Responsabilité Pénale et Civile : Concepts et Étendue
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1. Concept et Nature de la Responsabilité
La commission d'un crime entraîne une responsabilité pénale. Cette responsabilité, qui peut être engagée à l'encontre de l'auteur d'une infraction pénale, impose une sanction prévue par la loi. Ses objectifs sont la prévention générale et particulière, ainsi que la répression. L'auteur d'un crime répond de ses actes devant l'État et la communauté. Parallèlement, la responsabilité civile vise à réparer ou compenser les préjudices subis par la victime.
La nature de la responsabilité civile, bien qu'elle découle parfois d'un acte pénal, présente des caractéristiques distinctes de la responsabilité pénale. La commission d'un acte décrit par le droit pénal peut entraîner des obligations civiles qui diffèrent du contenu de la responsabilité pénale, notamment en tenant compte des principes suivants :
- En matière de responsabilité civile découlant d'une infraction, le principe de la personnalité de la peine ne s'applique pas. Ainsi, contrairement à la responsabilité pénale qui s'éteint avec la mort de l'auteur, l'obligation d'indemniser la victime est transférée aux héritiers de la personne responsable.
- La responsabilité civile découlant d'une infraction n'est pas fixée au prorata de la gravité de l'infraction (comme c'est le cas pour la peine), mais en fonction des effets de celle-ci (les dommages et les préjudices). Ainsi, un crime de très faible gravité ou une absence de peine peut entraîner des responsabilités civiles importantes, proportionnelles aux dommages causés.
- L'action pénale visant à poursuivre le crime n'est pas éteinte par la renonciation de la victime. En revanche, l'action civile peut être totalement levée par la personne habilitée à l'exercer.
L'article 108 du Code de procédure pénale (CPP) stipule : « ... si la partie lésée renonce expressément à son droit à restitution, à réparation ou à indemnisation, la poursuite sera limitée à la réclamation de la punition des responsables. »
La responsabilité civile peut être transmise à des tiers, à condition que l'infraction présente des caractéristiques suffisantes pour affirmer sa nature civile et que les victimes puissent en bénéficier.
La nature distincte de la responsabilité pénale et de la responsabilité civile ne signifie pas que les infractions pénales et civiles sont fondamentalement différentes. Dans de nombreux cas, la frontière entre les deux est souvent ténue. Par exemple, la fraude ou la tromperie peut définir l'infraction d'escroquerie et la fraude qui détermine la nullité d'un contrat. En général, le fait qu'un acte soit réglementé comme une infraction pénale ou civile dépend de la politique d'intérêt de la justice pénale et de la manière d'appliquer le principe de dernier recours.
L'article 109 du Code pénal (CP) établit l'obligation de réparer les dommages causés par l'exécution d'un acte criminel typique, de manière objective et indépendante de l'existence ou non d'une responsabilité pénale. De même, l'article 1092 du Code civil (CC) précise : « Les obligations civiles qui découlent des crimes ou des délits sont régies par le Code pénal. »
Le Code civil espagnol a été adopté en dernier (1889) dans le processus de codification, après le Code pénal, le Code de commerce et la loi de procédure. Ainsi, lorsque les premiers codes pénaux ont été promulgués, ils devaient inclure les dispositions relatives à la responsabilité découlant de la criminalité, en l'absence d'un Code civil régissant cette matière. Lors de son adoption, le Code civil a donc fait référence au Code pénal dans ce domaine.
Particularité du Système Juridique Espagnol
Le système juridique espagnol présente une particularité procédurale importante par rapport à d'autres systèmes : les actions civiles et pénales sont menées simultanément dans la même procédure pénale où le crime est poursuivi, et sont déterminées par le juge ou le tribunal dans la même instruction. Ce dispositif, qui permet l'exercice conjoint des actions civiles et pénales, offre d'énormes avantages aux victimes d'actes criminels. En effet, dans les systèmes où ces actions sont menées séparément, la personne lésée doit engager un nouveau procès civil pour obtenir réparation.
Le principe général en la matière est que la responsabilité civile suit la responsabilité pénale dont elle dépend. L'article 116.1 du Code pénal (CP) stipule : « Toute personne pénalement responsable d'un crime ou d'un délit est également civilement responsable si l'acte a causé des dommages. »
Cependant, la relation ou la correspondance entre la responsabilité pénale et civile n'est qu'apparente, compte tenu des différences suivantes :
- Il existe des cas de responsabilité pénale sans responsabilité civile. Exemple : les infractions non consommées qui ne causent pas de préjudice.
- Il existe des cas où il n'y a pas de responsabilité pénale, mais une responsabilité civile. Exemple : certains moyens de défense (art. 118 CP).
- Le Code pénal (CP) réglemente les cas de responsabilité du fait d'autrui, où, même en présence d'une accusation pénale, la responsabilité civile incombe à une autre personne (art. 120 CP).
2. Étendue de la Responsabilité Civile Découlant de l'Infraction
Selon l'article 110 du Code pénal (CP), la responsabilité civile découlant d'un crime ou d'un délit comprend :
- Le remboursement (restitution) : Il ne s'applique pas à tous les crimes. Il concerne la restitution des biens, dans la mesure du possible, ainsi que le paiement des dommages et pertes de valeur à déterminer. Aucune restitution ne peut être effectuée lorsqu'un tiers a acquis les biens par des moyens légaux, rendant ainsi leur revendication impossible. (Les exigences du CP doivent être complétées par celles du Code civil).
- La réparation des dommages : Elle peut consister en des obligations de faire ou de ne pas faire, établies par le juge en fonction des conditions des « coupables », et déterminer si elles doivent être exécutées par eux-mêmes ou à leurs frais.
- L'indemnisation des dommages matériels et moraux : L'un des plus grands problèmes est l'évaluation du « préjudice moral » pour lequel une indemnisation est reconnue. En effet, cela inclut non seulement l'évaluation des dommages matériels (par exemple, une atteinte à l'honneur qui affecte le commerce ou les avantages économiques de la victime), mais aussi ceux qui n'ont pas d'impact économique direct et sont difficiles à évaluer.
Il est également important de déterminer l'étendue de la responsabilité, notamment en ce qui concerne l'indemnisation en cas de faute de la victime (art. 114 CP). Cela peut modérer la réparation ou l'indemnisation si la victime a contribué à la production des dommages ou des préjudices. Ce principe est souvent utilisé en cas d'accidents de la circulation routière pour fixer les montants d'indemnisation et réduire le montant de l'indemnisation.