Les Obligations en Droit Romain : Concepts et Extinction

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Introduction aux Obligations Romaines

Définition de l'Obligation

L'obligation est un lien juridique entre certaines personnes, en vertu duquel une personne est tenue d'accomplir une prestation qui peut consister à dare, facere ou praestare.

Contexte Historique et Évolution

Le Nexum

Le nexum était une sorte de prêt mutuel ou de prêt à la consommation, portant généralement sur des choses consomptibles. Pour en assurer le retour, l'emprunteur, par mancipatio, transférait au prêteur une personne de sa famille ou lui-même, pour être vendu en quasi-esclavage (in mancipium), jusqu'à ce qu'il ait payé sa dette.

La Sponsio

La sponsio était une promesse solennelle de respecter un engagement. La cérémonie impliquait l'utilisation d'une formule verbale, qui aboutissait à une promesse formelle : « Spondes? Spondeo! » La responsabilité du débiteur n'était engagée qu'en cas de violation de sa part et non dès l'engagement solennel. Avec elle, l'obligation juridique devenait une relation justifiée, pour ainsi dire, par la possibilité d'exécution forcée contre la personne en cas de manquement. On disait qu'elle n'engageait pas le corps du débiteur, mais sa propre fides (foi).

La Lex Poetelia Papiria

La Lex Poetelia Papiria a introduit la venditio bonorum (vente des biens), c'est-à-dire la vente aux enchères de la totalité des actifs du débiteur. Elle fut ensuite limitée par la bonorum distractio, en vertu de laquelle il était autorisé de séparer certains actifs pour les vendre à concurrence de la valeur estimée de l'inexécution.

L'apport de Justinien

Justinien a atteint le paroxysme de la notion romaine de l'obligation : le débiteur est l'objet d'une relation humaine, couverte par le système juridique. L'obligation est conçue comme une relation juridique par laquelle on est contraint de dare, facere ou praestare.

Éléments Constitutifs de l'Obligation

  • Le Lien Juridique

    C'est une relation entre les personnes qui est sanctionnée par la loi, à la différence des simples devoirs moraux.

  • Les Sujets de l'Obligation

    Une obligation n'est pas concevable sans, au moins, un sujet actif (créancier) et un sujet passif (débiteur).

    Le Sujet Actif ou Créancier

    C'est l'une des extrémités de la relation juridique et peut être composé d'une ou plusieurs personnes, qui ont le droit d'exiger du débiteur la prestation due au titre de l'obligation. C'est-à-dire, il est le titulaire du droit.

    Le Sujet Passif ou Débiteur

    C'est la personne tenue d'exécuter la prestation due au créancier. C'est l'autre extrémité de la relation juridique et peut être composée d'une ou de plusieurs personnes.

  • L'Objet de la Prestation

    La prestation implique toujours un comportement positif ou négatif du débiteur envers le créancier, une activité à exécuter par le débiteur. Ce « faire » générique du débiteur apparaît dans le langage des normes juridiques et des lois de procédure sous les trois types de prestations : « dare, facere et praestare ». C'est-à-dire, donner, faire et garantir/fournir, étant entendu que faire (facere) peut inclure un « ne pas faire » (non facere).

    Dare

    Consiste à transférer la propriété d'une chose ou un autre droit réel, comme une servitude. Ce transfert pouvait s'effectuer par des moyens valables d'acquisition comme la mancipatio, la in jure cessio ou d'autres.

    Facere

    Consiste à accomplir tout autre acte qui ne relève pas du dare (c'est-à-dire qui ne transfère pas la propriété ou un autre droit réel sur une chose). Ainsi, il peut s'agir de s'abstenir (non facere), c'est-à-dire de ne pas faire quelque chose, mais aussi de faire quelque chose, comme un travail physique (opus facere), la fourniture de services, la prestation de choses, le retour de choses à leur propriétaire, l'exécution d'une tâche, etc.

    Praestare

    Qui ne correspond ni au dare ni au facere.

Conditions de la Prestation

  • Elle doit être possible.
  • Elle doit être licite.
  • Elle doit être déterminée ou déterminable.
  • Elle doit présenter un intérêt pour le créancier.

Types d'Obligations

Obligations à Sujet Unique

Celles dans lesquelles il y a un seul sujet actif (le créancier) et un seul sujet passif (le débiteur).

Obligations à Sujets Multiples ou Complexes

Rien n'empêche qu'à chaque extrémité de la relation il y ait plusieurs sujets, tant du point de vue actif (plusieurs créanciers) que passif (plusieurs débiteurs). Dans ce cas, on parle d'obligations à sujet multiple ou complexes.

