Panorama de la Littérature Française : Moyen Âge aux Lumières
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La Société Médiévale et la Littérature Religieuse
La société médiévale se divise en trois catégories :
- Les clercs (copistes)
- Les nobles
- Les paysans / artistes (jongleurs)
Écrits en vers, les hymnes latins, chants et poèmes religieux prolongent en général le verset de l'Alléluia de la messe. Ils parlent des martyrs, des saints, véritables héros de l'époque, une « épopée religieuse ».
Les Jongleurs
Dans toutes les occasions de fêtes (mariages, banquets, cérémonies), le jongleur est un élément essentiel, car non seulement c’est un homme de spectacle (danse, musique, acrobate, tours de magie), mais aussi il récite des poèmes qu’il a appris par cœur. Il compose aussi lui-même des vers qu’il ajoute aux précédents récités ; d’où des versions différentes qui font sans cesse évoluer le texte initial. C’est lui qui transmet oralement les œuvres littéraires où la mémoire joue un rôle important.
Les Copistes
Les copistes font évoluer le texte initial en copiant le manuscrit. Dans ce travail, le copiste intervient avec sa personnalité : il lui arrive de rajouter, de retrancher une partie d’un texte, d’en moderniser la langue. À partir du XIIIe siècle, le public souhaite des cycles : le copiste va rassembler dans un même manuscrit des épisodes pris çà et là d’une histoire et les recopie dans un ordre plus ou moins cohérent. Tous ces remaniements s’expliquent par le désir d’adapter au goût du public, qui change sur trois siècles, une œuvre donnée.
Les Clercs
Ce sont des hommes cultivés, passés par l’université, appartenant à l’Église : ils sont généralement pauvres et mettent leur culture au service d’un seigneur. Avec leur culture classique, ils créent une œuvre originale qui n’a rien à voir avec l’inspiration populaire. L’écrivain du Moyen Âge est intimement lié à la société dans laquelle il vit : c’est elle qui le fait vivre. Pour un poème récité, une composition, le jongleur, le clerc reçoit du seigneur ou des notables quelques pièces d’argent.
Les Premiers Textes
Les Chansons de Geste et l'Épopée
La littérature épique glorifie la chevalerie (« épopée profane »). Héros mérovingiens, carolingiens, rois ou féodaux, elles trouvent leur origine dans les pèlerinages et les premières croisades. Elles relatent des actions, exploits et faits héroïques, vastes poèmes chantés par les jongleurs aux pèlerins, par exemple. Elles reflètent les conditions sociales et politiques de l'époque. L'amour de la femme n'y a pas de place. Leur forme épique est basée sur des faits historiques réels, mais amplifiés ou déformés, donnant naissance à l'épopée.
La Cantilène de Sainte Eulalie est un court poème dont le sujet est le martyre d'une vierge chrétienne, condamnée à être brûlée vive et enlevée au moment d’être décapitée, pour apparaître dans le ciel sous la forme d’une colombe.
L'épopée est un récit, dit ou chanté, qui relate des actions de héros jugés, même dans leurs fautes, exemplaires, donc représentatifs de l'idéal d'une large communauté. À côté des « épopées chrétiennes » – celles des saints et des martyrs propagées par l'Église, donc celle de l'hagiographie – il y a, dès la fin du XIe siècle, l'épopée profane, celle des héros mérovingiens ou carolingiens, rois ou féodaux.
Les Chansons de Geste
Les chansons de geste sont chantées par des jongleurs devant un public de guerriers et de pèlerins. Ce sont de vastes poèmes épiques composés du XIe au XIVe siècle. Ils célèbrent la gloire de héros légendaires ou historiques (rois, seigneurs féodaux), transformés en légende par la tradition orale. Elles reflètent donc nettement les conditions sociales et politiques de cette société, sa hiérarchie sociale et ses aspirations dominantes, ses vertus guerrières et sa volonté de conquête, au nom du christianisme expansif et du roi de France. On y trouve l’idéal de la fidélité à Dieu, et elles reflètent aussi les contradictions et les luttes intérieures de cette société. L’amour de la femme n’y a pas de place.
Origines des Chansons de Geste
La poésie épique s’est développée en France du XIe au XIIIe siècle sous la forme de Chansons de geste. Nées sur les lieux de pèlerinage, sont-elles le fruit d’une poésie collective ou relèvent-elles d’un travail individuel ? Leurs origines restent en partie obscures. Les chansons de geste reflètent un état de choses social ou politique ancien, mais aussi l’état et les tendances de la société féodale contemporaine à l’époque où les premières chansons apparaissent.
Classification des Chansons de Geste
- Le cycle de Charlemagne
- Le cycle de Garin de Monglane ; dont le héros est Guillaume d’Orange, cousin de Charlemagne, devenu moine à la fin de sa vie. Nous trouvons aussi l’œuvre du Charroi de Nîmes ; Guillaume combat contre les Sarrasins.
- Le cycle de Doon de Mayence évoque la lutte menée par Charlemagne contre ses barons révoltés. Nous trouvons aussi l’œuvre de Renaut de Montauban. Renaut et ses frères sont entrés en lutte contre Charlemagne. Renaut finit par se soumettre et meurt saintement.
L'Esprit Épique et l'Idéal des Chansons de Geste
La chanson de geste enracine la légende dans le sol ancestral : les guerres étrangères, les croisades sont menées pour assurer l'honneur et la vie d'un pays que menacent aussi des rivalités internes, contre lesquelles le héros doit réagir. La chanson de geste est ainsi liée à des préoccupations idéologiques : c'est une véritable épopée politique. Dès le XIe siècle, des poèmes, les chansons de geste, racontent les aventures de chevaliers pendant des événements historiques remontant aux siècles antérieurs. Mais c’est bien l’idéal de la société féodale qui est en fait mis en scène : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d’honneur très exigeant. Le chevalier vit pour la guerre, il est fier de ses exploits guerriers. La femme n’a pas de place dans cet univers. Les chansons de geste sont ainsi l’expression littéraire de ces entreprises autant militaires que religieuses. Ce genre littéraire est typiquement médiéval.
La Forme Épique des Chansons de Geste
Une chanson de geste se présente comme une série de laisses. Le passage d'une laisse à l'autre est signalé, en plus du changement d'assonance, par une formule. La chanson de geste témoigne ainsi des structures caractéristiques de la littérature orale. Mais ces effets ont été figés dans les textes écrits et sont devenus, dans l'art des jongleurs – poètes-musiciens errants qui interprétaient les chansons de geste. Les éléments sont souvent juxtaposés au lieu d'être savamment enchaînés. Il y a des recommencements et des répétitions pour que l'auditoire puisse mieux suivre la ligne du récit sans en perdre le fil. Le courant épique présente des caractères stéréotypés :
- Monde divisé entre le bien et le mal, qui s’opposent ;
- Évoque des temps où se déploie une énergie conquérante (mais apparaît plusieurs siècles après – jamais contemporain de l’événement) ;
- Se lie à une société féodale ;
- A un caractère fortement national ;
- Présente une galerie de conduites exemplaires ;
- Interprète l’événement par le mythe.
La chanson de geste est l’incarnation française du poème épique. Elle est écrite en vers, divisés en laisses. Elle est toujours plus ou moins liée à Charlemagne. Elle valorise la vie militaire par :
- L’apologie de la force physique, des exploits ;
- L’apologie de la bravoure, de la hardiesse ;
- L’apologie de la loyauté au suzerain ;
- Une condamnation parallèle du félon, de l’Infidèle.
Elle développe peu la psychologie des personnages.
La Chanson de Roland
Le Fait Historique de la Chanson de Roland
Cette chanson a pour point de départ un fait historique réel, la défaite de l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne. Or, cet événement est transformé par la légende. La Chanson de Roland est une œuvre d'art bien construite. Les grandes divisions sont au nombre de trois : la trahison de Ganelon, la mort de Roland qui avait d'abord refusé d'appeler au secours l'Empereur en sonnant de son cor et le massacre des 20 000 Français ; et la vengeance de Charlemagne qui revient en Espagne.
De l'Histoire à l'Épopée de la Chanson de Roland
La Chanson de Roland prend apparemment une grande liberté avec l’Histoire, magnifiant la bravoure des Francs et notamment celle d’un Roland dont on ne connaît rien. C’est ainsi que le poème nous raconte la vengeance victorieuse de Charlemagne après la mort des braves et surtout explique la défaite de Roncevaux par la présence déterminante d’un traître, Ganelon, qui disculpe Charlemagne et les Francs de toute responsabilité directe dans la déroute. L’épopée de La Chanson de Roland masque les zones d’ombre de l’Histoire pour donner un sens fort et assuré aux exploits des princes chrétiens.
Composition et Écriture de la Chanson de Roland
L'équilibre de la composition atteint d'emblée une perfection surprenante, avec la trahison de Ganelon, la bataille et la mort de Roland, puis, dans une seconde partie, l'affrontement de Charlemagne avec l'émir Baligant, et le châtiment du traître : deux parties, donc, le martyre de Roland et la vengeance, qui en soulignent l'ordonnance déjà classique. Le genre épique, dont le type d'énonciation est mixte, où d'importants dialogues traduisent l'affrontement des personnages et des idées.
Lyrisme Courtois et Roman
Le roman antique et le roman breton relatent les relations de la société seigneuriale. Il apparaît dans le Midi de la France, dans des cours seigneuriales en paix qui commencent à créer des « salons » littéraires en ajoutant le thème de l'amour : poèmes, romans, chansons. Écrire un roman était à l'époque un peu péjoratif (roman signifie aussi langue ancienne) parce qu'on supprimait la métrique et les rimes. Les thématiques du roman incluent : les mythes de l'Antiquité (Troie) ; la thématique bretonne (Les légendes du pays, Les Lais de Marie de France) ; et la thématique mystique (Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte du Graal).
Du Roman Antique au Roman Breton
L'Esprit Courtois : Univers et Idéal
À partir du XIe siècle dans le sud de la France, et du XIIe siècle dans le nord, la société féodale ajoute une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : le service d’amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. Le chevalier doit avoir des attitudes élégantes, des propos délicats. Dans le service d’amour, pour plaire à sa dame, le chevalier essaie de porter à leur perfection les qualités chevaleresques et courtoises. En effet, le mot « courtois » signifie au départ « qui vient de la cour ». L’amour courtois est un code que doit suivre le chevalier.
La Cour dans l'Idéal Courtois
Sous l’influence de l’Église qui incitait les seigneurs à faire la paix, les seigneurs s’habituent à la vie de cour. Puis, peu à peu, les mœurs subissent aussi l’influence de l’univers féminin plus délicat. Sous l’instigation de femmes de haut rang, s’instaurent des cours d’amour où les artistes chantent la femme, idéalisée, parfaite, inaccessible.
La Dame dans l'Idéal Courtois
L’amant courtois est séduit par la dame, une femme dotée d’une beauté et de mérites exceptionnels, qui est mariée, accomplie. Au Moyen Âge, il existe une forte tension entre l’amour et le mariage. On se marie par intérêt. Alors que le mariage est à la portée de tous, l’amour vrai, quant à lui, n’est ressenti que par les âmes nobles. L’amour noble n’est ni banal ni vulgaire. Il n’est ni facile ni intéressé, même s’il est généralement éprouvé envers une femme d’une condition supérieure. Cet écart entre les statuts sociaux rend la femme inaccessible, l’élève au rang des divinités à adorer.
Le Fin'amor dans l'Idéal Courtois
Si l’acte sexuel est la consécration de l’amour, le sentiment noble invite à la sublimation. L’amant courtois gagnera le cœur de sa dame en lui témoignant un amour empreint de délicatesse et de retenue. Sa passion doit l’amener à surpasser son désir pour la dame afin d’éprouver pour elle un amour raffiné, profond, véritable, un amour transposé sur un plan supérieur. Cet amour « spirituel » – on l’appelle *fin’amor* en langue d’oc, ce qui veut dire « amour parfait ».
