La Première République Espagnole : Histoire, Crises et Chute (1873-1874)
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Introduction à la Première République Espagnole
Ce document est d'intérêt public et historique, car il a été rédigé lors de la proclamation de la République après l'abdication d'Amédée Ier. Il a été rédigé le 14 février 1873 par le Parlement et publié dans la Circulaire du ministère de l'Intérieur, destinée aux gouverneurs des provinces.
Proclamation et Principes Fondateurs
Suite à la démission d'Amédée Ier du trône, les Cortès ont proclamé la Première République. Cette proclamation s'est déroulée pacifiquement, sans déclencher de guerres, et il a été jugé nécessaire de poursuivre les affaires de l'État.
La Devise Républicaine
La devise de la République était : l'ordre, la liberté et la justice. Voici ce qu'elle impliquait :
- L'Ordre, car il punirait toute personne ne respectant pas les principes fondamentaux de la Constitution de 1869.
- La Liberté pour tous.
- La Justice : convocation d'élections pour les Cortès et fin des fraudes passées.
Les partisans de la République devaient apprendre des erreurs passées pour ne jamais les reproduire.
La République fut proclamée le jour même de la démission d'Amédée Ier. Cette proclamation fut faite en violation de la Constitution, car les Cortès ne pouvaient s'arroger tous les pouvoirs et proclamer la République de leur propre initiative. Cependant, il n'y avait pas d'alternative viable. L'option monarchiste était épuisée après la démission d'Amédée de Savoie, et le mouvement carliste n'avait pas un soutien suffisant pour imposer la restauration des Bourbons. Dans ces conditions, la majorité des députés vota en faveur de la République, nommant Estanislao Figueras, l'un des dirigeants les plus modérés du républicanisme, comme chef de l'exécutif.
Oppositions et Divisions Internes
En Espagne, dès sa création, la République rencontra l'opposition de la droite politique (le mouvement carliste) et de l'Église. Plus tard, les constitutionnels et les radicaux se joignirent à cette opposition. Les républicains eux-mêmes étaient divisés entre unionistes et fédéralistes, d'une part, et entre républicains conservateurs et partisans de la radicalisation sociale, d'autre part.
Les Défis Majeurs de la République
Les problèmes rencontrés par la République étaient nombreux :
Contexte Économique et Social
- Sur le plan économique, la République naquit dans un contexte de crise financière, de crise de l'État et de crise agraire.
- Socialement, ses partisans étaient peu nombreux et leurs intérêts divergeaient :
- Pour la bourgeoisie intellectuelle, la République devait apporter la démocratie, les droits individuels et le développement économique.
- Pour les agriculteurs et les travailleurs de l'industrie, elle représentait la distribution des terres, la réduction du temps de travail, de meilleurs salaires et l'élimination des impôts sur la consommation et de la conscription (le « quinto »).
Guerres et Instabilité Politique
Cette situation fut aggravée par deux guerres déjà en cours : la Troisième Guerre carliste et le conflit de Cuba. Il est donc aisé de comprendre que la consolidation de la République fut très difficile. Elle ne dura qu'un an, marquée par quatre présidences successives : Figueras, Pi i Margall, Salmerón et Castelar.
Les Présidences Successives (1873-1874)
La Présidence d'Estanislao Figueras
La première présidence fut celle de Figueras. Elle dura de février à juin 1873. Sa principale préoccupation était de maintenir l'ordre. Le gouvernement, formé par des républicains et des radicaux, ne put s'entendre sur la forme de la République. Cela conduisit à l'éviction des radicaux du pouvoir et à deux tentatives de coup d'État qui échouèrent.
Des élections furent organisées, remportées par les républicains fédéralistes, partisans d'une république fédérale.
La Présidence de Francesc Pi i Margall
En juin 1873, les Cortès proclamèrent la République fédérale et élurent Pi i Margall président. Il eut des difficultés à former un gouvernement en raison des divisions au sein des républicains. L'absence de consensus à la Chambre empêcha l'approbation de plusieurs propositions législatives, y compris le projet de Constitution de 1873. Cette Constitution n'entra jamais en vigueur, car le pays sombra dans un processus révolutionnaire qui finit par affaiblir la République. Face à ces problèmes majeurs, Pi i Margall démissionna.
La Présidence de Nicolás Salmerón
La présidence de Salmerón (juillet-septembre 1873) marqua un tournant à droite. Le nouveau président se proposa de rétablir l'ordre et donna les pleins pouvoirs à l'armée. Celle-ci réussit à réprimer les insurrections cantonales une à une, à l'exception de Carthagène et Malaga qui résistèrent. Salmerón démissionna, se sentant moralement incapable de signer les condamnations à mort prononcées par les autorités militaires contre les militants du cantonalisme.
La Présidence d'Emilio Castelar et le Coup d'État
En septembre, Emilio Castelar fut nommé nouveau président, et le virage vers le conservatisme se renforça et se consolida. Castelar lança un programme visant à renforcer l'autorité de l'État, pour lequel il sollicita l'appui de l'armée. À la fin de décembre, le canton de Malaga avait été maîtrisé et l'avancée carliste stoppée. Après plusieurs problèmes survenus durant la présidence de Castelar, le général Pavía, capitaine général de Madrid, fit entrer des troupes dans le bâtiment du Parlement, où un vote pour un nouveau gouvernement était en cours. Après la dissolution du Congrès, il annonça la formation d'un gouvernement d'urgence, présidé par le général Serrano.
La Fin de la Première République Espagnole
Ceci marqua la fin de la Première République espagnole.