La Maison des Esprits : Politique, Réalisme Magique et Société Chilienne
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Politique et Société dans *La Maison des Esprits*
La Maison des Esprits reprend de nombreux événements de l'histoire du Chili au XXe siècle, en particulier dans les deux décennies précédant le coup d'État de Pinochet en 1973. Jusqu'à la victoire de Salvador Allende et de l'Unité Populaire en 1970, l'ouvrage est divisé en deux sections principales : le monde des ouvriers et des paysans, et celui de l'oligarchie au pouvoir.
Le Monde des Ouvriers et des Paysans
Ce monde se reflète à travers les trois Marie, des femmes analphabètes et sans ressources, qui doivent être guidées par un modèle fort, énergique et parfois brutal, comme celui d'Esteban Trueba. La peur qu'ont les puissants de voir les ouvriers et paysans se révolter est palpable, avec des exceptions notables comme Pedro Tercero García.
L'Oligarchie au Pouvoir
Dans les zones rurales, l'oligarchie est incarnée par les grands propriétaires fonciers qui détiennent un pouvoir absolu sur leurs terres, faisant régner leur propre loi avec la complicité de la police et des juges. Les meurtres et les viols attribués à Esteban Trueba en sont des exemples frappants.
L'Ascension d'Allende et ses Conséquences
Salvador Allende a perdu deux élections avant de remporter la victoire en 1970. Cette victoire a secoué le pays et créé un climat d'instabilité politique. La droite chilienne craignait que les "hordes communistes" n'attaquent leurs biens et ne détruisent la société. La réforme agraire, qui a exproprié des terres aux grands propriétaires pour les redistribuer aux travailleurs, est un événement marquant de cette période, symbolisé par l'enlèvement des travailleurs par Esteban Trueba et la libération de Pedro Tercero.
L'œuvre reflète également les problèmes d'inflation que connaissait le pays et les pénuries alimentaires qui en ont découlé. On peut dire que le roman est très fidèle aux événements historiques, notamment l'assaut du Palais de la Moneda et les dernières heures de Salvador Allende. À partir de ce moment, la misère se répand dans la classe ouvrière, tandis que les privilégiés voient réapparaître dans les magasins les produits alimentaires qui avaient disparu.
Le Réalisme Magique dans *La Maison des Esprits*
Le réalisme magique est un courant caractéristique de la littérature latino-américaine de la seconde moitié du XXe siècle. Il fusionne la réalité avec des éléments fantastiques et fabuleux. Ce mouvement a connu son apogée dans les années soixante et soixante-dix, suite aux différends entre la culture technologique et la culture de la superstition, à une époque où la montée des dictatures rendait le mot manipulable. Le réalisme magique devient alors un outil précieux.
Caractéristiques du Réalisme Magique
- Fusion du réel et de l'imaginaire : Rupture de la narration linéaire.
- Utilisation du mythe, de la fantaisie, de l'humour et de la parodie : Des faits de la vie quotidienne se combinent avec l'irréel, menant à des dénouements inattendus.
- Cadre latino-américain : La plupart des récits se situent dans des contextes sociaux difficiles.
Le Réalisme Magique dans le Roman
Le réalisme magique se manifeste dans *La Maison des Esprits* à travers plusieurs aspects :
- Vision magique du monde : Les personnages perçoivent le monde de manière à la fois réaliste et magique. Le passé, le présent et le futur coexistent simultanément.
- Sujets du quotidien : L'auteure explore des aspects ordinaires de la vie, montrant comment les personnages agissent, pensent et parlent. Le personnage de Clara illustre une perception différente de la réalité objective.
- Subjectivité : Le narrateur omniscient, comme Esteban Trueba, raconte les faits de manière subjective, utilisant le "je" pour partager ses expériences, comme la malédiction de sa sœur. Alba, en tant que narratrice, utilise également la narration subjective et décrit de façon magique son retour à la maison après son emprisonnement.
- Traitement de la mort : La mort est perçue comme un prolongement de la vie.
- Mélange du naturel et du surnaturel : Ce mélange est incarné par l'oncle Marcos, Clara et Nicolas. Isabel Allende décrit la joie de Clara face à la présence des esprits. La communication entre les vivants et les morts se fait naturellement. Les rêves jouent un rôle important dans la connexion au monde surnaturel.
- Violence sociale : Les personnages font face à la violence avec une force particulière. L'auteure utilise les éléments du réalisme magique pour dénoncer la violence subie par les citoyens chiliens.
- Cadre urbain : Bien que certaines scènes se déroulent dans la région des Trois Maries, les événements les plus importants ont lieu en ville, en particulier dans la maison de l'angle.
- Intertextualité : Des parallèles peuvent être établis entre *La Maison des Esprits* et *Cent Ans de Solitude*, notamment dans la description de la région des Trois Maries, similaire à celle de Macondo dans l'œuvre de Gabriel García Márquez.