L'Amant Courtois
L’amant courtois est un guerrier héroïque. On sait que le code du chevalier est basé sur l’honneur. Sa noblesse de cœur fait de lui un homme franc, poli et subtil. L’amant courtois est totalement soumis et dévoué à sa dame. Pour mériter l’amour de sa dame, afin de prouver l’intensité et la constance de son amour, le chevalier devra se plier au « service d’amour » ; il devra se soumettre aux coutumes de l’attente et sortir vainqueur d’une série d’épreuves souvent fixées par sa maîtresse. Quand il aime, le chevalier courtois rend hommage à sa dame, elle devient la suzeraine de son cœur : il s’y soumet aveuglément. Il doit faire preuve d’une obéissance totale, d’une fidélité indéfectible. Cette soumission amène ainsi, pour le chevalier, le conflit qui oppose son amour à son honneur. Renoncer à l’honneur pour l’amour représente le sacrifice le plus grand qu’il puisse faire.
Les Joies de l'Amour Courtois
Après la discipline, l’attente, les épreuves, le chevalier peut enfin s’abandonner au plaisir sensuel. La vulgarité de la sexualité s’efface devant la discipline imposée. Une passion sans frein, qui ne recule pas devant le scandale, est choquante. Les conséquences sont désastreuses pour les amants : la dame perd son honneur, élément essentiel à sa perfection et... à son titre, alors que le chevalier voit ignorer sa valeur, qui n’est ni reconnue ni publiée.
L'Amour Fatal Courtois
On rencontre alors le thème de l’amour malheureux, de l’amour contrarié qui se heurte à des obstacles, qui se brise parfois sur des écueils, mais qui demeure malgré tout victorieux, car l’amour courtois, par-delà la mort même, est un sentiment vrai et éternel.
Histoire du Roman Antique
Le récit de fiction écrit en ancien français, roman désignait très généralement la langue vulgaire. Le roman est destiné à la lecture (à haute voix, devant un public choisi), et non au chant, et dont le livre manuscrit est le support. Le roman revendique pleinement son statut de texte écrit et fixé par l’écrit, et les prologues donnent généralement le nom de l’écrivain. Le premier texte considéré comme roman est l’*Alexandre* d’Alberic de Pisançon. Le fragment raconte le début de l’histoire d’Alexandre. Ces récits romanesques et chroniques ont en commun la volonté de consigner par l’écrit et pour la postérité un passé considéré comme exemplaire et dont il importe de conserver le souvenir.
Catégories du Roman Médiéval
Le roman du Moyen Âge se sépare en trois grandes catégories :
- Les romans antiques
- Les romans bretons
- Les romans idylliques et d’aventures
Les Romans Antiques
Caractère commun à tous ces romans (déformation de l'Antiquité), les principaux romans de cette catégorie sont *Roman de Thèbes*, *de Troie*, *d’Énéas*, *de Jules César*, *d'Alexandre* et *Piramus*. Les romans dits "antiques" s'inspirent de ces sources latines en les transposant, de façon très libre et sans craindre les anachronismes. Le roman antique prétend donc "mettre en roman" des œuvres de l'Antiquité classique.
Les Romans Idylliques
Les plus importants sont : *Floire et Blancheflor* et *Aucassin et Nicolette*.
Floire et Blancheflor
Dans le contexte de la seconde croisade, le *Conte de Floire et Blancheflor* inaugure en français le genre du roman idyllique (deux enfants s’aiment, sont séparés et se retrouvent au terme d’une longue quête). Le récit fait également une large place à un merveilleux « oriental » dont le faste et la beauté s’allient à une cruauté raffinée. En libérant Blancheflor, captive du harem de Babylone) et en forçant l’émir à renoncer à sa coutume perverse, Floire impose déjà à l’Orient les normes et les pratiques sexuelles de l’Occident. Le dénouement, le mariage de Floire le païen avec la chrétienne Blancheflor, le couronnement du héros et sa conversion suivie de celle de son peuple, viennent de surcroît confirmer le triomphe de la chrétienté sur le monde païen. Deux grandes lignes thématiques structurent l’œuvre : l’idylle et la soumission de l’Orient. Dans *Le Conte*, le clerc romancier remplace le climat antagoniste des croisades par une conquête pacifique qui se réalise par la force de l’amour.
Aucassin et Nicolette
Aucassin, fils de Garin, comte de Beaucaire, aime Nicolette, jeune fille achetée aux Sarrasins. Son père ne veut pas la lui donner pour femme. Le comte de Valence étant venu assiéger Beaucaire, il ne consent à combattre qu'à la condition qu'il pourra voir Nicolette et lui parler au moins une fois. Nicolette, transportée à Carthage, elle découvre qu'elle est la fille du roi de cette ville ; plutôt que de se marier avec un roi païen, elle s'enfuit et épouse Aucassin.
Les Romans Bretons
On donne le nom de « matière de Bretagne ». La matière de Bretagne connut une fortune littéraire considérable après la publication en français. Les romans bretons font, avec les romans antiques, partie d'un ensemble qui se distingue de la chanson de geste par l'emploi de l'octosyllabe à rimes plates, puis de la prose, et par une inspiration qui cesse d'être nationale.
Les Trois Cycles du Roman Breton
- Le premier comprend les lais, inspirés par le répertoire des jongleurs bretons, notamment les lais de Marie de France, écrits vers 1175. À ce premier cycle, consacré à l'amour, se rattachent également tous les romans inspirés par le personnage de Tristan, d'où son nom de cycle de Tristan.
- Le deuxième cycle a pour figure centrale Arthur ou Artus, roi légendaire de Bretagne, entouré de sa cour de chevaliers.
- Le cycle du Graal, enfin, s'ouvre sur l'énorme poème de *Perceval* (63 000 vers), commencé par Chrétien de Troyes vers 1182. Il se distingue du précédent cycle par une inspiration nettement mystique.
Les Romans Mystiques : Le Graal
Dans l’imaginaire du Moyen Âge, le Graal occupe une place de privilège. Le Graal signifie la recherche de l’impossible. Lié à la symbolique du repas, le Graal jouissait de belles promesses pour la durée, par la séquence énigmatique qui se propose de texte en texte, tantôt christianisée, tantôt bien proche encore de la tradition celtique. À l'origine, plat ou écuelle, le Graal devient chez Chrétien une splendide pièce d'orfèvrerie, faite pour le service d'une table royale, dont la nature merveilleuse demeure mystérieuse. Le cortège qui passe devant les yeux de Perceval doit être perçu tout d'abord comme un magnifique service de table : des jeunes gens amènent en procession une lance au bout de laquelle perlent des gouttes de sang, des candélabres d'or, un Graal orné de pierres précieuses et un tailloir en argent puis une table d'ivoire, avant de servir un sublime festin. À cause de son péché, Perceval manque de demander la signification de la Lance et du Graal.
Chrétien de Troyes s'inspire de l'un des récipients merveilleux qui apparaissent souvent dans les récits celtiques anciens : vases et plats y produisent en abondance une nourriture ou une boisson inépuisables, dans des festins de l'Autre Monde. Chrétien de Troyes a laissé les aventures du *Conte du Graal* inachevées. Quatre Continuations, rédigées par Wauchier de Denain. Elles essaient d’élucider les mystères laissés en suspens par Chrétien, en développant le caractère chrétien et miraculeux du Graal, et en transformant les aventures chevaleresques en quête mystique. Ces romans qui succèdent à l'œuvre du maître, mettent en scène les personnages de Perceval et de Gauvain.
Romans d'Aventures : Table Ronde et Cycle Arthurien
Toutes les aventures des chevaliers, dont Lancelot est le type, sont placées sous le signe de l'amour courtois. On peut distinguer les romans biographiques, où les prouesses du héros sont décrites totalement entre sa première apparition à la cour et son retour final, et les romans épisodiques, généralement plus brefs, ne racontant qu'un épisode mais en y mêlant plusieurs aventures. On a conservé de Chrétien de Troyes cinq romans : *Érec et Énide*, *Lancelot ou le Chevalier de la charrette*, *Yvain ou le Chevalier au lion*. *Perceval ou le Conte du Graal* sont les plus longs des romans et sont restés inachevés sans doute à cause de la mort de l’écrivain. Dans les prologues de ses romans, Chrétien expose de façon claire les grands principes de son art d'écrire, qui sont aussi ceux de son époque. Sa poétique s'articule autour de trois notions : la matière (le sujet), fournie par des sources orales ou écrites, le sens, qui est souvent imposé par le mécène, et la conjointure, qui donne cohérence et unité, et fait du roman une œuvre d'art.
Les Romans de Tristan et Iseut
L’histoire des amants de Bretagne a connu dès le Moyen Âge un succès extraordinaire et a donné naissance dès le XIIe siècle à l’un des mythes fondateurs de l’Occident. C'est une histoire d’amour et de mort. Ce récit nous est parvenu de façon fragmentaire, à travers des textes incomplets ou mutilés, composés aux XIIe et XIIIe siècles.
Origines de la Légende de Tristan et Iseut
Les amours légendaires de Tristan et Iseut ont fait l’objet au XIIe siècle de plusieurs mises en œuvre littéraires. Certaines sont perdues. Contrairement à ce que peuvent faire croire les « reconstitutions » proposées par J. Bédier. Elle est composée d’une pluralité de récits, de traditions, d’allusions littéraires. En véhiculant plusieurs versions orales de l’histoire de Tristan et Iseut, les différents peuples celtiques (irlandais, gallois, cornouaillais, bretons) contribuent à mettre en forme la légende. Légende aux origines nombreuses, Tristan et Iseut puise aussi aux sources antiques : le combat initiatique de Tristan contre le dragon rappelle celui d’Hercule contre l’Hydre de Lerne (influence des légendes anciennes) travaux du héros mythique. La genèse et la diffusion de la légende restent assez obscures. On a pu établir (P. Gallais) des rapprochements assez précis entre le récit français et le roman persan de *Wys et Ramin*. Mais le lien reste incontestable entre la légende de Tristan et la « matière de Bretagne ».
Auteurs de Tristan et Iseut
À l’époque médiévale, on trouve différents manuscrits relatant la légende de Tristan et Iseut. Les deux principales versions sont : celle de Béroul (v. 1170-1173) et celle de Thomas d’Angleterre.
La Version de Béroul
Inspirée très fortement des origines celtiques de la légende. Le début et la fin du roman ont été perdus, et l’histoire commence en plein milieu d’un épisode, celui où Tristan et Iseut sont épiés par le roi Marc, qui s’est dissimulé dans un arbre. Le fragment de Béroul découpe la trame narrative des séquences qui correspondent aux moments clés de l’histoire des amants. Son récit en effet n’est pas une exaltation de la passion mais une interrogation inquiète sur la place de l’amour, du désir dans la société.
La Version de Thomas
Il ne nous reste que dix fragments de longueurs très inégales. C'est grâce à lui que nous connaissons aujourd’hui certains épisodes absents du fragment de Béroul, comme la scène du philtre ou le mariage de Tristan avec Iseut aux Blanches Mains. Ces fragments privilégient l’analyse du sentiment amoureux, l’introspection, la plainte lyrique. Thomas donne à ses héros, à leur cadre de vie, une dimension « courtoise », insiste sur les talents de harpiste de Tristan, décrit le faste du cortège de la reine ou les merveilleuses statues de la Salle aux Images. Ces versions se sont diffusées dans toute l’Europe en langues étrangères. Parallèlement à ces textes, ont aussi été conservés deux manuscrits célèbres, écrits en français : *La Folie Tristan de Berne* et *La Folie Tristan d’Oxford*, rédigés entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle. Le succès de ces différentes histoires est tel que, au XIIIe siècle, deux chevaliers écrivains, Luce del Gat et Hélie de Boron, en proposent une version en prose.
L'Histoire d'Amour de Tristan et Iseut
Histoires d’amour, Tristan et Iseut, par ses caractéristiques, témoigne de l’époque où la légende s’est développée ; par son originalité.
