Ramona, Adieu : Trois Générations de Femmes à Barcelone

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Ramona, Adieu : Trois Générations de Femmes à Barcelone

Le roman Ramona, Adieu de Montserrat Roig est basé sur l'analyse d'une seule famille pour dresser un portrait généralisable aux femmes de la société catalane. Il montre comment ces femmes ont souffert et vécu sous un patriarcat omniprésent, frustrant souvent leurs rêves et leurs idéaux. Le roman présente trois histoires parallèles à travers trois générations de femmes, chacune ayant vécu une période historique différente et disposant donc de ressources différentes pour trouver et affirmer leur identité :

  • Mundeta « Grand-mère » : Elle a vécu les événements de 1900 dans un environnement conservateur, ce qui l'a conduite à épouser un homme rationnel et équilibré. Femme rêveuse et religieuse, elle incarne le rôle de soumission, exprimant ses rêves et sa personnalité à travers un journal intime et des détails qui se reflètent chez sa fille et sa petite-fille. Sa vie grise et monotone contraste avec sa personnalité idéaliste et romantique révélée dans son journal.
  • Mundeta « Mère » : Elle vit la période de la République et de la Guerre Civile. Ayant reçu une éducation bourgeoise dans le quartier de l'Eixample, elle vit une vie double, despotique et frustrée, à l'opposé de ce qu'elle avait toujours rêvé. Timide et complexée, elle a été éduquée pour se marier et avoir des enfants.
  • Mundeta « Fille » : Elle représente la période de 1968 et 1969, évoluant dans le milieu universitaire et luttant pour son statut personnel. Elle idéalise son partenaire et le laisse prendre les initiatives.

Les personnages masculins sont des compléments et des contrepoints qui ne comprennent jamais la nature des femmes, ce qui conduit à l'incompréhension et à la frustration. Le cadre est Barcelone, une ville qui se transforme au fil du temps, du progrès et de la surpopulation, servant de scène à l'histoire des trois Mundeta.

Techniques Narratives : Fragmentation, Parallélisme et Répétition

Montserrat Roig utilise des techniques narratives telles que la fragmentation, le parallélisme et la répétition pour renforcer le contenu du roman. Le roman commence et se termine par le récit à la première personne de Mundeta « Mère », en italique. C'est l'histoire de sa vie un jour, le 17 mars 1938, lorsque Barcelone a été bombardée.

La partie centrale du roman est divisée en trois histoires distinctes qui s'alternent et correspondent aux trois Mundeta. Chaque partie explicative pour chaque Mundeta est séparée par un espace blanc, marquant le changement de personnage. Les changements de fréquence et le manque d'alternance identique donnent une impression de désorganisation et de fragmentation, mais chaque segment narratif est lié par des images centrées sur une situation commune ou, au contraire, totalement opposée. Cette fragmentation et ce lien exigent une lecture très attentive.

Le nom commun des trois protagonistes, Mundeta, renforce ce sentiment de répétition et de continuité historique. La fragmentation du texte permet de reconstruire les paragraphes et les différentes étapes de la vie de chaque Mundeta, ainsi que leurs expériences et frustrations cachées. Il ne s'agit pas d'une histoire complète, mais d'extraits de la vie de chacune des trois protagonistes.

Le Journal Intime et le Monologue Intérieur

Une autre technique importante est l'utilisation du journal intime de Mundeta « Grand-mère », qui commence le 12 juin 1894, au début de ses fiançailles avec Francisco, et se termine à sa mort, le 12 janvier 1919. Le journal intime révèle le caractère le plus personnel et est raconté à la première personne.

Les histoires de Mundeta « Mère » et Mundeta « Fille » sont principalement racontées à la troisième personne, sauf lorsqu'elles rendent compte de la voix intérieure du personnage, qui passe alors à la première personne sous forme de monologue intérieur. L'histoire de Mundeta « Mère » commence à son adolescence et va jusqu'à la mort de son amour « caché » en 1934. Le récit de Mundeta « Fille » se concentre principalement sur sa relation avec un étudiant universitaire entre 1963 et 1966.

Barcelone : Un Cadre Urbain en Mutation

Montserrat Roig situe l'action de son roman à Barcelone, principalement dans le quartier de l'Eixample, mais aussi dans d'autres quartiers comme Gràcia ou Las Ramblas. Comme dans d'autres œuvres contemporaines, le roman se déroule dans la « métropole », symbole et mythe du progrès, un progrès essentiellement bourgeois. Ce choix de l'environnement urbain est influencé par le réalisme et le roman psychologique. Ramona, Adieu, ne montre pas seulement les différents contextes historiques, mais aussi la vie quotidienne et les coutumes sociales de chacune des Mundeta : de la Barcelone bourgeoise de Gràcia et de l'Eixample, avec la position confortable de Mundeta « Grand-mère », à la Barcelone républicaine et en guerre qu'a connue Mundeta « Mère », jusqu'à la Barcelone en transformation et en croissance de Mundeta « Fille ».

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