Nietzsche : Critique de la culture occidentale et philosophie

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Historique et contexte de la pensée de Nietzsche

Historique

Pour commencer, parlons du contexte historique et culturel. Nous sommes au XIXe siècle, marqué par l'héritage de la Révolution française, qui a vu l'abolition de l'Ancien Régime et l'ascension de la bourgeoisie. Après la défaite de Napoléon, la Restauration de l'absolutisme a cédé la place au libéralisme, donnant naissance à des États libéraux avec des droits civils.

Dans le domaine économique, on assiste à l'introduction du capitalisme et à la Révolution industrielle. Cette dernière est source de richesse, mais aussi de misère pour le prolétariat.

Sur la scène politique, l'ère de l'impérialisme débute en Europe, avec la conquête de vastes territoires en Asie et en Afrique. L'accumulation progressive de capital stimule le progrès de la science, avec des figures comme Mendeleïev et Darwin.

Sur le plan culturel, un nouveau mouvement artistique émerge, le romantisme, qui prône l'exagération et la passion. Cette approche passionnée et vitale est fondamentale dans la théorie de Nietzsche, en opposition à la raison logique. On peut également citer Antonio Machado, poète du XIXe siècle, qui aborde dans son œuvre des questions fondamentales de la philosophie occidentale (temps, amour et mort), critiquées par Nietzsche.

En ce qui concerne le contexte philosophique, Marx et Freud sont considérés comme des philosophes du soupçon. Nietzsche a influencé de nombreux penseurs, écrivains et artistes. Examinons ses premières influences.

Tout d'abord, Héraclite a influencé l'idée du devenir. Ensuite, Wagner, chef de file musical de son époque, est un prototype d'artiste comparable aux artistes grecs.

Schopenhauer a contribué à l'intégration de l'ultraisme et a transformé le concept de volonté de vivre en volonté de puissance.

Il s'oppose à Kant, estimant que la raison doit s'occuper de la vie et non travailler dans le vide.

En ce qui concerne les influences, on peut citer Unamuno, qui a développé la doctrine de l'homme de chair et de sang, en opposition à toute rationalité.

Dans le ratiovitalisme d'Ortega y Gasset, on trouve une manière de philosopher transparente et accessible. D'autre part, l'individualisme existentialiste l'admire pour sa défense de l'individu concret contre l'abstraction.

Enfin, les anarchistes l'apprécient parce qu'il défend une force qui remplace Dieu et nous rend maîtres de nous-mêmes, nous permettant de surmonter l'esclavage et de critiquer l'autorité politique et religieuse.

Thèmes clés de la pensée de Nietzsche

Thème principal :

Le thème central du texte est une critique de la culture occidentale, plus précisément de la philosophie.

Socrate est considéré comme l'origine du nihilisme, en affirmant que la raison est synonyme de vertu et de bonheur, ce qui, pour Nietzsche, est une extravagance contraire à la vie.

Plus tard, Platon introduit l'interprétation morale de l'être, considérant l'idée suprême comme la notion de propriété et sous-estimant l'évolution, car il rejette le monde réel.

Nietzsche rejette l'opposition entre le «monde réel» et le «monde apparent», car «seul l'avenir existe». Ainsi, la métaphysique devient une invention pour échapper au changement, en investissant l'ontologie du temps. De plus, la vérité est masquée par la raison et le langage, un canular nécessaire pour vivre. Le nihilisme de la culture occidentale est causé par la mort de Dieu, ce qui conduit à un refus de la vie et à l'absence de sens.

Justification : L'expression symbolique de la vie se développe à partir des forces esthétiques pour lutter contre la décadence, à travers l'apollinien et le dionysiaque.

L'esprit dionysiaque représente les valeurs de la vie, de l'excès et de l'annulation de la conception personnelle.

L'esprit apollinien représente les valeurs de la raison, de la mesure, de l'équilibre et de l'individualité.

La critique de la culture occidentale se poursuit avec la critique de la religion. L'athéisme est le point de départ, et la «mort de Dieu» révèle que les religions sont des créations humaines. Le christianisme est l'ennemi mortel du «surhomme».

Ensuite, la critique morale prétend être «au-delà du bien et du mal» en analysant les racines des valeurs morales à travers la généalogie. Pour Nietzsche, l'être humain est une créature qui donne un sens à la vie.

Il existe deux types de morale : la morale des seigneurs, chevaleresque et créatrice, car elle est active et aime le «surhomme» après la «mort de Dieu», et la morale des esclaves, née de la peur et de la vengeance, passive et qui souligne la paix intérieure, la résignation, l'humilité, le contrôle des passions, le ressentiment, la mauvaise conscience et l'idéal ascétique.

Nietzsche recourt à la réévaluation première dans laquelle les plus faibles tentent de triompher des plus forts (la morale des seigneurs contre la morale des esclaves).

Analysons la «mort de Dieu» et le nihilisme. Nietzsche rejette la divinité qui nie la vie. Le Dieu chrétien est extérieur à l'homme et est la seule source et le fondement de la morale. L'homme se retrouve avec seulement l'obéissance et la soumission s'il veut la vie éternelle. Par conséquent, le péché serait la désobéissance et la culpabilité. Donc, si Dieu est un obstacle à la liberté de l'homme, il faut «tuer Dieu», une tâche surhumaine. Après la mort de Dieu, le nihilisme se produit, avec la perte de validité des valeurs occidentales, que l'on peut distinguer en deux types.