L'Idéal Courtois dans Tristan et Iseut
Le XIIe siècle est une période d’essor économique et commercial. La noblesse s’éloigne progressivement des champs de bataille (s'éloignant de la société) pour se retrancher dans les cours seigneuriales, découvrant les plaisirs du confort et du luxe, goûtant à un raffinement des manières et des sentiments. La courtoisie. Être courtois signifie se conduire selon les usages de la bonne société, être habile à la chasse comme à la guerre, savoir mener une conversation raffinée, multiplier les vertus et avoir en horreur l’avarice, la cupidité et la félonie. La dame suscite chez le chevalier le souhait de parvenir à une certaine forme de perfection, à la fois physique et morale. Dans cette conception, l’amour courtois se confond avec le désir, et l’assouvissement du désir entraîne la disparition de l’amour. L’amant doit mériter l’amour de sa dame en accomplissant de nombreux exploits, nécessaires à la survie du sentiment, car nourrissant le désir.
La Double Transgression dans Tristan et Iseut
Tristan multiplie les qualités physiques et morales, ses deux combats successifs, contre le Morholt et contre le dragon, le confortent dans sa stature de guerrier exceptionnel. Aussi l’histoire des deux amants doit-elle être plutôt envisagée à l’aune de la double transgression qu’elle représente. En effet, elle est avant tout profondément subversive, parce qu’elle contrevient aux fondements de la société féodale chrétienne : en suivant la voie que lui dicte son amour, Tristan trahit son seigneur auquel il doit pourtant fidélité et loyauté.
Les Lais de Marie de France
Marie de France, la première femme poète française, vécut, dans la seconde moitié du XIIe siècle, à la cour brillante d’Henri II d’Angleterre. Elle connaissait le latin et l’anglais, et aussi la littérature française contemporaine. Elle a écrit un *Isopet* (recueil de fables ésopiques), et surtout des Lais. Nous avons conservé trois œuvres d’inspiration très différente : un recueil de *Fables* (vers 1180), qui est la première adaptation en français des fables ésopiques, un récit, l’*Expurgatoire saint Patrice*, qui se rattache à la tradition des voyages dans l’au-delà (après 1189) et un recueil de récits brefs que l’écrivain appelle contes, mais aussi lais, composés après l’*Énéas*. Les compositions lyrico-narratives que Marie de France a entendu conter par des jongleurs bretons. Jongleurs bilingues ou trilingues à en juger par le titre de certains lais (par exemple, *le Laustic* (le rossignol)…). Le mot *lai* désigne donc chez Marie à la fois la source orale qu’elle a recueillie et son propre texte, la forme littéraire qu’elle invente. Le travail poétique consiste à « conter par rime ». Les lais parlent sur une vérité de la société. Cette vérité est sans doute d’ordre moral et psychologique. Les *Lais* de Marie de France font la part belle aux motifs folkloriques et au merveilleux féerique des contes celtes. Mais la dimension exemplaire qu’il donne aux personnages, le merveilleux est aussi le moyen de « passer à la limite », d’explorer, hors des contraintes du réel et du réalisme, ce qui reste le sujet unique des Lais : la relation de l’être humain et l’amour. Chaque récit reprend en effet une même « aventure ». L’œuvre créatrice de Marie de France a consisté à raconter ces mêmes légendes en de brefs poèmes narratifs, comparables à la nouvelle moderne. Il nous en reste une douzaine, de longueur variant entre 100 et 1000 vers. Ces lais présentent deux aspects dominants : le merveilleux, et la peinture de l’amour. Marie de France est l’une des premières à donner au lai, ce genre poétique et musical, une dimension narrative, voire romanesque.
Le Lyrisme Courtois
N'a rien à voir avec les chansons de geste ni l’amour courtois. La lyrique courtoise désigne une poésie mise en musique, dont le sujet est profane (non religieux) et composée en langue vernaculaire. L'apparition de cet art nouveau correspond à l'essor d'une culture aristocratique qui s'est formée dans le milieu des cours féodales du sud de la France, pays de langue d’oc. Cette culture courtoise témoigne d’un raffinement des mœurs au sein d’une élite cultivée. Le lyrisme courtois s’acclimate en France du Nord vers le milieu du XIIe siècle.
Jouissance du Désir et Quête du « Joy »
L'amour courtois repose essentiellement sur la notion de désir qui, ici, se confond entièrement avec l'amour. Cela explique la position de supériorité de la dame, qui doit toujours paraître insaisissable sans pour autant rester totalement inaccessible. Il n'y a pas d'amour possible dans le mariage puisque, dans la relation d'époux à épouse, le désir peut être sans cesse assouvi. Dans cette logique, la jalousie est souvent perçue comme une vertu dans la mesure où elle découle de cette insatisfaction fondamentale et stimule par là même le désir. Un amour conçu dans le secret, le « gelos » (personne qui surveille l’amant pour le dénoncer au mari). Si la courtoisie est un phénomène de civilisation, la doctrine amoureuse qui l'accompagne, contraire aux enseignements de l'Église et très éloignée des usages de l'époque, doit avant tout être comprise comme un jeu littéraire.
Fin'amor et Courtoisie dans le Lyrisme
Selon les troubadours, en effet, seul peut pratiquer la *fin’amor*, accéder au statut de fin amant, celui qui possède les qualités constitutives de la courtoisie : essentiellement la mesure, maîtrise du comportement, du langage, des sentiments, la largesse, la générosité matérielle et morale et la *joven* (jeunesse) qui est surtout disponibilité, ouverture d’esprit. L’amour, selon les troubadours, apparaît comme la clé d’un système de valeurs, d’une morale laïque qui viendrait doubler, à l’usage des « courtois », la morale religieuse. Ce que veut montrer la lyrique occitane, c’est le moment où le désir de l’autre s’impose à l’amant / poète et la méditation tout à tour voluptueuse et douloureuse qu’il poursuit en évoquant la dame, la jouissance qu’elle pourrait lui donner mais aussi la distance qui la sépare de l’amant. Et c’est cette distance que le texte s’efforce d’abolir.
Types de Composition dans le Lyrisme
Les troubadours distinguent trois sortes de style : le *trobar leu* ou *plan* qui, tout en témoignant d’une grande virtuosité, se veut poésie relativement facile et accessible. Le *trobar leu* s’oppose, dans la réflexion théorique comme dans la pratique des troubadours, au *trobar clus* (fermé) qui revendique un certain degré d’obscurité, d’hermétisme ; enfin, le *trobar cobert* ou *ric*, où l'on a excellé, se caractérise par la recherche systématique de rimes, de mots rares, d’assonances, d’allitérations. La thématique des *cansos* qui reprennent indéfiniment un même sujet, la requête d’amour, et une même situation, un je (l’amant/poète) s’adressant à une dame muette.
Principaux Genres du Lyrisme
La *canso* : chanson courtoise, est la forme poétique la plus représentée du lyrisme courtois. La *canso* est un poème chanté qui parle de l’amour et des joies et des peines qui en découlent. La *canso* reprend le modèle traditionnel de la courtoisie et célèbre l’amour idéal d’un soupirant pour une dame riche de beauté et de vertus et théoriquement inaccessible. La *tenso* : Variante littéraire de la *canso*, la *tenso* aborde des sujets plus larges et se présente généralement sous la forme d’une discussion, d’un débat. Destinée à être chantée, elle était souvent accompagnée d’une mélodie. Le roman courtois : Le roman courtois est destiné à l’aristocratie dont les goûts frustes et brutaux se sont peu à peu affinés au contact de l’Orient des croisades et du Midi occitan. Le monde courtois est un monde de gloire et d’aventures : le héros de la littérature courtoise doit triompher de nombreux obstacles et embûches, tout comme le héros épique ; mais le premier sert sa dame alors que le second servait Dieu ou son roi.
Troubadours, Trouvères et Trobairitz
Les troubadours sont certains grands seigneurs comme Guillaume IX, d'autres des hobereaux comme Bertrand, ou d'autres pauvres hères comme Cercamon. D'autres étaient des clercs comme Peire Cardenal, ou des marchands comme Folquet, d'autres encore d'anciens jongleurs. Tout ce monde se rencontrait, échangeait des chansons, se citaient et se répondaient les uns aux autres, disputaient des questions d’amour ou de poétique dans les poèmes dialogués que sont les *jeux partis* ou s’invectivaient dans les *sirventès* polémiques (Un troubadour compose une chanson et un autre n'est pas d'accord). Les œuvres de chaque troubadour sont souvent précédées d’un récit de sa vie. Certaines vies sont à peu près véridiques, d’autres sont presque inventées. Les troubadours (sud France), les trouvères (nord de France) se distinguent cependant par plusieurs traits de leurs modèles. Ils se montrent généralement plus réservés, usant avec une habileté très délibérée de toutes les ressources de la versification et de la rhétorique. Dans plusieurs de ces villes apparaissent au XIIIe siècle des sociétés littéraires qui organisent des concours de poésie. Ces poètes urbains, qui peuvent être aussi bien des bourgeois que des clercs, jongleurs ou des nobles, continuent bien entendu à pratiquer le grand chant courtois. Un petit nombre de femmes, nommées *trobairitz*, vont elles aussi rédiger des poèmes sur le thème de la Fin'Amor, thème essentiellement utilisé par les hommes. Le terme de *trobairitz* est issu du thème de la *fin'amor* dans la courtoisie lyrique, et plus précisément il est le pendant féminin du terme troubadour.
Le terme *trobairitz* est un terme générique qui englobe, au Moyen Âge, les femmes auteures de poésie et musiciennes situées dans le Sud de la France, et qui se distinguent donc de la partie Nord du pays par la langue, la langue d'oc, que l'on a appelé plus tardivement l'occitan.
Lyrisme Bourgeois (en Ville)
L'élévation du peuple, l'accession de la bourgeoisie au rang de classe sociale, devaient avoir leur répercussion dans la littérature. L'esprit des œuvres, c’est l'esprit de satire, de raillerie, de dénigrement, de gaieté populaire et cynique, qui inspire toute une partie de la littérature française. C'est cet esprit bourgeois.
Le Roman de la Rose
Le poète (l'Amant) cherche à conquérir la Rose dont son cœur s’est épris, symbole de la jeune fille qu’il aime. La première partie, écrite par Guillaume de Lorris entre 1225 et 1230, dessine avec grâce les étapes du parcours amoureux ; la seconde, rédigée par Jean de Meung vers 1270, est une suite de développements satiriques et cyniques sur le mariage, la richesse, la liberté, la royauté ; mais c’est aussi un hymne à la nature, principe de beauté et de raison.
La Poésie Lyrique aux XIVe et XVe Siècles
Le lyrisme est gonflé et diversifié. L'extension de la prose, le monopole grandissant qu'elle exerce sur les formes narratives tendent à donner par opposition à toute la production en vers une unité qu'elle n'avait jamais eue. C'est ainsi que la poésie telle qu'elle s'épanouit au XIVe siècle combine l'esthétique du dit et une esthétique proprement lyrique.
Les Derniers Poètes du Moyen Âge
Ces derniers poètes marquent la fin de la littérature du Moyen Âge en introduisant un nouveau composant dans la création littéraire : le poète ou l'écrivain en tant que narrateur ou même sujet.
François Villon : Le Dernier Poète du Moyen Âge
Né à Paris, d’origine humble, il est reçu maître ès arts à la Sorbonne. Condamné à la potence pour meurtre, il est gracié ; puis, méfaits, inculpations et emprisonnements se succèdent. Les circonstances de sa mort demeurent mystérieuses. Son œuvre annonce les thèmes et les sensibilités de la Renaissance : il s’oppose au mysticisme et à la primauté de la collectivité présente en son temps, préférant un lyrisme individuel, une émotion personnelle et ce, même s’il exprime les angoisses de l'époque médiévale. Ses vers font de lui l’un des poètes majeurs de la littérature française. Il est, avec Baudelaire, le poète qui aborda le mieux le thème de la mort. Villon fut incarcéré et libéré grâce à l’arrivée de Louis XI dans la ville, il rentra à Paris, où il composa *Le Testament*. La première partie de ce texte est une méditation consacrée essentiellement à la perte de la jeunesse, aux méfaits de l’amour mais surtout à la mort. La seconde partie reprend, en l’approfondissant, la fiction testamentaire déjà abordée dans *Le Lais* : Villon va jusqu’à choisir les exécuteurs, son sépulcre et le service religieux. Villon écrit aussi *La Ballade des pendus* qui parle de son obsession des corps pourrissants. Son œuvre est dominée par l’ambiguïté et par l’importance considérable accordée à la personne du poète, ce qui est rare au Moyen Âge, où le sujet poétique n’est souvent qu’une forme vide et où la poésie est considérée davantage comme un jeu rhétorique que comme le lieu de l’expression d’une individualité.
