Partis Politiques et Droits de Participation en Espagne
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Les partis politiques et la Constitution
La Constitution, en son article 6, régit les partis politiques en tant qu'organisations qui sont « l'expression du pluralisme politique, contribuent à la formation et à l'expression de la volonté populaire, et sont un instrument essentiel pour la participation politique ». La nature juridique des partis politiques, bien que spécifique et revêtant une importance particulière selon la Constitution, reste soumise à la protection générale de la liberté d'association consacrée par l'article 22 de la CE, et ne signifie pas qu'ils sont des organes de l'État.
La Loi sur les Partis Politiques (Loi 6/2002)
La Loi 6/2002, inspirée principalement par la nécessité de défendre la démocratie contre les partis qui cherchent à la détruire par leur collaboration avec des groupes terroristes, présente les caractéristiques suivantes :
- La liberté de créer des partis est réservée aux particuliers, majeurs, qui jouissent pleinement de leurs droits et n'ont aucune condamnation pénale pour association de malfaiteurs ou d'autres actes illégaux en vertu du Code Pénal.
- L'enregistrement se fait sur un registre spécial, différent de celui des associations en général. Avec l'enregistrement, les partis politiques acquièrent la personnalité juridique et les droits qui en découlent.
- La Loi 6/2002 identifie un ensemble d'exigences minimales visant à assurer que les partis ont un fonctionnement interne démocratique, conformément à l'exigence constitutionnelle de l'article 6. Ainsi, il est noté que l'Assemblée générale devrait être composée de tous les membres du parti, les organes seront élus au suffrage libre et secret, etc. Le Tribunal Constitutionnel (TC) a considéré que les droits internes de participation démocratique des membres constituent la substance du droit d'association et que la garantie légale peut être obtenue grâce à la protection des droits fondamentaux.
L'interdiction des partis politiques
La Loi 6/2002 identifie comme causes de proscription les comportements suivants :
- Violaient systématiquement les droits et libertés fondamentales.
- Promouvaient, encourageaient ou légitimaient la violence pour atteindre des objectifs politiques.
- Complétaient et soutenaient politiquement le travail d'organisations terroristes, par exemple en incluant sur leurs listes des personnes reconnues coupables de terrorisme.
La procédure d'interdiction relève de la compétence de la Chambre spéciale de la Cour suprême, dont les décisions ne peuvent faire l'objet que d'un recours en amparo devant le Tribunal Constitutionnel. La demande d'interdiction peut être faite par le Ministère public ou le Gouvernement (qui peut à son tour être saisi par le Congrès ou le Sénat). Cette loi a été mise en place comme un moyen d'interdire les partis, en particulier pour leur collaboration avec le terrorisme, ce qui est distinct et séparé de l'interdiction pénale d'association illicite.
Le financement des partis politiques
Le financement des partis est mixte, combinant des dons privés avec des subventions publiques. Les subventions publiques peuvent être accordées pour couvrir les dépenses électorales, les dépenses de fonctionnement ou de sécurité. Elles peuvent également provenir des groupes parlementaires ou d'autres assemblées (autorités régionales ou locales). Les dons privés sont limités par la loi à cent mille euros, doivent être enregistrés et ne peuvent être anonymes.
La participation politique et le droit de suffrage
Dans notre système juridique, la participation politique est officialisée par le droit de suffrage universel (actif et passif) et le droit d'accès aux charges et fonctions publiques. La réalisation de ce droit se fait :
- Directement, par l'exercice du droit de vote lors de référendums, de conseils ouverts, de consultations locales et par l'initiative populaire.
- Indirectement, par l'élection de représentants politiques, à travers :
- L'exercice du droit de vote actif (ou de non-vote) lors des élections « régulières ».
- Le droit d'accès aux fonctions publiques par le biais des élections (éligibilité).
- L'accès à la fonction publique et aux fonctions, conformément à l'article 23.2 de la Constitution espagnole (CE) et aux exigences et procédures établies par la loi.
