La Monarchie Espagnole: Contreseing, Succession et Régence
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Le Contreseing Royal
Concept du Contreseing
Le contreseing est l'institution où le titulaire d'un organe de l'État consent à l'acte du Chef de l'État et en assume la responsabilité.
Signification Historique et Actuelle
Sa signification a évolué. Originaire du Moyen Âge et de l'Ancien Régime, c'était une simple formalité qui attestait d'un acte du Roi. Avec l'avènement du régime parlementaire, il a acquis une importance matérielle significative, visant à limiter le pouvoir royal en impliquant la compétence des ministres du Roi pour approuver ses actions. Ainsi, le contresignataire est chargé d'approuver la légalité et la régularité de l'acte du Chef de l'État. Dans notre système constitutionnel, il existe une certaine synthèse des deux sens, le contreseing ne devant pas être une simple formalité. Par conséquent, la Cour constitutionnelle a établi que la responsabilité qui découle du contreseing ne porte pas seulement sur le contenu, mais aussi sur la légitimité constitutionnelle de l'acte royal, le contreseing étant une participation active et essentielle à la formation de l'acte du Roi.
Éléments du Contreseing
Éléments Subjectifs
Deux sujets sont impliqués dans le contreseing :
- Le Contreseigné (ou approuvé) : la personne dont les actions sont soumises à l'approbation, à savoir le Chef de l'État, dans notre cas le Roi.
- Le Contreseignant (ou approuvant) : celui qui approuve les actions du Roi en Espagne, rôle réservé aux personnes visées à l'article 64 de la Constitution espagnole (CE). Aucun autre contreseing n'est admis que celui des dispositions ministérielles du présent article. Des dérogations ne peuvent être imposées par la Constitution que dans des situations limites où il n'y a pas de Premier ministre ayant la confiance du Parlement.
Conformément aux articles 56.3 et 64.1 de la CE, sont soumis au contreseing :
- 1. Le Président du Gouvernement : contresigne les lois et règlements ayant force de loi, les traités internationaux, la nomination et la révocation des membres du Gouvernement et des organes consultatifs, ainsi que les actes qu'il propose, tels que le référendum consultatif, la dissolution du Parlement et les élections générales.
- 2. Les Ministres compétents : contresignent les actes du Roi pour lesquels ils sont compétents. Théoriquement, la possibilité d'un contreseing par plusieurs ministres du Gouvernement existe, mais non en tant qu'organe collectif ; en pratique, un seul d'entre eux contresigne. L'exclusion du contreseing des autres membres du Gouvernement est établie par la loi, et les vice-présidents ne le font que s'ils sont également ministres. Le caractère intransmissible du pouvoir de contreseing attribué au Président du Gouvernement et aux ministres implique que leur pouvoir de contreseing ne peut être délégué, et doit être limité aux questions d'administration ordinaire, sans décision politique particulièrement importante.
- 3. Le Président du Congrès des Députés : certifie et contresigne le choix et la nomination du Président du Gouvernement, la dissolution du Parlement prévue à l'article 99 et la convocation des élections.
Éléments Objectifs
L'objet du contreseing concerne tous les actes du Roi, à l'exception de ceux prévus à l'article 65, à savoir la libre disposition du montant qu'il reçoit du budget général et la nomination et la révocation des membres de sa Maison.
Éléments Formels
- Contreseing Écrit : la signature du contresignataire à gauche de la signature du Roi.
- Contreseing Non Écrit : l'acte du Roi est contresigné par la présence du Premier ministre ou d'un ministre qui l'accompagne, assumant ainsi la responsabilité de l'acte.
Effets du Contreseing
- Déterminer la validité des actes du Roi : l'absence de contreseing entraînerait une nullité absolue.
- Déterminer la responsabilité des individus contresignataires : Les contresignataires sont responsables des actes du Roi. La responsabilité assumée par le contresignataire dépend du degré d'implication dans l'acte :
- 1. Responsabilité politique : selon l'article 108 de la CE et suivants, en relation avec les actes du Roi dont le contresignataire a fixé le contenu.
