Le Moyen Âge Tardif : Crise et Expansion Ibérique
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Le Moyen Âge Tardif : Crise et Évolution (XIVe-XVe s.)
1. Organisation Politique et Institutions des Royaumes
1.1. Le Royaume de Castille
La Cour cherchait à étendre les positions de sa noblesse de service, notamment celles de majordome (gestion des fonds), de chancelier (administration) et de connétable (milice). Le Conseil royal servait de conseil et de soutien au roi, et la Cour de justice statuait en son nom. Les Cortès avaient un rôle mineur : pas de pouvoir législatif, et les biens de la noblesse et du clergé étaient de plus en plus impliqués. Les procurateurs des villes étaient les plus actifs, le monarque leur demandant de fournir des impôts en échange du maintien de leur pouvoir au sein des conseils municipaux. À partir de ce moment, le roi commença à les contrôler par l'intermédiaire de la figure du Corregidor. L'augmentation progressive du pouvoir politique royal et le renforcement de l'État, malgré les protestations de la noblesse, ne signifiaient pas une perte de son pouvoir économique et social.
1.2. La Couronne d'Aragon
Les différents territoires qui la composaient étaient dirigés par un lieutenant (vice-roi, comme à Majorque). Comme en Castille, le Conseil royal et les Cortès soutenaient l'action du gouvernement, mais ici, une tradition plus forte des structures féodales de vassalité permettait à la noblesse de conserver son pouvoir politique. Ainsi, les Cortès étaient convoquées plus souvent, et la noblesse, en tant que corps, participait aux domaines législatif et politique, notamment pour l'aide financière nécessaire à l'expansion extérieure. Cette opération politique, connue sous le nom de pactisme, força Pierre III en 1283 à accorder le Privilège Général et les Juridictions, et à accepter le Juge en chef d'Aragon. Les Cortès disposaient d'un organe permanent de suivi des accords, qui finit par se consolider en tant qu'organe de gouvernement (la Generalitat de Catalogne). De même, les villes jouissaient d'une autonomie et institutionnalisaient en leur sein le pouvoir des propriétaires les plus importants (comme le Conseil des Cent à Barcelone).
2. Crise Démographique, Économique et Politique
L'économie médiévale, principalement agricole et artisanale, eut des difficultés à maintenir la croissance importante qu'elle avait connue jusqu'au XIIIe siècle. Ainsi, des années de mauvaises récoltes et des épidémies comme la Peste Noire provoquèrent une perte de population significative, entraînant l'abandon de terres (terres désertées, ronecs). La mort des paysans, leur fuite et les révoltes firent perdre une grande partie de leurs revenus à la noblesse, qui augmenta sa pression sur les serfs (abus de la remensa) et se battit entre elle et avec le roi pour de nouveaux domaines.
Ce fut une période de conflits intenses entre paysans et seigneurs (comme la guerre des Irmandiños) ou entre artisans et aristocrates à Barcelone (conflit de la Biga et de la Busca). Des guerres civiles et des attaques contre les minorités (pogroms) se développèrent également. La monarchie tenta de consolider son pouvoir politique, mais dut faire d'importantes concessions aux nobles, qui avaient consolidé leurs institutions économiques et sociales telles que la Mesta (corporation des éleveurs) et le Mayorazgo (majorat), protégeant ainsi leurs biens.
3. Expansion de la Couronne d'Aragon en Méditerranée
Le développement artisanal et commercial à Barcelone conduisit à la création de consulats et de comptoirs commerciaux dans les grandes villes de la Méditerranée. La Couronne protégea et soutint son développement avec des institutions telles que le Consulat de la Mer. Après les grandes conquêtes de Jacques Ier au XIIIe siècle, la noblesse et les intérêts commerciaux furent orientés vers l'extérieur.
Ainsi, Pierre III soutint les Napolitains et les Siciliens contre la domination française, et fut couronné roi de Sicile en 1282. Par le traité de Caltabellotta (1302), la France et la Papauté reconnurent son règne, et Jacques II obtint l'île de Sardaigne. Plus tard (1442), Naples devint un royaume conquis par Alphonse V.
Dans l'ensemble du processus de conquête et de domination politique et commerciale en Méditerranée, une armée de mercenaires (les Almogavares) joua un rôle spécial, allant jusqu'à conquérir des territoires dans les possessions de l'Empire byzantin (Athènes et Néopatras). Grâce à ces mesures, la politique étrangère, orientée hors de France, et l'expansion commerciale aragonaise furent consolidées et poursuivies par les Rois Catholiques et leurs successeurs.
4. Les Routes Atlantiques et les Îles Canaries
Le développement commercial à la fin du Moyen Âge européen conduisit à la recherche de nouvelles voies d'exploitation. Ainsi, les marins génois atteignirent la côte atlantique de l'Afrique au milieu du XIIIe siècle, et des expéditions aragonaises eurent lieu au XIVe siècle. Ils cherchaient de nouvelles voies d'accès à l'or et aux esclaves africains, aux céréales, à la canne à sucre et aux épices. Les papes encouragèrent ces explorations, y compris dans un esprit missionnaire.
Au XVe siècle, les Portugais et les Castillans prirent l'initiative. Les Portugais occupèrent Ceuta (1415), Madère (1420) et les Açores (1434), et explorèrent la côte à la recherche de la route des Indes, où Vasco de Gama arriva en 1498. Henri le Navigateur améliora considérablement les études maritimes au Portugal.
En Castille, Henri III permit la conquête des îles Canaries par Jean de Béthencourt (1402) en tant que vassal, mais celle-ci ne fut achevée qu'avant le règne de Ferdinand et Isabelle. L'expansion des royaumes de la péninsule apporta une énorme richesse à l'économie européenne et le développement technique facilita la découverte ultérieure de l'Amérique.