La Réforme et les guerres de religion en Europe
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Les critiques de la religion
Au Moyen Âge, beaucoup de chrétiens vivaient dans l'angoisse du salut. Redoutant l'enfer, ils multiplient les prières et les pèlerinages. Face à ces inquiétudes, l'Eglise catholique prétendait garantir le salut, par la vente des indulgences ou par des dons au clergé. Mais ceci n'apaisait pas les craintes des chrétiens, d'autant plus que les prêtres étaient souvent incultes et que les évêques pratiquaient le cumul des bénéfices (= le fait, pour un membre du clergé, de posséder plusieurs revenus attribués à une fonction ecclésiastique).
Les humanistes ont dénoncé des pratiques (voir synthèse n°6). Bon nombre de chrétiens voulaient réformer l'Eglise, souhaitant une religion plus individuelle, plus simple, voulant revenir au message originel du Christ. Ils estimaient que l'homme est capable de penser par lui-même et d'agir comme il l'entend, responsable uniquement devant sa conscience, et exerçant son libre arbitre.
Dans son Eloge de la folie (1511), Erasme réclame une réforme de la pratique religieuse, jugée routinière et matérialiste. Il déplore la richesse excessive des papes et des évêques, ainsi que l'immoralité, l'absentéisme et l'ignorance du bas-clergé.
Un moine allemand, Martin Luther (1483-1546), transforme cette inquiétude à l'égard de l'Eglise en une force nouvelle : en 1517, il publie ses 95 thèses qui dénoncent la pratique des indulgences (= document par lequel l'Eglise, en échange d'une bonne action ou d'une somme d'argent, promet au pécheur que le temps passé au purgatoire après sa mort sera réduit) et autres pratiques du clergé. Largement diffusées par l'imprimé, ses attaques rencontrent un grand succès auprès de ceux qui aspirent à une refonte de l'Eglise.
La réponse protestante : la Réforme
Luther propose une liturgie simplifiée : les offices sont célébrés en langue vulgaire, le latin est abandonné. Luther ne conserve que deux sacrements sur sept (le baptême et la communion), ne croit pas à la présence réelle du Christ dans l'hostie, rejette le culte de la Vierge et des saints, et rejette également l'autorité du pape. Dieu seul, par sa grâce, peut accorder au croyant la foi qui sauve et assurant le salut de l'âme.
Rejetant l'autorité du pape, Luther est condamné par Rome. Il est excommunié en 1520. Mais les idées de Luther ont le soutien de plusieurs princes et villes d'Allemagne qui protestent en 1529 auprès de l'empereur Charles Quint pour obtenir la liberté religieuse.
À Genève, le réfugié français Jean Calvin, inspiré par Luther, fonde sa propre Eglise réformée. Calvin insiste sur la condamnation des images et sur la prédestination, une doctrine selon laquelle Dieu destine tout homme à l'enfer ou au paradis, avant même sa naissance. Calvin construit son Eglise. La communauté de Genève est très étroitement encadrée, contrôlée : les pasteurs prêchent, président la Cène; les docteurs enseignent; les anciens veillent à la discipline et à la moralité ; les diacres s'occupent des pauvres. Les réformés ne doivent pas seulement rompre avec le catholicisme, mais aussi renoncer aux futilités et aux choses « superflues » (danse, musique, coiffure). Le calvinisme fait des adeptes en France, en Ecosse et aux Pays-Bas, tandis que les luthériens sont surtout présents en Allemagne et en Scandinavie.
L'Angleterre choisit une troisième voie. En raison de sa rupture avec le pape, qui refuse de lui accorder le divorce, Henri VIII (1491-1547) se proclame chef de l'Eglise d'Angleterre. Il conserve la liturgie catholique mais adopte des valeurs protestantes, ce qui donne ainsi naissance à l'anglicanisme.
Contre-réforme et Réforme catholique
Confrontée à la contestation, l'Eglise catholique romaine réagit par la contre-réforme : elle réprime les protestants en s'appuyant sur l'Inquisition (= tribunal de l'Eglise catholique chargé de pourchasser les personnes considérées comme hérétiques).
