La Quête de la Vérité : Absolue, Relative ou Falsifiable ?
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La quête de la vérité est une préoccupation centrale en philosophie. Elle semble guider notre rapport au monde, à la science, à la morale et même à nous-mêmes. La vérité est recherchée par tout le monde ; c’est ce qui ne se trompe pas, ce qui est juste ou correct.
Au sens large, la vérité signifie la conformité entre le discours et le réel, c'est-à-dire entre les mots et les choses. La vérité prend des sens différents suivant son domaine d’application. Elle peut être synonyme d’authenticité, d'honnêteté, d'exactitude ou de cohérence.
Au quotidien, nous affirmons tous des choses comme si elles étaient vraies, sans même y penser ou se questionner dessus. « Ces lunettes me donnent l’air intelligent », par exemple. Au moment de l'énoncer, nous l’affirmons avec certitude. Mais, sur quels critères nous basons-nous pour dire que cela, c’est la vérité ?
Peut-on véritablement affirmer qu’il existe des vérités que l’on ne peut pas contester, ou toute vérité est-elle, par nature, relative, sujette à révision ou interprétation ?
1. L'Existence de Vérités Indiscutables
I. Le Réalisme et la Conformité à la Réalité
Le réalisme est la conformité de la pensée à la réalité objective, celle de l'extérieur. (Exemple littéraire : Guy de Maupassant, Bel Ami).
Kant différencie les faits a priori et a posteriori :
II. Les Vérités a priori (Rationalisme)
Le rationalisme considère la vérité rattachée à la raison.
- Théories des sciences formelles (mathématiques) – autoréférentielles.
- Le principe de non-contradiction d’Aristote.
III. Les Vérités a posteriori (Empirisme)
L'empirisme considère la vérité rattachée à l'expérience.
- Les sciences expérimentales (Exemple : Théorie de la relativité d'Einstein).
- Locke : Tabula rasa (l'esprit est une table rase).
- Socrate (via Les dialogues de Platon) : La vérité n’est pas innée, elle doit être acquise.
IV. L'Unicité de la Vérité selon Descartes
Descartes (Discours de la méthode) : « Je suis un esprit capable de douter, d'examiner… mais je ne peux pas douter de mon esprit qui pense. »
2. L'Absence de Vérités Absolues et Indiscutables
A. Les Limites de la Raison Humaine
I. Karl Popper et le Principe de Falsifiabilité
Popper affirme que « la particularité de la science, c’est qu’elle est falsifiable ».
Les êtres humains peuvent se tromper et les modèles théoriques peuvent ne pas correspondre à la réalité.
L'histoire des sciences est faite d’une série de réfutations :
- Galilée (héliocentrisme contre géocentrisme).
- Einstein (modèle d'univers statique).
On peut prouver qu’une théorie est fausse, mais on ne peut pas prouver qu’une théorie est vraie (Exemple des moutons). Ce qui explique que l’histoire des sciences soit faite d’une série de réfutations.
II. David Hume et l'Impossibilité de l'Expérience Universelle
On ne peut pas faire l'expérience de tout. Il est impossible pour l'être humain de faire l'expérience de l’universel (vrai partout) et du nécessaire (vrai de tout temps).
III. Dogmes et Croyances Religieuses
Les dogmes religieux peuvent être en contradiction avec les théories scientifiques (Exemple : La théorie du Big Bang contredit la théorie de la Création divine).
3. Le Relativisme : L'Absence de Vérité Absolue
I. La Vérité Relative selon Nietzsche
Nietzsche soutient qu’il n’existe pas une seule vérité, mais plusieurs dans une réalité donnée.
Définitions des repères
Absolu : Ce qui ne dépend que de soi-même pour exister, ce qui, dans la pensée comme dans la réalité, ne dépend d'aucune autre chose et porte en soi-même sa raison d'être.
Relatif : Ce qui dépend d'un autre terme en l'absence duquel ce dont il s'agit serait inintelligible, impossible ou incorrect. (Exemple : lors d’un jugement).
Illustrations philosophiques et culturelles : L'Allégorie de la Caverne de Platon et Matrix.
II. Kant et le Rôle du Sens Commun
Le sens commun est une référence à tous, indispensable pour que les esprits s’accordent. Il implique :
- Chercher à penser par soi-même.
- Penser en se mettant à la place des autres.
Conclusion : La Vérité, un Idéal Régulateur
La recherche de vérités indiscutables nous confronte à la tension entre ce qui semble certain à un moment donné et ce qui, avec le temps, peut être remis en question. Si certaines vérités, notamment scientifiques ou logiques, paraissent s’imposer par leur évidence ou leur cohérence interne, elles n’échappent pas toujours à la révision, à la lumière de nouveaux savoirs ou d’autres perspectives. Il existe ainsi des vérités provisoirement indiscutables dans un cadre donné, mais rares sont celles qui résistent absolument au doute ou à l’évolution des connaissances.
Cela ne signifie pas pour autant que toute vérité est relative, mais plutôt que notre accès à la vérité reste, en grande partie, médiatisé par notre raison, notre expérience, notre langage et notre culture. En ce sens, la quête de la vérité relève davantage d’un idéal régulateur que d’un absolu possédé une fois pour toutes : elle est un horizon vers lequel tendre, plus qu’un point fixe définitivement acquis.