Questions de philosophie morale et politique

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1. Expliquez le sens de l'éthique, en lien avec l'expression « Je suis moi et ma situation »

  • Selon Ortega y Gasset, les circonstances sont l'ensemble des éléments qui s'imposent à l'être humain. Il affirme que ces éléments font partie de soi-même, d'où l'expression : « Je suis moi et mes circonstances ».

2. Expliquez le rôle de la raison pratique

  • La raison pratique permet de :
    • Prendre conscience de l'existence de dilemmes moraux.
    • Juger le potentiel d'action.
    • Choisir les possibilités en pesant le pour et le contre.

3. Décrivez les différentes théories sur l'origine de la conscience

  • Les théories sur l'origine de la conscience sont très diverses :
    • Les partisans de l'origine surnaturelle affirment que la conscience est le reflet de la loi divine intérieure, jugeant les actes humains.
    • Les naturalistes la considèrent comme une conséquence de la nature rationnelle de l'être humain, capable de juger ses propres actions.
    • Les conventionnalistes soutiennent que la conscience morale se développe chez chaque individu sous l'influence sociale, économique, psychologique ou politique, qui façonne la manière de conduire son propre comportement.

4. Quels sont les facteurs impliqués dans le développement de la conscience ?

  • La maturité psychologique de chaque personne, c'est-à-dire son développement intellectuel et émotionnel.
  • L'influence de l'environnement dans lequel elle vit : les amis, l'éducation, le contexte économique, les médias, le milieu social, les conflits familiaux, etc.

5. Nommez les différents niveaux de développement de la conscience selon Kohlberg et expliquez l'un d'eux

  • Niveau 1 : Pré-conventionnel
    • Caractérisé par une attitude morale individualiste.
    • Il est hétéronome (les normes sont imposées par une autorité extérieure et distincte de la conscience de l'enfant).
    • Étape 1 : L'individu obéit pour éviter la punition.
    • Étape 2 : L'individu agit par intérêt personnel et décide de respecter les règles imposées en fonction de cet intérêt.
  • Niveau 2 : Conventionnel
  • Niveau 3 : Post-conventionnel

6. Décrivez les différentes conceptions des valeurs selon leur origine et leur validité

Origine des valeurs

  • Objectivisme

    • Les valeurs existent en dehors des individus et des sociétés ; elles sont découvertes ou mises en pratique.
    • Il existe un ordre moral objectif qui peut guider le comportement humain.
    • L'être humain peut et doit découvrir les valeurs et les transformer en idéaux ou objectifs.
    • Défendu par des penseurs comme Platon et Max Scheler.
  • Subjectivisme

    • Il n'existe pas de valeurs objectives ou universelles pouvant servir de fondement aux normes morales.
    • Les valeurs sont des créations humaines.
    • Poussée à l'extrême, cette position mène à un subjectivisme radical et à l'individualisme, où tout dépend de l'opinion de chacun.
    • Défendu par des penseurs comme Nietzsche et Jean-Paul Sartre.

Validité des valeurs

  • Absolutisme moral

    • Position liée à l'objectivisme.
    • La validité des valeurs est intrinsèque ; elles sont absolues.
    • Les valeurs ne sont pas limitées par l'espace et le temps.
    • L'absolutisme moral peut mener au dogmatisme.
  • Relativisme moral

    • Position liée au subjectivisme.
    • Les valeurs sont relatives.
    • Il n'y a pas de valeurs objectives et universelles.
    • Si elle est radicalisée, cette position peut conduire à un relativisme extrême.

7. Quels sont les points à prendre en compte pour parvenir à une éthique des minimums ?

  • Il faut considérer plusieurs aspects :
    • Les évaluations morales sont effectuées par des personnes conditionnées par leurs circonstances particulières.
    • Il est nécessaire de s'entendre, de manière rationnelle et par le dialogue, sur ce que ce minimum doit être objectif et universel.
    • Il est essentiel de respecter les différences culturelles, religieuses, etc.

8. Exposez les différentes théories qui prônent la disparition de l'État

  • Les théories anarchistes sont en faveur de l'abolition de l'État, qui serait remplacé par une libre association d'individus, à laquelle chacun peut choisir d'appartenir ou non.
  • Le marxisme défend plutôt l'extinction de l'État. Lorsque la société atteint le communisme, il n'est plus nécessaire de réprimer une classe sociale, car il y aura égalité entre tous les individus.

9. Expliquez les différences entre les conceptions organiciste et contractualiste de l'État

Conception organiciste

  • L'homme est par nature un être social. Il doit vivre avec les autres pour survivre et développer ses compétences.
  • Cette conception lie la politique à l'éthique : l'homme ne peut atteindre le bonheur et le développement de ses capacités qu'avec l'aide de la société (politique).
  • L'État a un caractère éthique. Son objectif est d'assurer le bien de la communauté : le bonheur des citoyens. Ce bien commun est supérieur aux intérêts égoïstes des individus.

