Le Règne d'Isabelle II : Consolidation de l'État Libéral Espagnol
Classé dans Histoire
Écrit le en
français avec une taille de 7,96 KB
Thème II : Introduction au Règne d'Isabelle II
Le règne d'Elizabeth II : La création et la consolidation de l'État libéral. Il s'agit de transformer l'ancienne monarchie absolue en une monarchie parlementaire. Lors des règnes précédents, plusieurs tentatives de changement avaient eu lieu, de sorte que la transition de l'Ancien Régime au nouveau régime fait partie d'un processus plus vaste, non sans interruptions et bouleversements, comme ce fut le cas sous le règne de Ferdinand VII. C'est sous le règne d'Isabelle II que le processus est précipité, accéléré et finalement résolu par la création de l'État libéral. Ce libéralisme sera, dans cette première phase, essentiellement modéré, répondant aux intérêts de la classe oligarchique au pouvoir.
Pour mettre en contexte le règne d'Isabelle II, nous devons commencer par l'introduction du nouveau régime dans les circonstances particulières de la Guerre d'Indépendance, suivie par les aléas de ce nouveau système durant le règne de Ferdinand VII. Après sa mort, la lutte entre l'ancien et le nouveau régime aboutit aux guerres carlistes. La régente María Cristina et les libéraux durent s'allier pour survivre. La fin des guerres carlistes et la victoire du camp d'Isabelle II signifièrent le triomphe du libéralisme et du nouveau régime : l'État pour le développement bourgeois.
Les Tendances Libérales : Modérés contre Progressistes
Tous les libéraux étaient favorables à une monarchie constitutionnelle, mais ils se divisèrent, dès la période triennale libérale, en deux tendances qui devinrent des partis politiques tout au long du règne d'Élisabeth II : les modérés et les progressistes.
Les Modérés
- Préconisaient un libéralisme doctrinaire.
- Partisans d'une souveraineté partagée entre les Cortes et le pouvoir exécutif, ce dernier jouissant de larges pouvoirs (droit de veto, nomination des ministres et dissolution des Cortes).
- Défenseurs de l'ordre et de la propriété, qu'ils identifiaient avec l'intelligence et la capacité.
- Faveur du suffrage basé sur le cens et de la limitation des droits individuels et collectifs, notamment ceux de l'Église catholique.
- Préféraient une organisation centralisée de l'État.
- Socialement, ils formaient un groupe hétérogène composé de propriétaires terriens, de nobles, de la vieille noblesse, du haut clergé et des officiers supérieurs de l'armée.
Les Progressistes
- Défenseurs de la souveraineté nationale et de la limitation des pouvoirs de la Couronne.
- Voulaient un suffrage censitaire plus large et plus de libertés et de droits, individuels et collectifs.
- Faveur de la décentralisation du gouvernement et de l'armée nationale.
- Leur base sociale était également mixte : petite et moyenne bourgeoisie en général, classes moyennes, professionnels, artisans et ouvriers urbains, ainsi que les soldats de rang inférieur.
Les deux partis étaient menés par des espadones, des généraux de l'armée qui avaient acquis une importance politique en raison de la menace carliste et qui devinrent les garants du trône d'Elizabeth II et les arbitres de la situation politique. Durant ces années, le général Espartero fut le plus important parmi les progressistes.
Alternance et Union Libérale
Modérés et Progressistes alternèrent au pouvoir, l'un des deux provoquant fréquemment la chute du gouvernement de l'autre. Après Narváez, entre 1856 et 1858, la reine confia le gouvernement à l'Union Libérale, qui devint un gouvernement conservateur avec le soutien de la bourgeoisie. Ce fut le gouvernement d'O'Donnell, une période de stabilité favorisée par la prospérité économique, notamment grâce à la construction de chemins de fer et au développement des services bancaires et des valeurs mobilières.
La prospérité n'atteignit pas les masses. Les libéraux restèrent dans l'opposition, sans aucune chance d'accéder au gouvernement. Les Démocrates et les Républicains restèrent en dehors des Cortes, mais gagnèrent en force parmi les classes populaires. Bien que des lois importantes aient été votées, c'est l'action extérieure qui domina la vie politique. L'Espagne, en raison de sa faiblesse interne, n'avait pas eu de véritable politique étrangère, ce qui facilita la manipulation de la politique espagnole par les gouvernements étrangers à leurs propres fins.
Le gouvernement de l'Union Libérale entre 1858 et 1866 entreprit une politique étrangère active et agressive pour détourner l'attention des problèmes internes espagnols et exalter la conscience patriotique. Il envoya un corps expéditionnaire en soutien aux Français en Indochine (1858-1863), suivit la guerre contre le Maroc (1859-1860), puis la tentative de récupération de la colonie de San Diego en 1861, l'expédition au Mexique et, enfin, la guerre contre le Pérou et le Chili. L'intervention militaire dans ces conflits n'offrit que peu de résultats.
Crise et Chute du Régime
En 1863, l'usure de l'action gouvernementale et les divisions au sein de l'Union Libérale forcèrent O'Donnell à démissionner. Commença alors une succession de gouvernements instables et autoritaires, présidés tantôt par lui-même, tantôt par Narváez. Les progressistes se retirèrent du Parlement et furent rejoints par les démocrates et les républicains pour dénoncer le système constitutionnel et Isabelle II. Peu à peu, l'opinion publique imputa à la Couronne la calamité publique.
La crise de la monarchie élisabéthaine fut influencée par d'autres causes : d'abord, la crise économique qui débuta en 1864 avec l'effondrement des chemins de fer et la crise des usines textiles due au manque de coton. En 1866, la fissure sur les marchés européens provoqua une hausse des prix et le chômage qui en résulta. Ces facteurs causèrent de graves événements politiques tels que les événements de la nuit de Saint-Daniel (1865) et la révolte de la caserne de San Gil (1866). Cette dernière fut l'un des nombreux efforts parrainés par les progressistes dirigés par Prim.
Le gouvernement élisabéthain répondit par une répression de plus en plus désorientée : ordonnances de détention des opposants, fermeture de journaux et suspension des tribunaux. En août 1866, les représentants progressistes, démocrates et républicains créèrent le Pacte d'Ostende, visant à coordonner l'opposition avec deux objectifs : détrôner Elizabeth II et convoquer une Assemblée constituante au suffrage universel. Prim fut mis en avant, et les morts successives de O'Donnell et Narváez laissèrent Elizabeth II complètement isolée en 1868, au milieu de la préparation du coup d'État.
Conclusion
Le règne d'Élisabeth II a marqué la stabilisation définitive du régime libéral, ou nouveau régime, et la formation de l'État libéral qui perdurera jusqu'à l'actualité. Le libéralisme doctrinaire censitaire a dominé, sauf pour un biennat, avec le parti modéré, conservateur ou légèrement réformiste, dont la base sociale était l'oligarchie. Ils imposèrent leurs conceptions politiques : souveraineté partagée, grand pouvoir du roi, suffrage basé sur le cens et non sur la milice nationale, et contrôle des élections municipales. La faiblesse démocratique était évidente, marquée par de petits soulèvements militaires et les dirigeants politiques qui en étaient issus. Il y eut un écart entre l'Espagne réelle et l'Espagne officielle, se rapprochant du despotisme qui serait fusionné avec la Restauration.