Le Régime de Vichy : Défaite, Collaboration et Résistance (1940-1944)

Le Régime de Vichy (1940-1944)

Le régime de Vichy est une période sombre de l'histoire française, marquée par la défaite, la collaboration avec l'Allemagne nazie et la résistance. Il se caractérise principalement par deux phases : l'effondrement de la IIIe République (septembre 1939 – juillet 1940) et l'instauration de l'État français (mai 1940 – août 1944).

La Défaite et la Fin de la IIIe République (1939-1940)

Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne. Après le pacte germano-soviétique, le Parti communiste français est dissous. Malgré un fort courant pacifiste, une majorité de Français (76%) se résigne à la guerre. Cependant, le rationnement et les restrictions affectent rapidement la vie quotidienne, sapant le moral de la population.

L'offensive allemande, lancée le 10 mai 1940, surprend les forces françaises et britanniques par sa rapidité et l'utilisation de nouvelles tactiques militaires (chars d'assaut, aviation). Cette défaite éclair provoque un exode massif de millions de civils français.

Face à la crise, le gouvernement dirigé par Paul Reynaud démissionne le 16 juin 1940. Le maréchal Pétain, partisan de la négociation avec Hitler, devient président du Conseil. Le 17 juin, Pétain annonce qu'il demande l'armistice, qui est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940, après un vote controversé, Pétain obtient les pleins pouvoirs pour établir une nouvelle constitution pour l'État français.

L'État Français et la Collaboration (1940-1944)

Le régime de Vichy met en place un régime autoritaire et personnel, fondé sur les "Actes constitutionnels" qui concentrent le pouvoir entre les mains du chef de l'État. Les caractéristiques principales de ce régime sont :

• Censure et culte de la personnalité : La propagande est omniprésente, et toute opposition est réprimée (comme l'illustre le procès de Léon Blum).
• Contrôle des pouvoirs : Les institutions démocratiques sont supprimées ou vidées de leur substance.
• Idéologie réactionnaire : La devise "Travail, Famille, Patrie" remplace la devise républicaine. Des réformes éducatives suppriment la gratuité de l'enseignement secondaire.
• Antisémitisme et xénophobie : Des lois discriminatoires sont promulguées contre les Juifs et les étrangers.
• Collaboration d'État (1940-1942) : Pétain cherche à obtenir une place favorable pour la France dans l'Europe dominée par l'Allemagne.

En 1942, Pierre Laval devient chef du gouvernement et intensifie la collaboration avec l'occupant.

La fascination du régime pour le modèle nazi et la perte progressive de souveraineté entraînent une érosion de l'influence de Pétain à partir de 1942.

Conséquences de l'Occupation

L'occupation allemande a des conséquences désastreuses pour la France :

• Pillage économique : Les ressources françaises sont exploitées au profit de l'Allemagne.
• Frais d'occupation exorbitants : La France doit payer 20 millions de marks par jour.
• Rationnement et marché noir : La pénurie de biens de consommation entraîne le développement d'un marché noir et une augmentation des inégalités sociales.

L'Opinion Publique et la Résistance

Le peuple français est méprisé par le gouvernement de Vichy. Après la défaite, un sentiment d'abattement domine en France métropolitaine. L'opinion publique est divisée et évolue avec le temps :

• Maréchalisme : Soutien au maréchal Pétain, particulièrement fort jusqu'en 1941.
• Vichysme : Adhésion à la "Révolution nationale" prônée par le régime.
• Collaborationnisme : Soutien actif au projet hitlérien.
• Résistance : Engagement dans la lutte contre l'occupant et le régime de Vichy (plus de 250 000 combattants recensés).