Les titulaires du droit de participation
L'article 23.1 de la Constitution reconnaît le droit de participation aux seuls citoyens espagnols, et non aux étrangers (bien qu'ils puissent voter aux élections locales en vertu de l'article 13.2 CE) ou aux personnes morales. L'article 13.2 stipule explicitement que « Seuls les Espagnols seront titulaires des droits reconnus à l'article 23, sauf que, basé sur le principe de réciprocité, il peut être établi par un traité ou par la loi le droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales. » La Constitution a ainsi prévu une ouverture partielle pour permettre, sous condition de réciprocité, par la loi ou un traité, aux étrangers de voter en Espagne pour les élections municipales et aux élections des organes communautaires européens. Le droit de participation est prévu uniquement pour des raisons politiques et non pour d'autres secteurs de la société, c'est-à-dire qu'il est limité à la participation aux élections ou aux référendums des processus territoriaux, ce qui exclut la protection spéciale de ce droit de participation dans les domaines économique ou culturel.
Le droit de vote passif et l'accès aux charges publiques
La Constitution reconnaît ce droit sous deux aspects dans l'article 23.2 : le droit de suffrage passif (être éligible à une charge publique) et le droit d'accès aux fonctions publiques. « Les citoyens ont le droit d'accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions et charges publiques, avec les exigences fixées par la loi. » Ce n'est pas un droit directement attribuable à tous les citoyens. La Constitution prévoit un cadre juridique où le législateur peut définir des restrictions sur l'accès à la fonction publique ou à l'élection, tant au niveau général que local. Ce droit est limité par une condition essentielle : le maintien du principe d'égalité. Ainsi, l'article 70 de la CE énonce : « La loi électorale déterminera les causes d'inéligibilité et d'incompatibilité des députés et des sénateurs qui, en tout cas, incluront : » Selon le Tribunal Constitutionnel, cela inclut les hauts fonctionnaires de l'Administration d'État (à déterminer par la loi), à l'exception des membres du gouvernement, le Défenseur du Peuple, les magistrats, les juges et les procureurs, les militaires professionnels et les membres des forces de sécurité et de police en activité, ainsi que les membres des commissions électorales.
Le droit d'accès aux fonctions publiques non électives
Il s'agit d'un droit légal et d'un droit de « réaction » contre les décisions discriminatoires, que l'on peut considérer, en somme, comme la réalisation du principe d'égalité. Les règles sur l'accès à la fonction publique devraient être générales et abstraites, et les exigences de fond devraient être en rapport avec les tâches à effectuer par la personne recrutée. Le Tribunal Constitutionnel a noté que la loi ne peut pas exiger pour l'accès au service public « toute autre condition qui ne correspond pas aux concepts de mérite et de capacité » (STC 50/1986). Cependant, en vertu de l'article 9.2 et d'autres mandats constitutionnels d'amélioration de l'action des pouvoirs publics pour faciliter l'accès au service public aux groupes marginalisés, il peut être établi un pourcentage de sièges pour ces groupes. Ainsi, sont considérés comme des critères méritoires la connaissance d'une autre langue que l'espagnol (pouvant même être obligatoire), les services fournis et l'âge. Sont considérés comme des critères discriminatoires la résidence des candidats, le centre où ils ont obtenu le titre officiel et leur âge, sauf si l'exigence est raisonnable en raison des caractéristiques du poste à pourvoir (STC 37/2004).
Le droit à un recours effectif
Le droit à un recours effectif est un droit fondamental qui présente deux aspects : le droit à la compétence, c'est-à-dire assurer l'accès à la procédure, et le droit aux garanties d'une procédure régulière.
Le droit à un procès équitable
C'est un droit de toutes les personnes, tant espagnoles qu'étrangères, et reconnu par le Tribunal Constitutionnel également aux personnes morales. Il se décline en trois droits :
- Accéder aux organes du pouvoir judiciaire (ne se limite pas au formel).
- Obtenir une décision fondée sur le droit.
- L'application de cette décision.
Le droit aux garanties d'une procédure régulière
Il est basé, en premier lieu, sur l'exclusivité de l'appareil judiciaire pour prononcer des peines de prison et l'interdiction des tribunaux d'honneur. Et d'autre part, sur une série de garanties procédurales pour éviter tout sentiment d'impuissance, comme en témoigne l'article 24.2 de la Constitution. Ainsi, chacun a le droit :