Les réformes agraires et la fin de l'Ancien Régime
Classé dans Sciences humaines et sociales
Écrit le en français avec une taille de 4,45 KB
La Réforme Agraire
La réforme agraire est l'ensemble des domaines politique, économique, social et législatif dont le but est de changer la structure de propriété (basée sur la propriété privée) et la production des terres (visant à produire pour le marché).
Elle repose sur un ensemble articulé de mesures :
1. Les Confiscations (Désamortissement)
La propriété était déterminée par un tiers et ne pouvait pas être échangée. Les libéraux, pour se rembourser, ont saisi les terres de l'Église et des municipalités. Ces propriétés ont été nationalisées et vendues aux enchères publiques.
En contrepartie, l'Église a reçu une dotation régulière pour son entretien. Une annulation de la dette des municipalités était prévue, mais elle n'a pas eu lieu car l'État était en faillite.
Principales vagues de confiscations :
- Godoy (1798) : Petite fraction du patrimoine de l'Église.
- Mendizábal (1836) : A touché le clergé séculier et régulier.
- Espartero (1841) : Idem.
- Madoz (1855) : A touché tous les biens qui appartenaient à un particulier ou à une société.
Le processus n'a pas été régulier. La saisie a permis de consolider le bloc libéral et d'obtenir des revenus substantiels.
Effets sur l'économie :
- La structure de la propriété n'a pas changé, car seuls ceux qui avaient le pouvoir d'achat ont pu acheter. La propriété est passée des propriétaires fonciers à la propriété capitaliste.
- Cela a provoqué une plus grande polarisation sociale dans le monde rural.
- La terre arable s'est étendue, ce qui a augmenté la production agraire.
- Comme aucune innovation n'a été permise, le secteur n'a pas pu croître.
- L'agriculture, étant excessivement gourmande en main-d'œuvre, a fourni du travail au secteur industriel.
- Cela a absorbé du travail qui a libéré plus de capital.
L'objectif des libéraux avec ces confiscations était triple : obtenir des revenus pour résoudre la crise, attirer les acheteurs de propriétés sécularisées et consolider leur pouvoir.
2. Abolition de l'Ancien Régime
Les libéraux, confrontés aux droits de propriété établis par l'Ancien Régime, ont dû trouver une formule pour transformer la propriété imparfaite. Il existait deux types de propriétés :
- Les manoirs (détenus par le seigneur féodal grâce aux dons du roi).
- Les cours féodales.
Le problème portait principalement sur ces dernières. Bien que les agriculteurs aient revendiqué leurs terres légalement, les juges ont pratiquement toujours voté en faveur du manoir. Il y eut donc un accord tacite : les seigneurs féodaux ont conservé leurs droits de propriété.
La paysannerie a vu le régime aboli sans rien recevoir en retour.
L'abolition du régime féodal fut une redistribution à grande échelle des droits de propriété : les seigneurs ont perdu leur compétence et les redevances seigneuriales de faible valeur, mais ont conservé et élargi leurs droits de propriété foncière.
3. La Desvinculación (Abolition de la Primogéniture)
La Desvinculación (abolition de la primogéniture) fut supprimée par une loi de 1841. Le droit d'aînesse était un bien dont les droits étaient limités aux tiers (maison noble). Il s'agissait d'un changement de possession, mais non de propriété immobilière.
Cette mesure a profité à la noblesse, qui a vu la valeur de ses propriétés augmenter en se retirant du système. L'offre de terres a augmenté, ce qui fut un autre avantage pour l'aristocratie.
4. Suppression de la Dîme
La dîme était le dixième du produit final affecté aux droits féodaux. Lors de l'invasion napoléonienne, les agriculteurs avaient déjà cessé de payer la dîme en raison des difficultés de production.
Elle fut officiellement supprimée en 1841 par une loi libérale. En compensation, l'État s'engagea à soutenir le culte de l'Église et à verser un montant mensuel fixe au clergé et aux laïcs.
Les agriculteurs, qui payaient auparavant les impôts en nature, durent désormais les payer en espèces. Le seul avantage direct pour les paysans fut qu'ils durent vendre leur production, ce qui contribua indirectement à la modernisation de l'agriculture.