Obligations Conjointes ou Divisibles

Celles dans lesquelles il y a plusieurs créanciers ou débiteurs et un objet unique mais divisible. Chaque créancier peut exiger sa part du crédit et chaque débiteur n'est tenu de payer que sa part de la dette.

Obligations Solidaires

Celles dans lesquelles il y a une pluralité de sujets, créanciers et/ou débiteurs, et que l'objet de la prestation est divisible. Mais dans ce cas, en vertu de la loi, de la convention ou de la volonté, l'un des créanciers peut exiger du débiteur la prestation intégrale, le paiement intégral, de sorte que le paiement fait à l'un des créanciers libère le débiteur à l'égard des autres créanciers, et le paiement effectué par l'un des débiteurs libère les autres codébiteurs.

Éléments des Obligations Solidaires
  • Pluralité de Liens : Peut être active, passive ou mixte.
  • Unité de la Prestation : L'objet, c'est-à-dire l'avantage, doit être le même pour tous les débiteurs.
  • Divisibilité de l'Objet : L'objet doit être divisible, c'est-à-dire qu'il pourrait être exécuté par parties.
  • Pacte Explicite, Statutaire ou Testamentaire.
Classes de Solidarité
  • Solidarité Passive : Il y a plusieurs débiteurs à qui le créancier peut exiger la prestation intégrale.
  • Solidarité Active : Il y a plusieurs créanciers, chacun d'eux pouvant exiger l'intégralité de la prestation.
  • Solidarité Mixte : Quand il y a pluralité de sujets actifs et passifs.

Sources de la Solidarité

Ses sources sont la convention, la volonté et la loi.

Nature Juridique de la Solidarité

  • Dans le cas de la solidarité passive, elle est considérée comme une garantie pour le créancier, car elle lui offre plusieurs patrimoines pour faire exécuter l'obligation.
  • En outre, elle est conçue comme un moyen de modifier les exigences de l'effet normal des obligations à pluralité de sujets.

Effets de la Solidarité

Solidarité Active

C'est-à-dire, lorsqu'il y a plusieurs créanciers et un seul débiteur. Dans la relation entre le débiteur et les cocréanciers, chaque créancier peut exiger le montant total dû ou recevoir le paiement intégral. Le paiement effectué à un créancier éteint la dette. La relation entre les cocréanciers, c'est-à-dire entre eux, est que chacun possède sa part du crédit, selon la règle générale qui régit les obligations simplement conjointes.

Solidarité Passive

Dans ce cas, il y a plusieurs débiteurs et un seul créancier. Dans cette situation, chacun des débiteurs est tenu de la dette totale, de sorte que chacun peut être contraint de payer l'intégralité de la prestation qui serait due si le débiteur était seul, et ce paiement le libère, vis-à-vis du créancier, à l'égard des autres codébiteurs.

Relation entre Créancier et Codébiteurs

Le créancier peut agir conjointement contre eux ou contre celui qu'il souhaite. Il suffit qu'un débiteur paie toute la dette pour qu'elle soit éteinte vis-à-vis du créancier. S'il ne paie qu'une partie, la relation est éteinte pour cette partie.

Relations Internes entre Codébiteurs

S'il y a plusieurs codébiteurs et que, selon les principes de la solidarité passive, un seul est tenu de la prestation dans son ensemble et paie effectivement la dette totale, il est juste qu'il puisse demander aux autres de lui rembourser leur part respective, c'est-à-dire que le débiteur solidaire qui a payé peut exiger de chacun son quota. Dans cette relation entre les codébiteurs, l'obligation est simplement conjointe ou commune.

Exécution des Obligations

L'exécution est généralement volontaire. Le débiteur doit s'y conformer pour respecter sa parole, par commodité, et enfin, par le désir d'éviter l'exécution forcée. C'est l'achèvement efficace, complet et opportun de la transaction, ce que l'on appelle aujourd'hui le paiement, et qui à Rome était désigné par le terme solutio.

Inexécution des Obligations

On dit que l'obligation n'est pas respectée, ou qu'il y a échec, lorsque la prestation n'est pas faite du tout, ou qu'elle est faite de manière imparfaite et incomplète, ou qu'elle est faite trop tard.

La Responsabilité Civile

La responsabilité civile désigne la nécessité de réparer un dommage matériel, qui peut être de nature contractuelle ou délictuelle.

Violation Contractuelle

Le Dol

Dans le contexte de la violation des droits, le dol existe dans les cas où un acte ou une omission du débiteur contrevient sciemment à ses obligations. En d'autres termes, c'est un acte ou une omission du débiteur faite avec l'intention de nuire au créancier.

« Conduite malveillante et délibérée visant à empêcher le débiteur de se conformer à l'obligation ou à rendre son objet totalement impossible à prévoir, dans le but de causer un dommage au créancier. »

La Mora (Retard)

Situation qui peut entraîner des dommages-intérêts.