Littérature Satirique : Roman de Renart et Fabliaux
Littérature Satirique et Roman de Renart
Il n'y a ni chevaliers, ni courtoisie. Dès le XIIe siècle, la bourgeoisie possède sa propre littérature, véritable satire sociale avant la lettre. Elle est par essence malicieuse, pittoresque, parfois grivoise ou, à l’inverse, morale, mais le plus souvent réaliste. Il nous en reste essentiellement des fabliaux. Le *Roman de Renart*, œuvre composée de courts récits indépendants, le plus souvent en vers octosyllabiques. Ils sont écrits en français, langue romane. Le Roman met en scène des animaux, dont les deux principaux : le loup « Ysengrin » et surtout le goupil « Renart ». Il s'agit de 26 récits brefs. Chaque épisode s'organise autour du personnage de Renart, de sa famille directe et de ses relations mouvementées avec les animaux qui peuplent la cour de Noble le lion et de la reine Fière : Ysengrin le loup et Hersent, son épouse, Brun l'ours, Tibert le chat, Chanteclerc le coq, etc. Peuvent également intervenir des humains, en majorité des paysans et des curés de campagne, aux prises avec le goupil.
Origines du Roman de Renart
L’origine des plus anciennes branches est très débattue. Mais les auteurs des différentes branches sont aussi de très bons connaisseurs de la littérature de leur temps, qu'ils exploitent sur le mode parodique : Noble le lion tient sa cour, convoque ses vassaux, rend la justice comme le roi Arthur ou Charlemagne ; les affrontements entre animaux revêtent des accents épiques ; Renart sait habilement singer les comportements courtois. Ces textes sont issus d'une longue tradition de récits animaliers en latin, notamment : *L’Ysengrinus*, ainsi que des fables ésopiques regroupées au Moyen Âge dans des recueils nommés « Isopets ». On peut en retrouver les sources dans :
- Des contes populaires, sans doute de tradition très ancienne pour quelques-uns (liés à la sédentarisation pendant la préhistoire ?) ;
- Des auteurs latins (Ésope) ;
- Des poèmes en bas-latin, surtout :
- *La Disciplina clericalis*, recueil « d’exempla » (petits contes moraux) d’origine orientale composée en latin vers 1110 par Pierre Alphonse, médecin sépharade converti au christianisme. On y trouve des récits promis à un succès durable dans la littérature européenne comme la première élaboration connue du « Conte du loup et du renard dans le puits » (branche IV du Roman) ou des récits fournissant l’intrigue d’autres fabliaux célèbres.
- *L’Ysengrinus* : 6 500 vers en distiques latins (où l’on trouve pour la première fois, le personnage de Reinardus) du clerc flamand Nivard de Gand ; ce dernier l’écrivit en 1148-1149 sous le titre premier de « *Renardus vulpes* ».
- Des récits de Marie de France, parus en 1152.
Variété de Tons du Roman de Renart
Le *Roman de Renart* est un recueil polymorphe, écrit en langue romane par des auteurs anonymes. Sous l'argument animalier, pointent une parodie des genres nobles (épopée, roman courtois) et une critique sociale. Les plus anciennes branches posent le thème principal en faisant de Renart celui en qui s’incarnent une faim dévorante et un désir protéiforme de séduction et de jouissance. Elles racontent les manœuvres déceptives de Renart face aux autres animaux. Et surtout l’origine de la guerre entre le goupil et le loup Ysengrin dont la cause est le viol de la louve par Renart.
Une Épopée Parodique dans le Roman de Renart
Composés par des clercs, ils sont souvent une parodie concertée de la chanson de geste, du roman courtois, des *Tristan* ou réutilisent ironiquement l’éthique courtoise, l’idéologie de la croisade, les procédures des débats juridiques, les rituels religieux, etc. Mais l’intérêt des branches tient à l’équilibre/décalage qu’elles ménagent entre la « réalité » animale et les comportements humains, et à la représentation d’une vie quotidienne des animaux et des hommes. Ces récits sont une satire plus ou moins violente de la société médiévale.
Les Fabliaux
Ce sont des contes à rire. Beaucoup de ces textes se situent dans la France du Nord, mais aussi le centre et la Normandie. Compte tenu de la grande diversité des sujets traités et de la tonalité dans laquelle ils sont traités – voisinent contes moraux, récits plaisants, bonnes « blagues ».
Classification des Fabliaux
- L’ancrage des récits dans un espace-temps quotidien. Quelle que soit sa source, le fabliau se présente comme la mise en récit d’une aventure qui s’est produite dans un passé récent.
- La primauté de l’action/ de la narration sur d’autres types de discours. Les personnages sont caractérisés par leur statut social. À chaque statut correspond un comportement type.
- Les sujets traités sont, en surface, divers, mais la situation typique est « triangle érotique ».
- La présence fréquente d’une moralité dans l’épilogue. La moralité reste bien souvent d’un caractère élémentaire et pragmatique.
- Le style. Ton trivial des fabliaux, lié moins aux sujets qu’ils traitent qu’au « milieu » dans lequel les auteurs situent leurs fables immémoriales. Changement de thématique : on ne parle pas de l’amour, mais de sexualité.
La Littérature de la Renaissance Française
À la fin du XVIe siècle, la France sort déchirée par les Guerres de Religion et souhaite l’instauration de l’ordre : Henri IV, Louis XIII et son ministre Richelieu s’attachent à renforcer le pouvoir politique qui s’épanouit avec Louis XIV et l’absolutisme.
Histoire de la Renaissance
La Renaissance est un vaste mouvement culturel provoqué par le retour aux idées et à l’art antiques gréco-latins. Elle abandonne explicitement les valeurs médiévales liées à la féodalité et on tente de faire renaître les valeurs de l’Antiquité dans la civilisation européenne. Les hommes de la Renaissance ont parfaitement conscience d’appartenir à une époque historique particulière en rupture avec le Moyen Âge. La France connaît une période de grande activité intellectuelle : les guerres d’Italie ont permis un contact direct avec une civilisation artistique brillante. Le roi François Ier, protecteur des écrivains et des artistes, s’attache à développer les Lettres et les Arts ; la Renaissance s’épanouit. Mais la seconde moitié du siècle est marquée par un conflit sanglant : les Guerres de Religion qui opposent les Catholiques aux Protestants mettent un terme à cet âge florissant. Pendant cette période, différents rois se succèdent et plusieurs faits marquent l'époque :
- Le début de la Renaissance et l’Humanisme.
- Le règne de François Ier, avec l’épanouissement de la Renaissance et la Pléiade.
- Le règne de Henri II, marqué par les Guerres de Religion.
- Le règne de Charles IX et la régence de Catherine de Médicis (le roman La Princesse de Clèves raconte l'histoire de cette aristocratie).
- Les règnes de Henri III et Henri IV, avec la promulgation de l’Édit de Nantes en 1598 qui reconnaît aux protestants la liberté de culte. La France dévastée retrouve alors la paix civile.
Le Français comme Langue Officielle
À la fin du XVe siècle, après des conflits militaires, l'expansion du français se trouvait renforcée. Le roi de France, plus riche que ses rivaux, contribua à asseoir son autorité et à promouvoir sa langue. Paris commençait à dominer la vie économique du pays ; l'Église et l'Université y exerçaient leurs principales activités tandis que les grandes familles de marchands et de banquiers y avaient installé leur quartier général. Toute une population nouvelle et influente prit racine à Paris, s’élabora une forme de français populaire et cultivé dans toute l’Île-de-France. La variété populaire, le parisien, artisans, ouvriers, des serviteurs, de petits marchands… La variété cultivée, le *françois*, est celle de la religion, de la bourgeoisie, de l'enseignement, de l'administration et du droit. Ces deux variétés étaient différenciées dans la prononciation et le vocabulaire. L’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 (statut). Une autre cause de l'expansion du français à cette époque : c'est que le pouvoir royal, on voit s'installer dans l'évolution de la monarchie des caractéristiques particulières. Parallèlement au latin universel de l'Église catholique, la monarchie française choisit aussi sa langue véhiculaire comme moyen d'uniformisation juridique dans le pouvoir administratif. En décembre 1490, l’ordonnance de Moulins obligeait l’emploi du « langage françois ou maternel ». Ce statut marquera le statut du français et serait une façon de réduire le pouvoir de l’Église par François Ier.
L'Esprit de la Renaissance
L’esprit de l’homme de la Renaissance est caractérisé par un fort désir d’intériorité. En effet, fort de sa « nouvelle vie », l’homme se découvre comme une personne digne d’intérêt. Il a un nouvel appétit de vivre ; il refuse une vie abstraite et théorique et souhaite expérimenter. C'est le début de l’ère des grandes découvertes où l'on invente l’imprimerie entre autres.
De l'Église Décadente à la Réforme
Il s’agit d’une époque caractérisée par l’excès de rigorisme dans le rituel religieux mais aussi par :
- Des dévotions superstitieuses ;
- La messe se dit en latin, que le peuple ne comprend pas ;
- Les Chrétiens ne lisent plus la Bible ;
- Le trafic d’indulgences (avant la Réforme de l’Église, on payait et l’Église retirait les péchés).
La figure de Martin Luther qui veut réformer la religion. Les protestants prônent :
- Le retour aux écritures, par la traduction des textes sacrés ;
- Le retour à la morale, l'examen de conscience ;
- La foi passe par les actes ;
- Le retour au sens de la grâce et de la prédestination ;
- L’homme doit agir en se soumettant à Dieu.
L'Écrivain Humaniste de la Renaissance
L’écrivain de la Renaissance, comme tous les intellectuels, est profondément marqué par l’apparition du livre imprimé. La large diffusion des livres que permet l’imprimerie permet d’enrichir leur travail par un accès plus facile aux idées, aux histoires et au style des autres écrivains. Les intellectuels forment un groupe beaucoup plus vaste et diversifié qu’au Moyen Âge :
- Œuvres littéraires françaises, italiennes, anglaises, grecques, latines ;
- Mais aussi théologies, philosophies, droits, sciences, philologies.
L’écrivain de la Renaissance participe du même coup à l’enrichissement du français : il contribue à fixer l’orthographe, la grammaire, la syntaxe. C'est l'époque où s’écrivent les premiers dictionnaires. L’écrivain du XVIe siècle s’inspire aussi des événements de son époque ou des œuvres de ses contemporains. C’est en effet le mélange d’ancien et de nouveau qui favorise la Renaissance des arts et des lettres. On pense à *Gargantua* ou Marguerite de Navarre qui peint les mœurs amoureuses des nobles dans ses écrits.
L'Humanisme
Durant des siècles, les hommes d'élite avaient été les guerriers. Et puis, presque soudainement, voici que tout changeait : des hommes nouveaux faisaient leur apparition sur le devant de la scène. Les esprits les plus admirés, ceux qui accédaient à la célébrité, furent ceux qui connaissaient plusieurs langues, qui restaient enfermés durant des mois dans les bibliothèques ou les laboratoires. Cette promotion représentait une véritable révolution culturelle. Le terme latin *humanitas* fit désigner sous le nom d'humanisme la nouvelle façon de penser et de voir le monde qui prépara la merveilleuse explosion de la civilisation européenne. À cette époque, plusieurs actions sont menées :
- Apprentissage des langues anciennes (hébreu, grec, etc.) pour « lire dans le texte » ;
- Ouverture d’esprit généralisée ;
- Désir de connaître par les voyages, la dissection ;
- Désir de tolérance.
La Poésie Renaissante
Les poètes de la Renaissance redécouvrent l’Antiquité, avec une importance accrue de la mythologie gréco-romaine, et une poésie à forme fixe (ballade, ode ou sonnet).
L'Héritage Médiéval : Les Rhétoriqueurs
La poésie est représentée par les grands rhétoriqueurs, un groupe de poètes dont le principal souci est la recherche de la perfection technique et l’invention de rimes savantes. Clément Marot, représentant de la poésie renaissante, est célèbre surtout pour ses *Épîtres* (lettres en vers envoyées à ses amis, au roi ou aux dames, dans lesquelles il présente une requête, tourne un compliment ou adresse un remerciement).