Tout d'abord, le nihilisme passif, représenté par «le dernier homme», héritier de l'assassin de Dieu, qui conclut qu'il n'est pas digne de vivre et se réfugie dans les stupéfiants. Cette attitude correspond à la première métamorphose de l'esprit humain, la transformation en chameau, un animal de bât qui obéit (imposition de la religion et de la morale niant la vie). Deuxièmement, le nihilisme actif, qui correspond à la seconde métamorphose, celle du lion, l'homme qui veut mourir, caractérisé par la férocité, qui se rebelle contre son maître et atteint sa liberté en refusant les anciennes valeurs.

Puis vient la troisième métamorphose, celle du surhomme, caractérisée par le désir de vivre la vie en se souciant du corps et de la santé, et en surmontant la morale chrétienne traditionnelle. Il rompt avec la hiérarchie traditionnelle chrétienne des valeurs et vit l'éternel retour, c'est-à-dire qu'il souhaite que l'avenir revienne au passé, donc que tout ait déjà existé. Cette métamorphose est illustrée par la métaphore de l'enfant, le créateur de ses propres valeurs, innocent et destructeur du sentiment de culpabilité, avec une volonté libre et arbitraire.

Le dépassement du nihilisme se fait à travers la réévaluation, le triomphe de la morale des seigneurs menée par le surhomme, qui transforme ce qui est considéré comme négatif en positif, afin que nous puissions aspirer à «l'homme qui veut regarder».

On peut également noter que, dans l'aphorisme 14 de son livre «Généalogie de la morale», il se moque du «mythe de la caverne», le transformant en un atelier souterrain sombre où l'on fabrique l'idéal, où la faiblesse devient le mérite, l'impuissance la bonté, l'humilité la modestie et la misère le bonheur. Enfin, un autre chef-d'œuvre est la notion de jugement, où Dieu récompense ou punit les hommes pour leur travail sur terre.

Comparaison avec Platon

Commençons par l'ontologie platonicienne. Platon a créé un dualisme ontologique : un dédoublement du monde ou de la réalité en un monde intelligible, entièrement réel, celui des Idées (unique, immatériel, éternel, impérissable), établissant une hiérarchie d'entre elles avec l'Idée du Bien au sommet, et le monde sensible des choses (variable, changeant et illusoire), que Nietzsche appelle le monde réel. Le monde intelligible est composé des idées et des entités mathématiques, et le monde sensible des choses et des images. La relation entre les deux mondes était fondée sur la participation et l'imitation.

En ce qui concerne l'épistémologie, Platon tente d'expliquer comment il est possible de connaître les idées, qui appartiennent à un autre monde différent du nôtre, à travers la réminiscence et la dialectique. La réminiscence permet de se souvenir du savoir, et la dialectique tente d'afficher le processus de récupération de ces connaissances perdues et les formes de connaissances qui correspondent aux différents objets de la connaissance. Cela est représenté dans la comparaison de la ligne et le mythe de la caverne. Ainsi, nous distinguons entre doxa, divisée en deux parties : Eikasia, l'état de l'âme qui connaît les images, et Pistis, qui connaît les choses, et épistémè, qui concerne les objets intelligibles. Si ce sont des entités mathématiques, on discute de Dianoia, et si ce sont des idées, on parle de Dialectique.

En ce qui concerne l'anthropologie, Platon propose un dualisme anthropologique, et considère comme contre nature l'union accidentelle du corps et de l'âme. Le corps est la prison de l'âme, un fardeau dont il faut se libérer pour atteindre la vérité, de nature matérielle et qui pousse l'âme à la possession matérielle, à la violence et à la guerre. En revanche, l'âme est de nature spirituelle, capable d'atteindre la vérité, immortelle, l'essence de l'homme, et a été créée directement par le démiurge. Il établit une division tripartite de l'âme en rationnelle, irascible et concupiscible, avec une corrélation structurelle entre l'âme et l'État (l'État a la même structure tripartite que l'âme), qui, avec le principe de la spécialisation fonctionnelle, constituent la théorie politique platonicienne. Platon a également développé un système éducatif dans lequel les mesures étaient l'égalité absolue entre les hommes et les femmes et le communisme des femmes et des enfants pour les classes supérieures.

Pertinence actuelle de la pensée de Nietzsche

De nombreuses questions abordées par Nietzsche, au-delà des questions historiques du XIXe siècle, restent pertinentes aujourd'hui. Parlons de l'athéisme. Notre culture est caractérisée par l'éloignement de Dieu et de la religion. Le christianisme et le catholicisme en particulier ont perdu l'influence qu'ils avaient dans le passé. La croyance en Dieu est moins forte et est devenue plus nébuleuse, adaptée aux critères subjectifs des individus. La crise des vocations et la distance entre la doctrine de la hiérarchie de l'Église et ceux qui se disent catholiques sont de plus en plus importantes. On observe une tendance à une religion à la carte, adoptée et modifiée selon les intérêts personnels et circonstanciels, transformant la religion en un produit de consommation. Cette situation, qui touche une grande partie de la société occidentale, trouve ses causes dans la «mort de Dieu» prônée par Nietzsche.

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