Organisation Administrative et Juridique de la Rome Antique
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Organisation des Provinces et la Lex Provinciae
Pour une meilleure organisation du territoire, Rome a construit un nouvel espace, divisé en provinces. La redactio in provinciam, ou la création d'une province, fixe le statut juridique et administratif d'un territoire.
L'organisation de ce territoire était régie par une Lex Provinciae. Cette loi définissait notamment :
- Le statut fiscal du territoire.
- Les différents statuts des villes.
- Les villes jouissant de l'immunité.
- Le système de gouvernement, des juges et des assemblées provinciales.
Administration Provinciale à l'Époque Républicaine
À l'époque républicaine, le territoire était divisé, notamment en Hispanie, entre les provinces Citérieure et Ultérieure. Un gouverneur était placé à la tête de chacune d'elles.
Ces provinces étaient sous l'autorité du Sénat. En 197 av. J.-C., pour réglementer leur gestion et confirmer la division des deux provinces par le Castulonensis Saltus, deux gouverneurs furent envoyés.
Au début de son mandat, le gouverneur publiait un édit qui comprenait les règles de conduite. Il était assisté par :
- Un questeur pour les questions économiques.
- Des légats pour les affaires civiles.
- Des préfets pour les questions militaires.
Gouvernement des Provinces sous l'Empire
Pour restructurer les provinces du Haut-Empire, les provinces sénatoriales étaient commandées par un gouverneur ou proconsul.
Les provinces impériales étaient celles qui n'avaient pas été pacifiées ou récemment annexées. Le commandement de chacune d'elles était confié à un gouverneur impérial nommé par l'Empereur (choisi parmi les sénateurs, anciens consuls ou anciens magistrats).
Si le gouverneur détenait la compétence civile et militaire, les questions financières étaient entre les mains des procureurs impériaux.
À l'époque impériale, le gouverneur prenait le contrôle des provinces à travers le maius imperium proconsulaire, qu'il exerçait à vie sur les provinces, tant au civil qu'au militaire.
Lorsque Constantin réorganisa géographiquement l'Empire, il généralisa la division en diocèses, chacun étant dirigé par un vicaire.
Classification des Cités Romaines
Il existait environ trois types de cités, distincts de Rome. Deux d'entre elles possédaient une organisation romaine (les colonies et les municipalités), et un troisième groupe était constitué de villes pérégrines, dont le statut variait selon leur relation avec Rome :
- La Colonie (Colonia) : C'était une ville nouvelle, fondée par un magistrat romain, soit dans des lieux sans peuplement immédiat, soit à côté d'un noyau urbain existant. Sa population était majoritairement composée de citoyens romains.
- La Municipalité (Municipium) : Il s'agissait de villes existantes de peuples archaïques qui obtenaient l'organisation romaine de diverses manières. Leurs habitants étaient pour la plupart de statut latin, et l'exercice des magistrats municipaux leur conférait le statut juridique de citoyens romains.
- Les Villes Pérégrines (Civitates Peregrinae) : Elles comprenaient un large éventail de villes, chacune conservant son propre droit pré-romain, que Rome respectait tant qu'il n'y avait pas de contradiction avec le droit romain. Bien que maintenues durant la République, le processus d'intégration à l'époque impériale les organisa de plus en plus selon le modèle romain.
Lois Régissant les Colonies et les Municipalités
Il semble que, pendant l'ère républicaine, il y eut peu de fondations de colonies, mais plutôt l'établissement d'éléments italiques liés à l'armée, d'où proviennent les premières subventions d'organisation municipale romaine.
Depuis César, une politique d'intégration juridique fut réellement mise en place, commençant par les zones les plus romanisées, comme la vallée de l'Èbre et du Guadalquivir. Le processus d'intégration, bien qu'inéluctable depuis l'époque impériale, fut plus lent dans la province Citérieure.