Conception contractualiste (classique)

  • Elle repose sur une nouvelle conception de l'homme, qui stipule qu'il est un être social par convention, et non par nature.
  • Elle met l'accent sur l'importance de la liberté intellectuelle et morale de l'individu, afin qu'il puisse déterminer ses propres critères moraux et atteindre le bonheur.
  • Elle maintient une conception individualiste de l'État, où les intérêts de l'individu priment sur l'intérêt collectif.

10. Distinguez le droit naturel et le positivisme juridique

  • Le positivisme juridique est la théorie selon laquelle le droit est l'ensemble des lois créées par les autorités humaines et fondées sur leur volonté.
  • Le droit naturel est la théorie qui défend l'existence d'une loi naturelle, principe directeur de toutes les lois.

11. Quelles sont les trois idées fondamentales à considérer dans l'histoire de la citoyenneté ?

  • La notion de citoyenneté a évolué au cours de l'histoire, son développement n'étant pas linéaire et connaissant des ruptures.
  • Son développement est lié aux idées d'égalité et de libertés individuelles.
  • L'histoire de la citoyenneté est l'histoire de la conquête de la liberté.

12. Expliquez les différents types de citoyenneté

  • La citoyenneté politique : forme de participation politique par l'exercice du vote.
  • La citoyenneté civile : égalité devant la loi, incluant toutes les libertés individuelles (liberté d'expression, de religion, de pensée, de propriété).
  • La citoyenneté sociale : droit à la santé, à l'éducation, aux pensions de retraite, etc.

13. Expliquez les deux traditions modernes de la citoyenneté

  • Le concept de citoyenneté est défendu selon deux grandes traditions politiques occidentales : le libéralisme et le républicanisme.
  • Les deux s'accordent sur le fait que seules les lois régissent la liberté et la justice.
  • Cependant :
    • Dans la citoyenneté libérale, c'est un statut juridique qui confère des droits et des devoirs. La liberté est comprise comme l'absence de contrainte et ne tient pas compte des vertus civiques.
    • En revanche, le républicanisme accorde une grande importance aux valeurs qui devraient unir les citoyens, et la liberté est une notion collective.

14. Expliquez l'idée de citoyenneté marshallienne et post-marshallienne

  • Marshall tente de former un concept cohérent de la citoyenneté, en plaçant les droits sociaux au même niveau que les droits civils et politiques. Il précise que la pleine réalisation de la citoyenneté n'est possible que si les trois groupes de statuts juridiques sont reconnus.
  • Son œuvre présente une hypothèse historique pour le développement de la citoyenneté moderne, dont le point tournant se situe dans l'universalisation des droits civils au XVIIIe siècle.
  • Au XIXe siècle, les droits politiques ont été ajoutés, mais ce n'est qu'au XXe siècle que l'universalisation a coïncidé avec l'inclusion des droits sociaux.
  • La citoyenneté, selon Marshall, est un statut qui devrait être accordé aux membres d'une communauté, leur donnant accès aux parlements, tribunaux, services sociaux, système éducatif, etc.
  • Son hypothèse de linéarité et d'effets cumulatifs a été critiquée.

15. Expliquez la critique de l'universalité des droits de l'homme (selon Marshall)

  • Marshall soutient que :
    • L'universalité des droits de l'homme est une expression unique de la morale occidentale.
    • Sa prétention à l'universalité est fictive.
    • L'étendre à chaque culture est un acte eurocentrique.
    • Dans certains cas, cette explication va à l'encontre du pluralisme.

16. Quelles sont les caractéristiques du citoyen « actif » ?

  • Le citoyen « actif » est un sujet capable de créer ses propres problèmes et de faire face à quatre dimensions :
    • Un sujet de confiance et de responsabilité, ouvert sur le monde, qui se soucie des autres et en prend soin.
    • Un sujet qui crée les conditions préalables à la véracité et à la sincérité dans les contacts, accords ou relations établis entre les citoyens.
    • Un sujet actif et participatif, qui utilise toutes les possibilités qui lui sont offertes en tant que citoyen, et toutes les ressources à sa disposition pour défendre ses intérêts et ceux de la communauté.

