Le Pouvoir de l'État et la Souveraineté : Concept et Limites

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Pour qu'un groupe de personnes constitue un État, il doit exister un pouvoir indépendant, une instance d'autorité suprême et finale qui possède une légitimité suffisante et, par conséquent, la capacité nécessaire pour obtenir l'obéissance des citoyens.

Caractéristiques Essentielles du Pouvoir Étatique

Les caractéristiques particulières de ce pouvoir de l'État sont les suivantes :

  • Impératif : il ne souffre ni contestation ni négociation ; il faut s'y conformer.
  • Public : il est exercé au nom de la communauté qu'il gouverne et à laquelle il a droit.
  • Géographiquement spécifique : comme nous l'avons déjà indiqué, les trois éléments qui composent l'État sont étroitement liés. Dans ce cas, le territoire sert d'espace de compétence territoriale.
  • Légal : tel qu'il est exercé conformément à la loi. L'ensemble des règles régissant la vie de la société forme un système intégré de normes juridiques interdépendantes. Ce pouvoir permet, dans certains cas, de créer ou de reconnaître d'autres normes juridiques, tout en devant toujours les respecter.
  • Souverain : Enfin, le pouvoir de l'État, en plus d'être organisé par la loi, est souverain.

Le Concept de Souveraineté

Nous avons déjà eu l'occasion de clarifier la signification de la notion de souveraineté politique. Nous y revenons ici pour faire les considérations suivantes :

  • Le pouvoir de l'État est un pouvoir souverain parce qu'il est l'ultime et définitif dans la prise de décisions et n'accepte aucune contestation de son pouvoir.
  • Du point de vue formel, la notion de souveraineté que nous utilisons aujourd'hui est la même que celle qui a présidé à l'origine de l'État, mais le titulaire a changé et des limites ont été intégrées. En ce qui concerne le sujet, ce n'est plus le roi absolu, mais le peuple.
  • La souveraineté populaire est une conception libérale et démocratique de l'État, à condition qu'elle s'accompagne de la limitation des pouvoirs et de la primauté du droit. Dans ce cas, les pouvoirs des gouvernants (parlement, gouvernement) et des juges sont limités et contrôlés. Il n'y a pas de pouvoir populaire illimité.
  • La Constitution est l'instrument par lequel le pouvoir constituant originel définit les limites et les caractéristiques des pouvoirs des gouvernants.

Les Limites de la Souveraineté Étatique

Le sens absolu de la souveraineté étatique est fondamentalement remis en question dans trois domaines :

  • Les Droits Fondamentaux : Tout d'abord, la théorie moderne des droits fondamentaux, qui trouve ses origines et ses racines dans les fondements du droit naturel, place, face à l'État, une barrière qui sert à limiter l'exercice du pouvoir. Bodin tenait déjà la souveraineté pour tenue de respecter le droit naturel ; aujourd'hui, il existe des sphères de l'homme, de sa conscience et de son activité personnelle et sociale, sur lesquelles l'État n'a pas le droit de décider ou d'agir.
  • Le Principe de Subsidiarité : En outre, le principe de subsidiarité, tel qu'il a été conçu et défini par la doctrine sociale de l'Église, implique une limite au pouvoir d'État. C'est Pie XI, dans l'encyclique Quadragesimo Anno (1931), qui a proclamé ce principe, bien qu'il ait eu d'importants antécédents (évêque Ketteler, Léon XIII, Althusius, ou même Aristote lui-même). L'encyclique de Pie XI a déclaré qu'il serait « un grave dommage et une perturbation de l'ordre juste qu'une société d'ordre supérieur s'attribue des tâches qui peuvent être accomplies par des communautés d'ordre inférieur ». En conséquence, l'État doit respecter, dans tous les cas, le champ de compétence légitime des entités qui lui sont inférieures, comme la famille, les municipalités, les régions, etc.
  • L'Internationalisation du Pouvoir : Enfin, la tendance croissante à l'« internationalisation » du pouvoir, qui se manifeste par l'existence d'organisations supranationales acquérant chaque jour des niveaux de compétence plus élevés (les Nations Unies, l'Union Européenne en sont des exemples logiques...), entraînant une réduction de la compétence des États nationaux, qui restent à ce jour très jaloux de leurs prérogatives.

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