La pensée et l'intelligence : Concepts et compréhension
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La pensée et l'intelligence
Dans cette section, nous allons explorer le contenu des processus mentaux, et comment nos esprits résolvent un problème et prennent des décisions.
5.1. Le contenu de la pensée
Notre pensée travaille sur les représentations mentales. Nous avons vu que la perception et la mémoire nous permettent de stocker des projections mentales pour une utilisation ultérieure.
Mais avant de procéder, il faut nuancer les types de représentations mentales disponibles. Les psychologues cognitivistes et les philosophes défendent deux types de base : les représentations symboliques et analogiques. Les représentations analogiques capturent certaines des caractéristiques réelles de ce qu'elles représentent. Les représentations symboliques, cependant, n'ont aucune de ces relations. Pour comprendre cela, considérons le dessin d'une souris. Un dessin de souris a quelques lignes sur le papier. Le dessin représente une souris, mais pas une vraie souris. Considérons maintenant le mot « souris ». À la différence du dessin, le mot n'a pas de ressemblance physique avec la souris ; c'est une représentation abstraite. La relation entre ces lettres et le petit animal est purement conventionnelle, arbitraire. Le langage humain fonctionne avec cette abstraction.
Il y a aussi des propositions. Les concepts sont les éléments de la pensée. Mais, ce faisant, nous avons tendance à les combiner de différentes manières. Dans ces propositions, le sujet et le prédicat sont liés. À l'époque moderne, des philosophes comme Locke et Hume pensaient que nos concepts fonctionnaient par associations. Cependant, aujourd'hui, nous pensons que les propositions établissent des connexions beaucoup plus précises que la simple association.
5.2. Le pouvoir de comprendre en philosophie
Depuis l'Antiquité, la philosophie a réfléchi au rôle de la compréhension dans le processus de production de connaissances et d'idées.
Platon (IVe siècle avant J.-C.)
Platon fut le premier à présenter ce problème de manière plus ou moins intuitive. Pour cet auteur grec, l'expérience empirique représentait une connaissance éloignée de la vraie réalité, qui était le monde des Idées. Rappelons que le monde qui nous entoure est une copie du monde réel, immatériel et parfait. Comment l'être humain connaît-il ? Grâce à la mémoire de ce qui s'est passé dans une vie antérieure. Selon cette théorie, apprendre des choses, c'est se rappeler quelque chose que nous savions déjà. Ceci implique donc qu'il y aurait une certaine connaissance innée dans nos esprits, et qu'il suffirait de les faire émerger, soit par la mémoire, par la dialectique ou par l'amour de la perfection. En bref, cette théorie a initié la théorie des idées innées, reprise bien plus tard par les rationalistes.
Aristote (IVe siècle avant J.-C.)
Pour Aristote, la compréhension crée des concepts à partir de l'expérience empirique, grâce à la capacité d'abstraction. Ce pouvoir d'abstraction nous permet de créer des définitions et des concepts.
Les Empiristes (XVIIe-XVIIIe siècles)
Pour les empiristes (Locke et Hume), la compréhension est réduite à la capacité d'associer des idées entre elles. C'est grâce à la puissance de la mémoire, qui conserve les informations des sens, et d'associer ces sensations dans un second temps. Mais, contrairement à Aristote, la compréhension ne génère aucune idée nouvelle. Les empiristes sont plus radicaux que les précédents, en ce sens que l'« essence » ou les « concepts » ne constituent pas une connaissance valable, car ils ne sont qu'une construction de l'esprit, sans contact direct avec la réalité. Pour eux, il n'y a de sûr que les perceptions individuelles, et nous ne pouvons pas aller au-delà (nominalisme, phénoménisme).
Kant
Une perspective radicalement différente est proposée par Kant : Pour Kant, la compréhension fournit un ensemble de concepts non empiriques, antérieurs à l'expérience, pour unifier les connaissances issues de la réalité empirique. Kant appelle ces catégories ou « concepts purs », pour les différencier des concepts empiriques d'Aristote. Une catégorie très importante pour la physique serait celle du lien de causalité. Par exemple : « Si Patrick lâche sa plume, elle tombe à terre. » Ce concept permet de faire la distinction entre cause et effet, et de les relier.
Philosophie du langage et psychologie
Aujourd'hui, le débat s'est déplacé vers la psychologie et la linguistique : les concepts sont-ils innés ou proviennent-ils entièrement de l'expérience ? Selon Chomsky (théorie du langage), nous sommes nés avec certaines règles grammaticales avant tout enseignement des langues. Cela expliquerait les grandes similitudes syntaxiques entre les différentes langues. D'autres auteurs (Fodor, Putnam) défendent une approche empirique du langage, a posteriori. En psychologie, de nombreuses expériences sont menées à ce sujet, mais aucune n'a été concluante.