- 2. Responsabilité juridique : concerne les actes où le contenu n'a pas été matériellement façonné par la volonté du contresignataire.
La Succession à la Couronne
La Constitution établit une forme de gouvernement monarchique et héréditaire. Elle ne crée pas une nouvelle dynastie, mais reconnaît le Roi comme l'héritier d'une dynastie historique, par le transfert des droits de son père.
Règles de Succession
Les règles de succession au trône sont contenues dans l'article 57 de la CE et suivent l'ordre régulier de primogéniture et de représentation : la ligne antérieure est toujours préférée à la postérieure ; dans la même ligne, le degré le plus proche est préféré au plus éloigné ; dans le même degré, l'homme est préféré à la femme ; et dans le même sexe, l'aîné est préféré au plus jeune. C'est-à-dire :
Primogéniture et Représentation
Le premier-né et ses descendants sont préférés.
Préférence des Lignes
La ligne antérieure est préférée à la postérieure.
Préférence du Degré
Dans la même ligne, le degré le plus proche est préféré au plus éloigné.
Préférence du Sexe
Dans le même degré, l'homme est préféré à la femme, en dérogation au principe d'égalité de l'article 14, en raison de la tradition.
Préférence de l'Âge
Dans le même sexe, l'aîné est préféré au plus jeune.
En cas d'extinction de toutes les lignes de succession, la Constitution prévoit une succession parlementaire, les Cortes désignant l'avenir de la Couronne. Autrement, la succession à la Couronne s'effectue automatiquement selon les règles légitimes mentionnées ci-dessus.
Proclamation et Serment du Roi
L'article 61.1 de la Constitution dispose que le Roi est proclamé devant les Cortes et prête serment de remplir fidèlement ses fonctions, de respecter et de faire respecter la Constitution et les lois, et de respecter les droits des citoyens et des Communautés autonomes. Les Cortes doivent approuver le nouveau Roi par une loi organique, ainsi que son abdication et la renonciation aux droits de succession.
Interdiction de Mariage Royal
Les Cortes, avec le Roi, peuvent interdire le mariage des personnes ayant droit à la succession au trône. Ces dernières, ainsi que leurs descendants, seraient exclues de la succession à la Couronne s'ils violaient cette interdiction.
La Régence et la Tutelle Royale
Définition et Types de Régence
La régence est une institution unique où les fonctions du Roi ne sont pas exercées, soit parce qu'il est mineur, soit parce qu'il est incapable d'exercer son autorité en raison d'une déficience mentale ou physique reconnue par les Cortes Generales. La Régence peut être individuelle ou collégiale. Si le Roi est mineur, le parent le plus proche dans l'ordre de succession à la Couronne, s'il est majeur, exercera la régence pendant la minorité du Roi. Si le Roi est incapable, la régence reviendra directement au Prince héritier s'il est majeur ; s'il est mineur, la règle précédente s'applique. Si aucune de ces personnes ne peut exercer la Régence, les Cortes nommeront une, trois ou cinq personnes pour l'exercer.
Conditions d'Exercice de la Régence
Pour exercer la régence, il faut être de nationalité espagnole et majeur. Elle est exercée par mandat constitutionnel et au nom du Roi, après avoir prêté serment devant les Cortes de respecter la Constitution.
La Tutelle Royale
La régence est distincte de la tutelle du Roi mineur. Le tuteur de la personne du Roi mineur est celui que le Roi défunt aurait nommé dans son testament, à condition qu'il soit majeur et de nationalité espagnole. S'il n'a pas été nommé, ce sera le père ou la mère tant qu'ils ne se remarient pas. À défaut, les Cortes le nommeront. Les fonctions de Régent et de tuteur ne peuvent être cumulées, sauf dans le cas du père, de la mère ou des ascendants directs du Roi.