Lors du concile de Trente (1545-1563), l'Eglise catholique réaffirme le dogme et condamne les idées protestantes : le culte des saints et de la Vierge est réaffirmé, ainsi que les sept sacrements et la présence réelle du Christ dans l'hostie consacrée par le prêtre. La Réforme catholique se traduit également par une amélioration de la formation des prêtres : ceux-ci seront désormais formés dans des séminaires, et un catéchisme (=un livre dans lequel la doctrine chrétienne est résumée sous forme de questions-réponses) est édité. Un nouvel ordre religieux, la compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola, est placé sous l'autorité directe du pape. Solidement formés, ils combattent avec ardeur les idées protestantes. Ils créent des collèges, pratiquent la prédication, organisent des missions d'évangélisation hors d'Europe et conseillent les souverains.
Les guerres de religion
L'Europe se divise alors entre protestants et catholiques.
Dans le Saint-Empire, de nombreux princes allemands se sont convertis au luthéranisme pour s'enrichir en s'emparant des biens ecclésiastiques et se libérer de l'autorité de l'empereur Charles Quint. Très vite, la situation politique sombre dans l'anarchie. La ligue protestante résiste plus de vingt ans à la guerre acharnée que leur livre Charles Quint. En fin de compte, les protestants allemands obtiennent un compromis, la paix d'Augsbourg en 1555. Les princes luthériens ont le droit de pratiquer librement leur culte et de conserver les biens du clergé qu'ils ont confisqués. Cependant, la tolérance religieuse est uniquement réservée aux princes qui ont obtenu le droit d'imposer leurs croyances à leurs sujets au nom du principe : « Tel prince, telle religion ».
Dans les Pays-Bas sous domination espagnole, Charles Quint veut freiner les progrès rapides du protestantisme et fait publier des règlements appelés « placards », créant ainsi une législation très dure, mais peu appliquée. En revanche, le fils de Charles Quint, Philippe II est un catholique zélé et un monarque absolu, Il fait appliquer de manière rigoureuse les lois antiprotestantes de son père : un régime de terreur se met en place. L'Inquisition a tous les pouvoirs. Pour être sûr de l'exécution de ses ordres, il fait stationner des troupes espagnoles dans les Pays-Bas. Le coût est assuré par la population locale. L'intolérance du roi indigne la population. En 1566, des nobles obtiennent de Marguerite de Parme, la gouvernante générale du royaume, que l'on cesse d'appliquer les lois dirigées contre les protestants. Cependant, Philippe II envoie dans les Pays-Bas le Duc d'Albe, avec les pleins pouvoirs, à la tête de troupes espagnoles. Mais en levant des impôts pour payer les troupes espagnoles, il s'attaque au privilège essentiel des Pays-Bas, le libre vote de l'impôt, et déclenche une révolution qui se transforme en guerre de 80 ans (1568-1648).
En France, de nombreux actes de cruauté sont commis aussi bien par les catholiques que par les protestants : très souvent, on met à mort des villages entiers. Un des épisodes les plus sanglants est connu sous le nom de la Saint-Barthélemy (1572) : Catherine de Médicis, qui a changé de camp, profite de la présence à Paris de nombreux nobles protestants venus assister au mariage de Henri de Navarre avec Marguerite de Valois pour donner l'ordre d'un massacre général. Le chef protestant, l'amiral de Coligny, est défenestré. La paix ne revient dans le royaume qu'en 1598 avec l'Edit de Nantes, qui accorde aux protestants la liberté religieuse. Par cette loi, Henri IV installe dans son royaume une coexistence fragile entre les deux communautés. Elle assure ainsi aux « huguenots » le libre exercice de leur culte, l'égalité civile avec les catholiques, des tribunaux mixtes pour régler leurs différends, la liberté de réunion, ainsi que d'enseignement. De plus, les huguenots reçoivent une centaine de places fortes (=places de sûreté).