Organisation Politique : Castille et Aragon au Moyen Âge
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Institutions des Royaumes de Castille et d'Aragon
Le Royaume de Castille
Au Moyen Âge, le royaume n'avait pas de capitale fixe ; la cour se déplaçait là où la présence du roi était nécessaire. Cependant, à partir du XVe siècle, elle eut tendance à s'établir sur le plateau nord, en particulier à Valladolid.
Une institution spécialisée qui prit de plus en plus de poids fut le Trésor. Le renforcement de la Couronne dépendait de l'augmentation progressive des recettes fiscales : les impôts, la taxe sur les ventes ou les services, et un tribut sur la laine permirent aux rois une plus grande autonomie dans leurs décisions. Pour la gestion fiscale, des bureaux des finances et de la comptabilité furent développés, et un réseau de percepteurs fut organisé sur tout le territoire.
L'organisation territoriale fut consolidée à l'époque d'Alphonse X avec l'adelantado, un fonctionnaire royal doté de pouvoirs judiciaires, politiques et militaires dans une circonscription, généralement frontalière. Il faut également noter les merindades, des divisions géographiques et administratives apparues à la fin du XIIe siècle. Le merino était le représentant du roi dans cette circonscription et était principalement chargé de percevoir les rentes et les services de la Couronne.
La Couronne tenta également de contrôler les conseils municipaux, régis par des assemblées de quartier. Alphonse XI réglementa la gouvernance des villes par le système des regimientos (présidés par un conseiller municipal). La figure du corregidor fut étendue, un envoyé de la Couronne dans certaines villes pour intervenir en cas de conflit. Malgré cela, les Trastamare affaiblirent l'autonomie des conseils en cédant de nombreuses villes à des nobles.
Les Cortes, réunies pour la première fois à León en 1188 en tant qu'extension de la Curie Royale, avaient un caractère consultatif et étaient largement dominées par le roi. Initialement, des représentants des villes, de la noblesse et du clergé y assistaient, mais ces deux derniers cessèrent de s'y présenter, réduisant l'assemblée aux représentants de 17 villes, qui assumaient les dépenses fiscales. On y discutait de toutes sortes de questions, non seulement des demandes et des plaintes des villes, mais aussi de politique.
La Couronne d'Aragon
La Couronne d'Aragon n'était pas un État unifié, mais une union de royaumes. L'Aragon, Valence, Majorque et la principauté de Catalogne avaient des institutions et des lois différentes. Bien que certaines fussent similaires, les rois étaient soumis aux caractéristiques propres à chacune d'elles. Si l'on ajoute les difficultés de communication, compte tenu de l'étendue et de la dispersion des territoires, ainsi qu'une cour royale assez réduite, on comprend la faiblesse politique de la plupart des rois aragonais.
À ces difficultés s'ajoutait la politique étrangère active mais coûteuse de la monarchie. Les conquêtes en Méditerranée forcèrent la Couronne à demander une aide économique aux classes privilégiées de ses royaumes. Celles-ci profitèrent de la situation et, en 1283, les Cortes d'Aragon, puis les catalanes, imposèrent à Pierre III le Grand le serment du Privilège Général et des privilèges de leurs royaumes respectifs. Cela revenait à consacrer les privilèges des nobles et des ecclésiastiques, y compris l'immunité judiciaire et une autonomie absolue dans leurs seigneuries.
De plus, la Couronne s'engagea à convoquer fréquemment les Cortes pour consulter sur un large éventail de questions si elle voulait obtenir des subventions. En Aragon, elle dut accepter la juridiction du Justicia Mayor, un poste en pratique attribué à un noble, chargé de défendre leurs privilèges face au roi. Dès lors, un modèle de fonctionnement politique s'établit, connu sous le nom de pactisme, en raison de la nécessité pour la monarchie aragonaise de conclure en permanence des accords avec les magnats.
En 1359, Pierre IV dut accepter la formation d'une députation permanente en Catalogne, la Generalitat, pour superviser l'administration des subventions votées pour le monarque et le respect des accords pendant la période où les Cortes n'étaient pas réunies. Le modèle fut étendu à toute la Couronne en 1362. En pratique, cette députation devint un véritable gouvernement catalan. À Valence et en Aragon, des députations du royaume furent créées plus tard, des institutions similaires à la catalane.
Dans chaque royaume, le roi était représenté par un lieutenant ou un gouverneur général (vice-roi à Majorque) qui dirigeait l'administration territoriale. En 1344, Pierre IV promulgua les Ordonnances de la Maison Royale, qui réglementaient le fonctionnement du Conseil Royal et de la Haute Cour présidée par le chancelier.
L'organe du pouvoir dans les villes était le conseil municipal, qui, à la fin du Moyen Âge, tomba sous le contrôle des oligarchies locales (comme le Consell de Cent de Barcelone). Dans ce contexte, les Cortes surveillaient de plus en plus la Couronne et étaient nettement dominées par la noblesse et le clergé. Elles étaient composées de trois "bras" : la noblesse, l'Église et le patriciat urbain, sauf en Aragon où la noblesse était divisée en deux bras distincts. Les Cortes agissaient comme un instrument de défense des intérêts féodaux contre les tentatives de la Couronne d'étendre son autorité, s'ouvrant toujours par la présentation de cahiers de doléances contre le roi ou ses fonctionnaires.
Les tentatives d'établir une monarchie autoritaire par la dynastie Trastamare, instaurée en 1412 après le Compromis de Caspe, se heurtèrent à l'opposition de la noblesse. Les rois cherchèrent l'appui des paysans remensas (qui se soulevaient contre leurs seigneurs féodaux) et des artisans et commerçants (la Busca) dans leur confrontation avec l'oligarchie de Barcelone (la Biga), mais ne purent pas faire grand-chose contre le pouvoir de l'aristocratie, qui se révolta même contre la Couronne lors de la guerre civile de 1462 à 1472. Tous ces conflits trouvèrent leur résolution dans la Sentence Arbitrale de Guadalupe en 1486, qui reconnut de fait la situation de pactisme et le pouvoir de la noblesse.