Le Langage Humain : Définition, Pensée et Communication

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Le Langage : Définition et Enjeux Philosophiques

Le langage est avant tout une faculté propre à l'homme : il est une construction complexe inaccessible aux animaux. Cela conduit donc à s'interroger sur le lien entre le langage et la pensée : l'un est-il la condition de l'autre ? Finalement, il semble que les mots aient un pouvoir impressionnant, pour le meilleur et pour le pire.

I. Le Langage, Propre de l'Homme

A. Définir le Langage

Le mot « langage » vient du latin lingua, qui désigne la langue en tant qu'organe mais aussi en tant que parole. Le langage est un système de signes qui a pour fonction de transmettre un message. On parlera ainsi du langage informatique ou bien du langage du corps : dans ces deux cas, il s'agit d'insister sur le fait que le langage est le support qui permet de transmettre une information.

Mais la notion de langage peut aussi s'entendre en un sens plus restreint. Le langage renvoie à la capacité proprement humaine de constituer une langue, c'est-à-dire un mode de communication d'information partagé entre plusieurs personnes et rendant possible la communication et la compréhension. Lorsque l'on se réfère à ce sens du langage, on peut mettre en évidence deux éléments indispensables à sa constitution :

  • La pensée : Pour qu'il y ait un langage, il faut un individu doué de conscience, c'est-à-dire qui puisse parler et faire un lien entre ce qui est dit (le son) et ce qui est exprimé (l'idée).
  • La vie en société : Pour qu'il y ait langage, il faut s'adresser à un autre. Un homme vivant seul ne développera pas de langage, puisque celui-ci suppose la communication d'une idée à autrui.

B. Communication Animale : Signes du Langage vs Signaux

Dire que le langage est proprement humain signifie que les formes de communication animale ne sont pas des formes de langage. En effet, même si les animaux communiquent entre eux, on ne considère pas cela comme un langage. Pour expliquer cette affirmation, il faut d'abord distinguer les notions de signe et de signal.

Un signal est un fait physique provoquant une réaction automatique chez celui qui le constate. Par exemple, le cri de l'animal prévenant ses congénères est un signal, car il est programmé à l'avance et non intentionnel. Pour qualifier la communication animale, on parlera de signal : le signal est relatif à l'instinct. Ainsi, un animal peut émettre des signaux pour transmettre des informations à ses congénères, mais ils sont limités. De même, les réactions des animaux aux signaux sont déterminées à l'avance. Les signaux envoyés, comme les réactions qu'ils suscitent, sont donc toujours identiques. Autrement dit, aucun dialogue ne s'instaure entre les animaux : la transmission est limitée à des informations liées à un programme génétique. L'animal n'est donc pas capable d'émettre un signe, qui suppose une intention volontaire.

Un signal est un fait physique provoquant une réaction automatique chez celui qui le constate. Par exemple, le cri de l'animal prévenant ses congénères est un signal, car il est programmé à l'avance et non intentionnel (un animal ne choisira pas de ne pas signaler l'approche d'un prédateur). L'homme, à l'inverse, possède la capacité d'instaurer un dialogue avec ses congénères : en ce sens, chaque prise de parole est unique, c'est-à-dire qu'elle exprime chaque fois une pensée singulière et originale. En dépit du fait qu'il comporte un nombre fini de signes, le langage humain est infiniment riche : n'importe quelle pensée peut trouver une expression dans la langue, quand bien même elle n'aurait jamais été exprimée avant.

Un signe est un signal intentionnel. Par exemple, la fumée ne signifie pas de manière intentionnelle qu'il y a du feu, donc elle n'en est pas le signe. Au contraire, un homme faisant un signe de bienvenue exprime intentionnellement quelque chose : il pourrait ne pas l'exprimer, ou exprimer autre chose.

C. Le Langage, Expression de la Raison Humaine (Descartes)

Le langage est proprement humain parce qu'il est la seule expression certaine et indubitable de la pensée de l'homme. Autrement dit, le langage est le seul signe certain de la présence d'une pensée et d'une raison dans un corps. Cette idée, René Descartes la met en évidence en comparant les animaux et les humains.

Ce qu'il montre, c'est que malgré le fait que les animaux possèdent les organes propres à la parole (puisque le perroquet peut imiter à la perfection le langage humain, mais seulement pour ce qui concerne l'articulation des sons), ils sont incapables de constituer un langage qui exprimerait des pensées. À l'inverse, Descartes insiste sur le fait qu'aucun homme, « même le plus stupide » dit-il, ne se passe de l'usage du langage. Tous les hommes expriment, par le langage, des pensées.

La différence entre la communication animale et le langage humain est donc la suivante : tandis que les animaux ne peuvent qu'exprimer des besoins, liés à l'instinct, l'homme peut exprimer sa pensée grâce au langage. L'animal agit selon les lois de la nature : il peut bien communiquer une émotion, mais il est incapable d'exprimer une pensée.

Ceci est mis en évidence par le contre-exemple du muet : privé de l'organe de la parole, le muet peut néanmoins utiliser un système de signes pour exprimer ses pensées. Ainsi, le langage n'est pas dépendant du corps (possession des organes permettant de parler) mais lié à la pensée. Le langage est une faculté qui ne dépend pas du corps, mais de l'esprit : on ne trouve cette faculté que chez l'homme. Ainsi, le langage humain est un ensemble de signes qui peuvent être assemblés d'une infinité de manières, et qui permet d'exprimer des pensées.

II. Le Rôle du Langage dans l'Élaboration de la Pensée

A. Les Mots et les Objets de la Pensée

1. Les Mots : Signifiants et Signifiés (Saussure)

Le langage, en tant qu'il est l'expression de la raison, est donc proprement humain. Mais comment un ensemble de signes déterminés permet-il d'exprimer la pensée et de rendre compte de la réalité ?

Le linguiste Ferdinand de Saussure s'est intéressé à cette question de la construction du langage, qu'il étudie notamment dans son Cours de linguistique générale. Il met en évidence trois principes généraux :

  • Les signes linguistiques sont constitués par l'association d'un signifié (un contenu de pensée) et d'un signifiant (une suite de sons).
  • Cette association est conventionnelle et arbitraire.
  • Le langage est une structure (un système de signes) et les signes n'ont pas de valeur indépendamment les uns des autres mais par leurs relations d'opposition. La langue est comparable à une feuille de papier : la pensée est le recto et le son le verso.

Saussure voit le langage comme une structure. Pour lui, comparer les langues ou étudier leur évolution n'est pas pertinent. Il rompt ainsi avec une longue tradition. Il assure que pour comprendre le langage, il faut étudier la façon dont il fonctionne à un moment donné plutôt qu'étudier son évolution historique.

Le structuralisme linguistique propose de comprendre le langage comme un système au sein duquel chaque élément n'est définissable que par les relations d'équivalence ou d'opposition qu'il entretient avec les autres éléments. C'est cet ensemble de relations qui forme la « structure » d'un langage. Par extension, le structuralisme désigne un courant des sciences humaines qui appréhende la réalité sociale comme un ensemble de relations.

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