« Retard dans l'exécution d'une obligation dû à la faute du débiteur, après mise en demeure du créancier (mora debitoris), ou à l'obstruction du créancier à recevoir la chose offerte par le débiteur en temps voulu (mora creditoris). »

La règle générale est la nécessité d'une mise en demeure du débiteur, car un simple retard ne donne pas lieu à indemnisation. À cet égard, il convient de noter que chaque fois qu'il y a une obligation dont le paiement peut être exigé. Le débiteur peut retarder l'exécution, mais ce retard, en règle générale, ne devient préjudiciable que lorsqu'il a été contesté par le créancier et que le débiteur n'a pas réagi à la mise en demeure.

D'autre part, non seulement le débiteur peut être en demeure (mora debitoris), mais aussi le créancier (mora creditoris). De même que le débiteur est tenu de respecter les délais et le lieu de livraison, le créancier doit accepter les prestations dues lorsqu'elles lui sont offertes en temps et lieu.

Modes d'Extinction des Obligations

  • 1. Le Paiement (Solutio)

    Le paiement est la livraison due, c'est-à-dire la réalisation de la prestation due, qu'il s'agisse de dare, facere ou praestare, conformément au temps, au lieu et aux conditions convenues. Il convient de noter que le paiement n'est pas nécessairement de l'argent.

  • 2. La Novation (Novatio)

    C'est le fait de changer une obligation existante pour une nouvelle. Notre Code civil dit que c'est la substitution d'une obligation nouvelle à une précédente, qui est de ce fait éteinte.

  • 3. La Compensation

    La compensation est un mode d'extinction des obligations qui se produit entre deux personnes lorsque celles-ci sont réciproquement créancières et débitrices l'une de l'autre. On distingue les classes classiques : conventionnelle (librement convenue par les parties), judiciaire (prononcée par le juge dans sa décision à la demande d'une partie) ou légale (opérant de plein droit, ipso jure).

  • 4. La Remise de Dette (Acceptilatio)

    La remise de dette est un mode d'extinction des obligations qui se produit lorsque le créancier renonce à son droit d'exiger le paiement, temporairement ou définitivement. Divers types consensuels sont connus pour sa réalisation.

  • 5. Le Consentement Mutuel (Contrarius Consensus)

    Dans ce mode d'extinction, le principe qui régit les obligations découlant de contrats consensuels (c'est-à-dire ceux qui sont formés par simple consentement) est qu'elles sont également dissoutes par un accord de volonté des parties à l'effet contraire, à condition que l'obligation n'ait pas encore été exécutée par l'un des contractants. L'effet de cette décision est de dissoudre le contrat ipso jure.

  • 6. La Confusion

    Il y a confusion, et donc extinction des obligations, lorsque les qualités de créancier et de débiteur d'une même dette se réunissent en la même personne.

  • 7. La Transaction

    Ce mode d'extinction des obligations opère lorsque deux personnes, ayant des droits contestés ou douteux, décident de mettre fin à leurs différends en procédant à des renonciations mutuelles à leurs prétentions, c'est-à-dire par des concessions réciproques et l'attribution unilatérale ou réciproque de quelque chose ou d'un droit.

  • 8. La Perte de la Chose Due ou l'Impossibilité d'Exécution

    Lorsqu'une chose due (debitum) de genre ou de corps certain, ou une prestation dont l'exécution était possible au moment de la naissance de l'obligation, périt par la suite ou devient inapplicable. Cela libère le débiteur, à condition que la défaillance se soit produite avant qu'il ne soit en demeure et qu'elle ne soit pas due à sa faute ou à son intention.

  • 9. Le Terme Extinctif et la Condition Résolutoire

    Constituent également un mode d'extinction des obligations, mais dans l'ancien droit romain, ils devaient être distingués selon qu'il s'agissait d'un droit strict ou de bonne foi.

  • 10. La Capitis Deminutio

    Ce mode d'extinction des obligations, quelle que soit leur classe, éteint les dettes du capite minutus, mais seulement du point de vue du ius civile.

  • 11. Le Décès du Débiteur

    En général, le décès n'éteint pas les obligations, qui sont transmises aux successeurs. Cependant, il existe des obligations non transférables dont la mort est un mode d'extinction (par exemple, les dettes résultant d'un délit, les obligations en vertu d'un mandat ou de statuts, en règle générale).

  • 12. La Prescription Extinctive

    C'est l'extinction d'une obligation après une certaine période de temps, sans que le créancier n'ait exigé son exécution. (Elle éteint les actions et les droits des tiers qui n'ont pas été exercés pendant une certaine période de temps et qui remplissent d'autres exigences légales.)

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