De ce processus subsistent des sources rares mais d'une grande importance, appelées Lois des Colonies et des Municipalités :
- Les Lois des Colonies : La loi la plus connue est la Lex Ursonensis (Loi d'Urso), donnée en 44 av. J.-C. par Marc Antoine pour l'organisation de la colonie d'Urso (actuelle Osasuna), fondée précédemment par Jules César. C'est une lex data qui traite de l'organisation de la colonie : questions religieuses, territoire urbain et rural, décrets décurionaux, compétence des décurions, nomination des patrons, élection des juges, etc. L'existence d'une loi générale, agissant comme loi-cadre, qui aurait servi de modèle pour le reste de la législation lors de la fondation d'une colonie, est débattue.
- Les Lois des Municipalités : Plusieurs fragments sont conservés, datant probablement d'une période postérieure à l'octroi de la citoyenneté latine par Vespasien (début des années 80 ap. J.-C.). Elles font référence au décret général de Vespasien. On compte notamment la Lex Salpensana, la Lex Malacitana et la Lex Irnitana, toutes datées du règne de Domitien. Les similitudes entre ces fragments suggèrent l'existence d'une ordonnance modèle unique, peut-être une adaptation d'une loi municipale du règne d'Auguste en Italie, réformée sous l'empereur Domitien pour être mise en œuvre dans les provinces.
Gouvernement Local : Magistrats et Curie Municipale
L'organisation municipale romaine était composée d'une assemblée électorale (le peuple), du Sénat (ou Curie) et de divers magistrats. Il existait un équilibre entre ces trois institutions, qui se renforçaient et se modéraient mutuellement : le peuple élisait les magistrats, dont le pouvoir était limité par le Sénat (Curie), et dont les décisions devaient être exécutées par l'Assemblée.
1) Le Scrutin Municipal (Assemblée Populaire)
Tous les habitants légitimes de la municipalité participaient au scrutin municipal. La réglementation des élections est détaillée dans un fragment de la Lex Malacitana : avant les élections, les noms des candidats devaient être publiés dans un lieu public. Les candidats étaient désignés par le magistrat qui convoquait l'élection (généralement le Duovir ou son collègue, s'il était empêché).
Le nombre de candidats devait être au moins égal au nombre de postes vacants. Le fait de ne pas pouvoir se soustraire à cette liste de candidats était considéré comme un honneur, mais avec le temps, cela devint une charge publique. La fonction principale de l'Assemblée était d'élire les juges, mais elle devint progressivement obsolète.
2) Le Sénat Municipal (Curie ou Ordo)
Le Sénat (également appelé Curie municipale ou simplement Ordo) était un organe collégial composé d'environ cent membres, bien que ce nombre varie. Il était généralement constitué d'anciens magistrats ou de personnes éminentes de la communauté. C'était une assemblée consultative, délibérative et législative, dont les décisions liaient les magistrats.
Pour être élu décurion, il fallait :
- Être naïf (né libre).
- Avoir au moins 25 ans.
- Posséder un certain héritage (patrimoine).
- Résider dans la ville.
- Ne pas avoir été reconnu coupable d'une peine infamante ou exercer une profession infâme.
- Avoir suivi le cursus honorum (c'est-à-dire avoir exercé une magistrature auparavant).
- Éventuellement, payer un montant appelé summa honoraria.
Étant principalement un organe consultatif, l'opinion était exprimée par le vote.
3) Les Magistrats Municipaux
Les magistrats étaient annuels, collégiaux, honorables et responsables. Leur mandat était limité à un an, ils étaient exercés par paires et n'étaient pas rémunérés pour leur fonction (car considérés comme honorables). Après leur exercice, ils étaient soumis au contrôle des associations professionnelles.
Les conditions d'éligibilité étaient similaires à celles des décurions : être né libre, avoir vingt-cinq ans, posséder un certain héritage, résider dans la ville, ne pas avoir été condamné à une peine infamante ou exercer une profession infâme, et avoir continué le cursus honorum.