Politique Espagnole au XIXe Siècle
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La Décennie Modérée
La Constitution de 1845 | Les Modérés ou Conservateurs Législatifs |
La Constitution de 1845 est le prototype des constitutions modérées ou conservatrices. C'est l'une des plus efficaces de l'histoire du constitutionnalisme espagnol. Bien qu'elle s'inspire de celle de 1837, elle est beaucoup plus conservatrice. Les caractéristiques importantes de cette constitution sont :
| Pour les modérés, les réformes administratives étaient une condition préalable à la bonne gouvernance. Ils défendaient un État centralisé et hiérarchique, d'influence française. Le centralisme est consolidé par la division provinciale de Javier de Burgos en 1834 (qui est parvenue jusqu'à nos jours). La réforme des finances est organisée, l'éducation publique est réformée par la loi Moyano, la Garde civile est instituée (sous l'impulsion du Duc d'Ahumada) et le concordat avec le Vatican est signé en 1851 afin de rétablir les relations avec l'Église, très détériorées depuis le désamortissement de Mendizábal en 1836. On assiste également à la Seconde Guerre carliste, de 1846 à 1849, avec le rôle de Cabrera. Les progressistes, quant à eux, se divisent et donnent naissance au Parti démocrate. |
Le Biennat Progressiste (1854-1856)
En 1854, l'instabilité politique est grande. O'Donnell mène un coup d'État, la Vicalvarada, et les libéraux arrivent au pouvoir avec Espartero, chef du Parti progressiste, et O'Donnell, chef de l'Union libérale. C'est une autre caractéristique du XIXe siècle politique : comme la domination du Parti conservateur est si écrasante, les rares fois où les progressistes arrivent au pouvoir, ils doivent le faire par le biais de coups d'État militaires.
Les libéraux créent une nouvelle constitution en 1856, qui ne sera jamais promulguée. La Constitution de 1856 est progressiste : la souveraineté nationale n'est pas partagée, le pouvoir de la couronne est assez limité, les deux chambres sont élues, la déclaration des droits est plus complète et elle prévoit des élections municipales ainsi que la milice nationale.
Les mesures législatives les plus importantes sont d'ordre économique, comme le désamortissement de Madoz, la création du système financier ou les nouvelles règles pour la construction des chemins de fer (système radial, écartement des voies, possibilité d'investissements étrangers et d'importer sans payer de droits de douane).
L'instabilité politique s'accroît, les grèves sont fréquentes (on assiste à la naissance du mouvement ouvrier espagnol). O'Donnell pactise avec la Couronne et passe au conservatisme.
Comparaison des Partis Politiques
Modéré, Conservateur ou Doux | Exalté ou Progressiste | ||
Contexte Historique | C'est le parti dominant de la période, il gouverne l'Espagne sauf pendant le Biennat progressiste et la période de l'Union libérale. Il est issu de la scission du Triennat libéral. Son principal dirigeant sera Narváez. | C'est l'alternative au parti modéré. Il gouverne pendant le Biennat et le Sexennat démocratique grâce à des coups d'État militaires. Ses dirigeants seront Espartero et Serrano. L'Union libérale d'O'Donnell est un parti centriste. | Ils apparaissent à la fin du règne d'Isabelle II comme une émanation des progressistes. Ils gouvernent pendant le Sexennat. |
Programme Politique | Ils se caractérisent par des réformes administratives et de l'État. Ils défendent jusqu'à la mort la propriété, l'ordre et le suffrage censitaire très restrictif. Partisans de la souveraineté partagée, ils accordent de grands pouvoirs à l'exécutif et au roi. Ils sont enclins à limiter les droits individuels, en particulier les droits collectifs (liberté de la presse, d'opinion, de réunion et d'association). Ce sont les plus cléricaux des libéraux, ils défendent le poids et l'influence de l'Église catholique. | Ils se caractérisent par des réformes économiques et sont partisans du changement et de la réforme. Ils sont favorables au suffrage censitaire, mais souhaitent élargir la base électorale. Ils optent pour la souveraineté nationale, pour limiter davantage le pouvoir du roi et pour donner la prépondérance au pouvoir législatif représenté par les Cortes. Ils sont favorables au renforcement des branches représentatives (municipalités, milices nationales, jury, etc.) et à l'extension des droits individuels et collectifs. Moins cléricaux, ils optent pour la laïcité. | Ils prônent le suffrage universel et la nécessité d'un changement sociétal. Partisans de la souveraineté populaire, le roi ne doit avoir qu'un rôle honorifique. Ils optent pour l'intervention de l'État dans l'éducation, l'aide sociale et la fiscalité. Ils sont anticléricaux et accordent une grande importance à l'égalité. |
Bases Sociales | Groupe hétérogène composé de propriétaires terriens, d'hommes d'affaires et d'intellectuels conservateurs, avec les restes de l'ancienne noblesse, du haut clergé et du haut commandement militaire. | Groupe également hétérogène, dominé par la petite et moyenne bourgeoisie industrielle et financière, les classes moyennes et les artisans, une partie des officiers de l'armée de rang moyen et inférieur, ainsi que des professionnels libéraux. | Le contexte social est similaire à celui des progressistes, avec un caractère plus populaire et révolutionnaire. |
Acte Constitutif | Constitution de 1845 | Constitutions de 1837 et 1856 | Constitution de 1869 |