La Poésie Lyonnaise
À Lyon se constitue un groupe de poètes humanistes mus par le même enthousiasme pour l’Antiquité et l’Italie : ils ont découvert Platon qui leur révèle une conception mystique de l’amour et Pétrarque qui leur inspire une poésie précieuse. Il faut remarquer Maurice Scève. Mais il y a d'autres auteurs importants comme Ronsard, Joachim du Bellay ou Louise Labé.
La Pléiade
Le mot Pléiade a été employé d'abord vers 1563 par les Protestants pour tourner en dérision l'arrogance des jeunes disciples de l'humaniste Jean Dorat constitués en Brigade. La Pléiade se caractérise par un souci de variété dans l'inspiration qui lui fait privilégier l'exploration de différents genres : à côté d'une libre imitation des Anciens, ils mettent au service d’une langue neuve. Ces jeux poétiques ne sauraient faire oublier cependant la hauteur de la mission assignée à la poésie. La Pléiade fut une école exclusivement littéraire. Les idées de la Pléiade sont :
- Une littérature en français doit pouvoir remplacer la littérature en latin. Le latin était à l'époque seul considéré comme une langue littéraire alors que le français était la langue du peuple, la langue vulgaire que l'on parlait mais que l'on n'écrivait pas.
- La langue poétique qu'ils utiliseront sera tout de même sophistiquée : Ils puisent leur inspiration dans l'Antiquité, dans les mythes, traduisent avec leur propre style des textes poétiques et s'en inspirent pour composer des poèmes en français.
- Le but de la Pléiade est l'immortalité et la gloire : ils choisissent comme leurs modèles antiques des sujets généraux et élevés de façon à subsister dans le futur et à ne pas être victimes de modes passagères.
Joachim du Bellay
De santé médiocre, sa vie est marquée par un voyage à Rome dont il attendait les plus grandes joies, mais qui ne lui apportera que d’infinis « regrets ».
Ses Premières Années
La langue d'enseignement est le latin, mais il semble bien, par ses références ultérieures, que Du Bellay se plonge plus volontiers dans Virgile, Lucain, Horace, Quintilien ou Martial que dans Cicéron. Dorat est le maître commun à tous ces jeunes gens qui vont former le noyau dur de la Pléiade. Il les initie à l'humanisme et aux humanités, au latin et surtout au grec, inconnu de la plupart, leur fait lire les textes dans les originaux, et les encourage en même temps à traduire, à imiter, et à s'affranchir des modèles. Toute la vie poétique de Du Bellay tient dans ces trois points : souvent il a traduit, longtemps il a imité, s'est imprégné, dégageant finalement une voix personnelle.
Un Jeune Poète Militant
Du Bellay rédige sa *Défense et illustration de la langue française* (1549), dans laquelle il prétend que l'on peut, en français, rivaliser avec le latin, et même le supplanter.
Souffrance et Exil
Du Bellay est tôt affligé d’une surdité partielle. Le poète s'est entre-temps ressourcé en traduisant le quatrième livre de l'*Énéide* de Virgile, et a composé un *Tombeau de Marguerite de Valois*. Il publie un nouveau *Recueil de poésie* avant son départ.
Ses Dernières Années
Au début de 1558, en quelques mois, paraissent l'*Hymne au Roi sur la prise de Calais*, les divers *Jeux rustiques*, ses chefs-d'œuvre *Les Regrets* et *Les Antiquités de Rome* – sans compter plusieurs traductions du latin et du grec. Les divers *Jeux rustiques* s'apparentent à ces *Folastries* qu'écrit alors Ronsard, ou aux *Passetemps* de Baïf : les sujets sont plaisants, réalistes ou rustiques. Il souffre de plus en plus de sa surdité. *Les Regrets* contiennent comme un écho des difficultés matérielles dans lesquelles il se débat une fois de retour en France (« Mille soucis mordants je trouve en ma maison »). Il meurt le 1er janvier 1560. Il a à peine 37 ans.
Œuvres de Du Bellay
L'Olive
Les préfaces successives de l'*Olive* reprennent la polémique de la *Défense et illustration* : Du Bellay a à cœur de prouver que le français peut aller plus loin que le latin et que l'italien. Le thème de la « belle matineuse » est directement emprunté aux Italiens, Pétrarque ou Rinieri – et, transmis par Du Bellay, sera repris par Ronsard, Olivier de Magny et, plus tard, Malleville ou Voiture. L'année suivante, soixante-cinq poèmes s'ajoutaient aux cinquante premiers, le recueil est orchestré par le temps liturgique séparant Noël de Pâques – de la naissance à la Résurrection – et de nombreux poèmes témoignent d’une réflexion mystique manifeste.
Les Regrets
C'est avec le lyrisme des *Regrets* que Du Bellay prend sa stature définitive dans l'histoire de la poésie française. À Rome, le poète s'est senti en exil – comme Ovide lorsqu'il composa les *Tristes*, dont « regrets » semble être la traduction. L'essentiel des 191 sonnets des *Regrets* tourne autour de la mélancolie née de l'éloignement. Rien d'étonnant si le plus célèbre de ces sonnets est le fameux « Heureux qui comme Ulysse… », où l'Angevin pleure sur l'ennui de son séjour romain. *Les Regrets* sont en même temps le premier recueil de poésie française qui joue sur une « mise en abyme » de l'art poétique : l'auteur combine la forme très corsetée du sonnet et le goût de la litanie pour énumérer tout ce à quoi il renonce, et conclure, par une pointe inattendue – d'autant que tout le poème est une démonstration de virtuosité inspirée : « Et les Muses, de moi, comme étranges, s'enfuient. »
Les Antiquités de Rome
*Les Antiquités de Rome*, composées au même moment, brodent plus classiquement sur le thème du temps destructeur de toutes choses, et de la vanité de la gloire.
Du Bellay : Défense et Illustration de la Langue Française
Le manifeste développe quatre grandes idées :
- Faire triompher la langue française contre les latinisants et ceux qui l’utilisent mal ;
- Enrichir le vocabulaire et les procédés en évitant la traduction ;
- Créer une nouvelle poésie qui abandonnerait les genres antérieurs médiévaux et marotiques (Clément Marot), privilégiant les genres et les maîtres antiques ;
- Considérer la fonction divine du poète, celle de chanter à la gloire nationale et à l’immortalité.
Pierre de Ronsard : Le Poète des Amours
Chef de la Pléiade, puis poète officiel de la Cour (sous Henri II et Charles IX), il poursuit une brillante carrière, soucieux de laisser à la postérité une œuvre immortelle. Il est d'abord page de beaucoup d'aristocrates, dont le fils du roi François Ier. Il se destinait à la carrière de militaire et de diplomate, ayant déjà été secrétaire de l'ambassadeur Lazare de Baïf ; mais une grave maladie le rend à demi-sourd ; il doit donc réorienter son avenir. Le 6 mars 1543, il est tonsuré au Mans. Il s'installe à Paris en 1544. C'est là qu'il contribue à former la Pléiade, groupe d'écrivains qui se donnent comme mission d'enrichir la langue française et de créer une véritable littérature française. Grand humaniste, il devient le poète le plus important du groupe avec Joachim du Bellay, qui rédige en 1549 la *Défense et Illustration de la langue française*. Ronsard ne fait pas d'études littéraires régulières, il apprend sous l'influence de beaucoup d'écrivains. Grand humaniste, il veut une poésie inspirée de l'Antiquité tant au niveau des thèmes qu'au niveau de la mythologie ; il renoue avec Homère, Virgile et Horace. Il prône un style savant, plein d'images.
Œuvres de Ronsard
Odes
Poèmes inspirés du lyrisme grec et latin où il chante la nature.
Les Amours
Sonnets composés en l’honneur de Cassandre Salviati, rencontrée dans un bal de cour, et où abondent les comparaisons mythologiques et les figures précieuses.
Continuation des Amours
Sonnets composés en l’honneur de Marie Dupin, paysanne de Bourgueil : poésie plus simple et plus familière, empreinte de sincérité.
Les Amours (dernier recueil)
Le dernier recueil comporte deux volets : *Sur la mort de Marie* et *Sonnets pour Hélène* : Ronsard vieillissant rencontre Hélène de Surgères, fille d’honneur de Catherine de Médicis.
Agrippa d'Aubigné : Poète de l'Épopée
Il s’engage dans la guerre contre les catholiques. Éduqué dans les idées humanistes et la religion protestante, à l’âge de sept ans il peut déjà lire le latin, l’hébreu, le grec et le français. Soldat et conseiller fidèle du jeune roi de Navarre, le futur Henri IV, il prend part à plusieurs batailles. Après la conversion d’Henri IV au catholicisme, Agrippa d’Aubigné, resté fidèle à la cause protestante, se met à l’écart. En 1620 il est contraint de se réfugier à Genève où il passe les dix dernières années de sa vie. Il décède le 9 mai 1630.
Œuvres d'Aubigné : Les Tragiques
*Les Tragiques* parurent en 1616, longtemps après les événements qui les avaient inspirés. Le vers utilisé est l'alexandrin, auquel d'Aubigné imprime une énergie peu commune. *Les Tragiques* se composent de sept livres :
- « Misères » évoque les souffrances du peuple ;
- « Princes » accuse les turpitudes du roi et des grands ;
- « La Chambre dorée » l'indignité des juges ;
- Puis « Les Feux » célèbrent les protestants, martyrs de la Réforme ;
- Et « Les Fers » disent leurs combats et les massacres des guerres civiles ;
- « Vengeances » et « Jugement », enfin, annoncent le châtiment des coupables et la récompense des justes.
*Les Tragiques* reste son œuvre la plus connue aujourd’hui. Elle raconte les malheurs de la France pendant les guerres de religion, et en appelle au jugement de Dieu pour trancher entre les Justes et les Méchants.
Naissance de l'Essai avec Michel de Montaigne
Montaigne a élaboré les *Essais* pendant trente ans. L’œuvre rend compte au mieux de ce qu'est l’écriture conjuguée avec la réflexion sur le monde et sur soi.
Le Style de Montaigne
: Dans son style il y a deux qualités, il est spontanée, il est imagé. ce style est imagé comme celui d'un poète, d'un vrai poète, qui ne plaque pas des images sur des abstractions, mais qui pense par images, et qui voit tout ce qu'il imagine.
Ouvres de Michel de Montaigne : un premier travail littéraire, la traduction du Livre des créatures de Raymond Sebond, il écrit et lit, mais ne s’éloigne pas de la vie publique. Le Journal de Voyage, partiellement rédigé par Montaigne, ne paraîtra qu’en 1771. Essais .il a trois livres différents et après jus au fin change tout. Le thème c’est l’éducation. Les Essais sont le fruit de vingt années de réflexion (à l’origine, il s’agit de simples annotations en marge de ses lectures), les trois livres des Essais retracent l’évolution de la pensée de Montaigne. Il commence par adhérer au stoïcisme. Puis il se tourne vers le scepticisme qui le conduit au doute, Enfin, il bâtit une philosophie, qui consiste à suivre la nature, à jouir pleinement de la vie en fuyant les excès, et à cultiver son moi. Il faut y préparer l’enfant par l’éducation.
Le roman et le conte est né avec François Rabelais : plus médiéval que renaissant. A l’étude approfondie des langues anciennes ; latin, grec et hébreu. Rabelais suit des études de médecine à la faculté de Montpellier et devient médecin en 1532 à Lyon, Pantagruel une de ses ouvres est condamné par la Sorbonne.
