Nietzsche, le Surhomme et la Critique de la Morale
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Nietzsche, la Morale et le Concept du Surhomme
Nietzsche a clairement indiqué dans sa Généalogie de la morale que les hommes puissants et nobles, par leur force naturelle, se comportent avec ceux qui ne le sont pas comme des oiseaux de proie. Ce comportement justifie la douleur, la misère, l'exploitation et l'angoisse des écrasés par le fait que ce monde est ainsi fait, et que la force et la faiblesse, la joie et la souffrance sont des éléments irréductibles. C'est pourquoi je considère que nous ne pouvons pas blâmer l'oiseau de proie qui se nourrit des agneaux, mais l'homme de ne pas utiliser sa liberté pour empêcher un comportement qui cause préjudice à autrui.
Le Surhomme de Nietzsche et le Vrai Superman
Pour moi, le surhomme de Nietzsche ne serait pas le vrai Superman, l'objectif à atteindre. Les esclaves sont prisonniers de la haine et du ressentiment envers leurs maîtres et cherchent à se venger. Le surhomme de Nietzsche n'est pas réellement libre et autonome — tout comme ne l'étaient pas les créateurs de la morale aristocratique mentionnés par lui — car, bien qu'il agisse sans haine et avec indifférence envers tout ce qui est différent, son accomplissement et sa satisfaction exigent l'existence d'une faiblesse qui lui permet de canaliser son énergie pour étancher son appétit.
(Raskolnikov, le personnage central du roman de Dostoïevski, Crime et Châtiment, n'était pas un surhomme. Non pas parce qu'il s'est repenti d'avoir tué la vieille prêteuse pour financer des études de médecine qui auraient visé la santé de beaucoup d'autres, mais parce que je crois que le vrai Superman ne doit compter sur personne, ni utiliser quiconque pour réaliser ses objectifs.)
Le vrai Superman, à mon avis, serait celui qui :
- Est un pur esprit, considéré comme une référence à lui-même.
- Est heureux des réalisations des autres.
- Ne dédaigne personne.
- N'a pas besoin de s'appuyer sur le malheur des autres pour bâtir le château de son bonheur.
Il peut s'agir d'un objectif inatteignable, mais néanmoins, ce concept de Superman devrait être considéré comme une idée régulatrice de la conduite.
La Morale des Esclaves et l'Anneau de Gygès
Je ne suis pas aussi certain que Nietzsche que la morale des esclaves ait triomphé, car l'expérience quotidienne ne cesse de montrer que beaucoup de gens en possession de l'anneau de Gygès — ou convaincus de sa possession, c'est-à-dire la possibilité de satisfaire leurs instincts sans pénalité ni préjudice — n'agissent pas selon la morale prétendument triomphante, et semblent confirmer publiquement qu'ils s'en abstiennent. Je peux accepter que certaines des vertus morales de l'homogénéisation puissent être nuisibles au progrès humain et provoquer la pourriture, mais je ne peux pas accepter que les actions de la fameuse « bête blonde » de Nietzsche soient préférables ou puissent provoquer l'admiration.
Nietzsche et Kant : Une Comparaison Morale
Critique de la Morale Chrétienne et Kantienne
Nietzsche estime que ce que Kant a mis en place ne mérite pas d'être attaqué de nouveau. Kant avait limité la portée de la raison pure par rapport à la métaphysique et à la théologie traditionnelle, déclarant que la raison ne peut pas fonctionner dans le vide ni être fondée sur des traditions ou des révélations surnaturelles. L'immortalité de l'âme, la liberté de l'homme et Dieu ne sont pas des « chimères » et ne peuvent être atteints par la connaissance. Mais, dans la conscience morale et l'impératif catégorique, il a trouvé une nouvelle base de respect de l'obligation, indépendante cette fois, mais non moins efficace, pour soutenir la croyance en une âme immortelle, libre, toute-puissante et juste.
Cependant, Nietzsche juge nécessaire de combattre l'essence du christianisme que le philosophe de Königsberg avait respectée : l'idéal de l'exaltation de la faiblesse et de la maladie, ainsi que le dénigrement de la force et de la santé, la glorification des sentiments grégaires, et le partage du monde entre un passé glorieux (l'héritage) et un présent triste, sale et matériel. Cet idéal est la suppression des instincts supérieurs, des passions et du désir le plus élevé, visant à introniser la misère plutôt que l'audace de l'homme.
Le Formalisme Kantien
Un autre aspect que Nietzsche attaque dans la morale kantienne est son formalisme. Chaque précepte moral vise à être universel et nécessaire, ce qui implique l'interchangeabilité des actions humaines. Ceci est faux pour Nietzsche : les actions ne sont ni interchangeables ni équivalentes. La vertu doit être, comme elle le fut d'abord, la force qui propulse chacun vers son point culminant, et cesser d'être un outil éducatif destiné à rendre le troupeau plus gérable et homogène. La lutte contre le formalisme moral vise à reconvertir la vertu en une force libératrice pour les forts.
Opinion Personnelle
Je suis d'accord avec Nietzsche sur le fait que les valeurs créatives, la fierté de soi (qui n'est pas la vanité), l'énergie infatigable, la lutte indomptable contre tout élément de contrainte et l'amour de la vie sont des forces motrices qui améliorent l'individu et la société qui en résulte. De même, l'obscurité, la démission, le manque de sacrifice de soi pour l'épanouissement personnel et l'apitoiement sur soi sont des maux qui se propagent de manière endémique chez l'individu et gâchent la société.
Fernando Sabater, dans une tentative de justifier le surhomme nietzschéen, affirme que le Superman :
- Ne traite pas les autres plus durement que lui-même.
- N'est pas responsable de la faiblesse des faibles ni de les sortir de leur misère ou de leur malheur.
- A le droit d'être heureux.