Philosophie : Connaître Autrui et Gérer la Relation aux Autres
Classé dans Philosophie et éthique
Écrit le en français avec une taille de 4,74 KB
Gérer la critique d'autrui : les erreurs à éviter
- La première erreur : Refuser l’image renvoyée. Il faut éviter de refuser l’image qu’autrui peut me renvoyer de moi-même. Ceci me permet de me remettre en question. Si l’on n’assume pas les critiques de l’autre, on peut tomber dans la mauvaise foi.
- La deuxième erreur : Accepter les critiques sans filtre. Il faut éviter d'accepter sans filtre les critiques d’autrui : se laisser enfermer dans l’image renvoyée de nous, l’accepter aveuglément. Le risque est de s’aliéner, l’homme étant phagocyté par les autres.
III. Peut-on connaître autrui ?
a) L'accès indirect et l'apparence
Le premier accès à autrui est indirect. Ce qui est connu d’autrui, c’est l’apparence physique. On accède donc à autrui d’abord par l’extérieur. Cependant, il ne faut pas se limiter au point de vue extérieur de celui-ci, car par la suite, on pourra accéder à la conscience intérieure, à ses croyances.
b) Le rôle fondamental du dialogue
Par le biais du langage, on a accès aux pensées d’autrui. Le discours est en effet la faculté d’utiliser des mots que l’on partage avec autrui afin de mobiliser des concepts. Les pensées sont de nature abstraite, et grâce au discours, nous pouvons exprimer cette pensée abstraite au travers des mots.
c) L'empathie : une connaissance non rationnelle
Cependant, un autre facteur entre en jeu : le fait de considérer autrui comme un semblable et un être digne de respect. C’est pourquoi, outre le discours, une façon non rationnelle de connaître l’autre existe : l’empathie (capacité de l’homme de se mettre à la place d’autrui et d’imaginer ses sensations à une occasion donnée). On peut connaître et comprendre l’individu sans nécessité de parler avec lui. C’est un rapport beaucoup plus spontané qui relève d’un jugement intellectuel.
Merleau-Ponty et le rapport premier
Merleau-Ponty nous dit que le rapport non rationnel est le rapport premier. Cet auteur se focalise sur les enfants : celui-ci est spontanément physionomiste, il *voit* les autres de partout, il est traversé par cette tendance à l’empathie. L’autre est inscrit en moi, il est antérieur à notre connaissance du monde et de nous-mêmes. Si l’enfant est voué à l’empathie sans effectuer une conversation discursive, cela justifie que c’est le fruit d’une structure existentielle : autrui fait partie de notre horizon existentiel.
Exemple : Dans « Vendredi ou les limbes du Pacifique », Robinson projette des autruis imaginaires, car c’est son rapport objectif au monde. Il rend de cette façon familier et stable ce monde en créant d’autres « moi ».
IV. Puis-je me mettre à la place d’autrui ?
a) Reconnaître autrui comme un être semblable et digne de respect
Cette question pose un problème d’ordre métaphysique (l’idée d’identité personnelle) et d’ordre moral (voir dans l’autre un autre moi digne de respect). Autrui est indépendant de toute détermination sociale, raciale, politique, économique, etc. Autrui est celui qui partage un même père et une même mère, de même que le compatriote est celui qui partage une même patrie. C’est pourquoi autrui est considéré depuis sa condition humaine, la possession d’une conscience qui est au fondement de la liberté, et c’est la raison pour laquelle autrui doit être conçu comme un être digne de respect.
Pour que le rapport à autrui soit juste, il faut le voir comme un être semblable. Il faut reconnaître autrui comme une fin en soi. Il est redevable du respect et de la dignité, car il est un être libre, même s’il est différent.
b) Emmanuel Kant : L'insociable sociabilité
Selon Kant, il y a une ambivalence d’autrui, ce qu’il nomme : L’INSOCIABLE SOCIABILITÉ. Ceci représente pour le philosophe l’antagonisme entre deux tendances :
- La tendance sociale et altruiste de l’homme à s’unir aux autres hommes.
- La tendance égoïste qui l’amène à entrer en conflit avec les hommes.
Pour Kant, il est nécessaire d’établir une bonne distance avec les autres. Il illustre cette idée avec la métaphore des porcs-épics : en hiver, à cause du froid, ils se rapprochent, mais ayant des épines, ils se font mal. Ils arrivent à établir la bonne distance pour ne pas avoir froid.
Il faut donc établir la bonne distance avec autrui de telle façon que notre personnalité ne fonde pas dans celle d’autrui, afin de ne pas nous perdre en lui. Le risque est le grégarisme.