Ouvres de Rabelais : Pantagruel et gargantuaest un roman satirique en 5 livres . Le premier (Pantagruel) le duexième gargantua. Le troisième (tiers livre), le quatrième (quart livre) et le cinquième livre . Cette ouvres parlent des contes populaires du géant Gargantua et dans une foule de localités, on appliquait son nom à des monuments prétendument celtiques. Les quatre romans attestés ont chacun une autonomie d’écriture, même s’il est d’usage de regrouper le Pantagruel et Gargantua d’une part, le Tiers et le Quart Livre d’autre part, a. Le rapport à l’actualité : il est toujours présent par de nombreuses allusions et met en cause le temps épique. b. Le « pantagruélisme » : il oscille entre une définition de bon vivant, « vivre en paix, joie et santé, faisant toujours grande chère » c. L’esprit carnavalesque : il est lisible soit dans la description de rites précis, soit dans une thématique qui en relève. d. La bigarrure : bâtis et surfilés plus que cousus, les romans rabelaisiens emploient la dynamique étrange de l’inachèvement et de l’erreur généralisée. e. L’ambiguïté : Rabelais a mis en perspective les ambiguïtés de son texte dans le Prologue de Gargantua, où il revendique d’abord une « moelle » à déguster sous l’os ; la critique, interprétant souvent cette opposition comme celle du sérieux couvert de ses audaces par un comique sans risque. Pantagruel : Le roman change de héros. Pantagruel avait triomphé dans une controverse fatrasique, et Gargantua avait résolu par une argumentation à la fois spécieuse et créative le dilemme de la mort de Badebec : Panurge vaincra dans la disputation par signes. Alors que le géant ne supportait pas le langage artificiel de l’écolier limousin, il admire chez Panurge une virtuosité linguistique fondé pour la connaissance de langues et la rhétorique des styles. Gargantua. Plaidoyer pour une culture humaniste contre les lourdeurs d’un enseignement sorbonnard figé, Gargantua est aussi un roman plein de verve, d’une grande richesse lexicale, et d’une écriture souvent crue. Ce roman est aussi construit sur des aspects contrastifs : l’éducation scolastique s’oppose à la pédagogie humaniste ; l’idéal de paix est défendu par Grandgousier contre l’invasion picrocholine, mais Frère Jean réalise une joyeuse boucherie dans le clos de Seuillé pour défendre la vigne. Le tiers de livre : Le troisième livre est presque tout entier consacré au thème du mariage. Il est plein de verve, il abonde en traits satiriques décochés aux femmes. Il a la puce à l'oreille et songe à se marier, mais comme il craint fort d'être trompé, il fait une enquête prudente sur les vices et les vertus des femmes et les risques qu'il peut courir d'être heureux ou malheureux en ménage. Le quart livre : Pantagruel s'embarque donc avec sa suite pour rendre visite à Bacbuc. Telle est la transition facile du troisième livre au quatrième, mais ici le ton change. Les incidents de ce dernier voyage sont d'une invention pénible et d'un burlesque contestable : les descriptions d'animaux merveilleux, de monstres effrayants sont assez peu intéressantes. On a dit qu'il y avait là une satire des expéditions lointaines et des récits presque incroyables auxquels donnent, lieu les voyages d'aventures, mais une satire qui serait plus ennuyeuse que les ouvrages qu'elle ridiculise ne mériterait guère ce nom et n'aurait même aucune raison d'être.
Marguerite de navarre : le talent de la forme dit la chair aussi bien que l’Esprit. Ses poèmes, inspirés par une théologie affective proche du nicodémisme, font d’elle la cible de Noël Béda qui interdit en 1533 le Miroir de l’âme pécheresse, édité avec le Dialogue en forme de vision nocturne. Cette poésie utilise les thèmes traditionnels de la mystique.Sa philosophie de l’amour insiste sur la Grâce indispensable. ses Moralités qu’elle fait représenter, restent dans l’esprit illuministe des Poésies et son œuvre théâtrale et poétique est réunie l’année de sa mort dans les Marguerites de la Marguerite des Princesses sans que l’ouvrage qui fera sa gloire, l’Heptaméron, soit connu du public.
Ouvres de Marguerite de Navarre : l’héptamerón : Il s’agit d’un recueil de nouvelles et de contes composés par Marguerite, reine de Navarre, à l'imitation du Décaméron de Boccace. La scène se passe aux Pyrénées; les dix personnages qui y jouent un rôle sont réunis dans une abbaye où des pluies torrentielles les ont contraints de se réfugier. Les récits de l'Heptaméron ne se distinguent ni par l'intérêt ni par l'art de la composition; mais le style a de l'agrément et de la finesse. Les sujets roulent sur les ruses et les tromperies de l'amour; ils sont racontés avec une crudité de détails peu édifiante, à l'appui d'une maxime contenue dans le prologue dont chacun d'eux est précédé, et tendent à une moralité qui est déduite dans l'épilogue; mais cette moralité est souvent équivoque.
TEMA 3
LITTÉRATURE BAROQUE ET CLASSICISME
À la fin du XVIe siècle, la France sort déchirée par les guerres de Religion et souhaite l’instauration de l’ordre : Henri IV, Louis XIII et son ministre Richelieu s’attachent à renforcer le pouvoir politique qui s’épanouit avec Louis XIV et l’absolutisme.
LA CRÉATION LITTÉRAIRES DU BAROQUE : Le XVIIe siècle est marqué en littérature par deux courants importants. est le mouvement baroque et le classicisme. Le baroque et le classicisme coexistent et compris chez un même auteur. l'héritage humaniste a aussi donné naissance à un mouvement très controversé mais dont l'influence sera importante, le libertinage. Ces deux courants esthétiques avec deux tendances opposée sont à certains égards contradictoires: traduction privilégiée des émotions, déploiement parfois débridé de l'imaginaire dans le cas du Baroque, priorité à la raison et à la mesure dans les oeuvres marquées par le Classicisme. Néanmoins il est parfois difficile d'établir une frontière entre les deux mouvements. Reference au passé classique humaniste.
LA POESIE BAROQUE : dans le baroque nous trouvons Deux esthétiques coexistent au cours du siècle : le courant baroque, qui prédomine jusque vers les années 1660, et l’esthétique classique qui s’impose peu à peu. Les premiers représentants de la poésie baroque sont : Guillaume de Salluste , seigneur Du Barta s (i544-1590), imite les procédés des poètes de la Pléiade en ce qui concerne le lexique poétique, la formation de mots nouveaux sur le patron des Anciens. Mais il prend les sujets de ses vastes poèmes dans la Bible. Et Malherbe :
LE RÔLE DE MALHERBE, DU BAROQUE AU CLASSICISME : Malherbe illustre la diversité littéraire qui caractérise cette époque dans ses premières œuvres, il penche vers le baroque, puis il est gagné par une conception plus rigoureuse de la poésie et élabore une doctrine qui annonce le classicisme. cette poésie assume l’expression des sentiments de la collectivité, elle sublime les lieux communs dans une forme sacralisée, issue directement du cantique religieux, d’où dérivent les Odes, Stances. L’amplitude du mouvement et la sonorité des vers haussent l’expression du remords au niveau d’une solennelle lamentation, il mérite la désignation de « grand lyrisme » pour ses « Consolations » et pour le développement des thèmes funèbres dans les Psaumes. SES OUVRES : « consolation à M.du Périer », « prière pour le roi allant en Limousin », « commentaires sur desportes ». Il épure la langue, la débarrasse des mots rares, des termes techniques, des régionalismes et discipline sévèrement la technique poétique. La doctrine de Malherbe apporte «une critique des défauts», non pas une «critique des beautés» C'est une série d'interdictions et de préceptes concernant la langue et la versification. La poésie devient une sorte de «jeu de société».
MATHURIN RÉGNIER. LE SATIRIQUE DU BAROQUE : Le mérite de Régnier est d'avoir élevé la satire au niveau d'un genre littéraire. Dans la «Satire à Rapin» il s'oppose aux nouveautés de Malherbe qu'il jugeait contraires à toute véritable poésie. «Le Souper ridicule» (X) et «Macette» (XIII), portrait réaliste d'une fausse dévote, comptent parmi les plus célèbres. Régnier restait, en somme, fidèle à l a tradition humaniste et à l'individualisme esthétique de la Renaissance.
Théophile de viau, un libertin lyrique du baroque : Né près d’Agen, il mène une vie libertine et dissolue. Il est emprisonné pour avoir écrit des vers impies. En dehors de la tragédie Pyrame et Tbisbé (1617), très lyrique, il écrivit des Œuvres poétiques où i l se montrait un poète indépendant, suivant sa propre nature et traduisant franchement les émotions fugitives ou pénétrantes qu'éveillait en lui la vie, enjoué, élégiaque, discrètement harmonieux.
Saint-amant un aventurier poète : Il fut l'un des premiers membres de l'Académie française. Son premier poème était dans le genre sentimental. « Odes poétiques » : quatre recueils à l’inspiration variée : poète baroque, il décrit la nature dans sa diversité et son caractère éphémère ; poète précieux, il chante l’amour et ses subtilités ; poète burlesque, il évoque avec humour les réalités de la vie quotidienne.
PAUL SCARRON, LE COURANT BURLESQUE, CONSIDERÉ LE MAÎTRE DU BURLESQUE, DANS LE BAROQUE :
D’inspiration baroque, le burlesque désigne un mode d’écriture très en vogue à l’époque de la régence d’Anne d’Autriche et de la Fronde Il cultive l’art de la discordance et houe sur les effets d’opposition : tantôt, il met en scène un grand personnage auquel il prête un langage vulgaire ; tantôt, à l’inverse, il prête à des petites gens le langage des héros, l’exemple le plus célèbre est Le Lutrin de Boileau. Issu de la bourgeoisie parlementaire parisienne, il entre dans les ordres pour s’assurer des revenus et mène une vie de libertin. Malade et paralysé, en butte à des perpétuels soucis d’argent, il prend néanmoins le parti de rire de ses malheurs. Ses ouvres : Le Virgile travesti (1648-1652) : une parodie burlesque de l’Énéide de Virgile. Les héros sublimes de cette épopée deviennt des bourgeois grotesques.
LE CLASSICISME: la période de la littérature et de l'art français qui s'étend de 1661 à 1685, ce qui correspond à la toute-puissance de la monarchie absolue. Le terme « classique » est pour la première fois utilisé par Stendhal au XIXème siècle pour désigner les œuvres du XVIIème qui s’inspirent de l’art antique. Le classicisme est un humanisme qui s’applique à l’analyse et à la peinture de l’homme en se référant à l’enseignement des anciens, mais il a des valeurs propres et strictes : la discipline, l’ordre et la régularité. LE PRECURSEURS ET LA RECHERCHE DE RÈGLES En 1635, Richelieu fonde l'Académie française, dont les quarante membres sont chargés d'introduire l'ordre dans la langue et dans la littérature par le moyen d'un dictionnaire, d'une grammaire et d'une poétique les Remarques sur la langue française de Vaugelas codifient le bon langage, prônent la clarté fondée sur la raison. UNE VISION ESTHÉTIQUE ET MORALE ; Cette communauté de goût, qui aboutit au remarquable essor de la prose et de la poésie françaises, s'exprime dans quelques grands principes qui fixent les caractères généraux du classicisme. Boileau s'en fait l'écho en 1674 dans son Art poétique. • L'imitation des Anciens D'abord, tous les écrivains classiques sont d'accord pour prôner l'imitation des Anciens, c'est-à-dire l'imitation des thèmes abordés par les écrivains de l'Antiquité gréco-latine. La maîtrise de la nature et de l'âme Aucune envolée de l'imagination, nul dérèglement, nulle fabulation ne sont donc recherchés. Ce qui est privilégié, c'est une « action simple chargée de peu de matière », puisque « toute l'invention réside à faire quelque chose de rien. L'ordre et la clarté, l'équilibre et la perfection, l'analyse et la vérité, la raison et la vraisemblance sont les valeurs du classicisme. La recherche du beau absolu et du bien. Enfin, cette discipline et cette éloquence sont inséparables de la certitude qu'il existe un beau absolu. Cependant, si quelque obscure et inconsciente raison attire les écrivains vers ce beau absolu, vers cette peine et ce labeur d'écrire, il ne faut pas oublier que cette ascèse se propose aussi un autre but : rendre l'homme meilleur.
L’IDÉAL CLASSIQUE : le classicisme implique dépouillement et humilité, harmonie et discipline, ordre et permanence, un ordre radical de l’œuvre dans ce qu’elle a de plus intime.
