Mai 68 : Une Révolte aux Multiples Facettes

Mai 68

Ensemble de mouvements de révolte survenus en France en mai-juin 1968.

Contexte et nature du mouvement

Ces mouvements naissent d'un vif désir de contestation généralisée, visant les valeurs et les institutions françaises traditionnelles, la classe politique, bien sûr, le gouvernement gaulliste installé au pouvoir depuis 1958 (« il y a 10 ans déjà »), et, en général, toute sorte de pouvoir, que ce soit politique, militaire, économique, social et même idéologique, et tout type d'autorité.

Il s'agit donc d'une révolte d'une ampleur extraordinaire à la fois culturelle, sociale et politique, dirigée contre la société traditionnelle, le capitalisme et l'impérialisme présents aussi bien en France que dans le monde entier.

Mai 1968 commence comme une révolte de la jeunesse étudiante parisienne qui se répand de façon extraordinaire, gagnant le monde ouvrier et s'élargissant à l'ensemble du territoire français.

Revendications des différents acteurs

Malgré la complexité et l'ampleur du mouvement, on pourrait quand même y délimiter un certain nombre de revendications plus concrètes :

• De la part du monde ouvrier, des revendications matérielles ou salariales.
• Les mouvements lycéen et étudiant demanderont, de leur part, une libéralisation des mœurs, la disparition de la « vieille université », de la société de consommation et du système capitaliste et contesteront, comme on l'a déjà dit, la plupart des institutions et des valeurs traditionnelles.
• Et les mouvements féministes, à leur tour, vont exiger la redéfinition des rôles de l'homme et de la femme à l'intérieur du couple, une nouvelle vision de la femme dans la société et vont contester non seulement le modèle, mais aussi la réalité de la famille traditionnelle.

En définitive, on peut considérer Mai 68 comme le mouvement de révolte résultant, doublement, de l'état de sourd mécontentement que l'on vient d'évoquer et d'une croyance un peu naïve et utopique (surtout à nos yeux *postmodernes*) en la possibilité d'une transformation radicale de la vie et du monde.

Chronologie des événements clés

• Début mai : Il se produit l'affrontement entre l'UNEF-Sorbonne et un commando d'extrême droite, qui se solde par la fermeture de la Sorbonne. Dans les jours qui suivent, les manifestations se succèdent.
• 10 mai : Première « nuit des barricades ».
• 13 mai : Par solidarité avec les étudiants, l'agitation se développe dans les entreprises, partant à la fois des jeunes ouvriers et des techniciens et débordant enfin les organisations syndicales.
• Fin mai : 9 millions de travailleurs sont en grève.
• 30 mai : Dissolution de l'Assemblée nationale.

Réactions et conséquences immédiates

Pour ce qui est du monde ouvrier, les accords de Grenelle (le 27 mai) amorcent une série de négociations dans les entreprises.

Par ailleurs, les pouvoirs publics, après une période de confusion, reprennent en main la situation, interdisent le 12 juin plusieurs organisations de gauche et font évacuer la Sorbonne le 16 juin.

Et, à la fin juin, les élections législatives qui suivent la dissolution de l'Assemblée nationale assurent, à nouveau, la victoire des gaullistes.

Apparemment, peu de choses ont changé et l'ordre a été rétabli, la rupture radicale dont on avait tant rêvé ne s'est jamais produite, mais lorsqu'on approfondit un peu, on peut suivre la trace de l'esprit soixante-huitard dans la plupart des changements politiques, sociaux et culturels qui se sont succédé par la suite en France.

Héritage et conséquences à long terme

Mai 1968 apparaît, en général, aujourd'hui comme la « crise de croissance » d'une société d'abondance… Et on a encore parlé, en relation avec ce moment historique, de « révolte éphémère », d'« échec » et même de « désillusion ».

Impact politique

En effet, sur le plan politique, on peut dire d'un côté, que les thèmes élaborés au cours des événements de mai-juin 1968 domineront, d'une certaine façon, la vie politique française dans les années suivantes.

D'un autre côté, et toujours en relation avec la vie politique en France, il faut dire que la situation que nous venons de dessiner s'accompagne aussi d'une forte impression de désillusion car :

• La France vient de perdre toutes ses colonies, et notamment les pays du Maghreb (le Maroc, la Tunisie et l'Algérie).

Impact idéologique et social

D'un autre côté, sur le plan idéologique, nous soulignerons encore quelques aspects de la société française du moment :

• Mouvement de désacralisation des modèles établis qui se manifeste par une déculpabilisation de la sexualité, une redéfinition de la famille et une vive revendication féministe.
• Le monde du travail continue d'être critiqué, surtout certaines modalités de celui-ci :