui est valable en elle et dans ses limites n'a aucune valeur en dehors d'elle. Ne pas tenir compte de cette limitation est l'erreur de la métaphysique.
  9. Dieu, l'âme, la réalité en soi et, par conséquent, le vrai sens de la réalité ne peuvent pas être l'objet de la connaissance rationnelle.
  10. Ce qui n'est pas l'objet de la connaissance peut être l'objet de la foi, et la loi morale se réfère à la croyance raisonnable en la liberté de l'homme, l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu.
  11. Vérité, objectivité et intersubjectivité.

Perceptions et Concepts Abstraits

La connaissance commence par la perception, qui est la connaissance que nous acquérons par les sens. C'est la connaissance d'objets qui possèdent des qualités sensorielles (couleur, forme) perçues à travers les sens. Les objets extérieurs ou les stimuli environnementaux influencent ou affectent les organes sensoriels (les sens), produisant des sensations ou des qualités sensibles (couleurs, odeurs...). Cependant, ces sensations semblent s'organiser de manière à ce que nous percevions des objets dotés de certaines qualités sensibles (une feuille blanche, carrée, lisse, douce...).

Sont impliqués dans la perception :

  • Le sentiment (la sensation brute).
  • Les lois de la perception, selon lesquelles les objets perçus sont organisés et structurés.
  • D'autres facteurs comme l'attention, l'intérêt, l'expérience, les concepts, etc.

À partir de la perception, l'esprit humain forme des concepts ou des idées qui sont universels, abstraits et même incorporels (par exemple, les concepts de « livre », de « main », de « table » ne sont pas des images de ce livre, de cette main, mais des idées qui s'appliquent à tous les livres, toutes les mains...). Ainsi, l'homme se distingue par deux niveaux de connaissance : la perception ou connaissance sensible (acquise par les sens) et la pensée ou connaissance intellectuelle (la connaissance au moyen de concepts).

Sentiments et Perception Sensorielle

La perception sensorielle est l'appréhension directe d'une qualité sensible particulière déterminée par un organe sensoriel (par exemple, la vue des couleurs, l'odorat des odeurs...). Les sensations sont très particulières (couleurs, sons...) et sont données dans la perception, structurées dans l'objet perçu (ce que nous percevons est un objet coloré, une mélodie).

Le processus se déroule ainsi : un stimulus matériel (par exemple, la lumière) affecte un organe, est transmis au cerveau et y est transformé ou interprété comme une qualité sensible (une couleur, si l'organe était l'œil). Tout cela constitue le processus de la sensation. On peut distinguer les éléments suivants :

  • Le stimulus : la matière-énergie (électricité, particules chimiques, mouvement des particules...).
  • L'organe sensoriel (le sens) : l'organe de l'organisme qui recueille le stimulus (un ensemble de cellules spécialisées dans l'œil, la peau...).
  • Les qualités sensibles (couleurs, sons...).

Phases du Processus d'Impression

Le processus d'impression se déroule en plusieurs phases :

  • Phase physique : Un stimulus énergétique particulier (l'excitation) agit sur le sens (la lumière frappe l'œil).
  • Phase physiologique : Ce stimulus est transmis sous forme d'impulsions nerveuses au cerveau (à travers les nerfs).
  • Phase psychologique : Cette énergie qui atteint le cerveau est élaborée et transformée en sensation ou qualité sensible (couleur, odeur...). C'est la phase de la reconnaissance.

Les Seuils de la Sensation

Pour ressentir quelque chose (une couleur, un son), il doit y avoir un stimulus (lumière, vibrations de l'air) recueilli par l'organe compétent (œil, oreille). Pour qu'il y ait sensation, le stimulus doit atteindre une certaine intensité. S'il est trop faible, il n'est pas perçu. S'il est trop fort, il peut aussi ne plus être perçu ou devenir douloureux.

  • Seuil absolu : Quantité minimale d'énergie (stimulus) nécessaire pour produire une perception. Ce seuil est variable.
  • Seuil maximal : Énergie maximale au-dessus de laquelle il n'y a plus de perception ou la perception est altérée.
  • Seuil différentiel : Énergie minimale nécessaire pour percevoir un changement correspondant dans la sensation.

Classification des Sens

Les sens peuvent être classifiés comme suit :

  • Extérocepteurs : Ceux qui reçoivent des stimuli externes (vue, ouïe, odorat, goût et toucher).
  • Intérocepteurs : Ceux qui reçoivent leur stimulation des organes, des glandes, etc., provoquant des sensations organiques comme la faim, la soif, la fatigue...
  • Propriocepteurs : Ceux qui reçoivent une stimulation des mouvements des muscles, des os, des articulations. Les stimuli concernent l'équilibre, le repos, le mouvement.

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