La Peine en Droit Pénal Espagnol : Essence, Finalités et Application
Classé dans Droit et jurisprudence
Écrit le en français avec une taille de 6,44 KB
L'essence de la peine
La peine consiste en la privation de droits juridiques qui peuvent affecter la propriété individuelle ou les droits de la personne. Sa nature dépend du type de sanction et est limitée par la loi. En outre, la mesure de sûreté sera déterminée par la loi (peine abstraite) à partir de laquelle il faudra effectuer des calculs pour déterminer une peine spécifique à appliquer à l'individu. Toutes les sanctions figurant dans le Code pénal sont des peines abstraites (mesurables).
Cette peine abstraite est celle que l'on souhaite appliquer à l'auteur d'un crime commis sans circonstances atténuantes ou aggravantes. La peine, en termes de contenu, est la restriction des droits et s'applique dès lors que l'individu ayant commis un crime est déclaré coupable. C'est un mal qui s'ajoute à un autre mal. Une pénalité sert à la fois à compenser les dommages causés et à donner la possibilité de soumettre le coupable à une expiation de sa faute.
Son application est justifiée par des raisons morales, offrant cette possibilité à celui qui a porté atteinte au droit d'une personne (en principe). Cela permet de restaurer l'individu en tant qu'être moral, ce qui, à son tour, restaure l'objet de la morale. D'autre part, il est possible de comprendre la peine comme un moyen de contrôler l'ordre social, une contrainte que l'État doit imposer si l'existence de la peine est nécessaire.
Les finalités de la peine
C'est la question de savoir pourquoi punir : quel est l'objectif visé par l'imposition de la sanction. Parfois, l'un des buts de la peine est confondu avec son essence. Fondamentalement, il existe deux critères qui ont permis de développer les théories dites de la peine : les critères de rétribution et les critères de prévention. Ces théories s'articulent autour de la finalité poursuivie par l'imposition de la sanction.
Dans le droit primitif et jusqu'au XXe siècle, la peine de mort était essentiellement une rétribution des dommages, complétée ensuite par le critère de la prévention.
Fin de rétribution (ou rétributive)
Elle se tourne vers le passé, vers le dommage causé, et part du principe qu'il est possible de compenser les dommages en déterminant la peine en fonction du degré de culpabilité de la personne. Lorsqu'il est prouvé que la personne a commis l'acte criminel et, par conséquent, a causé un tel dommage, il convient d'appliquer des critères pour infliger une peine proportionnelle au degré de culpabilité de l'individu.
Le Code pénal espagnol, en rationalisant la peine, a de plus en plus cherché à atténuer la responsabilité de l'individu en fonction de sa culpabilité. Tous les codes pénaux du XIXe siècle ont cherché à établir une proportionnalité entre la culpabilité de l'individu et la sanction imposée.
Fin de prévention (ou préventive)
Elle adopte une perspective totalement différente, tournée vers l'avenir, et part de l'idée que le crime peut être empêché par la menace d'une sanction. L'objectif est que l'individu, connaissant la possibilité d'une sanction, s'abstienne de commettre l'acte.
La prévention, plutôt que de se fonder sur la culpabilité, est basée sur le danger. Dans le développement de la norme, il est préférable de prévenir que de manipuler ce concept pour empêcher les crimes avant qu'ils ne soient commis. On ne peut pas prévenir toute la criminalité, de sorte que la prévention ne peut pas éliminer totalement le comportement criminel. En parlant de prévention, il faut être réaliste et ne pas s'exprimer en termes absolus, en maintenant la criminalité dans les paramètres de la coexistence. Durkheim soutenait que le crime est une constante qui se produit même dans toute société saine, de sorte que si une forme de criminalité disparaît, une autre apparaît aussitôt.
La fonction de la peine dans le droit positif espagnol
À partir de 1848, le Code pénal espagnol a commencé à intégrer des théories modérées, dites éclectiques, influencées par Rossi et Pacheco. Dès lors, tous les codes espagnols ont d'abord intégré le principe du rétributivisme, en tenant compte de la peine infligée (par exemple, des sanctions plus lourdes pour le complice principal coupable, pour le crime consommé par rapport à la tentative de crime).
En outre, tous les codes prévoient une série de règles spécifiques pour la détermination de la peine, auxquelles le tribunal doit adhérer, ce qui lui laisse peu de discrétion. Il existe également des codes de prévention, ciblant les institutions selon des critères généraux d'une part et spéciaux de l'autre.
a. Prévention générale
Elle est essentiellement intimidante. On observe une augmentation progressive de la durée de la peine. Il convient également de noter que certaines peines sont jugées trop élevées par rapport au crime (vol, blessures, trafic de drogue, terrorisme...). Elle laisse également peu de discrétion au juge dans la détermination de la peine qu'il juge appropriée.
b. Prévention spéciale
Elle se penche sur des institutions telles que la suspension des peines de moins de deux ans en cas de première infraction, la substitution des peines pour permettre une plus grande flexibilité dans le traitement de l'individu, la possibilité d'accorder la libération conditionnelle lors de l'exécution de la peine, tout en servant à l'établissement d'un système de classification progressive avec un régime plus bénin.
Nous pouvons dire aujourd'hui que le Code pénal traite des finalités traditionnelles de la peine et applique la théorie de Roxin, assurant ainsi leur respect dans les différentes étapes du processus de détermination de la peine. Au moment de l'injonction, la prévention générale et la prévention spéciale, ainsi que les modalités d'exécution, sont prises en compte. La Constitution et la loi pénitentiaire générale sont orientées vers la prévention spéciale. Dernièrement, il y a eu une tendance à la prévention générale négative, basée sur l'intimidation. Toutefois, cela ne semble pas être la meilleure approche, car elle est loin d'être le meilleur mécanisme de prévention (comme le montrent les exemples de délits routiers).