Marx et Platon : Visions Sociales et Héritage

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Relations Philosophiques : Marx et Platon

Tout le monde est conscient de l'influence de Hegel sur la philosophie ultérieure. Marx n'a pas échappé à cette influence. Il semble logique, voire attendu, d'établir la relation avec ce philosophe qui a construit le plus grand système de tous les temps. Cependant, il semble plus fructueux pour ce commentaire de faire le lien avec un philosophe plus éloigné dans le temps : Platon.

Platon part d'un postulat : le caractère politique et social de l'individu. L'homme devient homme dans la cité (rappelons l'engagement politique des Athéniens) et a besoin de la société pour répondre à ses besoins matériels. Marx est d'accord avec Platon sur ce point. L'homme a besoin de produire ses propres moyens matériels car, contrairement aux animaux, rien ne lui a été donné. La production des moyens d'existence exige la coopération des autres. Aussi, l'époque où Marx a vécu forçait l'individu à promouvoir une participation active aux changements de la société.

Conceptions Opposées de la Société Idéale

À partir de leurs conceptions différentes de la réalité, tous deux proposent des changements dans la société qui relèvent du domaine de l'utopie, malgré leurs efforts pour les concrétiser.

L'État Idéal selon Platon

Platon, profondément déçu par les systèmes politiques de son temps, propose une société idéale basée sur le gouvernement par les meilleurs, les sages. Cet idéal est ce qui apparaît dans son dialogue de maturité, La République. Dans ce dialogue, il expose comment organiser un État juste. Platon estime que trois fonctions doivent être remplies au sein de la polis :

  • Gouverner
  • Défendre
  • Produire

Chacune de ces fonctions sera effectuée par l'une des trois classes sociales : les dirigeants (philosophes-rois), les guerriers et les artisans/producteurs. Chaque classe doit se consacrer à l'accomplissement de sa mission au sein de l'État, toutes étant orientées vers le bien commun. Ainsi régneront l'harmonie et la justice dans l'État. Le dirigeant, chargé de piloter le navire de l'État, doit avoir la connaissance des Idées, en particulier l'Idée du Bien et de la Justice, car cette connaissance permettra de déterminer si une action est bonne et juste.

La Vision Matérialiste de Marx

Comment savoir quels individus rempliront chaque fonction ? Selon Platon, le degré de connaissance et d'éducation atteint par les citoyens déterminera la place qu'ils occuperont dans la société. On pourrait dire que Platon s'accorde à dire que ce sont les Idées qui déterminent la société, l'histoire et son développement.

Au contraire, Marx estime que « ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c'est inversement leur être social qui détermine leur conscience ». Nous ne sommes pas ce que nous pensons, mais nous pensons comme nous sommes et vivons. Ce qui définit l'homme, c'est sa capacité à transformer la réalité par la production. Les idées ne meuvent pas le monde ; ce sont les contradictions inhérentes à la société (perception dialectique de la réalité, héritée d'Héraclite) qui entraînent le mouvement de l'histoire.

Héritage et Pertinence du Marxisme Aujourd'hui

Les États qui ont adopté une économie d'inspiration marxiste ont connu, au cours des années 80 et 90, une crise profonde qui les a conduits à abandonner ce modèle. Il ne reste que des vestiges de l'économie communiste dans des pays comme Cuba ou la Chine. Cet échec ne signifie pas que la proposition marxiste – remplacer la concurrence par la coopération – soit un modèle dénué de toute capacité à fonctionner. En outre, aucun État n'a pleinement appliqué le programme marxiste ; toutes les tentatives se sont arrêtées au stade de la dictature du prolétariat, au mieux, certaines sont parvenues au socialisme, alors que Marx jugeait nécessaire l'abolition de l'État, une fois que l'être humain aurait compris les avantages de ce système.

D'autre part, le marxisme a inspiré une grande partie du mouvement de critique de la mondialisation néolibérale. Les méthodes utilisées en temps de crise (plans de sauvetage des entreprises, investissements dans les infrastructures, mesures sociales, etc.) que nous connaissons aujourd'hui sont des recettes proches des concepts marxistes de planification et de coopération.

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