17. Expliquez les vertus civiques : tolérance, courage civique, solidarité, participation

  • La tolérance : l'une des conditions de la liberté, elle implique le respect et la reconnaissance, donnant une dimension plus complexe et profonde à la vie en commun.
  • Le courage civique : consiste à se prononcer en faveur d'une cause juste. Le bon citoyen ne doit pas être une personne qui se tait, mais qui agit avec des informations précises et une vue juste.
  • La solidarité : vertu qui exprime le sentiment de fraternité humaine en faveur de ceux qui luttent pour éliminer l'oppression sociale, politique et économique.
  • La participation : vertu des citoyens qui sont prêts à collaborer ou à prendre une part active au discours public rationnel de la majorité.

18. Décrivez la démocratie athénienne selon la règle de Périclès

  • Égalité devant la loi.
  • Tout le monde peut participer.
  • La participation est une vertu.
  • L'obéissance à la loi est une haute vertu.
  • Processus de formation (des citoyens).

19. Expliquez la contribution de Dahl et Touraine à la réflexion sur la démocratie

Selon Robert Dahl

  • Dahl analyse la démocratie en se concentrant sur ses ennemis. Il note qu'elle a perdu sa légitimité, mais pas son danger.
  • Critères et institutions : élection des représentants, égalité de participation, élections libres et fréquentes, éducation critique, citoyenneté inclusive pour les résidents adultes.
  • Raisons de la démocratie : elle empêche la tyrannie, garantit la liberté, promeut les valeurs et la culture, et recherche la paix.

Selon Alain Touraine

  • Touraine développe l'idée que la démocratie a trois dimensions qui donnent lieu à trois types de société.
  • Pour cet auteur, entre l'État et la société civile, il existe une forme d'organisation démocratique lorsque les deux agissent simultanément, séparément et en relation.
  • La démocratie maintient la séparation au moyen de la représentation, de la citoyenneté et de la limitation.
  • La représentation est liée à une société démocratique conflictuelle, dont la valeur dominante est la justice.
  • La citoyenneté (le public) est liée à une société de droit démocratique, dont la valeur est l'égalité.
  • La limitation est liée à une société libérale, dont la valeur est la liberté.

20. Quelles sont les trois idées de base sur lesquelles la démocratie est soutenue selon Raymond Aron ?

  • L'idée de souveraineté populaire : le pouvoir doit exprimer la volonté du peuple et être exercé selon des règles.
  • L'idée de liberté : une liberté démocratique est liée à la participation.
  • L'idée d'égalité : nécessairement liée au droit de participer à la vie électorale.

21. À quoi le développement des médias semble-t-il lié ?

  • Le développement des médias semble lié au capitalisme en tant que système de production et à la démocratie en tant que système politique.
  • Aujourd'hui, il existe une relation intime entre les médias et la politique.

22. Quels sont les objectifs et les effets positifs attendus de la pluralité des médias, et quelles sont les exigences pour les atteindre ?

  • Les objectifs sont la diffusion de nouvelles, la pluralité des opinions et la comparabilité des différentes opinions.
  • Les effets positifs attendus sont la formation d'un esprit de citoyenneté et la transparence politique.
  • Les exigences nécessaires pour atteindre ce but sont l'objectivité et l'impartialité.

23. Quels sont les risques des médias pour la démocratie ?

  • Un risque est la détérioration du langage, avec l'utilisation de slogans qui remplacent l'argumentation.
  • Un autre risque est la transformation de la politique en spectacle, où l'homme politique devient une star médiatique.
  • Enfin, la citoyenneté peut se réduire à un rôle de spectateur.

24. Vocabulaire

Conscience morale

Capacité de la raison pratique à saisir les principes moraux, permettant de distinguer le bien du mal et d'émettre un jugement sur la moralité d'un acte.

Valeur

Ce qui confère de la valeur à son possesseur, ou ce qui est digne de reconnaissance et doit être recherché comme une fin.

Science politique

Sa tâche est de décrire, d'expliquer et de prévoir les phénomènes politiques.

Droit

Ensemble de règles qui visent à réglementer la coexistence pacifique des êtres humains. À distinguer de « la loi » qui fait référence à la capacité de faire ou d'exiger quelque chose.

Démocratie médiatique

Démocratie basée sur la participation active des personnes, chacune ayant une opinion. Cette démocratie est influencée par les médias.

Contre-pouvoir

Dans une société démocratique, il s'agit de la nécessité de disposer d'autres pouvoirs pour limiter les abus du pouvoir politique. Cette fonction est notamment exercée par les médias.

Système médiatique

Ensemble de communicateurs ayant une présence publique importante et une domination sur les autres institutions sociales, ce qui leur confère une grande influence sur l'opinion publique.

Mondialisation

Processus par lequel les différents pays du monde deviennent de plus en plus interdépendants. L'économie et l'environnement sont des questions qui affectent le monde dans son ensemble.

Eurocentrique

Schéma de pensée selon lequel les valeurs de la culture européenne sont considérées comme supérieures aux autres.

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