La Philosophie Cartésienne : Le Doute et les Trois Substances

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Anthropologie et fondements de la connaissance

Le Doute Méthodique Cartésien

Pour ce faire, il faut un doute universel, qui consiste à rejeter comme faux tout ce qui n'a pas de preuve ou dont on n'est pas sûr de la validité. Descartes a proposé des règles pour cela, connues comme le «doute méthodique».

Ce doute s'applique à plusieurs niveaux :

  • Premièrement, il rejette toutes les informations que nous fournissent les sens, car ils peuvent donner lieu à la tromperie, comme cela s'est produit à plusieurs reprises à travers l'histoire.
  • Deuxièmement, il accepte que les êtres humains puissent être sujets à des erreurs de raisonnement, et il doute donc de tous les arguments et démonstrations.
  • Troisièmement, il reconnaît la difficulté de différencier entre les rêves et les pensées, car rien ne nous dit exactement quand nous rêvons ou quand nous sommes éveillés.
  • Enfin, il évoque l'idée de l'existence d'un «mauvais génie», qui nous ferait percevoir les choses différemment de ce qu'elles sont réellement.

Ce doute, même s'il est universel et rejette toute connaissance et vérité initiales, n'est pas un doute sceptique. Bien au contraire : c'est une étape dans une méthode pour atteindre la véritable connaissance. En outre, à travers elle, l'auteur conclut à la première vérité, absolue et incontestable, qui établit les bases solides de sa nouvelle philosophie : « Je pense, donc je suis » (Cogito).

À partir de cette première assertion, il est clair que, bien que son corps et tout ce qui l'entoure ne soient que des vœux pieux et puissent ne pas exister, il ne peut jamais prétendre qu'il ne pense pas. Par conséquent, il revendique une partie de nous qu'il identifie à l'âme, distincte et indépendante du corps, dont la mission est la pensée. C'est ce qu'il appelle la substance pensante.

Il parvient aussi à la conclusion que cette première vérité est justifiée et démontrée parce qu'elle est évidente. Par conséquent, il indique que seul ce qui est présenté de façon claire, évidente et distincte peut être considéré comme la vraie connaissance. C'est le critère de la vérité utilisé par les rationalistes : l'évidence.

Les Quatre Règles de la Méthode Cartésienne

La méthode cartésienne vise d'abord à trouver une vérité garantie, une première vérité dont il est impossible de douter par sa clarté et sa distinction, car l'évidence s'impose à l'esprit. C'est la première capacité de l'homme à atteindre la vérité et le point de départ de la méthode d'apprentissage. Il y a quatre règles :

  1. L'Évidence (ou Règle de la Preuve) : N'accepter pour vrai que ce qui apparaît dans l'esprit si clairement et distinctement qu'il n'y a aucune possibilité de doute.
  2. L'Analyse : Diviser chaque difficulté examinée en autant de parties qu'il est possible et nécessaire pour la résoudre.
  3. La Synthèse : Conduire par ordre ses pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus faciles à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu'à la connaissance des plus complexes.
  4. Le Dénombrement (ou Recensement) : Faire partout des dénombrements si complets et des revues si générales qu'on soit assuré de n'avoir rien omis.

La Substance Pensante (Res Cogitans)

La réflexion sur soi est la première vérité ou certitude. Le doute universel et méthodique a pour objet de connaître l'existence de cette réalité. La caractéristique fondamentale de cette substance est la pensée ou la conscience.

La Substance Infinie (Res Infinita)

La seconde substance est la substance infinie ou divine : Dieu. Pour Descartes, le sujet pensant n'est pas parfait, mais il possède l'idée de perfection (Dieu). Dieu est une substance incréée qui pense et qui est la cause de tous les êtres créés. Dieu est une substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, omnisciente et omnipotente. Dieu est la garantie de véracité. Tout ce qui est en nous vient de Dieu.

Preuves de l'existence de Dieu

  1. L'argument de l'idée de parfait et d'infini : Le sujet fini et imparfait possède en lui l'idée de perfection et d'infini. Le fini que je reconnais en moi est à l'opposé de l'infini que je connais de Dieu. L'idée de Dieu en moi doit nécessairement avoir une cause qui est Dieu lui-même. L'infini est l'attribut essentiel de Dieu.
  2. L'argument de la contingence du moi : Cet argument est une explication de la première preuve, introduisant le principe de causalité et la contingence des êtres créés. Descartes arrive à Dieu en partant de son propre caractère imparfait et fini. Il affirme que, puisque je ne suis pas infini et que je n'ai pas toutes les perfections, l'Être qui possède toutes les perfections est causé par ce fait lui-même, et il existe donc.

La Substance Étendue (Res Extensa)

La troisième substance est représentée par les choses matérielles (res extensa). L'attribut fondamental de cette substance est l'extension, caractérisée par trois dimensions : la forme, la position et le mouvement.

De la Métaphysique à la Physique Cartésienne

La métaphysique de Descartes conduit directement à sa physique. L'âme est définie par la pensée. Le corps est défini par l'extension. Il y a deux parties à considérer dans la physique cartésienne : la mécanique et la théorie de la matière.

Le Mécanisme Cartésien

La physique de Descartes est mécaniste. Le mécanisme est la doctrine philosophique qui explique la réalité par la causalité efficiente, c'est-à-dire sans référence à des causes finales. Descartes n'utilise que deux éléments pour expliquer les phénomènes et leurs relations : la matière et le mouvement.

La physique de Descartes est une mécanique purement quantitative. Le mouvement est dépouillé de toute ambiguïté pour atteindre la clarté et la pureté du concept : il s'agit d'un simple changement de position.

La cause du mouvement est double :

  1. Première cause : Dieu. Dieu est la cause initiale qui a mis la matière en mouvement.
  2. Conservation : Après avoir initié le mouvement, Dieu n'intervient plus, si ce n'est pour continuer à conserver la matière dans son être.

La Théorie de la Matière

La deuxième partie de la physique étudie la théorie de la matière. La matière n'est rien d'autre que l'espace, l'extension pure, l'objet de la géométrie. Les qualités secondaires que nous percevons dans les objets sensibles sont intellectuellement inconcevables et n'appartiennent donc pas à la réalité. La matière se résume à l'extension en longueur, largeur et profondeur, avec ses modes, qui sont les limites d'une extension par rapport à une autre.

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