LA POÉSSIE CALSSIQUE : il y a deux représentants le plus important : jean de la fontaine le maître de la fable. Fables : livres I à VI dédies au Dauphin, fils de Louis XIV, livres VII à XI dédiés à Mme de Montespan et livre XII dédié au jeune duc de Bourgogne, élève de Fénelon. Nicolas Boileau le théoricien du Classicisme. Avec ses ouvres de « l’Art poètique qu’est una codification des principes de l’art classique fondés sur des exigences de travail, de rigueur et de clarté. Dans cette ouvre on peut voir clairement les préceptes de sa doctrine. « satires » Boileau s’attaque aux vices et aux ridicules de son temps. Elles se moquent des mauvais poètes, attaquent les mœurs de la ville et les défauts de ses contemporains et « Le lutrin » des chanoines se querellent au sujet d’un lutrin : un événement banal traité sur un mode pompeux. Il s’agit d’une œuvre didactique et satirique sous le signe de la raison.
LE ROMAN BAROQUE ; LE COURANT PRÉCIEUX : La préciosité se développe dans les hôtels aristocratique et les salons. Elle preocède d’un désir de s’èlever au-dessus du vulgaire et se traduit par une recherche affectée de la distinction dans les manières, dans les sentiments et dans le langage. Face à la préciosité de bon aloi, qui consiste à rechercher la distinction, il existe une préciosité qui se rend ridicule par son exubérance ; c’est celle dont se moque Molière. Malgré ses excès, la préciosité a contribué à forger la langue classique, dans sa volonté d’épurer le langage ; elle a orienté la littérature vers l’analyse du coeur humain, ouvrant ainsi la voie à la psychologie classique.
HONORÉ D’URFÉ ; LE MAÎTRE DU ROMAN PASTORAL : À dix-sept ans, il tombe amoureux de sa belle-sœur, Diane de Châteaumorand. Fervent catholique, il s’engage dans les guerres de Religion. En 1600, alors que son frère se consacre à la vie religieuse il peut épouser celle qu’il aime. Il compose Sireine, un poème pastoral, publié en 1604, qui est une allégorie de ses amours, et des Épîtres nouvelles (1598, 1603, 1608), où d'Urfé développe, dans une prose à la fois érudite et encombrée, une théorie platonicienne de l'amour. SES ouvres : « L’astrée » 5000 pages contant dans un décor bucolique les aventures du berger Céladon et de la bergère Astrée, épris l’un de l’autre, mais issus de familles ennemies. On le considère comme le premier roman-fleuve de la littérature française. Une structure romanesque complexe, riche d’intrigues secondaires ; une peinture subtile du sentiment amoureux, une conception de l’amour qui repose sur le mérite et les valeurs morales.
MADELEINE DE SCUDÉRY UNE PRÉCIEUSE ILLUSTRE : Elle tient un salon littéraire à Paris qui devient bientôt le haut lieu de la Préciosité. Militante féministe, elle revendique pour les femmes l’accès à l’instruction et refuse le mariage. Son attachement pour son frère, écrivain lui aussi, la console des désillusions amoureuses. SES OUVRES ; »LE grand Cyrus », Cyrus est amoureux de la belle Mandane qui lui est plusieurs fois enlevée. Il se livre à des poursuites et à des combats incessants pour la retrouver. « Clélie » Oeuvre en dix volumes contenant la fameuse carte du Tendre ; celle-ci reproduit l’itinéraire symbolique suivi par l’Amant, qui doit éviter le lac d’Indifférence pour gagner le village de Tendresse ou de Sincérité. Oeuvre multiple, foisonnante et irréductible, la Correspondance de Mme de Sévigné est une œuvre-clef pour la connaissance du XVIIe siècle dans son esprit, et du fait littéraire dans ce qu’il a de plus élémentaire : la communication par lettres. De cette possible métamorphose de la vie en art, l’auteur eut obscurément conscience.
LA TRADITION BURLESQUE : PAUL SCARRON : Ex-abbé galant devenu libertin parisien difforme cultive le genre burlesque. Proche de la Fronde, puis protégé de Fouquet, enfin époux de Françoise d'Aubigné – future marquise de Maintenon, épouse morganatique de Louis XIV –, il accumule les déconvenues. Mais il a la réputation de faire face par le rire et la dérision, SES OUVRES : « LE ROMAN COMIQUE », il utilise le style burlesque en orfèvre pour jouer de l'opposition entre le haut et le bas, les réalités sordides, les mots du registre populaire, et la dignité que ses personnages sont censés vouloir conserver. Le roman est composé en deux parties : l'une est dédiéé « au coadjuteur », le cardinal de Retz, frondeur magnifique ; l'autre à la surintendante », l'épouse de Fouquet, dernier grand mécène privé et futur exilé. L'ensemble est inachevé, l'auteur étant mort sans avoir conclu son histoire. L'argument en est simple : une troupe de comédiens, qui rêve de jouer fièrement la tragédie, se trouve prise dans des accidents sordides. Le roman est donc doublement comique : divertissant, il a aussi rapport à la comédie, ce qui lui permet d'être à la fois irrespecteux, réaliste et novateur.
MADAME DE LA FAYETTE ET LE ROMAN CLASSIQUE : Le roman est sans doute le genre qui s’est le plus développé au dix-septième siècle. Les caractères du roman à l’époque classique rejoignent les grandes lignes de l’esthétique qui triomphe au théâtre, mais ils ont aussi pour grand mérite de préparer l’essor incomparable du genre pendant les siècles suivants, de Marivaux à Balzac. UNE NOUVELLE ESTHÉTIQUE, LE DÉCLIN DES ROMANS HÉROÏQUES ; La recherche d’un réalisme plus net va d’abord s’affirmer par l’adoption d’une forme plus courte : la nouvelle. De plus, les valeurs héroïques avaient été combattues aussi bien par la politique d’ensemble de Louis XIV l’invention d’un nouveau réalisme : Dans la génération classique, le réel n’est plus réduit à son aspect outrancier et ridicule : il devient sérieux, car il est inspiré de la vérité historique. La nouvelle, qui, comme son nom l’indique, tient plus de la chronique véritable que de la fiction, confirme cette recherche de réalisme. Mais la véritable réflexion théorique va naître des débats suscités par La Princesse de Clèves, de Madame de La Fayette (1634-1693), qui demeure bien un roman d’amour, mais ancré dans un contexte historique précis. Le goût des genres mondains : En présentant la fiction comme un document brut, qu’il a découvert par hasard et qu’il veut simplement publier, le romancier joue subtilement avec le réel : on a ainsi cru pendant longtemps que les Lettres portugaises (1669) de Guilleraues (1628-1685) étaient authentiques. Les verités du cœur ; Elle épouse le comte de La Fayette et mène une vie mondaine dans les salons parisiens. « la princesse de
Clèves un roman d’amour fondé sur l’histoire : Roman bref, en quatre parties, La Princesse de Clèves raconte l’amour impossible d’une jeune femme mariée et fidèle pour un gentilhomme, à l’époque du roi Henri II (1547-1559). On y retrouve la psychologie élaborée par les romans héroïques et précieux. Les éléments traditionnels du roman sont présents : lorsque la Princesse, après une brève retraite à Coulomier, revient à Paris, elle se voit dérober un portrait d’elle par le duc, dont elle est toujours amoureuse. De même, c’est une lettre galante échappée accidentellement au duc qui lui fait subir les affres de la jalousie. Un roman classique Il a marqué son temps, ne serait-ce que par le scandale provoqué par la scène de l’aveu. Héritière du langage précieux, dont elle connaît toutes les finesses, Madame de La Fayette a su en faire ressortir toute la force en atténuant tous les excès. L’autre point de rupture avec la tradition galante du roman est le choix d’une intrigue fondée sur une histoire simple, même si Madame de La Fayette ne perd jamais de vue.
L’ART ÉPISTOLAIRE : Plusieurs circonstances sont nécessaires pour qu’une correspondance soit pieusement conservée et publiée : il faut que l’auteur ait occupé une place assez importante dans la société de son temps, et que ses lettres puissent servir en quelque sorte à compléter l’histoire et les mémoires ; il faut aussi que l’auteur y ait mêlé des sentiments si vifs et si profonds qu’à l’intérêt du document historique se joigne la valeur du document humain.
MADAME DE SÉVIGNÉ UNE PLUME ALERTE DANS L’ART ÉPISTOLAIRE : Cette séparation fut douloureuse : Mme de Sévigné idolâtrait sa fille. Et nous devons à cette circonstance et à ce sentiment un peu outré, la plus grande et la plus vivante partie des lettres de la marquise. Ses ouvres : « Les lettres » s sont à la fois des lettres et une œuvre d'art. D'abord des lettres, celles qu'une mère écrit à sa fille absente pour lui dire son amour, ses espoirs, ses lectures, ses rencontres, les nouvelles qu'elle vient de glaner, pour recevoir à son tour de l'enfant chérie des lettres auxquelles elle s'empressera de répondre afin d'entretenir le dialogue indispensable à son cœur. « les lettres » sont un monologue. Ses Lettres sont le recueil épistolaire le plus considérable et le plus parfait du XVIIe siècle. Elles sont d'abord un document d'histoire de premier ordre : non pas tant pour le détail matériel et chronologique des faits, que pour l'expression de la vie et des moeurs d'une société d'un siècle.
LA LITTÉRATURE DES IDÉES : LA PENSÉE PHILOSOPHIQUE :
RENÉ DESCARTES LE TRIOMPHE DE LA RAISON : il élabore une nouvelle méthode de connaissance fondée sur la raison, qui, seule, permet à l’homme de parvenir avec une parfaite certitude aux plus hautes vérités. Le fameux Cogito, ergo sum (« Je pense, donc je suis ») fait de la pensée le principe de l’existence.
BLAISE PASCAL UN « EFFRAYANT GÉNIE » SES OUVRES : Les Provinciales (1656-1657) : Pascal défend la cause janséniste et dénonce la morale relâche des Jésuites. • Les Pensées (1669-1670): l s’agit de Blaise Pascal rassemblant des papiers retrouvés après sa mort. Cette œuvre est principalement une apologétique, c'est-à-dire une défense de la religion chrétienne contre les sceptiques et les libres penseurs.
MORALISTES ET T´MOINS DU SIÈCLE
FRANÇOIS DE LA ROCHEFOUCAULD ; LE MAÎTRE DE LA MAXIME ses ouvres : Issu de la haute noblesse, déçu par la monarchie, il se range, durant la Fonde, du côté des rebelles. • Les Maximes (1664) : elles sont à l’origine un jeu de salon : il s’agit de trouver des réflexions piquantes et brillantes pour exprimer une vérité générale. La Rochefoucauld se montre pessimiste quant à la nature humaine : selon lui, l’amour-propre est le principe fondamental du comportement humain.
LE CARDINAL DE RETZ : UN ESPRIT INDÉPENDANT : Mémoires (publiés n 1711) : en restituant l’atmosphère de cette période agitée, il se montre un portraitiste féroce, se dépeignant lui-même avec une franchise cynique. L’expression est spontanée, la verve savoureuse.
JEAN DE LA BRUYÈRE; LA SATIRE SOCIALE: « les caractères et mœurs de ce siècle publiés en 1688. l'auteur cachait un ouvrage original, tout entier porté à décrire, satiriser, juger et mettre en débat les grands sujets du temps, tout en respectant la propension du genre à parler des valeurs universelles. Devant le succès rencontré, La Bruyère ajouta de nombreux textes originaux, interpola les fragments, si bien que les éditions se succédèrent jusqu'en 1694. L'édition finale est composée de seize chapitres. À l'intérieur de chacun d'eux, les fragments sont numérotés. Son projet et son esthétique, et insisté dans sa deuxième partie sur la vertu individuelle des hommes et des héros.
LA LITTÉRATURE RELIGIEUSE AVEC DOS AUTEURS :
JACQUES-BÉNIGNE BOSSUET, L’ÉLOQUENCE RELIGIEUSE Précepteur du Dauphin, fils de Louis XIV, évêque de Meaux, il prêche de nombreux sermons cherchant à toucher les âmes. Puis il prononce des « Oraisons funèbres » à l’occasion de la mort de personnages célèbres : celles d’Henriette de France (1669), d’Henriette d’Angleterre (1670), de Condé (1687). il souligne la vanité des choses de ce monde. Son éloquence est simple et ferme : il frappe les imaginations par la puissance des images poétiques.
