Marx : Sources, Aliénation Économique & Matérialisme Historique

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Les Sources du Marxisme

La pensée de Karl Marx s'est nourrie de plusieurs courants intellectuels majeurs, qu'il a ensuite critiqués et transformés pour élaborer sa propre théorie.

La Philosophie Classique Allemande

Marx était très bien informé des travaux de Hegel, et surtout de sa méthode d'analyse : la dialectique. Le courant dit de la gauche hégélienne, auquel appartenaient Feuerbach et Marx, a réagi contre l'idéalisme de Hegel en postulant le matérialisme. Marx reprendra le concept de la dialectique de Hegel comme structure de développement de la réalité, y compris la pratique de l'homme. Il l'appliquera de manière matérialiste, en opposition à Hegel.

L'Économie Politique Anglaise

La critique de Marx de l'économie politique classique anglaise (notamment Adam Smith et David Ricardo) et sa critique théorique sont une manière fondamentale de comprendre la société capitaliste.

Le Socialisme Utopique

Marx a pris en compte les travaux des socialistes utopiques (comme Owen, Fourier, Proudhon, Saint-Simon) car ils visaient également à changer la société. Toutefois, il a critiqué leur ingéniosité et leurs approches basées sur la bonne volonté, qu'il jugeait peu solides et non scientifiques. Face au socialisme utopique, Marx a inspiré ce qu'il a appelé le socialisme scientifique.

Ces sources doivent être mises en relation avec la situation du prolétariat dans la nouvelle société industrialisée. Le mouvement syndical émergent exigeait une politique et une théorie pour étayer son analyse.

La pensée de Marx s'est développée à partir de la critique de ces sources. Par ailleurs, Marx considérait la philosophie comme un moyen de transformer le monde. Cette critique, et l'unité de la théorie et de la pratique, sont des aspects à ne pas négliger.

Le marxisme contient trois dimensions principales :

  • Une conception de l'homme et de la société.
  • Une méthode d'analyse de la réalité en général et de l'histoire en particulier.
  • Un projet révolutionnaire visant à une transformation profonde.

L'Aliénation Économique

L'aliénation économique est le fondement et la base des autres formes d'aliénation. C'est dans le travail que l'homme devrait s'accomplir. Mais dans les conditions du travail salarié, c'est tout le contraire : ce qui est produit est l'aliénation de l'homme, qui se manifeste sous quatre dimensions :

  • Aliénation du Produit du Travail

    L'objet de son travail, en devenant le « capital » des autres, apparaît au travailleur « comme un étranger, comme une puissance indépendante » qu'il ne possède ni ne domine. Plus l'ouvrier produit d'objets, moins il en possède.

  • Aliénation de l'Activité de Travail

    Le travailleur ne s'affirme pas dans son travail, mais se nie lui-même ; il ne se sent pas heureux, mais malheureux. Il ne se retrouve lui-même qu'en dehors du travail. Il s'avère que le travailleur ne se sent libre que dans ses fonctions animales (manger, boire, procréer), et dans ses fonctions humaines, il se sent comme un animal.

  • Aliénation par Rapport à la Nature

    La nature lui apparaît comme quelque chose d'étranger, comme une propriété d'autrui.

  • Aliénation par Rapport aux Autres Hommes

    L'homme est capable de travailler non seulement pour lui-même, mais aussi pour les autres et pour transformer le monde. Mais dans le travail aliéné, tous les liens avec la nature et l'humanité sont coupés.

Les sources de cette déshumanisation se trouvent dans le travail aliéné, qui découle de la propriété privée et en est, à son tour, la cause. L'abolition de la propriété privée des moyens de production est la condition sine qua non pour le dépassement de l'aliénation qui prévaut dans le capitalisme et de la « situation de l'homme » qu'elle engendre.

Le Matérialisme Historique

Le matérialisme historique marxiste étudie l'histoire à travers le processus de production qui caractérise toute société, puisque chaque individu est défini par son activité pratique et productive. Les diverses formes de vie sociale qui se sont succédé tout au long de l'histoire sont appelées modes de production. Les modes de production les plus importants de l'histoire occidentale ont été le mode esclavagiste, féodal, capitaliste et communiste.

La formulation finale de cette théorie est développée dans la Contribution à la critique de l'économie politique (1859). Pour la comprendre, les précisions suivantes sont nécessaires :

  • Infrastructure et Superstructure

    L'infrastructure est l'ensemble des forces productives et des rapports de production. Elle détermine la superstructure idéologique.

  • Les Rapports de Production

    Ce sont les relations établies entre les différents acteurs du processus de production, notamment entre les propriétaires des moyens de production et les producteurs directs. Dans le mode de production capitaliste, le travailleur ne possède que sa force de travail, tandis que l'employeur est propriétaire des moyens de production.

  • Les Forces Productives

    Ce sont les éléments d'un processus de production économique. On distingue deux types : les moyens de production (outils, machines) et la force de travail humaine, l'énergie utilisée pour produire.

  • La Superstructure

    C'est l'ensemble des représentations ou des idées qui façonnent la conscience, ainsi que les structures juridiques et politiques. Elle est déterminée ou conditionnée par l'infrastructure.

Concernant la relation entre l'infrastructure et la superstructure idéologique, il faut garder à l'esprit :

  • Il s'agit de « détermination » ou de conditionnement, et non d'une causalité mécanique.
  • Il y a une interaction entre l'infrastructure et la superstructure, mais l'infrastructure exerce une influence déterminante majeure.
  • Le Mode de Production

    Ce concept se réfère à la vie sociale globale, englobant à la fois l'infrastructure et la superstructure.

  • Les Classes Sociales et la Lutte des Classes

    Les classes sociales sont des groupes d'individus ayant des positions sociales contradictoires, définies par la place de chacun dans la structure économique d'un mode de production particulier. Chaque classe lutte pour ses propres intérêts. La lutte des classes est le moteur de l'histoire : c'est-à-dire que le passage d'une structure socio-économique à une autre s'opère grâce à la rivalité et à la lutte constante pour se débarrasser de certains types d'oppression.

  • La Révolution Sociale

    Un conflit éclate grâce au développement progressif des forces productives, qui ne trouvent plus un cadre adéquat dans les relations de production existantes et deviennent même des obstacles.

L'histoire est donc mue par le développement des forces productives, dont le principal élément est le travail humain.

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