FRANÇOIS DE LA MOTHE-FÉNELON, un précurseur des philosophes : Ordonné prêtre, il devient précepteur du duc de Bourgogne petit-fils de Louis XIV. Puis il est nommé archevêque de Cambrai. Compose “les aventures de télemaque et les études préparatoires `a l’esplication des maximes des saints durant les conférences d’issy » Il a été élu à l'Académie française le 7 mars 1693, nommé à l'archevêché de Cambrai le 4 février 1695. Télémaque serait donc écrit durant l'année 1694, alors que le duc de Bourgogne a douze ans, et que le roi, malade, remarié secrètement avec Mme de Maintenon en 1683, âgé de cinquante-six ans, règne depuis trente-trois ans. Telemaque : ce e texte est conçu comme une insertion dans le récit de L'Odyssée : Télémaque, fils d'Ulysse, part à la recherche de son père et le retrouve à son retour, à Ithaque. L'itinéraire du héros forme la matière de vingtquatre livres (ce découpage date de 1717) qui exploitent autant de thèmes esthétiques, moraux, politiques et religieux. Télémaque est guidé par Mentor, l'ami de son père, et qui se révélera être Minerve, bonne fée et déesse de la raison athénienne.
TEMA 4
LE SIÈCLES DES LUMIÈRES: Le XVIIIe siècle rejette toutes les formes d’autorité : à l’absolutisme rigoureux de Louis XIV. C’est un siècle de le progrès des idées nouvelles, apogée des Lumières et sensibilités préromantiques, les années de la Révolution. C’est aussi une littérature des idées, Le XVIIIe siècle est connu comme "siècle des Lumières"
Un mouvement philosophique : À travers la figure du philosophe, le milieu littéraire n’a pas seulement accédé à la légitimité ; il est en passe d’obtenir une sorte de sacralisation, qui se manifestera à Paris, en 1778, avec Voltaire ; sous la Révolution, au Panthéon.
Montesquieu (charles-Louis de Secondat), le philosophe politique : Homme de lettre et philosophe français, Montesquieu a inspiré les débuts de la Révolution française. Montesquieu est l'auteur de l'Esprit des Lois, qui a fait l'objet d'attaque de la part des religieux et des Lettres Persanes, qui est considéré comme une satire audacieuse des mœurs des Français à la fin du règne de Louis XIV. Ses aouvres. « les considerations », l’esprit de Lois », Dans cette œuvre, Montesquieu a voulu créer la science des lois positives ( la raison humaine): éliminer le hasard, expliquer par un principe commun des faits disparates. Il y marque son mépris pour le despotisme, régime incompatible avec " l'amour des hommes pour la liberté", et dénonce avec vigueur tous les abus.
Voltaire ; un brillant polémiste : François Marie Arouet fut enfermé à la Bastille pour avoir écrit des vers satiriques sur le régent, Philippe d'Orléans. A sa sortie de la prison, il prend le nom de Voltaire. A son retour en France, il commence à écrire des ouvrages philosophiques et historiques. Il a abordé tous les genres littéraires: poésie, théâtre, conte philosophique, histoire et philosophie. Poète, il a deux épopée: la Henriade et l'épître à Horace. Voltaire a écrit plusieurs ouvrages qui révèlent une documentation sérieuse mais portant des jugements personnels: l'histoire de Charles XII, le siècle de Louis XIV, l'essai sur les mœurs ses ouvres : « « les siècle de Louis XIV », « l’essai sur les Mœurs », « Les lettres philosophiques », « poème sur le dásastre de Lisbonne », « Traité sur la Tolérance », « Le dictionnaire philosophique ».
Diderot : le directeur de l’encyclopédie : Diderot a été l’un des grands philosophes du XVIIIe siècle. Il commence sa carrière d’écrivain par « des essais philosophiques ». Il a réfuté la pratique religieuse et la croyance en Dieu. Selon Diderot, tout naît de la matière elle-même. L’auteur exprime sa pensée dans les « Entretiens de d’Alembert et Diderot » et « La Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient » Diderot porte en lui un conflit intérieur, une contradiction, un paradoxe entre la raison et la sensibilité. Sensuel et bavard, Diderot manque de délicatesse ; ses fautes traduisent une vulgarité dans les sentiments ses aouvres : « Lettre sur les Aveugles à l’usage de ceux qui voient », « le reve de d’alembeert », « le paradoxe sur le comédien ». « l’encyclopèdie.
Qu’est-ce que les lumières ? Promotion massive et multiforme de l’imprimé valorisation de l’éducation ; extension et vulgarisation des connaissances à l’usage d’un public plus vaste, dont on sollicite le concours actif et critique ; revendication d’une autonomie de la raison, appelée par nature à examiner sans préjugés toute réalité pour en tester la légitimité, prise de conscience et cette confiance. Les lumières sont ce qui fait sortir l’homme de la minorité qu’il doit s’imputer à lui-même.
le roman picaresque dans le siècle de lumières : D’origine espagnole, il raconte les aventures de « picaros », valets débrouillards, qui pratiquent tous les métiers et connaissent, dans leurs errances, toutes les vicissitudes du sort.
Alain-rené lesage, un realisme satirique dans le siècle des lumières : En France, René Lesage recueille cet héritage et écrit un des premiers romans picaresques français : Gil Blas de Santillane, un roman fleuve aux multiples péripéties et rebondissements. - Gil Blas de Santillane: histoire d’un jeune garçon audacieux et spirituel qui fait fortune après de multiples aventures. Ainsi le héros est confronté à toutes sortes de personnages hauts en couleurs issus de milieux très divers : nobles, prélats, voleurs, domestiques, médecins. C'est l'occasion de faire une satire acerbe et amusante de ces différentes catégories sociales : on perçoit la cupidité des plus riches, l'incompétence des médecins, les ruses des voleurs. Le réalisme de cette oeuvre mêlé à un humour constant rend la lecture particulièrement savoureuse. A travers ce personnage, on voit aussi une revendication du petit peuple qui rêve à plus de justice sociale, plus d'égalité … Le roman picaresque représente bien les aspirations de la bourgeoisie à jouer un rôle plus important dans la société. On retrouve ces thèmes dans deux grands romans de Marivaux qu’on verra tout de suite :"La vie de Marianne ", où une jeune orpheline essaie de sortir de la condition la plus humble, et connaît de rudes épreuves avant de parvenir à la considération et à la fortune,et" Le paysan parvenu "qui met en scène un fils de paysan Jacob sans fortune qui fait son chemin dans le monde.
Le roman psychologique : Il s’agit de romans où un personnage fictif raconte sa vie, son ascension sociale, comme le Paysan Parvenu ou la Marianne de Marivaux. L'auteur crée le roman réaliste en réaction contre le roman sentimental. Ses héros n'ont aucune qualité vertueuse, ils représentent des êtres moyens.
MARIVAUX : est un témoin essentiel de la société française de la première moitié du XVIIIe siècle. Le langage qu’il invente, à la fois libre et sophistiqué, est à l’image de sa conception des relations amoureuses, où les masques se jouent de la sincérité, et où la sincérité découvre les masques. Parfois jugé frivole ou superficiel – on parle de « marivaudage » pour dénoncer les excès de sa finesse –, Marivaux renouvelle l’approche de la psychologie humaine. SIX ROMAN PLUS CONNUS la Vie de Marianne, en onze parties, qui parurent de 1731 à 1744; et le Paysan parvenu, en cinq parties, Ce sont aussi tous les deux des récits en formes de Mémoires.
3.3.2. Jean – Jacques Rousseau (1712-1778) : les épanchements de la sensibilité-
- Né à Genève
-orphelin de mère, il se rend à Paris après une enfance vagabonde, et commence à écrire.
-Dans chacun de ses ouvrages, Rousseau va proposer un remède à la corruption des sociétés
-Dans les Confessions, Rousseau se souvient de ses premières lectures : ce sont les romans d'amours laissés par sa mère .
-3.4. Le roman exotique
-Ce sont les Mille et Une Nuits ( traduits par Galland) au début du XVIIIème siècle qui favorisèrent l'essor d'un nouveau genre de contes orientaux et de fables où l'exotisme façon "images d'Epinal" servira de cadres à des aventures dépaysantes (Jacques Cazotte par exemple et ses Contes arabes
3.4.1. Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) : un disciple de Rousseau
-Fils d'un modeste directeur des Messageries du Havre,
-Disciple de Rousseau, dans la mesure où il place le bonheur et la vertu en dehors de la société, Bernardin de Saint-Pierre subit aussi son influence littéraire. Mais, précurseur du romantisme, il est également l'inspirateur du Chateaubriand du Voyage en Amérique, d'Atala et du Génie du christianisme.
.5. Le roman libertin
-Le mot « libertin » vient du latin « libertus » qui signifie « affranchi » mais a deux significations. Du temps de Pascal (XVII ème siècle), ce mot désignait la liberté de pensée affranchi de toute doctrine religieuse. Au XVIII ème siècle s'ajoute à ce sens une idée de transgression morale
-Le libertinage est un courant de pensée qui naît au XVI ème siècle en Italie avec des auteurs comme Machiavel puis au siècle suivant en France. On parle alors de libre penseur
-Le récit libertin se caractérise par la volonté de convaincre et de persuader qui privilégie la dialectique (= art de résonner) puisque le séducteur doit amener l'autre à reconnaître la loi du plaisir
-Le récit libertin utilise la forme romanesque à la mode du XVIII ème siècle : le roman épistolaire. Il permet de multiplier les points de vue, de montrer la stratégie du séducteur et de montrer les conséquences sur les victimes. Il met en scène des personnages cyniques, experts dans l’art de la stratégie amoureuse et de la séduction.
Pierre Choderlos de Laclos (1741-1803) : un profond cynique
-Il mène une brillante carrière militaire, puis participe à l’action révolutionnaire. Il se rallie aux idées bonapartistes.
-il a beaucoup écrit par ailleurs, et dans des registres très variés. Laclos compose ainsi des pièces galantes, madrigaux, badinages de salon, plaintes amoureuses. , Il crée un opéra-comique, rédige des comptes rendus littéraires, des écrits politiques extrêmement variés, des essais sur l’éducation des femmes.
-- Les Liaisons dangereuses (1782) : recueil de lettres échangées entre deux libertins machiavéliques, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, qui jouent avec le coeur de leurs victimes.
2. Donatien de Sade (1740-1814) : un romancier à scandale
-Né dans une famille d'ancienne noblesse provençale,
-Il passe une trentaine d’années en prison « pour libertinage outré et blasphème »
-Aristocrate riche et égocentrique, athée.
-sujet à des accès de colère et de violence, il lui arrivait de maltraiter prostituées et domestiques en prison il écrire des romans érotiques
- fait ses études à Paris
-Il publie la Philosophie dans le boudoir (1795) et la Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu, suivie de l'Histoire de Juliette, sa sœur, ou les Prospérités du vice (1797). Le scandale déclenché par ce dernier roman provoque de nouveau son arrestation
Le conte philosophique
-le conte philosophique s'est imposé comme le genre voltairien
-Pour composer ses contes, Voltaire utilise toutes les techniques du conte traditionnel : la narration se fait sur un ton plaisant, dans un univers intemporel et imaginaire
-Le conte philosophique est donc un récit d'apprentissage.
-les contes philosophiques de Voltaire illustrent bien des débats du siècle des Lumières et sont représentatifs des multiples combats menés par l'auteur, notamment pour le respect des droits, la tolérance, la liberté, etc
-: l’art de Voltaire consiste à ne pas exprimer directement sa pensée, mais à la laisser aisément percevoir.
4. La poésie
4.1. André Chénier (1762-1794) : l’inspiration antique
-Élève brillant, passionné de culture grecque, il combat les idées révolutionnaires et meurt guillotiné.
-Chénier privilégie le culte de la forme, du vers musical, et de la poésie lyrique. Sa poétique néo-classique peut se résumer en un vers extrait du poème « Invitation »